Thread by @Tovarichlama

#DailyRacism
2019, Bruxelles, un jeudi. Je rentre du travail et sur le chemin de mon domicile je rentre dans un café quasi vide, Le Mezzo. Je vais vers le bar, salue les barmans et regarde le menu. Un homme m’interpelle par derrière «Vous êtes accompagné monsieur ?». 1/12

Il ne porte aucun badge d’identification. Je répond «Non, je suis seul. Je veux juste prendre un verre». Il m’intime l’ordre de sortir. En prenant les barmans à témoin je répond qu’ils n’ont pas le droit de refuser de me servir. 2/12

Un barman répond «on n’y peut rien, ce sont les encreurs qui décident». Je dis que je vais m’asseoir et qu’on appelle la police. Deux complices du 1er entreur sont apparus à ses côtés. Ils me sautent dessus, m’étranglent, me rouent de coups et me jettent sur le trottoir 3/12

J’appelle la police. 15 minutes plus tard, une patrouille arrive à pieds. Un de mes agresseurs est toujours à l’intérieur. Ses deux complices ont fuit. Je relate les faits. Ils me demandent ma carte d’identité. Ils me disent que je dois aller au commissariat. 4/12

Je leur répond qu’un de mes agresseurs est encore sur place et que je les ai appelé pour faire un constat. Un policier me répond «Pourquoi ? Vous voulez une ITT ? Moi j’ai eu une commotion cérébrale et je suis là hein». Je fais un malaise. Je m’assied. 5/12

Mon agresseur sort et explique qu’il m’a juste dit «Bonjour monsieur comment allez vous ?» et que je me suis mis à crier et renverser des chaises. Un policier prend son parti. Ils ne veulent rien faire. Je leur demande de seulement prendre les témoignages et faire un constat 6/12

Un policier me demande alors «Vous êtes en ordre de séjour sur le territoire monsieur ?». Je lui répond que je leur ai donné ma carte d’identité. Il me dit qu’il ne trouve pas mon identité dans leur «système» et donc qu’ils ne peuvent rien faire. 7/12

Je lui demande de confirmer qu’ils ne trouvent pas mon numéro de registre national et que c’est pour cette raison qu’ils ne feront rien. Il confirme.
Je quitte les lieux et vais au commissariat. Un policier viens m’interroger dans la salle d’attente. 8/12

Il m’explique qu’ils vont enregistrer ma plainte mais que ne peux pas faire de déposition ce soir là. Que je serai convoqué rapidement. Je vais aux urgences de Saint-Jean où, pour la première fois de la soirée, je suis pris en charge de manière professionnelle. 15j d’ITT. 9/12

3 mois plus tard, la police postpose toujours chacune de mes demandes d’être entendu. J’écris directement au procureur du Roi qui ouvre une information judiciaire et diligente une enquête policière. 6 mois plus tard, aucune nouvelle de la police. 10/12

J’écris au bourgmestre qui me renvoie au commissaire de zone. Qui me répond que l’attitude de sa police était normale. J'écris au comité P qui me répond qu'ils prennent acte.
2 ans plus tard je n’ai toujours aucune nouvelle des autorités. 11/12

Je retiens que lorsqu’on est basané à Bruxelles-ville, il faut non seulement faire face aux discriminations de délinquants mais aussi à celles de la police. Et dans les deux cas, l’impunité est totale. 12/12