Thread by @GuillaumeAuda

Bonjour, lundi 11 octobre. Jour n°22 du #proces13novembre. On entre dans la 2ème semaine consacrée aux auditions de parties civiles, victimes directes ou par ricochet de la tuerie du Bataclan.
Jusqu'ici - et ça ne changera pas - les témoignages on été très éprouvants. /879

12:50, "l'audience est reprise, veuillez vous asseoir" indique le juge Périès. Aujourd'hui, 15 personnes devraient être entendues. Des spectateurs (et/ou proches de spectateurs) qui se trouvaient dans la fosse du Bataclan au moment de l'attaque.
#proces13novembre /880

Maureen est la première victime à témoigner. Elle a 34 ans aujourd'hui, dit-elle d'une voix très basse. Elle est entièrement vêtue de noir. Visage pâle, yeux clairs. Cheveux noirs, rasés côté droit, mi-longs côté gauche.
#proces13novembre /881

La fusillade éclate. Mouvement dans la fosse. Son mari comprends vite. Il lui dit, "baisse toi, fais la morte". Maureen perd toute notion de temps. "Et tout à coup un liquide se met à couler. du sang. Je sais que cela vient de mon mari, que je ne sens plus"
#proces13novembre /882

Le timbre de Maureen est ténébreux. Il plonge la salle d'audience dans une gravité immédiate. Elle raconte cette forme qui se déplace et tire autour d'elle, dans la fosse, une brûlure qu'elle sent sur l'un de ses molets. Elle et son mari se relèvent.
#proces13novembre /883

Maureen raconte sa vision de la salle. Il y a cette jeune femme aux cheveux clairs qu'elle avait vu, désormais criblée de balles. Maureen évoque son questionnement, douloureux, à ce moment. L'un de nous, mon mari ou moi doit partir, pour sa fille. Je pars..
#proces13novembre /884

A l'extérieur, 1 autre femme me dit 'mon mari est à l'intérieur, j'y retourne.' Non, on y retourne pas. J'aurai des nvlles du mien un peu + tard. Je retrouve ma fille et lui explique ce qu'il s'est passé, avec des mots simples. mais lentement, je sombre...
#proces13novembre /885

"Peu à peu, j'ai perdu tous mes repères poursuit Maureen de la même voix blanche. Tout tournait en moi, en boucle, de façon obsédante. La culpabilité. Ce quelque chose qui vous reste, comme une empreinte. Qu'est-elle devenue cette femme dans la fosse ?"...
#proces13novembre /886

Mon mariage a craqué, ma vie professionnelle est chaotique poursuit Maureen. Après ça, c'est comme si votre identité se fracturait. Le travail le plus difficile à faire après ça, c'est de faire le deuil, le deuil de soi. Et après, rassembler les morceaux...
#proces13novembre /887

"Même encore aujourd'hui dit cette jeune femme à la barre, c'est une lutte au quotidien. Avec cet événement, on a tous pris perpétuité. On peut essayer d'aménager nos peines, créer de nouvelles choses, mais ça reste là, ça ne bouge pas...
#proces13novembre /888

"Je me suis questionné: comment peut on en arriver là. J'ai écouté les revendications, ils ont parlé de soldats. Mais qui sont les soldats ? Ceux qui tuent des personnes désarmées? Ou ceux qui ont perdu leurs amours, mais continuent à se lever, à marcher?"
#proces13novembre 889

Richard témoigne. Raconte son concert. La fosse, la fusillade, la balle qu'il prend dans la cuisse. "La douleur irradiait ma jambe, j'ai décidé de faire le mort, j'essayais de plus respirer. Entre chaque rafales, j'ouvrais les yeux et je réalisais..."
#proces13novembre /890

Il y a le sang, les plaies, béantes, la poudre, l'odeur de la mort, ce couple d'amoureux, foudroyé dans l'horreur, "ce couple que je ne pouvais pas aider. J'ai compris à ce moment que je n'avais plus d'emprise sur ma vie" là expose Richard, très doucement.
#proces13novembre /891

Lui aussi est habillé en noir. Il se joint les mains de temps à autres. Raconte qu'il pense mourir à ce moment puis croise le regard d'un de ses amis, qu'il "ne veut plus jamais recroiser". Et puis les tirs, une explosion, l'agonie, les râles humains...
#proces13novembre /892

"Je ne me posais aucune question poursuit Richard. Qui était là, qui était vivant, qui était mort...j'ai vu mon ami Laurent, très mal en point..." Richard a été extrait, examiné, opéré le lendemain soir. Une balle a traversé sa jambe, lui a mangé la cuisse comme il dit...
/893

"Après la convalescence, on avait prévu de se marier avec Audrey. et on s'est marié raconte Richard, d'une voix éteinte. Laurent était en fauteuil. Moi en béquilles. Il en manquait deux au mariage...Stéphane et Frédéric..."
#proces13novembre /894

À la barre, face à la Cour, la litanie des destins brisés. Le juge Périès a la tête penchée. En face à face permanent avec la détresse, ainsi exprimée. Les yeux dans les yeux, au plus près de la vérité, manifestée.
"Je marche, je suis là" conclut Richard.
#proces13novembre /895

Benjamin, jeune homme, costaud, barbe fournie et chemise bleue explique d'emblée avoir surmonté ses cauchemars pour venir témoigner.
"Très grosse ambiance ce soir" dit-il. De nombreux témoins l'ont souligné.
#proces13novembre /896

Il raconte avoir été à 3 ou 4 mètres d'un des assaillants. "Mouvement de foule, à côté de moi tout le monde s'affale. On me piétine le visage. Au dessus de moi, Mostefaï rafale. J'essaye de me relever, de sortir de la ligne de tirs" ...
#proces13novembre /897

Benjamin trouve refuge dans des toilettes, minuscules. Il éclate les néons pour éteindre les lumières. Son téléphone sonne. Son amie s'en est sortie. Sa mère l'appelle ensuite. 'Il y a des fusillades dans Paris',
Je sais maman...
#proces13novembre /898

En quittant les WC, Benjamin raconte un autre face à face avec Mostefaï, la kalach' baissée. 'T'enfuis pas je vais pas te tirer dessus' lui dit-il. Je rigole, je trouve ça ridicule. Et il se met à tirer sur une fille et moi, elle a été touchée. moi j'évite les tirs"...Dingue
/899

Retour aux WC, son refuge. Cet homme et son fils qu'il prend pour un terroriste derrière et à qui il ne veut pas ouvrir. Jusqu'à l'intervention de la BRI. Raconte le pistolet d'un policier pointé sur la tempe le temps d'une brève vérification. Il n'a rien sous sa chemise./900

Et puis, la sidération, la lumière blanche. La fosse, "un océan de cadavres..." décrit Benjamin. Et à l'extérieur, le soulagement, ce père de famille à qui il n'a pas voulu ouvrir mais qui est en vie...le soulagement dit-il.
#proces13novembre /900

Benjamin est miraculé. Il n'a pas été touché, et sent mieux :"plus vivant que jamais. Je n'ai pas haine contre les accusés. J'en ai eu beaucoup. Je n'en ai plus. Je leur dis qu'il n'est jamais trop tard pour montrer un peu de courage et demander pardon..."
#proces13novembre /901

À l'image de ceux qui ont été visé Benjamin se montre très ouvert : "Avoir une arme est une chose. Avoir du courage en est une autre. J'ai grandi entouré de noirs, d'arabes, de musulmans de juifs. Ça fait de nous un grand pays, on a gagné, on avance."
#proces13novembre /902

Tom se présente. Jeune homme habillé en noir, à l'allure ke-pon, crête décoiffée, rasé, dégagé derrière les oreilles. Il a dévisagé les accusés en s'avançant à la barre. Il est avec un pote, Arthur, ce soir là. La fusillade commence. La bascule...
#proces13novembre /903

"Je me retourne, je croise d'abord les yeux d'un type, mais il a les yeux vides, détaille Tom. Je regarde mieux, il a une immense plaie dans le ventre. Très vite je me dis n'avais pas du tout envie de ne pas voir ce qu'il se passait. Je garde le visuel sur Arthur. Je rampe"
/904

Tom veut analyser. Il écoute les rafales. Observe les terroristes "très bien organisés dit-il. Moi j'en ai vu 4. Ils savent ce qu'ils font. Je vois les corps." Ce jeune homme est le 1er à décrire l'odeur pestilentielle. "pardon mais beaucoup de gens s'étaient fait dessus..." /905

Son récit est calme. Le jeune homme raconte son sang froid face au chaos. "J'ai fait beaucoup de jeux vidéos..." Il poursuit: "à coté de moi, un espagnol, il crie beaucoup. Il cherche son pote. mort à mes côtés. Je baragouine 'muerte'. Il crie encore plus"
#proces13novembre /906

"Et là ça coupe pas. Le terroriste se dirige vers nous. J'me dis que j'ai perdu. Je pense à tout ce que j'ai pas fait. Je regarde le terroriste dans les yeux. Il n'exprimait pas grand chose. l'espagnol crie à nouveau. Et attire le feu. Il meurt. Pas moi..."
#proces13novembre /907

Sur le même ton, entre gouaille et colère contenue, Tom raconte son histoire. Il raconte son pote Arthur qu'il veut aider. Ceux qu'il abandonne "par calcul froid." Cette fille et un anglais qu'il veut sauver, cette pièce, ce refuge où il veut entrer. ...
#proces13novembre /908

Cette femme qui ouvre, apeurée, et referme aussitôt. Refuse de lui donner le code pour entrer. "Je reviendrai, je te retrouverai, je m'occuperai toi !" crie Tom de rage, en plein chaos. "Je précise que je ne l'ai jamais fait. J'ai pardonné."
#proces13novembre /909

Avec son ami Arthur, ils s'en sortent. Il vide une demi bouteille de whisky dans la nuit. Plus le récit de Tom avance, plus les mots sont brûlants. "Je suis tombé dans l’alcool, la drogue, les médicaments
J’ai encore des démons mais c’est bcp moins véner "
#proces13novembre /910

"J’ai perdu mon entreprise dit Tom. Je ne me pose plus emotionellement. Les filles voient mes travers et finalement, je les perd...raconte-t-il d'un ton éteint, désabusé. Je ne me suis jamais rapproché des autres victimes. J’avais honte de mon histoire."
#proces13novembre /911

