Bonjour, jour 16 du #proces13novembre. Pas de témoignages de victimes auj' mais audience technique. La Cour examine les constitutº de parties civiles morales. En clair, le Bataclan et bistrots visés, Paris et Saint-Denis (en tant que PC morales) ont-ils leur place au procès? /589
Relâche pour ma part ce lundi. Mais naturellement mes camarades sont d'active (liste non exhaustive mais variée) > @sophparm @alexfache @aureliesarrot @paoliniesther @noemieschulz @AramaValentine @Gwwla @cathfournier @ChPiret...
À demain au #proces13novembre /590
@sophparm @alexfache @aureliesarrot @paoliniesther @noemieschulz @AramaValentine @Gwwla @cathfournier @ChPiret Bonjour. Jour 17 du #proces13novembre.
Une fois de + j'arrive en retard. Saisi par l'intensité qui émane de cette chambre close, une fois poussée la porte de la salle d'audience. Tout de suite, le cri d'un nouveau né. "C'est mon bébé qui pleure derrière" dit Sarah à la barre/591
Et puis des mots, les jolis mots, les mots qui durent, les mots qui brûlent. Sarah témoigne en noir. Accompagnée par sa soeur à la barre. Elle a évoqué la fusillade à la Belle Équipe. Elle a souvent parlé d'un gentil pompier...
#proces13novembre /592
"Ce gentil pompier, il me dit de ne pas regarder...mais j'ai ouvert les yeux" raconte Sarah, l'amie de Hoda, l'ancienne gérante de la Belle Equipe, tuée alors qu'elle fêtait son anniversaire. "Et là...et là...je n'avais jamais vu autant de sang de ma vie."
#proces13novembre /593
Ses mains tremblent comme des feuilles, posées sur le pupitre. Et puis elle évoque son ami Khaled. Comme elle, il a survécu. "Elle est morte, elle est morte, c'est la seule chose qu'il me répète" poursuit Sarah la voix étranglée. Elle fond en larmes.
#proces13novembre /594
"Khaled parlait d'Halima l'une de ses 2 soeurs" précise Sarah. Il y avait Hoda aussi. L'autre soeur de Khaled. "Elle a été touchée à la tête. Ils ne vont pas la prendre en charge." commente tristement Sarah, comme si à la barre, hier, c'était aujourd'hui...
#proces13novembre /595
Sarah expose à la Cour ce qui a changé pour elle. "Les mois de novembre sont toujours difficiles dit-elle. Je pense constamment à la mort. À une chute dans l'escalier, on me pousse dans le métro, à mon bébé, quelque chose d'horrible pourrait lui arriver.. "
#proces13novembre /596
Les mots qui brûlent. Les mots terribles..."On se sent très seuls quand on est victime du #13novembre. Surtout quand on a pas été blessé. J'ai honte. Je m'en veux d'avoir infligé ça à mes parents" conclut Sarah, miraculée. En elle, tout s'est effondré...
#proces13novembre /597
Puis à la barre, le frère de Hoda. Élégant jeune homme en chemise blanche et rayures noires. "Je m'appelle Khaled, je suis né en Bourgogne, en 1988 dit-il. Je suis arrivé à l'âge de 20 ans à Paris, recueilli par ma soeur. Cette nuit j'ai perdu mes 2 soeurs"
#proces13novembre /598
Il y a Halima, tuée sur le coup pendant la fusillade. Et Hoda. "Elle respire encore raconte Khaled, elle a pris une balle dans la tête. Je vais essayer de pas pleurer. Je vais essayer d'être fort. D'être comme il faut" dit-il, les yeux plantés sur son texte
#proces13novembre /599
Les balles ont fusé. Chaos à la Belle Équipe. "À ce moment là, car je suis musulman, j'ai demandé de l'aide à Dieu, à voix haute . Ce sont mes premiers mots" poursuit Khaled. Il fixe les accusés et ponctue "Le même Dieu que vous...mais le Bon Dieu..."
#proces13novembre /600
"Les pompiers arrivent, m'expliquent que Hoda est en état de mort cérébrale. Qu'il faut se concentrer sur ceux qu'on peut sauver. J'aide à identifier, à déplacer les blessés et (accentuant) touuuuuus les cadavres" détaille-t-il encore, avant de dire ce qui a changé pour lui /601
Puis, Khaled se raconte : "Je viens d'une famille pauvre, analphabète. Mes parents ne savent ni lire ni écrire. L'éducation ça se fait en famille. C'est Hoda qui tenait ce rôle. Un peu comme Messi à Barcelone. Quand il est pas là, c'est mort..."
#proces13novembre /602
"Ma mère, j'peux plus la regarder dans les yeux, continue Khaled. Elle m'a dit de vous dire à tous ici qu'elle pleure tous les jours. Mes parents sont en Tunisie, ils proches de leur mosquée, ils sont très croyants, ils prient tous les jours."
#proces13novembre /603
"Sur le coup, affirme le jeune homme à ce moment de son témoignage, j'avais envie que tout le monde meurt. que TOUT le monde meurt On ne mérite pas d'être sur cette terre si des gens comme eux existent." De nouveau, Khaled se tourne vers les accusés...
#proces13novembre /604
Le jeune homme explique comment il s'est reconstruit, , en rencontrant notamment de jeunes candidats au djihad en Syrie. "Ce qui s'est passé, c'est pas un crash d'avion, c'est pas un accident. C'est une guerre. Et le travail doit se faire." martèle-t-il. #proces13novembre /604
C'est fort. Et naturellement destiné aux accusés qui écoutent sans broncher, au fond de leur box. "Il ont beau faire ce qu'il veulent. À la fin, l'amour triomphe toujours" conclut Khaled. Il regarde les accusés. Leur souffle un mot... Puis regagne son banc.
#proces13novembre /605
Puis Grégory a succédé à Khaled. Il a perdu son amie Justine à la Belle Équipe. Si je devais retenir une seule image, ce serait celle-ci. À l'issue de son témoignage, il s'est tourné vers les accusés, les a fixé une éternité, il avait envie de les broyer, ça se voyait...
/606
Grégory, grand, fin, sec, métisse, visage émacié, n'a jamais cessé 1 seul instant d'inspirer bruyamment à la barre. "Je ne vous cache pas M. le président que j'ai énormément de haine en moi. Je vais essayer de rester dans les clous. J'ai fait des promesses"
#proces13novembre /607
"J'ai beaucoup de colère en moi redit-il. J'essaye de la contenir pour ne pas avoir de problème." Tension palpable en salle d'audience. Grégory raconte qu'il n'était pas à la Belle Équipe ce soir du 13 novembre : "j'ai perdu 9 personnes, dont 6 intimes..."
#proces13novembre /608
Il raconte ses coups de fil : "j'appelle Justine. Elle ne répond pas. Marie, elle ne répond pas . Camille, non plus. Samy, rien. Thierry rien. Hyacinthe, rien..." terrible litanie. "Puis Ambre, elle répond ! Où est Justine ? Greg, c'est affreux." Il inspire
#proces13novembre /609
Extrême nervosité pendant sa déposition. "J'apprends que ces gens là, dit Gregory fixant à nouveau les accusés. J'apprends que ces gens là m'ont enlevé la moitié de moi ponctue-t-il mâchoire, ivre de rage, contenue, face à la Cour. Il avait promis...
#proces13novembre /610
Grégory a quitté la barre d'une démarche lente. Il a fixé les accusés, les dents serrés. Ne les a pas lâché une seule seconde. L'ont-ils défié du regard, l'ont-ils détourné, ont ils eu peur derrière leur vitre blindée ? Un échange incroyable d'intensité...
#proces13novembre /611
Trois heures déjà que les témoins se succèdent les uns et les unes après les autres. Chagrin, désespoir, épreuves ou larmes...tout ici étire le temps. à l'infini. Dans cette salle d'audience si singulière, le deuil parait en apesanteur.
#proces13novembre /612
Ensuite, Marie Amélie a évoqué sa petite soeur Marie-Cécile. Puis Jean-Bernard a parlé d'Anne-Laure sa fille. Tourné vers les accusé il dit d'eux: "Je ne dirai pas leurs noms. Je n'ai pas de haine pour eux, ni pitié pour ces hommes sans coeur ni raison"...
#proces13Novembre /613
2 collègues douanières d'Anne-Laure ont également témoigné. La photo de cette jeune femme a été longuement projeté sur le grand écran de la salle d'audience. Une jeune femme brune, souriante, tuée comme 2O autres, à la Belle Équipe.
Suspension de séance.
#proces13novembre /614
"La mort de Victor a saccagé notre vie." L'audience a repris. À la barre, la mère de Victor témoigne. Elle est avec son mari face à la Cour. Sur le grand écran de la salle d'audience, la photo de son fils, jeune homme radieux. Le regard bienveillant.
#proces13novembre /615
Et à nouveau, la détresse d'une mère. Elle s'appelle Dominique. Les larmes au yeux, la voix nouée et les Kleenex sur le pupitre. Elle a ces mots épouvantables, dans la voix d'une maman : "Victor a reçu une rafale de Kalachnikov dans la nuque"
#proces13novembre /616
Il faut imaginer la force qu'il faut avoir pour tenir, 6 ans après, de tels propos. Dominique dit avoir recherché son fils dans chaque hôpital avec son mari. "Pendant 5 ans, dit-elle j'ai attendu que Victor rentre par la porte-fenêtre comme à son habitude" #proces13novembre /617
La mère de Victor, elle aussi se tourne vers les accusés qu'elle dévisage avec colère, sourcils froncés sous ses lunettes : "Je témoigne pour que ces accusés me regardent dans les yeux. Je méprise ces hommes qui se sont acharnés sur la vie." gronde-t-elle
#proces13novembre /618
Puis à la barre, le père de Victor. Il témoigne face à la Cour en compagnie de son autre fils, Edouard, éploré. Son récit est humaniste et rageur. Propos politique d'un homme qui s'est mis, sa vie durant, au service de la République et de ses valeurs...
#proces13novembre /619
Il a dit de son fils, Victor, tué à 24 ans, "qu'il a été exécuté comme un animal" le 13 novembre à la Belle Equipe. Victor dont avaient beaucoup parlé Jessica, Romane, Marco, Nathan, Tommy et tous ses amis... Il était très politique , comme son père José.
#proces13novembre /620
La douleur d'un père...qui lui aussi a lu un texte et a dit ces mots, lumineux à cet instant : "Messieurs les assassins...Sachez qu'ici les bibliothèques sont gratuites et ouvertes, à tous, sans distinction de race, de religion, de couleur de peau."
#proces13novembre /621
À présent, 2 égyptiens d'origine à la barre. Yohan et sa mère, Nadia. Le premier évoque brièvement la mémoire de sa soeur Lamia. Il a lu un texte. Sa mère, aussi. Lamia a été tuée lors d'un verre en amoureux avec Romain, à la Belle Équipe, le 13 novembre.
#proces13novembre /622
Lamia Mondeguer a été confondue avec Michelli Gil Jaimez, toutes deux tuées à la Belle Équipe. Il faut là aussi imaginer la douleur d'une mère qui ne reconnait pas sa fille quand le corps lui a été présenté à l'IML. C'est un tourbillon que décrit Nadia..
#proces13Novembre /623
Il y a, pour accompagner le témoignage de Nadia, à la voix exténuée, une image très troublante de Lamia sur grand écran. On voit cette jeune et jolie jeune femme aux cheveux longs, photographiée à 19:21, le 13 novembre 2015. Elle sera assassinée 2 heures et demi plus tard... /624
Je quitte ici la salle d'audience. Certaines, parmi mes consoeurs et confrères en salle d'audience poursuivent la couverture LT de ces instants essentiels. Lisez les.
@sophparm @helenesergent @aureliesarrot
#proces13Novembre /625
Bonjour. Jour 17 du #proces13novembre. Un mois après le début des audiences (déjà...), poursuitesdes témoignages de parties civiles (les victimes directes et par "ricochet"). On ouvre ce mercredi une séquence singulière. Celle des récits du Bataclan. Elle va durer 4 semaines /626
12:55. L'audience va reprendre. En une semaine et demi près d'une centaine de victimes des Stade de France, terrasses et Comptoir Voltaire ont témoigné à la barre. Tout a été dit. Sans phare. La sonnerie retentit. La Cour s'installe. "Veuillez vous assoir."
#proces13novembre /627
Après les récits de constatations des enquêteurs de la Crim', après les récits d'intervention des commissaires BAC75 et de la BRI, on entre à nouveau dans cette salle de concert. Jean-Charles est le premier témoin du Bataclan.
#proces13novembre /628 Image
"On m'a tiré dessus dehors dit-il. J'ai cru comme tout le monde qu'il s'agissait de pétard. . Et comme je suis stupide, peu après, j'ai suivi les 4 assaillants, poursuit-il. J'ai voulu entrer. Je suis ardéchois. J'ai toujours un couteau. Là je l'avais pas" #proces13novembre /629
La question des 4 assaillants fait débat relève le président de la Cour. Le témoin certifie que 4 individus étaient armés. Or de nbreux témoins ont vu 3 témoins. C'est ce qu'a établit l'enquête dit le juge Périès sans préjuger de ce que vous affirmez
#proces13novembre /630
"Vous êtes donc sûr que vous avez vu 4 assaillants, malgré le chaos etc. ?" questionne à nouveau le président Périès. Le témoin maintient son témoignage. Il porte un cuir, un hoodie, des bagues. Et des cernes aussi... il a rendu hommage aux policiers.
#proces13novembre /631
Irmine, à présent. 55 ans, Blonde, yeux clairs, tailleur noir et talons. Elle dépose avec l'appui d'un schéma du Bataclan. "Si je fais ce témoignage qui me coute c'est en hommage aux victimes. J'espère que cela contribuera à aller vers un chemin de douceur"
#proces13novembre /632
"Ce soir j'étais en noir. Mon ami en blanc. Si je suis là face à vous c'est peut-être parcque j'étais en noir. Puis la bousculade. J'étais vers les escaliers. J'entends des bruits de pétards , peut-être un surprise. C'est bizarre" raconte-elle
#proces13novembre /633
" Nous sommes au sol. Vous devenez le sol. Dans le noir complet. J'entends une voix juvénile : 'La France n'a rien à faire en Syrie. C'est pas vos affaires. Le 1er qui bouge je le tue !'" Irmine poursuit son récit. Elle cherche encore son ami à ce moment là
#proces13novembre /634
"Une voix dans la salle" dit-elle. Son propos peu à peu se saccade. "Sortez vite entend-elle. Sortez ils rechargent. Sortez !! " Elle pense à son fils. Puis cherche son ami. Découvre son corps. défiguré. Cherche à stopper l'hémorragie. Sa voix voix vacille
#proces13novembre /635
Elle ne contient pas ses sanglots à ce moment du récit. "J'ai pensé à ma famille. Et puis je me suis enfuie. Des policiers à l'extérieur. J'ai du sang sur les mains. gluant. Je ne sais pas si je suis blessée." dit Irmine que reprend son calme et son récit.
#proces13novembre /636
Irmine a été recueillie dès l'extérieur du Bataclan. En fait elle a été touchée. des balles ont traversé sa poitrine...mais sans dommages profonds. Miracle. Absolu. son témoignage a été bref. Sobre.
#proces13novembre /637
Elle se tourne vers les accusés, les regarde lorsqu'elle dit: "par rapport à cette inhumanité. Comment est-ce possible tirer sur des gens? Je me demande ce qu'il s'est passé dans leur enfance. J'espère que mon témoignage ouvrira un chemin de consolation..."
#proces13novembre /638
Témoignage modeste. Le président Périès le souligne : "vos blessures sont importantes".
- "Oui dit Irmine. J'ai été blessée. J'ai des cicatrices de peau. Des cicatrices de peau... de coeur et d'âme" répond-elle toujours aussi modérée.
#proces13novembre /639
Un jeune homme s'avance. Petite barbe et yeux clairs. Cheveux courts. Veste en jean sur hoodie gris. Jean slim noir et doc Martens. Il a écrit un texte. se mouche. Puis démarre. Décrit sa bande pote, une 15zaine. "On descend dans la fosse. Avec ma compagne"
#proces13novembre /640
Plus les témoins approchent de l'instant où dans leurs récits les fusillades éclatent, plus leur voix se nouent. C'est le cas avec Jean-Marc. Il voit des silhouettes. 'Je fais face aux trois assaillants. Décrit le mouvement de panique dans la fosse"
#proces13novembre /641
"Je me suis retrouvé dans la fosse. couché contre le sol. Sans possibilité de bouger. La fusillade est intense. Je cherche mes amis, ma compagne. Puis la fusillade ralentit. Je n'avais que le son. Pas les images." raconte-t-il....
#proces13novembre /642
"Et là...j'ai vu le pied d'un des assaillants devant moi. Je l'ai entendu tirer. J'ai reçu des douilles sur la tête. J'étais plaqué, je n'ai pas bougé...l'homme a tué quelqu'un à côté de moi" terrible récit de Jean-Marc.
Sa voix tremble. 6 ans après...
#proces13novembre /643
"La seule fois où je relève la tête, c'est après l'explosion. J'ai vu des lambeaux de chair. et je n'ai plus bougé poursuit-il..'vous remercierez votre président Hollande.' raconte-t-il avoir entendu.J'ai pu être évacué conclut-il. Nous étions tous en vie."
#proces13novembre /644
Tout se passe comme si, répondant aux questions du président, après son témoignage, Jean-Marc revenait une seconde fois des enfers. Sa voix s'équilibre peu à peu. Au contraire du 1er témoin, lui dit avoir vu 3 assaillants. Et non 4.
#proces13novembre /645
Jean-Marc aussi comme beaucoup d'autres témoins avant lui, s'estime coupable de ne pas avoir été blessé, touché, tué. Il suffit toutefois d'écouter ce jeune homme pour entrevoir la profondeur des blessures psychiques de celles et ceux qui ont frôlé la mort.
#proces13novembre /646
"Je témoigne également pour faire ce travail (me reconstruire ndlr). Je ne sais pas si ça va aider..."ponctue Jean-Marc, d'une voix trouble à nouveau. Très impressionnant de percevoir, au terme de son témoignage, la profondeur de son affliction.
#proces13novembre /647
Le témoignage de Jean-Marc me rappelle celui d'un de mes potes. Il était à qques mètres de lui, dans la fosse au Bataclan. Mais lui n'a aucune intention de témoigner ni d'écouter la webradio : "ça m'a pris assez de temps pour en sortir ;)" m'a t-il écrit...
#proces13Novembre /648
Cédric à la barre. Tatouages sur les 2 bras. cheveux courts et gris. T-shirt noir UNSU 'its a good day for Seppuku". "J'étais avec ma compagne.Du bruit. Je vois des éclairs. J'ai l'impression qu'un câble jack de guitare s'est débranché. Je ne comprends pas"
#proces13Novembre /649
Les mots intenses de Cédric. "Ils nous tiraient dessus comme des lapins. J'étais plaqué à terre. j'ai essayé de fusionner avec le sol. Pendant 2 heures je me suis demandé si ma femme était en vie. J'ai eu le plaisir...ironise-t-il de voir un homme s'étouffer dans son sang" /650
Cédric se tourne vers les accusés, les questionne très sobrement: "je sais que vous allez pas me répondre. Mais messieurs, vous qui nous avez tiré dessus, vous avez vu déjà des gens mourir, agoniser devant vous ? On était innocent, on était pas militaire.."
#proces13Novembre /651