"La prise d'informations m'a permis d'analyser et de survivre. Mais en fait ça m'a perdu ... poursuit le jeune homme. Je tiens à dire à la personne que j’ai pas sauvé, à ses parents, ses proches, que je m’excuse. J'ai fait un calcul froid mais j’avais pas le choix." Terrible
/912

Tom raconte ses cauchemars: "Je revis le moment où je le croise, le regarde quand il comprend que je vais pas le sauver...Je le vois assis dans une pièce. J’essaye de lui dire les choses. J’ai fait 2 tentatives de suicide, parce que j’arrivais plus à me regarder en face..." /913

Avant de quitter la barre, Tom explique qu'il cherche à se reconstruire, cherche à abandonner l'alcool et la drogue, qu'il est sûr d'y parvenir un jour.
- Je l'ai dit l'autre fois , mais chacun fait comme il peu vous savez ... ponctue le président Périès.
#proces13novembre /914

Cédric est à la barre, rude gaillard, 47 ans, trapu, barbu, la boule à Z et tatouages sur les bras. Il exhibe un t-shirt noir à la barre, manche retroussées, sur lequel on lit "Nicotine, Valium, Vicodin, Marijuana, Ecstasy & Alcool, Cocaïne... "
#proces13novembre /915

"C'est marrant. On a bcp parlé de bruit de petards au moment des 1ers tirs. Moi, en concert, les seuls petards que je connais, c'est ceux que je fume!.." sourit Cédric, miraculé. Il a réussi à sortir sans blessures du Bataclan mais a perdu une connaissance
#proces13novembre /916

C'est l'histoire d'un homme qui veut aller de l'avant, et continuer à avancer malgré la difficulté à se reconstruire. Il est vivant, en bonne santé. Mesure sa chance. Et Cédric le dit à la barre.Comme il dit que la France s'est relevée. Mais que des vies ont été brisées.
/917

"Mon + gros regret, c'est que dans le box, on a des pions, des petites mains, le bout de la chaîne conclut Cédric. Mon plus grand regret c'est qu'on ait pas eu les vrais responsables. Qu'on ait pas eu le courage politique d'aller chercher les organisateurs"
#proces13Novembre /918

Son ami Gilles suit. Cheveux long et gris. Grosse barbe fournie. 63 ans, en t-shirt .Miraculé aussi. Génération métal. Face au juge Périès, quasiment le même âge, côté magistrature. C'est étonnant pour cela, une Cour d'assises. Tout le monde s'y croise... #proces13Novembre /919

Le récit de Gilles est très long. On perçoit qu'il a un grand besoin de parler et qu'il saisit là, l'occasion de le faire. Il n'a jamais vu de psychologue. Comme son ami Cédric, il a voulu très vite reprendre son travail et ses concerts aussi. Il en fait 200 par an.../920

Voici pourquoi j'ai déposé dit Gilles
- pour les victimes décédées
- je voulais apporter ma petite contribution à l'enquête
- Et pour moi, c'est comme un exutoire. Je voulais que ce soit consigné. Voilà, c'est bien de l'avoir fait.

°Suspension de séance°
#proces13Novembre /921

Retour des accusés dans le box, fermement menés à leur place par les gendarmes d'élite qui les surveillent. Ils sont demenottés à leur arrivée. 2 gendarmes par accusé. Cela représente une trentaine de personnes dans une pièce d'environ 40-45 mètres carré.
#proces13novembre /922

Alix est à la barre, jeune femme de 35 ans qui se dit très impressionnée. "C'est un moment que j'attends depuis 6 ans avance-t-elle. Je voudrais m'adresser aux accusés. J'avais espéré que les témoignages les ferait un peu réaliser. Mais bon, c'est sans espoir apparement..."
/923

Alix a visage très pâle aussi. Des yeux clairs, cernés. Des tatouages sur les avant-bras. Elle arbore un t-shirt Eagles of Death Metal noir, un piercing entre les 2 narines, porte des cheveux châtains, longs, elle commence à grisonner, un peu.
#proces13novembre /924

Son récit est saccadé. Alix parle vite. Elle aperçoit les assaillants quand la fusillade éclate. Son ex copain l'a poussée au sol. Elle ne les prend pas immédiatement pour des djihadistes. Elle voit un jeune homme, un peu barbu. Elle continue à s'interroger
#proces13novembre /925

C'est la référence à la Syrie qui éclaire Alix sur les intentions des assaillants. "C'est Daesh en fait..." Chloé dit qu'elle voit défiler le futur qu'elle n'aura pas, les projets qu'elle ne réalisera pas. Pense à elle d'abord. Sa famille ensuite. Son ex compagnon enfin. /926

"Je lui dis je t'aime et là je vois son regard. Il est désolé. C'est là que je me suis résigné à mourir. Se dire ça à cet âge là, c'est particulier. C'est ouvrir une porte qu'on arrive pas à refermer, comme me l'a dit une fois un rescapé " commente-t-elle.
#proces13novembre /927

"C'est horrible ce que je vais dire. Mais à chaque balle tirée, je priais pour qu'elle ne soit ni pour moi, ni pour Flora, ni pour Cédric ni pour Thibault admet-elle à la barre. Je regardais la fosse, qui grouillait littéralement d'êtres humains, je trouvais ça presque beau" /928

Il faut imaginer l'immense difficulté pour une victime de convoquer ainsi de si terribles sentiments face à la Cour. En plein chaos, le pire de soi, mise à nu. Alix raconte: "Il y avait face à moi, un garçon, dégarni, il était blessé, il criait. Je lui ai dit 'ta gueule' ..."/929

"Je voulais juste ne pas attirer l'attention des terroristes sur nous, je ne voulais pas qu'ils nous abattent" poursuit-elle. Et puis sa fuite une fois les assaillants à l'étage. Ces personnes qu'elle ne veut pas, ne peut pas aider pour sortir plus vite... #proces13Novembre /930

Ce qui me traverse l'esprit là, c'est la panique absolu qui peut saisir les uns ou les autres en plein apocalypse. Comme lors d'un naufrage. La vérité c'est qu'on est pas tous des héros dans ces moments là, qu'on peut juste vouloir penser à soi. Et Alix le dit, sincèrement. /931

Alix et ses amis ont réussi à s'enfuir, miraculés, sains et sauf. Elle livre à la barre, sans phare, ce qu'on peut vivre, et comment on est face à la mort qui vient vous prendre. Héroïque, "égoïste", tragique, fragile, serein, paralysé, qui sait ? ... #proces13Novembre /932

"Ils n'ont pas tué la musique" se dit Alix une fois réfugiée chez elle. Elle achète ce soir là l'intégralité des Eagles of Death Metal, groupe qu'elle ne connaissait pas si bien... "Je n'ai pas réussi à m'en sortir pour arrêter de vivre." assure-t-elle.
#proces13Novembre /933

"C'est pas la peur qui me gouverne...ça va être mon moment cul cul...mais moi c'est l'amour qui me gouverne" dit-elle dans un sourire. Elle porte un badge @lifeforparis sur son T-shirt, association constituée cette nuit là, et qui lui a offert une famille.
#proces13Novembre /934

Alix adresse un mot avant de conclure à "ses frères et soeurs du 13. Ceux qui l'ont vécu dans leur chair. Ceux à qui on a pris un être cher. Je les porte à tout jamais dans mon coeur. Je leur souhaite de trouver la paix."
Témoignage parfois dur à entendre, mais sans fard.
/935

Pascal aussi porte un badge @lifeforparis sur sa chemise bleue clair. Voix plutôt clair. Paire de lunette, écharpe et fine barbe. Dans le chaos qu'il décrit, il parle des chargeurs vides que les assaillants jetaient sur la foule "pour faire mal"...
#proces13Novembre /936

"Mon job de ce soir là c'était de sortir Julien que j'avais amené dans cette histoire là" raconte Pascal. Il réussit à s'extraire, pense que son ami le suit. Il sort. Son ami Julien n'est pas là. son autre ami Jimmy non plus. Il croise la BAC94, leur crie d'intervenir /937

"Au final, on s'en est sorti. Tous les 3. Jimmy, Julien et moi" dit Pascal. Après coup, on oscille entre l'euphorie et la culpabilité d'être vivant. "ça on l'a tous eu. Puis on a créé des apéro-thérapies, pour se raconter nos histoires, encore et encore"...
#proces13novembre /938

Pascal évoque l'humanité, la bienveillance des témoignages qu'il a entendu lors de ce procès. Il parle des marches du palais, lors des interruptions. Un lieu d'écoute. On rencontre des gens qu'on avait jamais vu. Le travail de notre association continue...
#proces13novembre /939

Il conclut en déplorant l'attitude des fausse victimes, remercie chaudement les forces de police, la BAC qu'il a "engueulé" et les secours. Il cède sa place à Carole, jeune femme blonde, originaire de Bourgogne, chemise blanche à fines rayures bleu et rouge
#proces13novembre /940

Comme +sieurs témoins avant elle, Carole évoque cette chanson qui constitue le point d'orgue du concert, de cette funeste nuit; "Kiss the Devil" (Embrasse le Démon). "Comment ne pas penser que tout était prévu et quand on y pense, un vendredi 13 aussi..."
#proces13novembre /942

Et puis les tirs et la foule dit-elle justement "qui plie comme un champ de blé sous le vent." Carole se dit dans le mouvement que "ce sont des barbus et, peut-être car je suis historienne de formation, je revois alors le massacre d'Oradour sur Glane..." #proces13novembre/943

Carole accompagne son récit d'1 photo. On voit 1 trappe de désenfumage, sur 1 palier à 3m50 de haut, par laquelle elle et d'autres spectateurs ont réussi à fuir, sur le toit. Très impressionnant. "Sentir l'air frais, c'était quelque chose..."souligne-t-elle
#proces13novembre /944

Dans la cachette où elle s'est réfugiée avec d'autres rescapés, Carole raconte avoir subi l'assaut d'une 3ème colonne de la BRI. Grenade de désenfumage puis évacuation par échelle. "Je ne les remercierai jamais de nous avoir évité la vision de la fosse..." #proces13septembre /945

Après un récit clair, concis, documenté, Carole, miraculée, quitte la barre espérant fermement que "ce procès constitue le meilleur rempart contre le djihadisme. J'espère que des peines exemplaires seront prononcés,contre le moindre des participants."
#proces13novembre /946

Il ressort du témoignage d'une autre Alix, ce qui attrait au "complexe des survivants. Vivre sa vie au détriment de celles et ceux qui ont péri. Se sentir coupable d'être là, coupable d'exister. Tant de vies brisées et l'impression de gâcher la sienne."...
#proces13novembre /947

C'est ici que quitte la salle d'audience. À demain.
@aureliesarrot et @sophparm poursuivent leur récit "live" du #proces13novembre. Lisez les!
Merci à toutes et tous de nous lire. /948

Bonjour. Jour °23 du #proces13Novembre.
L'audience a repris.
Jérôme, 48 ans, ancien trader, à s'avance le 1er à la barre aujourd'hui : "je voudrais d'abord présenter mes sincères condoléances à toutes les personnes qui ont perdu un proche ce soir là". /950

Jérôme était avec 7 amis, dans la fosse du Bataclan. Il décrit :"Au bar, 1 terroriste 'nettoyait'. Il nettoyait, j'entends son souffle derrière moi, disait 'chut' parfois, et il nettoyait méthodiquement. Je l'entends recharger, il touche 2 amis à ma droite"
#proces13Novembre /951

Ce qui frappe, c'est ton de Jérôme. Sa voix tremble, il encore très ému, pendant son récit :"entre chaque rechargement, je me souviens d'un silence absolu dans la salle, alors que les gens agonisaient...le métal, le sang, des rigoles de sang...."
#proces13Novembre2015 /952

"Une personne a crié:'un terroriste monte à l'étage' poursuit Jérôme. Je voudrais la remercier. Car elle a probablement sauvé des centaines de gens qui en ont profité pour fuir, marchant les uns sur les autres dans la fosse. Cette image ne me quitte pas..."
#proces13Novembre /953

Jérome, les cheveux grisonnants, les yeux embués sous ses lunettes, conclut en expliquant que lui et ses amis (2 blessés) ont pu fuir. Il parait encore très marqué. Il a quitté son travail, un salaire de trader pour le RSA.
Il est à la charge sa mère...
#proces13Novembre /954

Sophie s'est avancée. Une petite brune, jeune femme integralement habillée en noir, dont on distingue 2 tatouages dans l'échancrure de son haut. Elle lit un texte. Raconte qu'elle a été touchée dans la jambe au Bataclan. Sa voix vacille.
#proces13Novembre /955

Elle donne des éléments sur les assaillants qui "parlent de Syrie. Je ne sais même pas où sont la Syrie et l'Irak sur une carte. Ils sourient qd ils tirent, piègent des spectateurs leur disant de partir, puis leur tirent dans le dos, tjs en souriant..."
#proces13Novembre /956

Sophie poursuit. Elle dit avoir vu 2 personnes mourir sous ses yeux."On s'est protégé avec le corps de la 1ère personne, comme un sac...la seconde a pris une balle quand on s'est dit qu'on allait fuir. Le terroriste est redescendu et lui a tiré dessus..."
#proces13Novembre /957

Sophie raconte l'après. La fuite. La prise en charge hospitalière. 2 balles. Dont une qu'elle a gardé dans le corps. 80cm de cicatrices sur la jambe. Le bassin douloureux...et les psychologues, pas tjs très bons, dont l'un s'est endormi pendant ses récits..
#proces13Novembre /958

L'après, c'est aussi le fonds de garantie et les experts, "inhumains" qui prennent des mesures sur ma jambe douloureuse, pour évaluer les compensations financières...

"Mon innocence est morte au Bataclan le #13Novembre2015" assène Sophie à la barre

#proces13Novembre /959

L'après, c'est aussi les amis de Sophie qui ne pourront "jamais comprendre ce qu'on a vu et vécu, l'impossibilité, bassin brisé, d'avoir un enfant, mais heureusement la FIV...J'espère que nos bourreaux seront condamnés pour ce qu'ils nous ont fait et ce que l'on subit encore"/960

Sophie raconte qu'elle a pris un Uber un jour. Son chauffeur a immédiatement compris qu'elle avait été blessée au Bataclan. "Musulman, il s'est excusé. Moi je voudrais dire ici que je refuse les amalgames..."
C'est le point commun de nombreuses victimes...
#proces13Novembre /961

Elle laisse sa place à Hugo, jeune homme très ému, qui s'avance en larme à la barre, la voix vacillante. Il est miraculé. Et très vite, fait part de sa colère, envers la police dont il sait les difficultés, mais qui n'a pas rempli sa part du contrat social
#proces13Novembre /962

Hugo, ancien étudiant en science politique, il ne revient pas sur ce qu'il a vécu au Bataclan, sinon la douleur psychologique qui est la sienne. Il déplore également le fonctionnement inégal du Fonds de garantie.
#proces13Novembre /963

Mais surtout, Hugo dénonce vertement "l'instrumentalisation du 13 novembre, l'état d'urgence depuis 2016 qu'on a vécu comme une double peine, l'instrumentalisation politique des victimes pour un agenda qui n'est pas le notre..."
#proces13Novembre /964

"Je sais que ce procès n'est pas le procès de l'Etat concède Hugo la voix vacillante... mais je souhaite que dans l'avant - l'antiterrorisme - et dans l'après - le soutien aux victimes - l'Etat en tire tous les enseignements." C'est ainsi qu'il conclut.
#proces13Novembre /965

- Que faites vous aujourd'hui ? questionne le président Périès ?
- J'étais étudiant en science politique. Je suis aujourd'hui en sociologie.
- On a compris que vous aimiez bien la politique sourit le juge
- J'avais pourtant essayé de le cacher sourit Hugo
#proces13Novembre /966

Sandrine est à la barre. Jeune femme blonde à lunettes, les bras tatoués. la voix douce.
"Je porte aujourd'hui les vêtements que je portais le 13 novembre. Car je ne suis jamais ressorti du Bataclan, 6 ans après..." dit-elle face à la Cour.
Glaçant.
#proces13Novembre /967

Sandrine a pratiquement perdu la mémoire de l'attaque. Amnésique pour se protéger. Des images remontent par flashs, aujourd'hui encore. "J'ai réalisé après coup en fuyan que j'avais marché sur des corps, dont certains m'agrippaient ..." raconte-t-elle
#proces13Novembre 968

Sandrine raconte qu'elle et ses amis sont sortis en vie du Bataclan. Elle des heures après la fusillade qu'elle a été blessée au pied, qu'elle a pris une balle et qu'elle doit être soignée. Il faut imaginer qu'elle reconstitue ses souvenirs grâce aux récits des autres... /969

Sandrine raconte qu'elle a longtemps été dans le déni. Dans un sanglot à la barre, elle demande pardon à sa mère de lui avoir demandé de laver ses affaires, le lendemain.
Ces affaires qu'elle porte aujourd'hui...
#proces13Novembre /970

"Je n'ai pas travaillé pendant 6 ans et très peu bougé de ma chambre, de chez moi...car bouger c'était risquer de mourir" explique la jeune femme avant de dire :

"Je suis sortie vivante parmi les morts mais aujourd'hui je me sens morte parmi les vivants"

#proces13Novembre /971

Sandrine conclut en expliquant que ce #proces13Novembre auquel elle assiste pratiquement tous les jours lui fait beaucoup de bien. Elle dit qu'elle se sent beaucoup plus vivante à présent. Et que ce soir, elle ira à un concert.

La vie reprend.

#proces13Novembre /972

Claire, jeune femme, la trentaine, en sous un pull cheminé, cuivre, les cheveux châtains au carré, lit un texte . Elle raconte le concert au Bataclan, "sa première sortie après la naissance de son fils avec Romain", qui témoignera après.
#proces13Novembre /973

Son récit est bref. Elle passe assez vite sur les circonstances de la fusillade. Elle maîtrise ses émotions Elle décrit l'un des assaillants, visage dégagé. Puis sa fuite, son passage au 36 : "vous savez que vous êtes des miraculés." lui dit un policier...
#proces13Novembre /974

Claire raconte l'après. Elle dit qu'elle ne s'est pas reconnue dans les hashtags #MemePasPeur ou #TousEnTerrasse...j'avais peur, peur quand Romain (son conjoint) n'était plus là. Peur d'aller en terrasse..."
Un an plus tard, elle est retournée au Bataclan
#proces13Novembre /975

Claire au Bataclan un an après le #13novembre2015, précisément à l'endroit où elle se trouvait l'année précédente. Pour revivre la scène, la comprendre.
Cette jeune femme a été concise et laisse la place à son conjoint, Romain.
#proces13Novembre /976

Romain, chemise à carreaux, barbe grisonnante, lunettes et boule à Z, lit un texte, raconte ce qu'il a "été condamné à regarder. Les rafales, puis les tirs au sol, pour achever, Claire que je dois protéger pour notre bébé de 4 mois, car moi c'est pas grave"
#proces13Novembre /977

Romain, sa conjointe et son beau frère sont miraculés. Ils ont réussi à fuir. "Mais la vie n'a plus le même goût, elle a un goût de poudre dit-il. Je ne suis plus serein. Un jour j'ai croisé un homme ressemblant à Mostefaï, le tireur que j'avais vu. Alors j'ai couru..."
/978

"J'ai quitté le job que j'adorais. Je désormais condamné à vérifier les sorties de secours, l'hyper vigilance...
Ce soir là, dit Romain, maitrisant comme sa conjointe ses émotions, j'ai perdu une part de mon humanité..."