Le pdt Périès: "Nombreux parmi vous s'adressent aux accusés. Certains semblent revendiquer leurs actes. D'autres non. Je souligne qu'ils sont présumés innocents. Pour la sérénité des débats il est nécessaire de le rappeler. Même si je comprends la colère.." #proces13Novembre /652
Juste rappel en effet. Depuis plusieurs jours de nombreux avocats de la Défense, Me Ronen et Vettes les 1ers (ils défendent Abdeslam), s'émeuvent des invectives régulières à l'endroit des prévenus. "On est pas là pour leur jeter des tomates" m'a-t-on dit...
#proces13novembre /653
Clarisse à présent : "Je veux être une voix, celle de ceux qui ne sont jamais sortis du Bataclan" dit cette jeune femme de 30 ans. Elle avait 24 ans lors du concert. Elle parle d'une fiole de whisky qu'elle vide avec ses copains. elle parle d'effervescence. de sueur...
/654
"le rock c'est aussi des bières fraiches. on décide d'aller en chercher avec mon pote. dehors. Et là la mort, je la sens. Des bruits. La seule issue, c'est pas dehors, c'est le Bataclan, on y retourne avec mon ami..." dit Clarisse d'une voix très clair.
#proces13novembre /655
Elle poursuit, sans variation dans sa voix. Son débit est rapide. Elle pense très vite qu'elle va mourir. son pote est déjà loin dans la fosse. "Je renverse des bières, je m'en veux. ça tire en rafales. Je réalise. Je me dis, ils sont là pour nous tuer..."
#proces13novembre /656
"J'me dis qu'ils vont nous prendre en otage comme à la TV. je vais mourir à un concert de RedNeck californiens, au Bataclan. Je vais peut-être faire la Une de Ouest France, je pense aux 30€70 du ticket. Ils vont me rembourser ?" Clarisse poursuit, détaille
#proces13novembre /657
Elle est calme à la barre. Raconte sa détermination à survivre. Ses observations. Les assaillants rechargent. Elle Bouge. Vers une un porte de sortie. Puis vers l'étage, la loge. "50 personnes me suivent. J'me rappelle de Golden Eye, un James Bond, j'éclate un faux plafond" /658
"On m'aide à grimper la 1ère. On s'y dissimule avec patrick notamment, un père protecteur". raconte-t-elle. "On y reste de longues heures. Et puis un bruit déchire le silence. un souffle. Je comprends qu'on était au dessus de la loge où étaient retranchés les terroristes." /659
Quelle précision dans le récit de Clarisse. "Avec le téléphone de Patrick, j'ai prévenu la police que nous étions encore au Bataclan. Que nous avons fini par quitter. Un BRI me dit, préparez vous Mlle... Patrick me cache les yeux. Mais j'ai vu l'horreur" #proces13novembre /660
À aucun moment dans son récit, cette jeune femme blonde aux yeux clairs ne s'est laissé gagner par l'émotion. Sauf...lorsqu'elle s'est s'adressé aux accusés. "Vous m'avez volé le plaisir de soirées insouciantes. Le plaisir de vivre facilement..."
#proces13novembre /661
Répondant aux questions du président Périès, Clarisse, très assurée à la barre, a cette formule : "Il était hors de question que je meure ce soir là. J'avais une mission, c'était de survivre. Observer les assaillants, c'était superflu."
Impressionnant
#proces13novembre /662
Le pdt Périès souligne que sa détermination, ses réflexes ont très certainement permis de sauver la vie de nombreuses personnes ce soir là au Bataclan. "Je tenais à vous le dire madame" dit-il de son ton caractéristique et chaleureux envers les plus jeunes.
#proces13novembre /663
Cyril, 50 ans est à la barre. Il porte un cuir. Cheveux gris. Yeux clairs. Il témoigne à a barre. Pour sa famille, ses amis. A toujours refusé de s'exprimer dans les médias. Cyril était régisseur général du Bataclan. Il avait invité 2 amis, tués ce soir là
#proces13novembre /664
Cyrille, détaille le déroulé de la soirée. Avec toute la précision d'un directeur technique. Il a le visage rougi, marqué. Un peu ridé. On lit dans ses yeux, qu'il convoque peu à peu les fantômes. C'est curieux. Sa voix est éteinte, un peu.
#proces13novembre /665
"En 1 seconde je m'aperçois de la situation." dit-il. Il fait face aux terroristes. Sa jambe le brûle il a été touché. Il a du mal à se déplacer. Il connaît bien la salle. Il ouvre la 1ère sortie de secours qui donne vers la Rue Amelot. Se précipite dehors
#proces13novembre /666
Cyrille se dirige vers ses bureaux. Explique à l'une de ses collègues qu'une attaque est en cours. Appelle la police. Il a des numéros de la BAC. Il ressort. Aide les premiers rescapés à se réfugier vers ses bureaux administratifs. Parle à des pompiers.
#proces13novembre /667
En fait le rôle de Cyrille a été crucial. Il est le 1er à expliquer la situation aux policiers et aux secours. Leur fournit talkie walkie et des plans du Bataclan. À l'intérieur de la salle, en face, ça tire fortement, à intervalle réguliers. 22H10 environ
#proces13novembre /668
Evacué de son bureau et de la zone de tir avec des 1ers blessés graves, il est dirigé vers une autre zone où il échange avec d'autres policiers, explique la config' du Bataclan. "Il y a des tireurs d'élite partout. Moi je suis en mode pilote automatique."
#proces13novembre /669
L'assaut va avoir lieu. Les policiers de la BRI ont besoin de comprendre la topologie du Bataclan. Il y a une fuite d'eau à l'intérieur, sur la scène Il faut que quelqu'un entre à nouveau dans la salle pour intervenir. Ce sera lui.
Il entre. Et décrit.
#proces13novembre /670
"des corps ici, des cadavres là. Et puis une tête sur la scène" raconte Cyrille. Il observe, analyse. Comprend l'origine de la fuite à colmater pour permettre une intervention sûre de la BRI. Il leur explique comment procéder. "A vous de le faire. Moi je n'entre plus" /671
Cyrille finit par rentrer chez lui, en taxi. "Ia note indique 5h zéro zéro. Je m'en souviens. J'ai fait de nombreuses insomnies, me réveillant à 5h 0 0 ..." poursuit-il. "Et puis ma compagne m'apprend de tristes nouvelles. J'ai perdu 2 amis au Bataclan."..
#proces13novembre /672
Cyrille a été exemplaire. Plein de sang froid. Il a permis aux forces de police d'intervenir dans les meilleures conditions possibles, et peut-être, sans s'en douter. C'est un homme encore très marqué, 6 ans près les faits. Angoisses, rechutes, isolement..
#proces13novembre /673
"Je sais que ça va durer encore longtemps. Je ne suis plus le même homme. Je culpabilise pour mes 2 amis. Ceux que j'avais invité..." dit-il d'une voix sombre.
Cyrille veut désormais préserver ses 3 enfants. Sa 1ère fille Joséphine notamment. Elle avait 2 ans le #13Novembre /674
Il a été dire à son école et à la maîtresse de sa fille, précise-t-il en guise de conclusion, de "ne pas évoquer cet attentat en salle de classe. Ce ne sont pas des choses normales pour les enfants..." Il répond désormais aux Q° du juge Périès.
#proces13novembre /675
On comprend ici aussi la dynamique du #proces13novembre . Tout est décortiqué par le menu, par le président Périès et ses assesseurs. Les questions du juge à l'ex régisseur technique sont très précises. Elles concernent les trappes, les issues de secours, les faux plafonds. /676
"Je ne sais pas comment ils ont fait, admet Cyrille, mais certains spectateurs ont réussi à gagner les trappes et les faux plafonds ..."
C'est l'instinct de survie, incroyable, que ceux qui le pouvaient (dont Clarisse, voir ⬆️) ont mobilisé ce soir là... #proces13novembre / 677
Suspension de séance...
#proces13novembre /678
Helen Wilson est à la barre. Une jeune femme au visage doux, et rond. Blonde vénitienne et tatouages. Elle était avec son amoureux Nick au Bataclan. Elle est anglo-saxonne. Elle s'exprime avec un accent britannique. Sur son débardeur noir: "LOVE ALWAYS WIN"
#proces13novembre /679
Son récit est entrecoupé de sanglots. Elle comprend que sa tire partout. Son ami Nick est blessé. Elle entend dire "c'est pour nos frères en Syrie". Puis elle voit un policier qui tire sur un assaillant sur la scène. "Nick, tu vois, ils vont nous sauver..."
#proces13novembre /680
Elle décrit le chaos. L'explosion sur la scène. Et son dialogue ininterrompu avec son amoureux. Elle entend un 'ferme ta gueule où j'te bute. 1 bruit et vous êtes morts'... "Puis quelqu'un gémit dans la fosse dit-elle. On tire sur cet homme, en pleine tête"
#proces13novembre /681
Helen raconte avoir pris, à suivre, 2 balles dans les cuisses. Elle se souvient avoir dit à un des assaillants qui braquait son arme dans direction : "please stop ! Et je ne sais pourquoi, il a baissé son arme..."
#proces13novembre /682
Elle poursuit son récit. "Nick, ça va ? Je suis blessé au ventre me dit-il...moi aussi, je suis touchée aux cuisses. Nick ça va ? Il ne répond plus. Je le vois alors mourir dans mes bras...il a la peau froide. Il baigne dans une marre de sang..."
#proces13novembre /683
"Nick tu sais, je t'aime mais il faut que je sorte... raconte Helen qui continue à dialoguer avec un homme dont elle sait qu'il est mort. Je l'embrasse. Je me lève. J'ai du mal. Je ne sais pas comment je fais mais je marche vers l'une des sorties..."
#proces13novembre /684
"Cours ! cours !" Ce sont des policiers qui hurlent. Mais Helen ne peut pas. Elle est blessée aux cuisses. Elle dit alors que l'un des policiers l'aide à s'extraire du Bataclan. Puis raconte sa difficile reconstruction, le FBI, l'hôpital Percy, les douleurs
#proces13Novembre /685
Fou, dingue, incroyable... Je ne sais ici quel qualificatif employer. Ces récits sont brûlants, d'émotion et d'absolue précision. Cette sensation trouble d'être projeté à son tour au Bataclan à travers ce que ceux qui y étaient... racontent à la barre.
#proces13Novembre /686
Edith lui succède. La quarantaine, chemise à carreaux, les bras tatoués. Elle tremble beaucoup, manipule frénétiquement un cordon entre ses mains. Ses jambes flageolent . Mais, paradoxalement, sa voix ne flanche pas. son récit est détaillé. précis.
#proces13Novembre / 687
Elle raconte comment elle voit des gens tomber devant elle. Comment elle se précipite au 1 er étage, se cache sous un strapontin, en position foetale, grâce à un homme, Bruno, qui la protège.
Edith réalise. Elle dit assister à la tuerie... par l'ouïe
#proces13Novembre /688
"Ils sont là pour nous tuer, je le comprends dit Edith. Et puis les hurlements, des cris de douleur, l'odeur ferailleuse de la poudre, qui monte...Et après les premières rafales...le coup par coup. Je me demande si je vais m'en sortir, je place mon téléphone sur vibreur..." /689
"Je vois une basket blanche. Celle d'un assaillant. J'ai compris après coup qu'il s'agissait d'Ismaël Mostefaï dont je ne sais s'il m'a épargné ou non. Puis une énorme explosion. La chair jusqu'au 1er étage. L'attente avant de mourir est une véritable torture" raconte Edith /690
Edith revient sur les revendications des assaillants : "Je ne les trouvais pas motivés. Ils récitaient mollement leur texte. Les mecs ne croient même pas en leur laïus. Aucune conviction alors qu'ils nous massacrent. Je les ai trouvé lamentables, nuls !!!"
#proces13Novembre /691
Les mots d'Edith. Les mots d'Edith...
"Le volume des cadavres dans la fosse et les escaliers. Cette masse sombre. Le volume des corps enchevêtrés qui dansaient deux heures avant, buvaient des coups. On essaye de ne pas marcher sur les corps, le long du bar"#proces13Novembre /692
"C'est abominable dit-elle. Edith tremble constamment. Ce que j'ai vu reste imprimé dans mes rétines. Ceux qui ont vu comprennent" Elle raconte l'enfant qu'on extrait sous un manteau pour lui cacher la vue. Cette jeune femme ravissante, "perdue" dira un BRI
#proces13Novembre /693
Et puis les 47 appels en absence de son amie Audrey. Elle est en vie. Son pote, la cuisse traversée par une balle. Et ces moments absurdes, à l'extérieur. "J'ai pas appelé mon mari. J'ai appelé un collègue. Je lui ai dit que je serai peut-être pas au boulot lundi matin"... /694
Et au bout de son apocalypse, les flashs, la presse "qui se repaît de leur détresse". Enfin sa fille qu'elle retrouve chez elle. Et qui lui assène des coups de poing pendant la nuit. "J'ai demandé à un médecin. C'est le cortisol, l'hormone du stress que ma fille a senti..." /695
Après le massacre du Bataclan, Edith s'est lentement effondrée. Ses envies de suicide. Puis enceinte, son choix d'avorter. Elle quittera son emploi."On est encore dans le piège du 13 novembre regrette-t-elle. À titre personnel, je ne pense pas guérir..."
#proces13Novembre /696
Ces détails glaçants qu'elle livre à la barre, interrogée par l'une des assesseurs.
"Oui j'ai entendu les assaillants rire confirme Edith. Ils riaient des difficultés de l'un d'eux à recharger. Ils étaient légers alors qu'autour les gens mourraient..."
#proces13Novembre /697
Bruno vient témoigner. Bon gaillard. De forte corpulence. Son récit est précis. Il est calme. Cheveux tirés en catogan. Épais sweat à capuche noir. Il a des tatouages sur les mains. C'est un trait commun à de nombreux témoins du Bataclan, fans des Eagles...
#proces13novembre /698
C'est impressionnant de réaliser que d'un témoin à l'autre, on traverse toute la palette des sentiments. La haine à peine contenue parfois, l'empathie d'autres fois. Les calmes, les nerveux, les effondrés, les affligés... Ce #proces13novembre, c'est le théâtre des Hommes. /699
Jusqu'au rire parfois. Bruno toujours, encore à la barre, miraculé, sorti sans 1 égratignure, il a contourné la mort: "Quand je suis sorti de ma planque, en voyant des policiers, j'ai eu cette phrase 'je suis content de voir des flics !' Rires dans la salle
#proces13novembre /700
Bruno, délégué syndical, raconte comment il s'est battu après le #13Novembre2015 pour qu'on arrête, en cas de grève à la SNCF, de dire "vous nous prenez en otage. Non on vous prend pas en otage. Eux, ils nous ont pris en otage" Vu de la barre, ça se tient.
#proces13novembre /701
Bruno a également rendu hommage à la 131ème victime du #13Novembre2015. Un homme qui s'est suicidé après coup. De douleur. C'est important à noter, la Cour, lors de ce procès, parle de 130 victimes, tués sur le coup et leur blessures directes ce soir là.
#proces13novembre /702
Il dit aussi avoir été fiché "Islamo-Gauchiste" par 1 site raciste. "Oui je suis d'extrême gauche" dit Bruno. "J'ai été adopté par une famille sénégalaise musulmane qui s'est excusée au nom de tous les musulmans. Je leur ai dit non ! c'est des malades, c'est pas l'Islam !" /703
Impressionnant de calme et de hauteur Bruno. Il a raconté à la barre à quel point il était chanceux. Martelant que les assaillants n'avaient pas gagné. "C'est nous qui l'avons emporté. Il faut continuer à parler, à dire la vérité, aussi dure soit-elle" .
#proces13Novembre /704
Une jeune femme lui succède. Les cheveux noirs de jais. Coralie porte un blouson de cuir noir également. Comme sa robe. Elle lit un texte. Elle était dans la fosse, touchée au pied et vers l'omoplate. Elle a en tête, une jeune femme qui meurt devant elle..
#proces13Novembre /705
Cette femme qui meurt devant elle, c'était une spectatrice qui au début du concert se retournait souvent vers elle, et blaguait, et riait...
Le bataclan, les eagles of death metal, la vie, la fête et puis la mort. le chaos, les séquelles, la vie d'après...
#proces13Novembre /706
Emilie se présente. Agrégée, docteure en biochimie. Les cheveux bruns et courts. Les yeux clairs. elle porte un pull marinière bleu marine à bandes blanches. Elle a la voix claire, les bras croisés. Elle a grandi en ZUP. Elle était avec son mari au Bataclan
#proces13novembre /707
Elle raconte, lorsqu'elle comprend la nature de l'attaque, la terreur figée sur le visage de son mari, qu'elle empêche de regarder la scène. Emilie est calme ce soir là. Et calme lors de sa déposition. Elle se souvient des odeurs de bière et de sang mêlés..
#proces13Novembre /708
Ce que l'on comprend de son témoignage, c'est qu'elle n'a jamais cessé un seul instant de chercher un moyen de fuir. Elle écoute les tirs, irréguliers. "Aucun moyen d'échafauder un plan à ce moment là" détaille-t-elle. Et puis une porte, une possibilité.
#proces13Novembre /709
"Première déception dit Emilie, ce n'est pas une sortie de secours. C'est un local dans lequel nous entrons. Il fait noir à l'intérieur, on est 4. Une personne saigne. On regrette à ce moment ne pas savoir comment soigner. Le sentiment d'être abandonnée."
#proces13novembre /710
Emilie raconte comment le bruit s'est interrompu. Le silence. Les cris d'agonies. L'évacuation. "On passe par la scène, maculée de chair. Je n'avais pas exprimé d'émotion, alors j'ai voulu regarder la fosse. Et j'ai vu... Des corps et des objets mêlés..."
#proces13Novembre /711
Et puis la sortie du Bataclan. "Des policiers durs avec nous. Les rescapés qui hurlaient, apprenant la mort de leurs proches poursuit-elle. Et cette fille effondrée. elle était avec nous dans le local." Pour la 1ère fois, Emilie étouffe quelques sanglots...
#proces13Novembre /712
Elle a décroisé les bras pour la 1ère fois aussi. Pour ne plus les recroiser. Puis elle raconte la prise en charge. Emilie dit s'en vouloir d'avoir "traumatisé une jeune femme chargée de la faire parler après coup. Je lui ai raconté les éclats de chair..."
#proces13Novembre /713
Emilie raconte son stress post trauma, ses cauchemars, sa peur de tous et de toutes, ses accès de rage, ses regrets d'avoir eu son fils à ce moment là. "Maintenant j'ai peur de tout. Je ne prends plus de transport. Plus jamais de lieux publics, les foules"
#proces13Novembre /714
"Je n'ai plus aucune ambition dans la vie assène-t-elle dans un lourd sanglot. Ma seule ambition c'est de ne pas être trop mal le restant de mes jours. Je ressens une fatigue indescriptible." Emilie n'a plus la même voix. Elle sombre. Elle est dévastée.
#proces13novembre /715
Emilie ne contient plus ses larmes qui roulent le long de ses joues. Elle renifle entre chaque phrase. Raconte sa perte d'énergie, sa flemme absolue, sa personnalité qui a totalement changé, son manque d'initiative, ses crises ...