#proces13Novembre /979

Shaili à la barre. Elle a 24 ans. Habillée en noir. Crop top et pantalon large. Cheveux longs auburn et petite frange. Elle a "La Métamorphose" de Kafka dont elle parle avec le chanteur avant le concert. Pense "à cet insecte répugnant qu'elle est devenue"..
#proces13novembre /980

La fusillade commence. Les mouvements de panique, elle est recroquevillée contre la barrière, elle voit l'un des assaillants qui "ressemble à un robot." Elle pense à un braquage, à Charlie, à sa mère qui lui a dit de se mettre à terre si quelqu'un tirait"
#proces13novembre /981

"Pour moi le 13 je suis morte" dit, vivante, Shaili à la barre. "Les tirs reprennent, y'a pas moyen je vais y rester. C'est sûr je vais y passer' raconte-t-elle sur un débit rapide. Elle lit son texte, les mains derrière le dos.
Mais Shailli parvient à fuir
#proces13novembre /982

"Dans ce restaurant je fais une énorme crise de panique, la première d'une très longue liste" explique Shaili, le respiration bruyante. Puis le 36 quai des orfèvres, la chair sur ses chaussures, on lui propose de manger alors qu'elle n'a pas faim...
#proces13novembre /983

De ses mots, la colère affleure. Ses amis, ses parents qui ne comprennent pas et "ces tonnes de cauchemars qui pourraient être les synopsis de films d'horreur" souffle Shaili qui se met à boire "pour faire tampon à ces flashs qui me violaient l'esprit"...
#proces13novembre /984

"Je ne parviens pas à aller vers les autres. J'ai besoin qu'on vienne vers moi. Je deviens un gros bébé bourré et malheureux" Quelle image de ShaIli qui dit ne plus être en vie. "Je suis tuée. Je ne suis pas sortie du Bataclan pour vivre la vie que je mène"
#proces13novembre /985

Son couple a éclaté. le Xanax, l'alcool, les cigarettes, 15 à 30 selon les jours, la dépression, les envies de suicide..."je ne sors plus de ma chambre, j'ai vu tout Netflix en 6 ans et inévitablement j'ai pris des kilos..." dit Shaili, très très abimée...
#proces13novembre /986

ShaIli, si jeune, à peine 24 ans, raconte comment elle a tout perdu, ses amis, sa vie, noyée dans la panique, la dépression, la mémoire défaillante, son dégoût de tout, des autres.

Sa vie est en morceau.
#proces13novembre /987

Elle a ce mot pour les accusés, dont Yacine Atar (qu'elle ne nomme pas) "qui un jour a prétendu s'excuser. Un sociopathe qui dit ce qu'il faut dire... pour un jour recommencer.

Car pour eux, à ce procès, c'est nous les fous."

Formule terrible de ShaIli.

#proces13novembre /988

Geoffroy suit à la barre. Il avait amené son fils au Bataclan, Rasé, petite lunettes, pull marinière. Il s'en est sorti, traumatisé par les images qui le hantent -l'explosion sur la scène, la chair humaine -et les blessures, des éclats de boulons et d'écrou
#proces13novembre /989

Son débit est lent. Il explique que son fils et lui s'en sont sortis, meurtris psychiquement. Il dit encore qu'il a raconté à son père au téléphone les horreurs qu'il a vu ce soir là. Geoffroy, la tête baissé, plongé dans ses notes, s'en excuse à la barre.
#proces13novembre /990

Derrière moi en salle d'audience, j'entends une femme sangloter. Je me retourne brièvement, discrètement. Il s'agit de Helen, elle essuie ses larmes. Elle est américaine, avait raconté son histoire, ses derniers échanges avec Nick au Bataclan. Bouleversant.
#proces13novembre /991

Geoffroy a été bref. Il espère de la repentance de la part des accusés qui bénéficient d'un juste procès. Il a cédé sa place à son ami Grégory, qui lui aussi s'en est sorti. Il a fait le mort. Il exprime énormément de colère à la barre, à peine contenue...
#proces13novembre /992

La voix de ce grand gaillard, balaise, vacille. Elle est presque éteinte dans les larmes. Il renifle et assène : "J'aimerais faire payer ses gens là, j'aimerais qu'ils souffrent, avant il y avait le bagne. Bien sûr il y a la présomption d'innocence...."
#proces13novembre /993

Il se tourne vers les accusés, les regard, lève le poing et d'une voix presque inaudible, affaiblie dans les larmes leur dit : "On est là hein...on est encore là. À la fin, c'est la vie qui gagne."

Là aussi, brève déposition.
+sieurs avocats l'ont demandé à leurs clients.
/994

Guillaume s'est avancé. Grand jeune homme brun, chemise blanche et parka sur les épaules :
"Je suis la personne sur la scène que Samir Amimour visait et qui a été sauvé par le policier de la BAC. Je témoigne pour éclairer le témoignage du policier."
#proces13novembre /995

Il raconte : "Sur la scène où je suis, je croise le regard du terroriste. Il me fait comprendre qu'il ne va pas me tuer. Il manipule bizarrement son arme, il dit 'toi tu es avec nous, lève toi. Lève toi sinon je te tire une balle dans la tête."
#proces13novembre /996

Guillaume poursuit :"Je m'avance debout sur le rebord, je suis en joue, sous l'arme de Samir Amimour. Debout, je découvre l'ampleur de ce qui s'est passé. Amimour me demande de relever une personne âgée. 'lève se fils de pute pour voir s'il est mort...' ordonne-t-il"
/997

Il raconte un échange improbable avec "le terroriste sur le balcon "Qu'est-ce-que tu fous là ? Je vais te tirer dessus dit-il
-Amimour: c'est bon il est avec nous !
-Guillaume: Oui c'est bon, je suis avec vous !
C'est ce que je dis, car je sens qu'Amimour est calme"

DINGUE
/998

"Sur le balcon, le terroriste ne semble pas d'accord, me dit :'couche toi où je te tire une balle dans la tête'. Puis je vois deux ombres au fond de la salle, deux ombres que je qualifierai de bienveillantes" poursuit Guillaume à la barre.
#proces13novembre /999

"J'ai compris qu'il s'agissait de policiers, je sais pas pourquoi. Compris également que leurs tirs visaient le terroriste sur la scène. J'en ai profité pour fuir et sauter de la scène. J'ai entendu l'explosion, je ressens son souffle sur mes jambes" raconte Guillaume.
FOU
/1000

Le récit de Guillaume est tout à la fois sobre et précis. Ce jeune homme est impressionnant de justesse et de hauteur sur cet événement si particulier. Après l'intervention du commissaire qui lui a sauvé la vie, plus personne ne sera tué au Bataclan.
#proces13novembre /1001

Guillaume dit avoir été contacté une semaine après par le commissaire. "La rencontre a été fondamentale pour moi, ça m'a beaucoup aidé. Il a été non seulement un sauveur pendant l'attentat ... mais aussi pour l'après" relève-t-il.
#proces13novembre /1002

Il répond à quelques questions après sa déposition. Il lui est demandé ce qu'il a compris de l'attitude d'Amimour sur la scène qui, dans un 1er temps l'épargne : "peut-être qu'il était cynique, qu'il voulait se servir de moi, qu'il voulait que ça dure.."
#proces13novembre /1003

Après avoir interrogé Guillaume sur la façon dont il s'était tiré de cette incroyable situation, le président Périès ajoute, lui aussi impressionné:

- En tout cas, vous avez bien fait de ne pas rester sur la scène. Ça s'est sûr!

On aurait su mieux dire.
#proces13novembre /1004

Lucie, la conjointe de Guillaume, raconte son bataclan. Une jeune femme brune qui ne quitte pas le texte qu'elle lit. Les tirs, les rafales, et puis cette image qu'elle n'oubliera pas " Je revois cet homme, mort, affalé comme un chiffon sur le bar..."
#proces13novembre /1005

Et puis, le lendemain, "le premier matin du reste de ma vie" dit joliment Lucie.
La perte de l'insouciance. Le stress : "Je suis sans arrêt dans la peur, j'aimerais pouvoir me dire que dans 3 mois ou dans 6 ans, ça ira mieux, mais je ne sais pas"...
#proces13novembre /1006

Lucie a retrouvé Guillaume le lendemain seulement. Elle avait trouvé refuge chez 1 personne dans le quartier du Bataclan. Elle n'a pas poursuivi ses études de droit. Elle est aujourd'hui urbaniste. Grande sobriété aussi.
Toute la palette est ici explorée
#proces13novembre /1006

Agathe, le carré, la trentaine, se présente en chemise blanche et pantalon à carreaux.
Chaque témoignage est 1 regard sur la nuit au Bataclan. 1 regard et une façon de dire l'enfer qui, "s'il ressemble à quelque chose, c'est à ça"
Agathe a vu la fosse.
#proces13novembre /1007

1 regard, 1 façon de raconter -Agathe est très claire- et 1 image souvent, 1 image qui vous marque. Elle ressent un énorme coup dans la panique: "Je parviens à me dégager, c'était le jeune homme qui était assis sur moi. Il était mort, il avait pris une balle dans le thorax"/1008

Agathe parle de lui à nouveau, un peu + tard: "Je repense constamment à lui, chaque 13 novembre, ce garçon m'a sauvé, il se trouvait sur le chemin des balles qui devaient m'atteindre..."
Il y a ce garçon, et tous les fantômes qui l'accompagnent encore...
#proces13novembre /1009

Constance désormais. Elle aussi, si jeune. Les cheveux blonds en cascade sur ses épaules. Si jeune et déjà, sorties de sa bouche ; les cris, la peur, les tirs, ceux qui meurent autour, les tueurs sont dans mon dos, j'espère qu'ils ne vont pas tirer dessus
#proces13novembre /1010

Et puis la fuite de Constance, venue seule au Bataclan. Elle écrase la main de quelqu'un, se dit que ce n'est pas le moment de penser à lui. L'issue qu'elle découvre, 1 escalier où des tas de gens sont rassemblés, la peur que les terroristes les retrouvent
#proces13novembre /1011

La panique, le chaos, l'effroi, les yeux vides, le teint blafard d'un homme qui a pris une balle, le Bataclan qu'ils vont faire sauter...Il faut imaginer tout ce qui vous assaille dans ce moments là, les images, la peur.
Tout cela est raconté à la barre..
#proces13novembre /1012

Je me dis ici que tous ces récits révèlent une photographie toute aussi précise, imagée et sensible, que les images "réelles" que le président Périès a choisi de ne pas montrer, pour épargner les sensibilités lors de ce procès.
Constance a quitté la barre
#proces13novembre /1013

Les regards, les récits, les images ... et les punchlines aussi. Celle d'Anne-Sophie face à la Cour qui cite son ami Seb, lorsque la fusillade commence au Bataclan

"C'est des Kalach', c'est du sérieux, on s'arrache !"