C'est dur là. Vraiment
#proces13novembre /716
Et puis ces mots, si âpres : "J'ai l'impression de détester tout le monde. Je suis devenue mauvaise. Je peux être très méchante avec mon fils ou mon mari. Je n'arrive absolument pas à être en colère contre ces types, j'ai la colère mal placée"
Quel aveu...
#proces13novembre /717
Voici l'histoire d'une jeune femme désespérée qui vient dire à la barre "un traumatisme, une détresse totale qui ne partira pas. Les spécialistes parlent de déficit fonctionnel permanent. Bah c'est ça en fait..."
Tristesse infinie à la barre. Emilie pleure
#proces13novembre /718
Il y a à l'image, le visage contrit d'une jeune avocate, très touchée, comme nous tous en fait, par le récit d'Émilie. La jeune femme parle de sa relation très dégradée avec son fils et son entourage. Sa culpabilité d'être celle par qui tout cela est arrivé
#proces13novembre /719
"J'étais sur une trajectoire ascendante. J'en fais de moins en moins. Je suis un boulet pour mon équipe. Je suis dans un placard. Mais ça me convient."
Terrible histoire d'une jeune femme brûlée en elle. Tout à la fois miraculée et entièrement brisée...
#proces13novembre /720
Emilie a raconté ses séjours en hôpital psychiatrique. Elle dit à présent..."solitude qu'on est beaucoup à ressentir. On ne peut pas dire à sa famille qu'on a envie de se foutre en l'air constamment. Donc on le dit pas. Sauf entre victimes. avec qui on peut rire et pleurer." /721
"Je lutte activement contre le repli. Notamment pour mon fils. Mais si fréquenter les autres c'est difficile. Je lui consacre entièrement ma vie. Même si ce n'est pas très sain." dit Emilie. Dont le but ultime est d'accepter ce qu'elle a vécu et n'accepte toujours pas./722
"Tout a volé en éclat dans ma vie dit Émilie...
Je vis avec des morts. J'aurais voulu dire qque chose de positif. Je vis un long purgatoire. Si j'étais seule, sans famille, j'aurais préféré mourir.

Je regrette de pas être morte ce soir là"

Terrible

#proces13novembre /723
"C'était un attentat de masse. Cette masse de témoignage permet de retranscrire ce qui s'est passé. Je suis heureuse que ces accusés qui ne m'intéressent pas soient jugés selon nos standards"dira aussi Émilie au terme d'un très long -et puissant- témoignage
#proces13novembre /724
Suspension.
Le président convient qu'il ne sera pas possible d'écouter tout le monde - 5 personnes - dans de bonnes conditions après un tel récit. Il demande aux avocats de s'entendre entre eux pour que la parole de chacun soit respectée.
#proces13novembre /725
Pendant ce temps dans le box des accusés, discussion animée entre Abdeslam, Abrini et Amri. Impossible naturellement de savoir ce que ces trois se disent. C'est une scène étrange. Ils ont entendu. Comme nous...
A présent, Abdeslam échange avec ses avocats.
#proces13novembre /726
L'audience reprend. Le président de la Cour ne fera pas passer tout le monde dit-il. Il est tard. La charge émotionnelle est forte. Impossible d'être impérméable. La Cour ne fait pas exception. Mais la parole de chacun doit être respectée. C'est l'enjeu...
#proces13novembre /727
Brendan témoigne. C'est l'époux d'Emilie qu'on a longuement entendu. Un beau jeune homme. Le visage clair. Le débit rapide. Il dit qu'il essaiera d'être bref. Il parle très vite. Il dit avoir instantanément compris qu'il s'agissait "d'un attentat islamiste"
#proces13novembre /728
Il parle de l'Etat islamique dont il suit les exactions en Irak et en Syrie. Il se dit que le Bataclan est une cible parfaite. Mais pour de simples exécutants. "Des boeufs." dit-il. Et son "refus de se faire tuer par des boeufs..." Les rafales, la fuite...
#proces13novembre /729
Brendan, pursuit son récit, le même que celui de son épouse Emilie. Il précise : "Je ne savais pas que le sang avait une odeur. Il en faut beaucoup pour le sentir..."
Son débit est extrêmement rapide, de plus en plus rapide.
#proces13novembre /730
Il poursuit. son stress post traumatique, sa tête farcie d'horreur, son irritabilité, son hyper vigilance, "6 ans après ça va mieux. Les symptômes sont là. ils ne s'estompent pas tout à fait.J'ai la chance d'être avec ma femme. Je suis fier de ma famille."
#proces13novembre /731
"Si les gens doivent se sentir honteux et coupables ce sont les gens qui sont à ma gauche, dans le box dit Brendan fermement. Je pense qu'ils font honte à leur parents. Honte à la religion qu'ils prétendent défendre."
#proces13novembre /732
"Certains d'entre eux disent que leurs frères sont morts en martyrs. Non, ils sont morts en steak haché, ni plus ni moins. Je vous disais que c'était des boeufs. C'est somme toute assez logique qu'ils soient morts ainsi" assène-t-il avec la même fermeté.
#proces13novembre /733
"Ils ont abimé ma femme Émilie poursuit Brendan, sur le même ton empreint d'une colère noire. Je leur en veux infiniment. Je pense que ces gens nous détestent autant qu'on les déteste. Ils vont recommencer. Ne les croyez pas quand ils regrettent. "
#proces13novembre /733
"J'attends un procès juste, de lourdes sanctions et peines de prison. Mais ne leur accordez jamais le bénéfice du doute dit Brendan fixant le président de la Cour. On les a vu agir. ils ont perfides, ils sont patients, ils recommenceront."
Rage.sourde.
#proces13novembre /734
Laure est à la barre. Miraculée du Bataclan. Elle témoigne dans une salle d'audience dépeuplée. Mais la Cour est là. Elle écoute cette femme qui parle "pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas parler." C'est aussi cela, la grandeur de ce procès.
#proces13novembre /735
Laure explique que le plus difficile est "d'être en décalage avec les autres, de ne plus être la même personne. De pleurer lorsqu'on entend des pétards à un mariage... Mais je conserverais toujours ma joie de vivre. Pour moi, ils n'ont pas gagné. voilà. "
#proces13novembre /736
"Bien on va arrêter là pour ce soir je crois. Dorénavant, ce serait bien de commencer à peu près à l'heure. Et c'est pas la faute de la Cour. Je puis vous l'assurer ! Merci, à demain" conclut le président Jean-Louis Périès.