#proces13novembre /1014

Anne-Sophie a raconté sa soirée, la fuite, la loge dans laquelle elle se glisse, la peur d'ouvrir à ceux qui se présente comme policiers, et les débats "on ouvre on ouvre pas" après l'intervention de la BRI, les amoncellements de corps...
#proces13novembre /1015

La suite à la RATP, complexe, ses chefs, indifférents, les refus de postes, la difficulté à vivre.
Anne-Sophie claque:
-Je m'astreins chaque jour à être une bonne mécréante
-Vous faites encore preuve l'humour! relève le président
Rires en salle d'audience
#proces13novembre /1016

Anne-Sophie quitte la barre.
L'audience est levée.

Je veux saluer le courage de toutes celles et ceux qui témoignent.

Merci à toutes et tous de nous lire.
Merci pour vos nombreux encouragements.
À demain.
#proces13novembre /1017

Jour N•24 du #proces13novembre.
Bonjour. On poursuit aujourd'hui notre immense traversée avec les témoignages de 15 victimes du Bataclan. L'audience a repris.
Luciana, italienne - la mère de Valéria, décédée - s'avance à la barre /1018

Luciana est une femme d'une 60aine d'années. Elle lit son texte les mains tremblantes. Elle savait, dit-elle, que Valéria fêtait l'anniversaire de son conjoint au Bataclan. Elle vient d'apprendre depuis l'Italie que des attaques ont lieu en France.
#proces13novembre /1019

"Dario, son frère, arrive chez nous.Il dit que des événements terribles se déroulent à Paris poursuit Luciana. Nous sommes tous les 3 silencieux sur le canapé. Nous avons compris. Ça c'est notre 13 novembre. Et puis notre 14 novembre...
#proces13novembre /1020

Valéria avait 28 ans. Elle enseignait à La Sorbonne. Elle habitait dans le 11ème. Non loin du Bataclan. Elle était une source de grande joie dit Luciana qui engage alors, d'une voix en trémolo, 1 réflexion très profonde et humaniste sur cette funeste nuit
#proces13novembre /1021

"Les obsèques de notre fille, poursuit Luciana se sont déroulés en présence du patriarche de Venise, des rabin et imam de notre ville. Leur condamnation a été unanime. La cérémonie était éloignée de toute haine."
#proces13novembre /1022

Cette mère italienne, avec beaucoup de douceur et d'autorité, poursuit : "c'est terrible quand une religion invoquée contre quelqu'un. J'ai entendu l'un des accusés dire que cet attentat n'avait rien de personnel. Cet avis si banal m'a donné à réfléchir"
#proces13novembre /1023

"En substance, cet accusé dit 'Ces morts, ce ne sont pas des personnes, ce sont des marionnettes entre nos mains, des métaphores de ce que nous haïssons et voulons combattre.' Moi, dit Luciana, je demande aux accusés d’éclaircir leur pensée à ce sujet…"
#proces13novembre /1024

Luciana : "Qu’est-ce que représente pour eux ces 130 morts que nous pleurons et qui pour des raisons qui nous échappent sont devenus leurs cibles ?
Paris n’a pas été frappé dans ses bâtiments mais sa communauté urbaine..."
#proces13novembre /1025

Luciana, mère de Valéria : "Paris est une communauté urbaine dont font partie , non seulement des français.,
mais 19 nationalités différentes. Avec Paris et la France, ont été frappés La France, l'Europe, le Monde..."
#proces13novembre /1026

Propos si profonds de Luciana, très digne dans son pull bleu, sous ses lunettes: "La France, l'Europe, le Monde, ce monde qui partage des valeurs de démocratie, de respect des droits humains. Ce sont donc ces valeurs que vous voulez combattre ? "
#proces13novembre /1027

"Je cherche un sens à tout cela admet la mère de Valéria, même si nous n’avons pas les réponses.
Je sais qu'une partie des réponses ne peut venir que des mis en examen. Cela partie du processus qui amène à certifier des faits et des responsabilités."
#proces13novembre /1028

"La participation des accusés à ce procès implique la reconnaissance et le respect de l'institution judiciaire dit Luciana, qui remarque aussi que la capacité de la démocratie à rester elle-même, face à cela, est une victoire de l’Etat de Droit. "
#proces13novembre /1029

"Je suis à paris, dit cette dame, car je sais que ce procès comme les faits qui l’ont précédé font partie de ma vie. Cela vaut d’être regardé en face. Nous n’avons pas d’autre vie, c’est la seule façon d’en influencer le cours."
#proces13novembre /1030

"Je souhaite que mon témoignage permettent à la douleur des victimes d’entrer dans l’Histoire conclut Luciana.
Je souhaite qu'il dessine un chemin civil qui sera la barrière au terrorisme et à l’idéologie qui l’alimente."
#proces13novembre /1031

Avant de céder la parole à Alessia, l'une des amies de Valéria, sa maman très digne et philosophe, remercie la Cour d'avoir offert une si grande place à al parole des victimes.
- Un témoignage bouleversant souligne le président.
#proces13novembre /1032

Puis Alessia a suivi, admettant tristement sa culpabilité de ne pas avoir sauvé son amie Valéria. Mais, martelant que les terroristes n'avaient pas gagné et ne l'empêcheraient pas de vivre désormais comme elle le doit à celles et ceux qui sont tombés...
#proces13novembre /1033

Jean-Philippe s'est présenté.Un jeune homme en chemise blanche. Il a été bref. A expliqué à la Cour qu'il refusait toute instrumentalisation de ce procès qui percutera l'élection présidentielle. "Je ne veux pas d'un procès théâtre !" dit -il fermement.
#proces13novembre /1034

Jean-Philippe poursuit: "Ces accusés ne reconnaissent pas la justice de notre pays, selon leur idéologie. Je suis chrétien. Je devrais pardonner. Mais je n'y parviens pas. J'ai en tête la loi du Talion. Alors je laisse le soin à la justice de notre pays de rendre justice".. /1035

Stéphanie, une jeune femme, blonde, au visage rond, témoigne depuis plusieurs minutes. Elle raconte comment elle a cherché à fuir. Sa cachette en loge. L'inintelligence dit-elle des assaillants, armés, leur seul avantage sur nous dit-elle en substance.
#proces13novembre /1036

Elle a ces mots : "la première chose que j'ai vu en sortant , c'est une tête. J'ai cru qu'ils avaient décapité un spectateur... avant d'apprendre qu'il s'agissait d'un terroriste. J'étais happé par la scène. Un policier m'a pris la main et m'a guidée..."
#proces13novembre /1037

Stéphanie a aussi dit l'avant et l'après 13 novembre. "Je n'ai pas vocation à rester une victime du terrorisme toute ma vie. Je retourne en concerts et en terrasse. C'est ainsi que je me dis qu'on a gagné."
#proces13novembre /1038

"J'ai longtemps cherché à un sens. J'ai fini par abandonner. Il n'y a pas de logique rationnelle. Je ne cherche pas de vengeance. Mais j'attends que certains des individus dans le box et qui sont tjs dans une logique mortifère, soient mis en état de nuire"
#proces13novembre /1039

François Dominique est face à la Cour. Fan des Eagles of Death Metal, qu'il n'a plus jamais réécouté. 21h47 les 1ers tirs, "des pétards" , mouvement de foule, il est projeté à terre, dit reconnaitre les silhouettes de 2 hommes, visiblement des assaillants.
#proces13novembre /1040

François Dominique poursuit : "Je me dis que je suis à portée de fusil et que je risque ma peau, il faut que je bouge entre 2 recharge. Il rampe vers la table de mixage. Dans un angle mort. "C'est là que j'ai commencé à avoir très peur. Une décharge..."
#proces13novembre /1041

François Dominique pense à son épouse qu'il ne veut pas laisser seule. Il refuse de mourir ainsi dit-il "Je passe en mode instinct anima. Je me pose 3 simples questions - Où sont les terroristes ?
- Où est ce que je suis ?
- Comment je peux sortir ?
#proces13novembre /1042

Au prix d'une analyse précise de la situation, François Dominique parvient à fuir le Bataclan. Il court Rue Amelot, jusqu'au Bd Beaumarchais, prend un bus, demande au chauffeur d'appeler les secours, lequel reste incrédule. "Avec la panique je devais avoir une tête de fou" /1043

"J'appelle moi même, j'appelle ma conjointe, raconte-t-il avant d'exhiber à la barre un billet de 5 euros, en 2 morceaux, qu'il a déchiré dans le stress pour prendre un taxi. "je m'aperçois qu'il y a une tache de sang dessus..." constate François Dominique dans un sourire
/1044

François Dominique, c'est l'histoire d'un garçon qui dit sa "conscience d'avoir survécu et de pouvoir profiter ce que la vie peut apporter. Je suis papa aujourd'hui dit-il dans un sanglot. La naissance de mon fils est la chose la plus extraordinaire qui me soit arrivée.'' /1045

Très ému tout à coup, François Dominique, en larmes, dit" toute la compassion qu'il a pour toutes les mamans et les papas qui ont perdu leur enfant. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils endurent..."
Son propos contraste avec la chance que ce jeune dit avoir.
#proces13novembre /1046

"Je voudrais terminer sur une note positive dit François Dominique. Je vais bien. Je n'ai pas été blessé. Et je me dis que la vie est belle..."
- Oui la vie est belle...ça me rappelle quelque chose appuie, dans sa grande bienveillance, le président Périès
#proces13novembre /1047

Témoignage éminement positif de François Dominique, ce que souligne le président Périès, qui lui demande s'il a fait part de son experience à des associations de victimes. "Je me tiens à leur disposition".#proces13novembre /1048

François Dominique est un jeune avocat, brun visage rougi par son témoignage. Il exprime ses pensées pour deux de ses confrères. L'un est mort au Bataclan. L'autre, Myriam, a été tuée lors de l'attentat de Nice...
#proces13novembre /1049