Audience levée.
Grand moment.
#proces13novembre /737
Bonjour. Jour 18 du #proces13novembre.
Les témoignages des victimes du Bataclan se poursuivent, lesquels ont démarré il y a une heure environ. Pour ma part j'entre en salle d'audience. Pierre-Sylvain vient de finir de déposer. Lui et son amie ont été très lourdement blessés. /738
Thibault n'avait pas la tête au concert ce soir là. "Je regardais beaucoup la foule, le public" dit-il. Il montre une photo qu'il a prise de la fosse. Avant que ne débute le concert.
Il entend alors des grésillements tout à coup. Vers le bar. Et des cris.
#proces13novembre /739
"Je protège mon épouse dit-il. Je regarde la fosse. Tout le monde est à terre. Sauf une femme. Elle est debout, dos à la scène. Et 1 homme, sans cagoule, athlétique, vers le bar. Il tire vers le sol, fait quelques pas, il tire vers le sol, fait quelque pas"
#proces13novembre /740
"Je sais que je vais mourir. C'est ce que je ressens à ce moment là raconte Thibault. Chaque balle tirée est une balle que je me prépare à recevoir. chaque respiration est peut-être la dernière. Je pense qu'il sera difficile de protéger mon épouse."
#proces13Novembre /741
"Je cherche à fuir, mouvement de foule, je prends quelques coups, le chaos. Je cherche à entrer dans une loge. Je cherche mon épouse également. Je l'appelle à voix basse. Elle est cachée dans les combles de la loge roulé en boule dans de la laine de verre."
#proces13Novembre /742
"Je sais que tout se terminera là, dans cette loge, avec mon épouse, bien ou mal dit Thibault. On écoute. On cherche à comprendre les mouvements des terroristes. On est aux aguets. On écoute tout. On entend le son d'être humains mourir . Invraisemblable."
#proces13Novembre /743
Thibault poursuit son récit. Les échanges de tirs. Ses conversations par sms avec un policier et son frère. Puis l'assaut. Le sauvetage. Le retour vers la fosse.
Il a cette formule : "C'est une scène de livre d'histoire... Une scène de champ de bataille."
#proces13Novembre /744
Thibault déplore la présence de politiques au Bataclan, au moment même où tous les otages n'ont pas été évacués. "Pourquoi sont-ils là, à ce moment là. On peut s'interroger ..." dit-il sobrement. À l'image de son récit. Calme. Posé.
#proces13Novembre /745
Thibault, grand jeune homme, veste noir sur chemise à carreaux verte, cheveux longs lâchés va céder la place à son épouse. Il remercie avant cela les forces de police et Clarisse, également, cette jeune femme qui avait défoncé le faux plafond.
#proces13Novembre /746
Avant de conclure Thibault a ces mots et "cette pensée dont on ne revient pas facilement. Mon seul réconfort a été me dire que je ne laisserai pas d'orphelin derrière moi, si d'aventure j'avais du mourir au Bataclan."
#proces13Novembre /747
Anne-Laure à présent. L'épouse de Thibault. Elle aussi revient sur les faits. Elle remercie Clarisse à nouveau, "en équilibre sur les toilettes, éclatant de toutes ses forces le faux plafond, c'était Bruce Willis au féminin !"
Sourires en salle d'audience..
#proces13Novembre /748
Je retiens d'Anne-Laure ce qu'elle a dit de sa condition ce soir là au Bataclan."Nous étions réduits à l'état d'animaux qu'on pourchassait. Je ne souhaiterais même pas cela à 1 animal. Nous étions réduits à l'état animal mais animés par un instinct animal." De survie en fait/749
Thibault et Anne-Laure quittent la barre. Gaëlle approche de la barre. Jeune femme brune, élégante, débardeur blanc sur pantalon noir, voix douce. Elle lit un texte. Et présente une photo de son compagnon, projetée sur le grand écran de la salle d'audience.
#proces13Novembre /750
Son compagnon a été tué ce soir là. Les bras découverts, elle porte des cicatrices qu'elle ne dissimule pas. Son visage, qui porte des cicatrices, a été touché également. Elle explique que sa joue gauche, en partie arrachée, pendait peu après les 1ers tirs.
#proces13Novembre /751
Elle parle de l'os de son bras gauche, à découvert sur son ventre. "Je me sentais partir peu à peu dans cette sorte de marécage, je n'entendais plus mon compagnon, je pensais qu'il faisait le mort comme tous les autres..."
#proces13Novembre /752
Gaëlle raconte la 1ère intervention, celle du commissaire de la BAC. Puis l'explosion du kamikaze. Puis l'intervention de la colonne BRI. "J'ai réussi à me relever. Comme par magie. J'ai croisé un policier dont j'ai appris plus tard qu'il s'agissait du négociateur de la BRI /753
Gaëlle raconte que ce policier d'élite lui a confié que son visage avait hanté toutes ses nuits pendant de très longs mois. ..
Son récit, celui de sa reconstruction physique, est très dur à soutenir. Quelle force Gaëlle, quelle dignité de se présenter ainsi
#proces13novembre /754
"Vous êtes ce qu'on appelle une gueule cassée m'a-t-on dit raconte Gaëlle à la barre. Je suis donc une victime de guerre, blessée entre Bastille et République. Pas dans une tranchée. C'est grâce aux gueules cassées de la guerre qu'on a pu me reconstruire."
#proces13novembre /755
Je suis soufflé par son courage. Quelle âme, noyée dans une voix si douce, éplorée. Gaëlle a subi 40 opérations, "aussi audacieuses que méticuleuses. Opérée une 40ème fois l'année de mes 40 ans. J'espère ne pas en compter 70 le jour de mes 70 ans." Des larmes, les nôtres... /756
Je dois avouer qu'il est difficile de tenir ici, en LT, un tel récit. Les mots de celles et ceux qui les prononcent sont si forts, si puissants, si graves, qu'il est parfois impossible d'en restituer toute la beauté, la force, l'intensité. Immense dignité.
#proces13novembre /757
Amandine à présent. En jolie robe à fleur. De longs cheveux roux. Visage juvénile. Elle s'avance à la barre à l'aide de béquilles. "Je veux témoigner debout" répond-elle au président qui lui propose de s'asseoir.
#proces13novembre /758
La fusillade au Bataclan a explosé. Amandine est dans la fosse. Elle distingue 3 ombres, mues par le plaisir de tirer, de tuer. Elle est touchée, son tibia est explosé, Une plaie béante..."bah ouais, c'est la guerre" se dit-elle.
Son bras droit est dans le même état. /759
La pire douleur dit-elle... c'est de se faire piétiner. Même par les gentils. Je n'en veux à personne. Chacun voulait sauver sa peau" raconte Amandine. Ses propos sonnent si juste. "J'ai cherché à mettre mes blessures en évidence pour que les terroristes me croient morte".../760
"J'aurais tout donné pour perdre connaissance poursuit Amandine. L'odeur de poudre m'étouffait. Celle du sang froid, j'étais étourdie par les cris d'agonies et par les visions d'hommes tuant des trentenaires avec un plaisir qu'ils ne dissimulaient pas." ...
#proces13novembre /761
Amandine raconte ce "tas humain épais d'1 mètre" qu'est devenue la fosse du Bataclan. Elle raconte l'explosion sur la scène. Celle du kamikaze. Les lambeaux de chair qu'elle reçoit sur le visage et les plumes de doudoune qu'elle voit voler. Elle en a souri
#proces13Novembre /762
La jeune femme, d'une voix claire, prise de légers sanglots, cite Shakespeare pour imager ce qu'elle a vécu cette nuit d'effroi, de douleur et de chaos :

"L'enfer est vide. Tous les démons sont ici"

C'est sublime

#proces13Novembre /763
Elle raconte que le commissaire de la BAC qui tué le kamikaze ce soir là est aussi l'homme qui lui a sauvé la vie. Plus tard dans la soirée, il l'a extrait de la fosse, la trainant par un bras. Et l'a confié aux secours.
Il sait qu'elle témoigne aujourd'hui
#proces13Novembre /763
Ce commissaire qu'elle a chaudement remercié. "Il m'a extirpé de mon tombeau pour me ramener dans le monde des vivants." Amandine, après avoir longuement retracé son parcours hospitalier, a également remercié son chirurgien qui a fait de son combat le sien.
#proces13Novembre /764
Grand témoignage aussi. Tous en fait.
Voici ce qu'avait dit Amandine en préambule.
"Il y a autant de 13 novembre qu'il y a de victimes, directes ou par ricochet"
On mesure toute la justesse de ce propos, face à l'horreur ainsi dépliée, lors ce procès...
#proces13Novembre /765
Phyllie est à la barre. La quarantaine, la peau noire, claire, lisse. Elle porte une chemise à fleur sous un gilet sombre. Sa voix est douce. Son récit est factuel. Elle lit un texte. Raconte son concert, avec son ami, le chaos, les hurlements déchirants.
#proces13novembre /766
Miraculée, elle a réussi à se dissimuler. Lors de l'évacuation les policiers lui disent de ne pas regarder. "Mais j'ai regardé dit Phyllie. Et à mon tour j'ai hurlé.
Des restes humains. Des corps des corps des corps, du sang du sang du sang une barbarie"
#proces13novembre /767
"Par terre poursuit Phyllie, j'ai vu des frères et des soeurs. Pourquoi étais-je en vie ? Je n'étais pas meilleure qu'eux... Nous devions enjamber les corps pour sortir du Bataclan."
Elle n'a pas été blessée physiquement.
Mais, meurtrie, elle a été admise en psychiatrie /768
"Tout ce qu'on entend ici nous aide à reconstruire ce récit. J'ai la chance de pouvoir étreindre mes garçons.
Je me suis sentie un animal cette nuit là. Alors, je témoigne pour retrouver un peu de dignité"

Phyllie n'en a jamais manqué.

Interruption -

#proces13novembre /769
"Et là... le corps d'une personne m'est tombé dessus. Je pense à postériori que cet homme n'a pas souffert en mourant "...l'audience a repris. J'arrive dans la salle d'audience. Cueilli par ces mots. Ceux d'Axel. Un jeune homme à la barre. Sa voix tremble.
#proces13novembre /770
Son récit est lent. Son visage presqu'éteint, pâle et juvénile. Il porte un t-shirt bleu. Axel a perdu son grand frère au Bataclan. Dont il montre la photo "pour que celles et ceux quoi l'ont aperçu, si jamais, lui raconte ses derniers moments..."
#proces13novembre /771
C'est l'histoire de trois frères qui vont à un concert. Axel, Eliot et Renaud, celui qui a disparu. Dans la fosse, Axel a protégé Eliot, son petit frère. Sur lequel il était pendant et après la fusillade. Renaud était autre part dans la salle.
#proces13novembre /772
"J'ai retiré un morceau de corps humain sur son visage. de la cervelle. On a un peu parlé. Eliot me disait qu'il était dégouté, qu'il n'avait pas connu l'amour, qu'il ne voulait pas mourir comme ça raconte Axel. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire"
#proces13novembre /772
Et puis l'assaut policier. L'attente infini, entassés les uns sur les autres. "J'en ai beaucoup voulu aux policiers de nous avoir laissé ainsi, dans cet état. Ms depuis que j'assiste au procès je comprends qu'ils ont cherché à faire de leur mieux." dit Axel
#proces13novembre /773
Axel, la voix fragile, avoue avoir voulu se moquer des personnes qui sont dans le box. "Je les trouve pas très malins. Comment on peut passer du stade de 'racailles' à leur stade. je pensais à voir des guerriers mais c'est pas ce que j'ai vu, je ne vais pas m'attarder..." /774
Ses parents suivent à la barre. Jacky et Marie Line, ils parlent de leurs enfants, parlent de Renaud, leur fils disparu. "Aujourd'hui dit Marie Line, j'ai la peur qui me colle à la peau. Peur de tout, peur que la mort emporte à nouveau un de mes fils."
#proces13novembre /775
Fanny s'est avancée. Présente elle aussi dans la fosse du Bataclan. Une jeune femme qui porte une veste à rayures. Cheveux fins et châtains. Yeux clairs. Elle lit 1 texte. Elle explique qu'elle se trouvait face à la scène, comme tjs, "comme une groupie"
#proces13novembre /776
Fanny avait déjà rencontré le terrorisme. La Clio des frères Kouachi avait été abandonnée après la tuerie de Charlie au pied de son immeuble. Dans son travail, elle a aussi côtoyé "un certain Arnaud Beltrame". Il l'avait formé au KravMaga.
Quel destin...
#proces13novembre /777
Elle raconte la nuit du 13. Elle fait face à la scène. Elle voit du plâtre tomber. Elle lit dans les yeux du chanteur des Eagles, "des américains qui connaissent les armes" que c'est sérieux. Elle parle d'un tsunami humain qui se forme à sa gauche.
#proces13novembre /778
Fanny se fige en position foetale. Depuis sa position, sur le dos, elle voit la coursive gauche. Ça tire, fort, vite. De façon aléatoire.