"J'attends de ce procès, dit-il, qu'il soit la représentation de nos valeurs. L'Etat de droit, le droit d'être défendu, on doit l'affirmer haut et fort, car je ne suis pas sûr que le pseudo qu'ils voulaient instaurer aurait offert les mêmes droits"
Juste
#proces13novembre /1050

François-Dominique poursuit: "Ce procès est aussi celui de notre Humanité. Dans toute sa grandeur et dans toute sa décadence. Il y a le fanatisme et il y a le courage, dont ont fait preuve de nombreuses victimes...
"
#proces13novembre /1051

François Dominique, en avocat, s'adresse au juge Périès: "De hauts responsables vont venir témoigner. Je vous demande d'être sans concession M. le président. Si c'est pour un effet médiatique ça ne sert à rien. Les parties civiles veulent des réponses" ./.
#proces13novembre /1052

"Ces attentats ont été très préparés. Que savaient nos responsables ,ou pas, de tout cela ? Nous voulons des réponses" exige François Dominique.
- Merci pour votre plaidoirie sourit le président. Certaines comme la votre sont courtes, semblant anticiper la suite du procès.. /1053

Très joli témoignage de François Dominique. Jolie leçon d'optimisme aussi qui pourrait inspirer, espérons le, celles et ceux qui 6 ans après les faits expriment encore une immense détresse.
Ce jeune avocat a redit "La vie est belle" en quittant la barre..
#proces13novembre /1054

C'est au tour d'Annaig de témoigner. Petite cinquantaine, brune, légèrement grisonnante. Elle habillée en noir. Elle était avec son ali Laurent au Bataclan. Elle vu les tirs, les flammes. Miraculée.
Elle raconte l'après. La lente descente en enfer.
#proces13novembre /1055

Et puis soudain, de rage, Annaïg se tourne vers les accusés, qu'elle fixe, dévisage : " Je vous en veux. Je vous en veux à mort. Vous avez brisé des centaines de vies. Des innocents. Moi je ne connaissais rien à Daesh, à la Syrie, j'en avais rien à faire!"
#proces13novembre /1056

-Adressez vous à la cour madame lui intime le président.
-Pardon j'ai dérapé.
-Adressez vous à la Cour répète le juge Périès.
Annaïg s'effondre:"pardon, j'ai dérapé. j'ai honte de pleurer. Je voulais rester droite dans mes bottes mais je n'y arrive pas. Je vais y arriver"
/1057

Mais Annaïg y est parvenue. Elle a réussi à reprendre ses esprits. Et maitriser ses émotions. Elle a répondu à quelques questions du président puis a quitté la barre.
-Ça sent l'interruption commente une victime derrière moi...
"Interruption !" dit le président.
(bien vu!)
/1058

L'audience est reprise. Thomas Schneider s'avance.
Sweet à capuche, Rasé, petite lunettes , fine barbe. Il a 30 ans. Exhibe de nombreux tatouages sur ses avant bras. Le public Eagles of Death Metal "mon groupe préféré. Je précise que c'était mon 1er concert à Paris"
/1059

Il parle à voix basse, son débit est rapide. Il lit un texte qu'il a écrit. Il était avec son amie. Puis ...21:49 l'heure qu'il a retenu. Les balles fusent. Quelqu'un se prend une balle dans la tête. Les gens qui tombent comme des dominos.
#proces13novembre /1060

Et puis l'odeur dont Thomas est encore imprégné. Mon cerveau passe en mode reptilien. L'instinct de survie dit-il. "Il faut que je m'en sorte. Pour fuir, je marche sur des corps, ça je ne l'oublierai jamais."
#proces13novembre /1061

Il a réussi à s'en sortir. Son amie Guilaine aussi. Il a regagné Strasbourg. Il a vu son frère pleurer pour la 1ère fois. Thomas interrompt brièvement son récit...il étouffe un sanglot...sa voix nouée...Puis il raconte
"Le 1er jour du reste de ma vie"
#proces13novembre /1062

Le stress post traumatique, l'hyper vigilance, la lente reconstruction...Et il a ces mots, empreints de sagesse : "Je tenais à me tenir debout, face aux accusés. J'éprouve beaucoup de pitié pour eux. Et ceux qui se feront encore endoctriner."
#proces13novembre /1063

"Dire à ces accusés poursuit Thomas...leur dire que je suis fier d'être mécréant et qu'il devraient essayer. Ils découvriraient que la vie est belle. Il fait référence à l'Islam, au fait de tuer un homme qui équivaut à assassiner l'humanité."
#proces13novembre /1064

"Ils ont renforcé en moi le goût de la vie. Je retourne à des concerts, j'aime la musique. Je tiens à dire que je suis profondément anti raciste. Je range le racisme dans la même catégorie que le terrorisme" dit Thomas, sobrement.
#proces13novembre /1065

Thomas conclut avec ces mots :"Je remercie la Cour d'avoir permis ces témoignages. Je suis heureux de le faire. Ça me permets de tourner une page. Je ne suis pas patriote mais dans des moments comme celui-ci je suis fier d'être Français"
Il quitte la barre
#proces13Novembre /1066

Stéphane a suivi. Il a été très bref. Concis. Il ne s'est pas étendu sur le récit de sa nuit au Bataclan. Il a parlé de sa reconstruction difficile. Fait part de son incompréhension absolue à l'égard du fanatisme qui pousse à tuer...
#proces13Novembre /1067

Sébastien prend la parole. Il aborde son récit, la voix très basse. Il inspire très fréquemment, entre chaque phrase. Le visage plongé dans ses notes qu'il ne quitte jamais. Il porte des lunettes et une veste sombre à carreaux sur une chemise grise.
#proces13Novembre /1068

Au contraire des témoins avant lui, il commence par un propos très politique avant de raconter son #13novembre2015. Sébastien exprime, physiquement et par les mots, sa grande difficulté à témoigner, "à réveiller les morts" comme il dit sombrement.
#proces13Novembre /1069

"Pour moi poursuit Sébastien, venir à la barre c’est faire face à l’Histoire. C'est fondamental dans ma reconstruction. Venir à la barre est un acte de résistance. Résistance face à ce qui m'accable.
Y’en a marre d’être victime, y’en a franchement marre"
#proces13Novembre /1070

"Alors j'aimerais adresser 1 message aux terroristes.
Quelle honte, quelle mépris, quelle indignité, quel mépris pour la nature humaine assène Sébastien.
Ils doivent savoir qu'ils trouveront en face d’eux des gens qui résisteront, sans se laisser faire"
#proces13Novembre /1071

"Je considère que les peines qui seront infligées marqueront l’histoire de France et des Hommes" dit Sébastien qui parle alors de ses origines cambodgiennes. " Je suis héritier du génocide des khmers rouges. Il a fallu 40 ans pour que la justice reconnaisse ce génocide."
/1072

"Je me suis demandé comment cette population a pu se reconstruire face à l’abomination." Sébastien fait un parallèle avec le 13 novembre. Il souhaite que la justice française apporte les réponses aux questions qu'il se pose...face à l'abomination donc.
#proces13Novembre /1073

Sébastien est très marqué. Il inspire, puis expire très profondément entre chaque phrase. Sa voix est éteinte. Ses mains, souvent liées, qu'il manipule presque frénétiquement. Il porte l'angoisse, la détresse sur son corps, son visage tourné vers ses notes.

C'est intense. /1074

Le jeune homme s'est engagé dans un long récit. Celui de sa nuit. Les images qui l'obsèdent. Sa certitude à ce moment, mais abandonnée depuis, d'avoir reconnu Salah Abdeslam, dont il prononce le nom à plusieurs reprises...sans ne jamais le regarder...
#proces13Novembre /1075

On ressent parfaitement l'épreuve qu'il traverse, une torture, et dont il ne semble pas encore sorti. Une blessure physique, un corps étranger en lui pendant 4 ans, un fragment de balles qu'il ne supporte plus, et de très lourdes séquelles psychiques...
#proces13Novembre /1076

C'est homme si profondément blessé... Sébastien poursuit : "La nuit je fais des rêves de mort, sous toutes ses formes. Je le vis très mal. Il y a dans ma vie, le monde des vivants, la journée, et la nuit, le monde des morts. Et les crises d'angoisse..."
#proces13Novembre /1077

Sébastien évoque son combat avec la mort qu'il personnifie dans son récit : "avant d'aller dormir, je me prépare. Je me dis que je vais lutter, que je vais l'avoir, me préparer des armes, monter des murs, pour la vaincre. C'est ça la résistance" dit-il
#proces13Novembre /1078

Sebastien s'adresse aux accusés :" vous êtes des assassins. Vous êtes des voleurs. Vous m'avez volé mon innocence. Vous m'avez fait vieillir précocement..."
#proces13Novembre /1079

"Mais grâce à ce procès, j'entrevois un soulagement. Et peut-être le bout du tunnel espère dans un souffle Sébastien, meurtri. Il conclut à l'adresse des victimes: "Aux âmes désespérées, battez-vous"
Puis il quitte la barre, à pas lents, le visage accablé.
#proces13Novembre /1080

Julien a suivi. Je retiens ceci de son récit, au Bataclan Son face à face, les yeux dans les yeux avec un assaillant : "Je croise son regard, vide d'humanité. Je sens qu'il jubile et que j'ai fait une erreur. Il va tirer. J'accepte la mort qui vient..."
#proces13Novembre /1081

"Je crie. Je n'ai plus rien à perdre. Il tire. Mais je suis en vie. C'est l'homme qui était devant moi qui a pris les balles et qui est mort." Julien a poursuivi, racontant sa fuite, puis sa reconstruction, lente. Il a tenu à témoigner vivant. C'est fort.
#proces13Novembre /1082

Christophe Naudin est à la barre. C'est un prof d'histoire géo, enseignant en histoire médiévale, spécialiste de l'Islam. Il était au Bataclan où il a perdu l'un de ses amis.
Il porte une chemise manche courte, exhibe un tatouage sur le bras droit.
#proces13Novembre /1083

Christophe entame ainsi : "Je suis très intéressé depuis le début par l'enquête et entendre les parties civiles. En ce qui concerne les accusés, j'ai de l'indifférence, pas de haine, du mépris, et rien d'autre"...
#proces13Novembre /1084