"C'est une peu 1.2.3 soleil mais faut pas perdre. Et quand un téléphone sonne, 1.2.3 soleil, t'as perdu..."

#proces13novembre /779
Fanny est assez brève sur le déroulé des faits. "J'ai entendu l'explosion sur la scène." Elle reprend vite espoir qd elle comprend que des policiers interviennent. Je me suis souvenu de l'hypercasher. Si c'est la même colonne, on va s'en sortir..."
#proces13novembre /780
Fanny choisit de ne pas s'étendre sur ce qu'elle a vu au Bataclan. Elle raconte son état d'esprit surtout, dans ce chaos absolu. "J'étais en mode, je suis dans un film de Tarantino, je suis l'héroïne, je dois m'en sortir. "
#proces13novembre /781
Elle décrira très sobrement, et de façon imagée, la fosse du Bataclan, comme "un tableau de gueules cassés. Des gueules cassées mais dont on voit encore les beaux yeux. Un tableau en mode cubiste, en mode surréaliste..."
#proces13novembre /782
"Je suis sorti vivante du massacre' c'est ce que j'ai envoyé par sms à mes collègues du Ministère où je travaille raconte Fanny. Ils suivaient la situation. Le directeur de cabinet... Arnaud Beltrame aussi... (tué à Trèbes, en héros, lors d'une attaque terroriste en 2018) /782
Fanny raconte l'après 13 novembre. Son hyper vigilance. Mais surtout son sens de l'anticipation sécuritaire et géopolitique très aiguë. Elle passe son temps à tout prévoir. Elle rend hommage au Lt Colonel Arnaud Beltrame dont la mort l'a bcp affecté.
#proces13novembre /783
Fanny, malgré le niveau de résilience dont elle fait preuve à la barre, raconte comment elle a sombré , psychiquement. Elle compare sa vie désormais à celle de Sisyphe qui, selon le mythe, pousse une roche au sommet d'une montagne, avant qu'elle ne dévale de l'autre côté /784
"je suis bientôt à découvert dit-elle je suis en arrêt de travail. Je n'ai plus du tout la même résistance au stress, ni la même force pour avancer. J'ai peur des intrusions, notamment dans mon appartement".
Fanny conclura ainsi :
"Ce que je vis est une peine à perpétuité" /785
C'est ici, personnellement, que je conclus cette journée.
J'ai une pensée très sincère pour toutes celles et ceux qui racontent ce qu'ils ont vu et vécu. Ce qui est donné à voir et à entendre, c'est une immense leçon de courage, d'humanité et de dignité.
#proces13novembre /786
Bonjour à toutes et tous.
Jour 19 du #proces13novembre.
Les débats ont repris. La salle d'audience est plus clairsemée que les jours précédents. Les témoignages de victimes du Bataclan se poursuivent.
À la barre, Nathalie, soeur de Fabrice, décédé.
Elle vient de Los Angeles /787
"Il est décédé" lui dit l'épouse de son petit frère. Elle n'a pas dit, il est mort, elle a dit, "il est décédé". "Mon monde s'est effondré. celui de mon marie aussi. Et cette question, comment annoncer cela à mes parents, à 10000km de distance."
#proces13novembre /788
Nathalie a décidé de venir parler de son frère, dont on voit la photo projetée sur le grand écran de la salle d'audience, visage souriant, "2mètres de gentillesse, on l'appelait le géant vert dans son agence publicitaire, un génie dans son domaine" dit-elle
#proces13novembre /789
Nathalie est une victime par ricochet. Un ricochet qui traverse l'Atlantique et les États-Unis et touche Nathalie de plein fouet. C'est une femme d'une petite cinquantaine, qui témoigne en noir.
#proces13novembre /790
Je voudrais terminer en disant que mon mari est Musulman. Le jour des obsèques de Fabrice, il s'excusait poursuit Nathalie. En Islam le terme mécréant n'existe pas. J'ai bcp travaillé au Qatar et à Dubaï. Dans ces pays, ces gens sont très sévèrement punis"
#proces13novembre /791
En substance elle réclame un durcissement de nos lois "pour ces gens qui viennent dans nos pays occidentaux et qui savent qu'ils ne perdront pas la leur. En prison, ils seront nourris, ils auront leur gym..."
C'est la fin de la déposition de Nathalie.
#proces13novembre /792
Lydia est à la barre. Une jeune femme brune. Elle porte des lunettes, un gilet noir sur un t-shirt vert. Elle connaissait les Eagles, venait de Londres pour assister au concert. Elle dit, "je fixe le n°47 inscrit sur une horloge au moment où tout commence."
#proces13novembre /793
"Je suis la seule idiote debout raconte-t-elle. Puis la lumière se rallume. Je me dis, je ne veux pas mourir comme ça" raconte Lydia. Son amie Laure lui protège le visage. Elle se demande si quelqu'un a un couteau.."ils nous massacrent, on ne peut pas se défendre ." /794
Lydia est miraculée. Elle a réussi à s'échapper, en laissant ses amis à l'intérieur... elle raconte une scène dans un restaurant dans lequel elle s'est réfugiée.
"On ne me croyait pas. Je me suis assise par terre. les gens continuaient à diner..." /795
Lydia a retrouvé ses amies plus tard dans la nuit. Elle s'est excusée auprès d'elles, leur a demandé de la pardonner de les avoir abandonné. Elle lui ont dit qu'elle a avait en fait contribué à les aider...
#proces13novembre /796
Lydia explique que ses parents sont algériens. "3 de mes frères sont musulmans. Dans le Coran, tuer est l'un des plus grands pêchés. Ils ont ôté des vies, ils finiront en enfer. Moi je ne veux pas de leur enfer..."
Une nouvelle "leçon d'Islam" aux accusés..
#proces13novembre /797
Lydia explique qu'elle ne lâchera pas. Elle est étudiante en droit, pour à son tour "juger les méchants." S'en suit un échange avec le juge Périès
- Vous allez voir, la 2ème année, c'est les fondements du droit, si ça n'a pas trop changé
- si si !
sourires!
#proces13novembre /798
Jessica avait 18 ans cette nuit là. Jeune femme en noir à la barre, visage pâle. Elle raconte qu'elle était réserviste dans l'armée. Connaissait le maniement des armes, formée aux 1ers soins. Qu'elle a prodigué à un homme touché. "Il est mort malheureusement" dit-elle...
/799
Son récit est clair. Elle était au Bataclan café lorsque les assaillants sont arrivés. Elle décrit les blessures, indescriptibles, l'arrivée des premiers policiers, et d'autres bcp plus armés. Elle constamment cherché à aider, aider, aider...
#proces13novembre /800
Elle précise qu'elle est capable d'offrir de l'aide, compte tenu de sa formation. Dans un camion de pompiers, elle maintient une compresse sur une femme qui lui raconte comment elle s'est cachée sous des corps pour rester en vie au Bataclan. elle réalise...
#proces13novembre /801
Jessica raconte comment sa vie d'après #13Novembre2015 a basculé. On la diagnostique en "dissociation", une façon en somme de devenir étranger à soi-même après un tel traumatisme. "beaucoup de mes maux n'ont pas été soignés..."
#proces13novembre /802
"J'ai ressenti bcp d'illégitimité de ne pas avoir été blessée. Qd j'ai reçu mon avis de victime, j'ai eu un choc...je relativise bcp sur la vie, l'injustice, la fragilité...je repense à Lydia, juste avant, qui aurait voulu couper la jambe pour s'enfuir..."
#proces13novembre /803
A présent Fehmi, jeune homme Turc, accompagné d'un interprète. Fehmi était au Bataclan. Il avait 25 ans. Etudiant en biologie moléculaire. Il visitait Paris et voulait absolument assister au concert ce soir là.
#proces13novembre /804
Fehmi souligne qu'il n'est pas forcément très sociable Il reste relativement seul lors du concert. "J'étais fatigué je ne dansais pas, je regardais simplement. Je me rappelle du nom de la chanson que jouaient les Eagles, Kiss the Devil.." raconte-t-il
#proces13novembre /805
Et puis les 1ers bruits de pétards "ce que je trouve relativement normal", dit-il. "Des cris, des hurlements, je vois des gens touchés...quand j'ai accepté qu'il s'agissait de la réalité , j'ai pensé que j'étais mort, j'ai prié que la Terre s'ouvre pour m'y cacher" /806
"Je me suis précipité vers une porte. Je suis arrivé le dernier. Nous étions peut-être 100 à l'intérieur de la pièce que j'ai quitté car je ne me sentais pas en sécurité. J'ai pris les escaliers et perdu mes chaussures dans la fuite" poursuit Fehmi
#proces13novembre /807
"Le sol était trempé, mes chaussettes étaient mouillées. Mon téléphone était déchargé. Quelqu'un m'a prêté le sien. Puis on a réalisé autour de moi que je ne parlais pas français." poursuit Fehmi, miraculé. Evacué par la police, il raconte avoir vu les corps dans la fosse... /808
Ce jeune homme, désorienté, ne parlant pas français ce soir là, raconte très factuellement sa soirée. Sans forcément montrer d'émotions particulières. Sans chaussures ni chaussettes, il a été évacué sur un brancard pour éviter les débris de verre au sol.
#proces13novembre /809
Fehmi raconte sa déambulation dans Paris, la nuit, sans parler français, les pieds nus, la peur au ventre, peur de mourir, en zigzaguant d'un trottoir à l'autre pour éviter les gens. Il parvient à rentrer chez lui, un appart qu'il avait loué à République.
#proces13novembre /810
Fehmi raconte les jours qui suivent. La peur au ventre qui ne le lache pas. Les bruits, la panique, le stress en boomerang qui part et revient aussi fort qu'avant, et son retour en Turquie. Il a tenté d'expliquer son traumatisme invisible à ses proches...
#proces13novembre /811
"La seule chose apparente, c'est l'anxiété...Et faire la gueule. Les personnes vous regardent comme si vous aviez la lèpre. Vous devenez un étranger. Je n'ai plus réussi à m'adapter à la vie sociale et à mes enseignements" raconte Fehmi
#proces13novembre /812
"En biologie moléculaire, vous êtes dans des laboratoires ...clos. J'ai développé une claustrophobie. Un jour j'ai brisé des récipients. Je ne pouvais plus travailler ainsi. J'ai perdu toute sociabilité. D'autre part je souffre de fièvre méditerranéenne (sic)" dit Fehmi /813
- Fièvre tropicale ? demande circonspect le pdt Périès
- non méditerranéenne répond Fehmi. "C'est une maladie héréditaire qui peut causer des troubles respiratoires en cas de stress extrême.
Ce stress m'a poursuivit jusqu'en 2018...
#proces13novembre /814
Fehmi raconte avoir été reformé du service militaire turc à cause de ses troubles. Il a réussi finalement à terminer ses études après 4 ans de retard. Il précise que son stress le fait bcp transpirer. Il montre ses aisselles, sa chemise est trempée en effet
#proces13novembre /815
Sous les dehors d'une certaine froideur, et de son grand calme, Fehmi est très touchant. "Je ne retrouve pas le plaisir que j'éprouvais avant. Et cela me rend très triste. Je ne sais pas jusqu'à quand cela va durer. Merci de m'avoir écouté." conclut-il
#proces13novembre /816
Faustine se présente à la barre. elle a 40 ans. Cheveux roux, pull bordeaux ample. Elle était au Bataclan avec son conjoint, Jean-Jacques et 2 amis. "Le concerts faisaient partie de notre vie. Nous étions là bas tous les 4. Nous sommes revenus à 3" dit-elle
#proces13novembre /817
Le conjoint de Faustine ne reviendra pas. LE son...et les bruits secs. Un individu qu'elle distingue à visage découvert. Puis un 2ème, ils tirent de gche à droite sur la fosse. Les gens qui tombent sous les balles."J'appelle Jean-JAcques. Il ne répond pas"
#proces13novembre /818
Ses deux amis et Faustine parviennent à s'échapper. "J'espère que Jean-Jacques est parti lui aussi." raconte-t-elle. J'ai été blessée, de multiples impacts. Puis soignée. "Mais rien a été aussi dur que la perte de Jean-Jacques, il était solaire"
#proces13novembre /819
"Il avait été très marqué par Charlie. C'était le plus informé sur la Syrie. Et c'est lui qu'ils ont eu..." raconte Faustine. Puis...La culpabilité. La même question. Pourquoi ? Pourquoi ? Ses obsèques...son cercueil applaudi...
#proces13novembre /820
Son propos est bref. La voix de Faustine s'élève quand elle questionne en substance ce qu'est devenu ce monde, cette haine, ce que croient ceux qui ont tiré ce soir là. Elle espère des peines à la hauteur ce qui s'est passé. Une photo du couple est projetée
#proces13novembre /821
Fabienne se présente. Sa voix tremble beaucoup dès les premiers mots. "J'ai un témoignage assez court." dit elle.
"Je suis ici car tout le monde connaît le nom des accusés. Je voudrais qu'on se souvienne du nom de ceux qui sont tombés." Visage rond , mâchoire serrée. /822
Fabienne parle de Jean-Jacques, le conjoint de Faustine. qui était son frère qui détestait l'obscurantisme. Et Fabienne entame en fustigeant "cette idéologie moyenâgeuse que les accusés n'on pas su s'appliquer à eux mêmes puisqu'ils ont l'air bien vivant.."
#proces13novembre /823
C'était très court. Fabienne a rendu hommage à son frère. C'est à présent son avocate Me Josserand Schmidt, qui lit une lettre rédigée par leur maman.
#proces13novembre /824
Ces mots dans la lettre de la mère de Jean-Jacques: "Le cri glaçant qu'a poussé Faustine nous reste ne mémoire. Nous avons chaviré mon mari et moi."