"Dans ma formation, j'ai étudié l'islam médiéval rappelle-t-il la mâchoire presque serré. Il sait certainement que les accusés ont les oreilles dressées. Dans l'islam médiéval, j'ai pas l'impression d'avoir à faire à des gens qui tirent sur des gens désarmés dans le dos".
/1085

"Ces accusés finiront dans le poubelles de l'Histoire assène Christophe. En revanche j'insiste, ce sont des êtres humains, pas des animaux, ni des monstres. Le propre de l'Humanité est de produire le pire et le meilleur. Cette nuit, j'ai vu le pire."
#proces13Novembre /1086

Christophe revient sur sa nuit, très factuellement, il évoque son ami Vincent qu'il a perdu. Sa reconstruction aussi, marquée par l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire géographie comme lui. #SamuelPaty à qui il rend hommage à la barre.
#proces13Novembre /1087

Il évoque aussi l'aspect bombe à fragmentation que produisent ces attentats, sur les proches, la famille.
"Je ne suis pas de nature optimiste conclut Christophe à la barre. Mais la seule chose qui me donne de l'espoir, ce sont mes élèves justement. "
#proces13novembre /1088

Stephanie témoigne à présent. Une femme brune, de 48 ans, au visage rond et très juvénile. Elle porte des lunettes et un t-shirt noir CombiChrist, groupe de métal indus norvégien. Elle porte des bagues et des tatouages.
Un badge @lifeforparis également.
#proces13novembre /1089

Elle a une voix douce. Son récit est très clair.
La fusillade éclate. "Je n'entends rien. Mais je vois l'un des assaillants. je suis choquée par son extreme jeunesse. Son teint pale. Il n'a aucune expression. Il avance machinalement. Je vois des éclairs. Mais aucun son." /1090

"Là j'ai le sentiment d'être désincarnée raconte Stéphanie. J'ai le sentiment de ne pas être là. Je n'entends pas les tirs. J'ai l'impression d'être dans un film. Puis je ressens une douleur, sans comprendre. Une chevelure blonde devant moi, et je débranche mon cerveau" /1091

En fait Stéphanie fuit le Bataclan en plein black-out, elle ne se souvient pas précisément ce qu'il se passe. Elle pense même machinalement que "des petits cons ont foutu la foire, qu'il faut retourner au concert!"
Pour lentement réaliser, 1 fois chez elle
#proces13novembre /1092

"Lorsque je ferme les yeux, les souvenirs se rallument. Je me refais l'attaque en boucle...je ne parviens pas à m'endormir, je réalise" raconte Stéphanie qui cherche alors, grâce à ses amis à être prise en charge psychologiquement, le soir même...
#proces13novembre /1093

Elle raconte le stress post traumatique, l'effondrement psychologique qui suit... et ce jour où elle a erré seule, devant le Bataclan, déboussolée, prête à agresser n'importe qui...reconnue in extremis par 1 victime de @lifeforparis, "ma famille, mes étoiles, mes Warriors" /1094

Si Stéphanie est là dit-elle d'une voix douce, c'est grâce à ses proches, sa famille et l'asso @lifeforparis justement. "Je n'ai pas pu aider le soir du 13 novembre. Alors je me suis engagé" dit Stéphanie qui a évoqué Mathias et Marie, décédés au Bataclan.
#proces13novembre /1095

Sur cette image, ce sourire que se concluent les débats du jour.
Audience levée. À demain...
#proces13novembre /1096

Bonjour à toutes et tous.
Jour n•25 du #proces13novembre .
15 victimes du Bataclan sont attendues à la barre. 15 histoires, 15 regards, 15 vies brisées, racontées pour l'Histoire et la vérité, manifestée. L'audience ne va tarder à reprendre /1097

Une nouvelle victime se constitue partie civile.
Sa soeur, âgée de 60 ans, est décédée à la Belle Équipe. Elle prend la parole. Bouscule le programme et lit 1 court texte. Elle est éplorée. Le président accepte. Elle rend hommage à Véronique, de mémoire.
#proces13novembre /1098

1ère audition. Une autre Véronique, la maman de Claire, assassinée le 13 novembre au Bataclan. Sa photographie est projetée sur tous les écrans de la salle d'audience. Une brune espiègle. Elle avait 23 ans, M2 de philosophie. Elle étudiait le commerce.
#proces13novembre /1099

Sa mère sanglote en décrivant le parcours de sa fille, son enfant unique. Elle lit son texte avec difficulté. "Prononcer son nom dans cette enceinte est une impérieuse nécessité." dit Véronique.
Claire et Cyril, son petit ami étaient au Bataclan.
#proces13novembre /1100

Cyril a survécu. Claire a été touchée raconte-t-il torse nu à Veronique, la mère de Claire. Il s'est rendue chez elle pour l'avertir dans la nuit. Cyril avait laissé Claire au Bataclan, pour qu'elle soit prise en charge par des secouristes.
#proces13novembre /1101

Véronique a cherché sa fille dans de nombreux hôpitaux pendant 2 jours, sans nouvelles. "J'ai finalement appris le décès de Claire le 17 novembre. Ce qui m'a dévoré le coeur..."
#proces13novembre /1102

"Ce qui m'a dévoré le coeur..." Véronique répète à plusieurs reprises cette formule. Elle n'obtient que très peu d'informations sur les circonstances du décès de sa fille. Un doute plane sur l'identification exacte de sa jeune enfant, Claire, 23 ans.
#proces13novembre /1103

Les années passent. 2016, de nouveaux examens complémentaires, des réponses incomplètes aux yeux de Véronique. 2018, les réponses incomplètes du chef de l'Institut Médico Légal ...
"Comprendre ce que ma fille a vécu, comprendre pourquoi, comprendre enfin"
#proces13novembre /1104

En 2020, "ce qui m'a dévoré le coeur" dit Véronique est que je n'aurais jamais la réponse.
Claire est entrée à l'IML le 14 novembre. Classée sous X, examinée succinctement..."Je ne saurais jamais l'heure à laquelle son coeur s'est arrêté."
#proces13novembre /1105

Véronique raconte avoir obtenu d'autres éléments d'information après l'audition de l'ex patron de l'IML. Le cas de Claire a été décrit comme complexe. Sa mère a demandé le document au médecin. Lequel lui a répondu qu'il s'agissait... d'une projection intellectuelle
Terrible /1106

Et une fois de plus dit Véronique, cela lui a dévoré le coeur...Elle n'attendait pas cela du procès, ni au fond, la place qui a été offerte aux témoignages de victimes.
Le mémoire de philosophie de Claire à été publié aux @editions_PUF, à titre posthume.
#proces13novembre /1107

Caroline est à la barre. C'est la 3ème compagne de Nicolas, décédé au Bataclan. Il avait eu un fils d'une précédente union. Il est là, dans la salle d'audience.
Il s'est effondré en larmes pendant le récit de Caroline. Il vient de partir à l'instant. Immense tristesse. /1108

Immense tristesse, car Caroline, dans sa fuite, a quitté le Bataclan sans Nicolas qu'elle ne reverra que le lendemain, derrière une vitre à l'IML.
Il est mort. Elle a été blessée. Au bras.
Traumatisme. Culpabilité. Une vie lui a été arrachée...
#proces13novembre /1109

"Un attentat est une onde de choc dont les vagues viennent vous heurter, longtemps après dit Caroline. La colère et la haine m'ont permis de tenir debout, sans elles, je ne serais pas là aujourd'hui. Mais à présent, je suis à présent apaisée..."
#proces13novembre /1110

Caroline, la compagne de Nicolas, dira également, avant de quitter la barre :

"Je suis la mécréante, je suis celle que les terroristes ne pourront plus abattre. Chaque jour où je ne sombre pas est une nouvelle victoire."

#proces13novembre /1111

La mère de Nicolas, dont parlait Caroline, est à présent à la barre. Elle est accompagnée de ses deux petits fils, les fils de Nicolas. Dont Marius, à sa gauche qui s'est effondré précédemment...
Jocelyne lit un texte également.
#proces13novembre /1112

Jocelyne raconte avoir appris la mort de son fils, alors qu'elle était en tramway. "J'aurais voulu m'effondrer, me rouler par terre...mais je ne pouvais pas j'étais dans un tramway..." dit-elle, en tentant d'étouffer un sanglot.
#proces13novembre /1113

"Nicolas est né dans le 11ème, Nicolas est mort dans le 11ème" raconte Jocelyne qui raconte son refus d'admettre son décès. "On ne se disait pas ces choses là, on se le montrait autrement, mais je regrette de ne pas lui avoir dit 'je t'aime'..."
#proces13novembre /1114

Jocelyne ne veut pas s'appesantir sur ses traitements, la dépression dit-elle...sa voix déraille, elle s'effondre quand elle évoque ses petits enfants, à ses côtés, la mamie des deux adolescents, Nino et Marius. Ils s'étreignent...
Quelle infinie tristesse ... c'est dur /1115

Delphine, l'ex compagne de Nicolas, la mère de Nino et Marius est à la barre, tous deux pupilles de la nation. Elle raconte avoir appris son texte, comme au théâtre, pour leur apprendre le décès de leur papa.
On va les entendre. Ils vont témoigner aussi.
#proces13novembre /1116

Nino prend la parole. Il a 21 ans. Il fêtait son anniversaire quand il a appris qu'une vague d'attentats frappait Paris.
Il est d'abord sous le choc. Il écrit un sms à son père :

"Coucou Papa, t'as vu ce qu'il se passe ?
Il ne m'a jamais répondu."