Aucun parent ne devrait perdre ses enfants. Que ressent-on quand son propre enfant a été abattu ainsi ?

On en a une idée ici /825
Ludovic à présent, du même groupe d'amis.
"Nous partagions les mêmes valeur, rejet de l'extrémisme sous toutes ses formes, et puis la musique, le foot, la fête..." dit-il.

#proces13novembre /826
"Je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait, quand la fusillade a éclaté. Puis j'ai relevé la tête vu un homme sur les escaliers qui mènent à la fosse en train de tirer sur tout le monde. Bizarrement je n'ai pas eu peur..." raconte Ludovic
#proces13novembre /827
"J'ai vu les terroristes monter à l'étage et tirer sur tout ce qui bouge. Je me suis dit on va pas s'en sortir." poursuit-il. "J'ai pris Faustine, je lui dis viens on s'arrache...Je me souviens d'un garçon que j'ai regardé. Lui ne pouvait pas bouger..."
#proces13novembre /828
"Je me souviens de l'odeur du sang, de la poudre" il accentue son intonation "de l'odeur de la mort" dit Ludovic. Il fait parti des chanceux. Faustine à l'extérieur s'inquiète de l'absence de son conjoint, de Jean-Jacques. Leur ami Bertrand aussi, blessé. #proces13novembre /829
Il apprend la mort de son pote le lendemain:"On sort de cela profondément meurtri. Un choc d'une violence inouïe. Je ne vois plus le bleu quand je lève les yeux au ciel. Une culpabilité énorme. Moi suis vivant, pas lui. Je ne me pardonne pas de ne pas avoir été le chercher."
/830
Une photo de leur groupe d'ami est montrée sur le grand écran de la salle d'audience. Ludovic se dit que "Jean-Jacques a du mourir seul..."
Pour lui, une lente descente aux enfers commence. La meurtrissure, le couple qui éclate, la perte de motivation...
#proces13novembre /831
"Je n'arrive pas à trouver la paix. C'est désemparant pour mes amis, ma famille." dit-il avant de parler des accusés qui "ont la chance de bénéficier d'un procès démocratique. Dans un Etat de droit, ils ont des droits. J'étais contre la peine de mort, je le demeure." /832
"J'entends que certains se plaignent de leur condition de détention. Se plaignent de la longueur des témoignages. Mais ça m'est égal. Je souhaite qu'ils continuent à les entendre longuement. Ils disent qu'il n'y a rien de personnel, pour moi c'est très personnel" dit Ludovic /833
Ludovic poursuit en détaillant tout ce qui le sépare de ces accusés, instruments de l'Etat islamique qui a fait d'eux des criminels.
"Nous on ne jouera jamais au football avec la tête de victimes, on ne brulera jamais ceux qui sont en désaccord avec nous"
#proces13novembre /834
Ludovic a parlé des concerts, de la musique, de la fête, de ce "tout ce qui fait de nous ce qu'on est, et auquel on ne renoncera pas" conclut-il en martelant qu'il ne pardonnerait jamais.

Suspension de séance.

#proces13novembre /835
Grégory est à la barre. Il dit avoir bcp hésité à témoigner. Mais il le fait pour lui, pour l'Histoire et pour ami Cédric qu'il a perdu au Bataclan. Il porte une veste noir, sur une chemise noir. Barbe de 3 jours et lunettes.
#proces13novembre /836
"Des bruits, des claquements secs. La fusillade éclate. Je vois mon ami Cédric tomber mais sans focément comprendre détaille-t-il. Je vois des assaillants qui tirent Et là je réalise..." #proces13novembre /837
"La je me suis dit Greg t'as 2 enfants, il faut que tu sortes de là. Je me suis mis en mode survie. Je me suis échappé, j'ai trouvé une issue et je me suis mis à courir, à l'intérieur ça tirait encore" raconte-t-il
#proces13novembre /838
Grégory poursuit en expliquant qu'en fait lorsque son ami est tombé...c'était sous les balles. Lui n'a pas été blessé. "Mais la cicatrice reste ouverte. La semaine du 13 novembre est toujours difficile. Je place des bougies sur ma fenêtre pour Cédric."
#proces13novembre /839
"Par contre dit-il, je n'ai jamais eu le courage de rappeler sa femme, j'y arrive pas, je sais pas pourquoi..."
Grégory se questionne sur les accusés : "comment peut-on être aussi pauvre intellectuellement pour en venir là... ?"
#proces13novembre /840
"on a beaucoup entendu le terme mécréant, ça ne veut rien dire poursuit Grégory. On est tous un peu le mécréant de quelqu'un. Moi je crois en l'amour, en l'amitié, en le rock.."
#proces13novembre / 841
Gregory a quitté la barre en expliquant la profondeur de son traumatisme. Comme toutes celles et tous ceux qui n'ont pas été touchés, il est meurtri psychiquement...
Douleurs invisibles, dont on perçoit ici les profondeurs...
#proces13novembre /842
Une jeune femme prend la parole à sa suite. Blonde peroxydée et lunettes. Visage pâle. Chemise ample. Elle lit un texte la voix tremblante. Raconte sa soirée entre amis. Comment elle a fait semblant d'être mort. L'un d'eux a été blessé.
#proces13novembre /843
"Je ne sais pas qui sont ces assaillants. Mais je sais qu'ils ont mon âge. Je sais pourquoi ils sont là. Je sais ce que traverse la syrie. Je me prépare des arguments. Pour convaincre l'un d'eux de changer d'avis s'il approche de moi, de nous..."dit Joanna
#proces13novembre /844
"Je suis prête à offrir mon pardon à ceux qui me le demande..."poursuit Joanna avec une immense humanité. Je suis plein de choses, 1 mécréante, 1 bobo de gauche, pour d'autres une islamo-gauchiste. Moi je veux savoir ce qui a rendu ces attentats possibles"
#proces13novembre /845
"Si ce procès et ce témoignage peuvent servir à qque chose, c'est de me nommer moi-même :
je suis et resterai une pacifiste" conclut Joanna.
C'est fort. Et important à entendre. Dit comme cela. Ici et maintenant.
#proces13novembre /846
Gaetan à présent. Il est grand, fin, jeune, il est blond, il a un visage très pâle. Il est venu de noir. "180ème séance de psy..." dit-il face à la Cour. Son témoignage est très sobre. C'est un miraculé physique. Mais touché psychiquement. Il a 2 filles.
#proces13novembre /847
Il dit simplement que la lumière existe au bout du chemin. Que cette histoire l'a rendu meilleur. Il a renoncé à l'ENA. Il est aujourd'hui chef d'établissement pour enfants en situation de handicap.
#proces13novembre /848
"Nous y sommes, j'y suis" dit Laura qui s'avance à la barre, à l'aide de béquille. Elle témoigne à l'aide d'un texte. Elle raconte son Bataclan "qui désormais évoque la peur la mort le chaos." Elle était chanteuse dans un groupe de rock.
#proces13novembre /849
Son visage est si pâle, cernée. Elle raconte d'1 voix blanche son histoire, lorsque la fusillade éclate: "Je prends très vite une balle dans la cuisse. Je m'effondre. J'entends les terroristes. mon corps est traversé de balles. Je suis Immobile mais parfaitement consciente"
/850
"L'état de mes blessures est colossal expose Laura.
Fracture ouverte de l'humerus, du fémur qu'il a été question d'amputer, délabrement de doigts, multiples lésions, des corps étrangers en moi...l'intimité a disparu. tout réapprendre jusqu'au but ultime. Marcher."
/851
Laura a réussi, 9 mois plus tard. Sa dernière opération a eu lieu en 2019. Elle espère à présent tourner la page de sa reconstruction. Elle parle de la fragilité de son corps, de sa peur des autres, de la perte de son insouciance. L'innocence n'existe plus. #proces13novembre /853
Elle raconte ses colères, ce qu'elle inflige à son mari qui la soutient, la supporte dit-elle dans un sanglot étouffé. Elle à le visage émacié. Les joues creusées. Elle se dit exténuée de vivre cette vie là. "Mes douleurs, mes traumatismes seront mes hôtes ma vie durant."
/854
"La parole que j'ai prise, c'est la parole de la rescapée, mais qui va de l'avant. Mais pour qu'on n'oublie jamais." conclut Laura, aujourd'hui chef de projet digital.
Elle quitte la salle d'audience, les yeux habités. C'est troublant.
#proces13novembre /855
Frédéric à présent, 55 ans. Il raconte avoir été au Bataclan avec son fils. Lorsque la fusillade éclate, il cherche à fuir, en rampant sur des corps. Il se cache derrière un rideau, sur la scène. "Les terroristes progressaient vers la scène, en tirant, c'était terrible" /856
Frédéric se précipite vers une autre cachette. . Il réalise soudain que son fils n'est pas avec lui. "Pour moi je suis fautif" ponctue-t-il lors de son récit, qu'il poursuit. Il raconte sa fuite, vers le toit. "Comme dans les films, les femmes et les blesses d'abord" /857
Sur le toit, Frédéric a enfin des nouvelles de son fils qui a réussit à s'échapper. Il est en sécurité. Lui et les autres entrent dans un appartement inoccupé, des bureaux, qu'il gagnent depuis le toit dont ils pensaient qu'il pouvait s'effondrer...
#proces13novembre /858
"On est arrivé à 3 on est reparti à 3, on était en vie" dit sobrement Fréderic. Il a été blessé ce soir là, la moitié d'une balle dans le torse, et du plomb également. Son fils a eu le crâne éraflé. "Il a failli prendre une balle dans la tête..."
#proces13novembre /859
Frédéric comme tous les autres rescapés a traversé un stress post traumatique qu'il décrit à la Cour avec une grande sobriété, comme son déclassement au travail "Je ne me considère pas vraiment comme une victime. Mon fils va bien, mon beau frère va bien"
#proces13novembre /860
"Quant aux accusés, qque part je les comprends. Je peux haïr quelqu'un que je comprends..."
Comme bien des victimes, Frédéric fustige le fonctionnement du Fond de garantie.
Le juge lui rappelle que des escroqueries ont eu lieu. Ce qui explique la vigilance de cet organisme /861
"Je refuse d'arrêter de vivre. Un mois plus tard j'étais dans un concert. Je refuse de leur accorder une victoire" dit Fréderic qui semble être sorti de cette funeste nuit en meilleur état psychologique que d'autres victimes.
Il va bien. Il a une bonne voix
#proces13novembre /862
Fréderic rend hommage à son fils, militaire, qui a su s'en sortir grâce son entrainement présume-t-il.
"Des gens l'ont suivi. Il savait ce qu'il faisait. Je suis fier de mon fils qui a surement sauvé des vies." conclut cet homme.
#proces13novembre /863
Aurélie s'est avancée. Elle a 44 ans. Elle est habillée en noir. Un grand châle noir autour du cou qui contraste avec son visage pâle, ses yeux clairs. Elle témoigne pour ne pas regretter de ne pas l'avoir fait. Elle était dans la fosse. Elle a été touchée
#proces13novembre /864
Elle raconte la douleur qu'elle ressent lorsqu'une lui traverse le corps, par l'épaule. Elle est au même moment écrasée contre la barrière. Elle comprends que ça tire. Cherche à pencher la tête pour éviter d'en prendre une autre. Ses amies ont réussi à fuir
#proces13novembre /865
Sa douleur l'empêche de franchir la barrière. Elle se retourne, observe la fosse. "J'ai raté ma chance entre les tirs. La seule solution était de faire la morte...je me suis accroupie. Je n'étais pas crédible à côté de gens allongés. J'étais une cible..."
#proces13novembre /866
"J'ai 2 pensées contradictoires dit Aurélie. Je vais y passer. Ils achèvent méthodiquement, cherchent ceux qui font les morts. Ceux qui bougeaient, ils les butaient. L'autre pensée; Je ne peux pas mourir comme ça. Je ne dois pas bouger malgré la douleur."
#proces13novembre /867
Il y a l'explosion sur la scène. Aurélie raconte la gradation dans l'horreur. Elle a échappé aux balles, elle redoute à présent le pire. L'effondrement de la salle. Et sa panique quand elle réalise qu'elle reçoit sur elle des débris humains ...
#proces13novembre /868
Puis l'intervention policière. Son évacuation. "Que ceux qui le peuvent sortent " crie un policier. Aurélie est blessée. Ne peut se relever seule. Et puis les corps qui bougent, se meuvent lentement. Et ce garçon sans vie devant elle. ..
#proces13novembre /869
Aurélie raconte sa prise en charge médicale. Sa reprise du travail, le 14 décembre, à peine un mois après le #13novembre2015. "Niveau mobilité, j'étais entre un playmobil et C3PO (de star Wars)" image-t-elle pour qualifier ce qu'elle vit à ce moment là physiquement... /870
Sur le plan psychologique, Aurélie raconte cette tristesse qui l'accompagne désormais. "Je pense toujours à toutes celles et ceux qui ne peuvent pas le faire." Elle parle d'un filtre également. À cause duquel tout est lu, dit-elle, au prisme des attentats.
#proces13novembre /871
"Aujourd'hui je ne suis pas la moitié de la personne que j'étais avant explique Aurélie. J'ai tendance à ne voir que ce que j'ai perdu.'Ce qui ne te tue pas te rend plus fort' dit-on parfois. Pas moi. Même si je continuerai à me battre, j'ai pris perpet' "
#proces13novembre /872
Voici Morgane, une jeune femme au visage rond, cheveux châtains, ondulés. Elle porte un t-shirt des Eagles of Death Metal. (EDM), ce que les accusés ne comprennent très probablement pas. Bien vu .
"Je ne sais pas pourquoi je suis là. J'avais besoin de parler."
#proces13novembre
Plus Morgane raconte son histoire son histoire, la façon dont elle a réchappée à la mort derrière la console de l'ingénieur son, plus elle se gratte les bras, tient fermement l'une de ses mains. Sa respiration est plus intense aussi...
#proces13novembre /874
Ça tire dans sa direction. Aurélie ressent le souffle des projectiles. Un de ses voisins prend des balles. Pas elle. Puis elle cherche à s'échapper, vers les toilettes. "On me touche les fesses pour m'aider...dans un autre contexte je lui aurais mis une claque !" sourit-elle /875
Elle est miraculée ce soir là. Pour s'en sortir, d'une certaine façon, elle court plus vite que les balles, qui fusent. Elle enjambe des corps. Des gens tombent à côté d'elle. Mais ne veut pas lâcher son ami, blessé, qui, lui, sera finalement amputé.
#proces13novembre /876
Elle raconte une scène folle, dans le camion de pompier avec son ami blessé. Elle voit un camion de la BRI foncer vers eux dit-elle. "Comme dans les films j'me dis, on va se le prendre, on va se le prendre, et on l'a pris...Accident... tonneaux..."
incroyable ce soir là /877
Morgane conclut de façon positive. Raconte sa reconversion. Sa reconstruction. Elle vit aux Antilles. En formation de monitrice.
En quittant le pupitre, elle manque d'endommager un objet.
- Ne cassez pas le matériel ! plaisante le pdt Périès

Audience levée
#proces13novembre /878

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Mar 1
Le désastre d'hier à Gaza aura de lourdes implications. Des palestiniens affamés par l'armée israélienne, son siège quasi complet, des soldats qui tirent sur une foule désespérée, quelle que soit la raison, ne trouvera aucune justification en droit humanitaire international. 1/10
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Feb 7
Je vous en parlais en décembre dernier. Soyons prudents mais on y va tout droit. Israël & Hamas (sous égide Qatar, Égypte, USA ET Arabie Saoudite) sont proches d'un deal. La fin de la guerre à Gaza est sur la table. En contrepartie, la libération de tous les otages israéliens 1/n
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Commençons par Israël, poursuivi par l'Afrique du Sud devant la CIJ pour “comportement génocidaire”. L'objectif n•1 de Tel Aviv était de contrer toute injonction à cesser le feu.
Objectif rempli : La CIJ n'ordonne pas à Israel de mettre fin à son opération militaire à Gaza. 2/n
Toutefois, la CIJ rejette la demande de l'équipe juridique israélienne de “rayer l'affaire”. La Cour examinera “au fond” l'accusation de génocide. Cela prendra DES ANNÉES. En attendant, et en droit, Israël reste présumé innocent mais, en quelque, sorte est mis en examen. 3/n
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Jan 25
Afrique du Sud vs Israël.
La @CIJ_ICJ statue demain.
Prétoria requiert l'arrêt des opérations militaires israéliennes à Gaza au motif du “risque de génocide”. En encadré, mon analyse des plaidoiries sud africaines. En thread, mon regard sur le contre argumentaire israélien.🧵 1/n
Très attendue, la @CIJ_ICJ a la lourde responsabilité de statuer en droit sur une question cruciale. Non pas sur celle de “génocide” - il faudra des années pour en juger - mais sur celle de “plausibilité” que le crime des crimes soit commis par l'armée israélienne à Gaza. 2/n
Pour prévenir ce risque, bien réel selon elle, l'Afrique du Sud demande à la Cour d'imposer à Israël des mesures conservatoires. 1er point -très important- les 15 juges ne sont pas liés par cette requête. La Cour peut décider de rejeter, voire de prononcer d'autres mesures. 3/n
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Jan 23
2 mois de trève à Gaza en échange de la libération de tous les otages. C'est le deal proposé par Israël au Hamas.
Quelques reflexions.
Comme toujours, il y a les propos publics, ceux de Netanyahu, Premier Ministre aux abois, et ce qui se passe en coulisse. Et surtout à Gaza. 1/n
Gaza, où plus que jamais la situation confine à la dévastation humaine et matérielle. C'est ce que disent les images d'absolues destructions, les humanitaires qui travaillent sur place, la population civile au bord de la rupture, sous le feu meurtrier de l'armée israélienne. 2/n
Pour quels effets ? Mineurs en regard des objectifs affichés.
1/L'anéantissement du Hamas ? Seuls 30% de ses miliciens auraient été tués.
2/La libération des otages ? Aucun n'a été libéré sans accord.
3/ La démilitarisation de Gaza ? Très loin d'être achevée par les armes.
3/n
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Jan 11
Afrique du Sud vs Israël.
La Cour Internationale de Justice a commencé à examiner la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour “génocide” à Gaza.
7 avocats mandatés par Prétoria ont plaidé ce jeudi. J'ai tout écouté. Je vous livre mes réflexions. 1/n
1er point. Ne pas s'attendre à une décision sur le fond avant plusieurs années.
Ce qui est en jeu à court terme, c'est la demande faite par l'Afrique du Sud de “mesures conservatoires” en vue de prévenir “des actes de nature genocidaire ou sur le point de l'être” à Gaza. 2/n
Selon Prétoria, aucun doute, “Israël s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza.” C'était la colonne vertébrale des plaidoiries. Tout a été évidemment très argumenté par les avocats. 3/n
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