#proces13novembre /1117

Puis la sombre nouvelle. La vie d'après. Celle d'un adolescent brisé. La colère, la haine qu'il ressent. Tout a lâché 5 ans après dit-il aussi. Le jeune est homme est effondré. Les joues rougies, la voix étranglée. Il laisse la parole à son frère Marius.
#proces13novembre /1118

Marius a 17 ans. Lui aussi parle de haine de colère, de tristesse.
"Un jour, j'ai pensé à la mort pour ne plus souffrir, j'ai été hospitalisé d'urgence dans un service de psychiatrie, seule la mort pouvait me sauver..." raconte-t-il
#proces13Novembre /1119

Marius assure avoir vu des accusés rigoler dans leur box la semaine dernière lors de témoignages de victimes du Bataclan.
- Monsieur le président est il tolérable que ces hommes puissent rigoler ainsi ?
#proces13Novembre /1120

À l'issu de ce témoignage terrible, Farid Karkach, accusé, a tenu à prendre la parole, depuis son box, expliquant en substance son bouleversement, "son coeur qui saigne" après avoir entendu les fils de Nicolas.
Il aurait pu être leur père a-t-il dit ...
#proces13Novembre /1121

"Dans ce box nous sommes présumés innocents a poursuivi Karkach. Nous ne sommes pas tous des terroristes. Je suis contre cette idéologie. Je suis musulman et je suis contre ça. Je présente mes condoléances à toutes les victimes."
#proces13Novembre /1122

Karkach a-t-il été cru ceux qui l'ont écouté en salle d'audience ? J'ai vu Nino, le fils de Nicolas, quitter la salle, en larme, le visage empreint d'une très grande colère, les joues rougies. Delphine, sa mère, a suivi, les yeux rougis également...
#proces13Novembre /1123

Daniel, le père de Nicolas, l'époux de Jocelyne, le grand père de Nino et Marius a témoigné. Il a évoqué un mot écrit par Marius, là où repose Nicolas :
"Pourquoi tant de haine ? "

"Pourquoi tant de haine ?
C'est la question à laquelle j'aimerais que ce procès réponde"
/1124

Daniel a également dit espérer, pour tous et les victimes, "que les idées de Daesh n'aient pas trop pénétré notre société afin que nous puissions continuer à vivre dans un Etat de droit et en démocratie".

#proces13Novembre /1125

Corinne témoigne à présent, une autre ex-conjointe de Nicolas, avec lequel elle eu un fils. Le petit Lazare avait 6 ans au moment des faits, au moment où sa maman lui apprend que son papa est mort. Elle prononce le mot "attentat" , elle sait que ça aucun sens pour un enfant /1126

Corinne porte un gilet blanc, sur une chemise à rayure. Le jour où elle apprend à son fils le décès de Nicolas, Lazare lui a répondu, dans toute son innocence :
"Alors je ne reverrai plus papa ?"
Il a longtemps continué à parler de son père au présent
#proces13Novembre /1127

"On a volé son père à Lazare, de façon injuste"
dit Corinne.

Elle est venue témoigner aujourd'hui pour raconter la douleur de tous ces enfants qui ont perdu un repaire

Lazare, Marius et Nino ont perdu leur père.
Il s'appelait Nicolas.
#proces13Novembre /1128

Interruption de séance.
J'avoue ici une certaine difficulté à prendre des notes, à restituer au plus près la détresse de celles et ceux qui témoignent aujourd'hui.
Le 13 novembre est une bombe à fragmentation pour reprendre l'expression d'une victime.

C'est très juste.
/1129

Guillaume est à la barre. Il apparait très abimé. Il dit, entre 2 inspirations, d'une voix blanche : "Je pensais qu'après 6 ans, la peine, la tristesse s'estomperait mais c'est le contraire qui se passe. On comprend qu'on vivra toujours avec ce boulet."
#proces13novembre /1130

Guillaume dit: "la culpabilité d'avoir fui. Culpabilité d'avoir piétiné des corps, morts et vivants. Culpabilité d'avoir fui sans avoir pris soin de ceux avec qui j'étais, à commencer par la mère de mes enfants. Culpabilité de ne pas être mort à la place de mon pote Fabrice /1131

- Vous êtes une victime Monsieur relève le président Périès. Vous n'êtes coupable de rien.

Il a raison.
Ne pas pas l'oublier. Et toujours le dire. Le redire.

#proces13novembre /1132

Emmanuel se présente. Jeune homme, lunettes fines, petite barbe, en veste sur chemise blanche.
Une photo accompagne le récit de sa nuit au Bataclan. Les corps enchevêtrés, le sang, la fuite, la peur, ses lunettes perdues, et des tirs à l'extérieur...
#proces13novembre /1133

Sur la photo projetée sur grand écran, on voit les Eagles of Death Metal en plein concert, avant le massacre. C'est absolument saisissant. On voit la scène, on voit la fosse, pleine de fans, les sourires, les yeux écarquillés. Quelle image à ce moment là.
#proces13novembre /1134

Emmanuel poursuit, il raconte l'après, son illégitimité pense-t-il à se sentir victime. Il n'a pas été blessé comme l'1 de ses amis ce soir là. Mais il a sombré, aussi. "J'ai décidé d'aider les autres pour m'aider moi-même" Il a créé @13onze15 avec plusieurs victimes. Fort /1135

Emmanuel rend hommage à son épouse, sans laquelle je ne serais pas devant la Cour. On ne sait pas assez le rôle essentiel que jouent les aidants dit-il en substance. Il évoque sa fille, sa fierté, et sa reconstruction. Son refus d'être vu comme une victime
#proces13novembre /1136

Emmanuel a été avocat dans le passé. Il parle de la Norme, évoqué le 1er jour président Périès.
"Oui, les normes prévalent. Celle de notre état de droit
Les accusés sont défendus avec nos normes.Contrairement à leur Etat islamique
Où l’on tue pour un oui ou pour un non."
/1137

Puis Emmanuel rend hommage à la Cour, aux greffiers, au Parquet, aux avocats des parties civiles... "Je sais la difficulté et l'importance de tenir une audience de terrorisme" dit-il avec gravité.

#proces13novembre /1138

Puis le jeune homme se tourne vers les bancs de la Défense (des accusés). "Je tiens à vous remercier. J'ai été avocat en droit public. J'ai moi même prêté serment. Vous représentez toute la valeur de ce serment."
C'est fort, c'est juste, c'est sage.
#proces13novembre /1139

Mathieu lui a succédé. Gravement blessé au Bataclan. Il a raconté lui aussi sa nuit d'horreur. Les hospitalisations. Les reconstructions. Surtout, en ouverture de récit, c'est que je restitue ici, il a cité le Coran. Naturellement à l'adresse des accusés.
#proces13novembre /1140

Le sourate 5 verset 32 du Coran:
"quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes."

#proces13novembre /1141

Puis Mathieu a cité la sourate 6 également, verset 151:

"Venez que je vous récite ce que votre Seigneur vous a interdit (...) de ne pas approcher les infamies, apparentes ou cachées, et de ne tuer personne, Dieu a interdit cela."

Ça été dit. Et entendu.
#proces13novembre /1142

Dans un registre similaire Ihsane, d'origine algérienne, s'est présentée à la barre. Elle a raconté ses parents très croyants, son enfance en Algérie, la guerre d'Algérie et rappelle "qu'ils ont tué sans distinction, des musulmans en majorité".
#proces13novembre /1143

Ihsane est miraculée. Elle a réussi à fuir du Bataclan où elle était ce soir là. Elle semble s'être reconstruite. Très assurée à la barre.
Quant aux accusés, dit-elle: "j'aimerais leur refuser d’utiliser la religion de mes parents. Ce sont des barbares"
#proces13novembre /1144

Puis Armance, professeure. Brune, les yeux clairs rappelant qu'avec le procès, le traumatisme ressurgit... Son conjoint, petite lunettes, et cheveux tirés, racontant être passé à autre chose à présent. Il s'est découvert une grande solidité. "On peut passer à autre chose"
/1145

Geoffroy témoigne, blessé par balle, à l'épaule. Il est journaliste. Il a perdu son meilleur ami Christopher. Les deux garçons sont partis dans 2 directions opposées cette nuit là. Lui a été aidé par des survivants, en plein chaos, à sortir par un hublot.
#proces13novembre /1146

"Aujourd'hui ma vie dit Geoffroy, c'est une place sur 2 qui finit à la poubelle quand je n'ai pas le courage d'aller à un concert. Mais mon épaule, tout ça, ce n'est pas le plus important. Le plus important c'est mon ami Christopher que j'ai perdu.."
#proces13novembre /1147

Je ne restitue que très partiellement les témoignages ce jeudi. Je présente de nécessaires excuses.
Aux victimes d'abord, dont l'infinie détresse, aussi courageusement exprimée, me déborde.
Aux lecteurs de ce compte rendu aussi, très partiel aujourd'hui.
#proces13novembre /1148

Muriel quitte la barre.
Son courage, précisément, comme celui de toutes les parties civiles, a été salué par son avocat Me Reinhart.
#proces13novembre /1149

De Clarisse je retiens son adresse à la Cour,
à voix très haute :

"Vous êtes là pour juger le mal."

Car c'est de cela - aussi - dont il s'agit.

Et son adresse aux accusés, de "faux combattants":

"Votre lâcheté restera insignifiante dans l'histoire"

#proces13novembre /1150

Marie à présent. Eplorée. Eprouvée.
Elle raconte que son ami Romain est mort dans ses bras.

Elle raconte aussi que certains spectateurs du Bataclan, à l'agonie, criaient aux assaillants : "venez finir le travail..."

Terrible. Je n'ai pas d'autre mot.
#proces13novembre /1151

Yann, la voix forte, veste sombre sur chemise blanche se présente à la barre. Il dit la peur, les tirs sans cesse, les revendications, sa soeur blessée qui ne répond pas, sa compagne qui le raisonne, la mort qu'il ressent, un terroriste qui approche...
#proces13novembre /1152

Yann encore et sa soeur qu'il ne veut pas quitter, qu'il veut aider, elle ne peut pas marcher, sa soeur qu'il aide à fuir, elle reçu 1 balle dans la jambe. Il parvient à fuir, il est braqué par un policier, explique qu'il est victime, retrouve sa conjointe
#proces13novembre /1153

Yann et sa soeur, prise en charge, mais dont l'état se dégrade. 4 mois à l'hôpital. Une balle sous le sein, une balle dans la jambe. Sa soeur incroyable dit-il, pleine de vie. J'ai une nouvelle soeur d'une certaine façon dit-il, immensément optimiste
#proces13novembre /1154

Yann, sans doute inspiré par sa soeur, a conclu sur une note d'optimisme racontant qu'après le 13 novembre, un mariage avait suivi, une reconversion et, il y a 3 mois, "la chose la plus belle pour moi a vu le jour, un souffle, la vie, un petit garçon".
#proces13novembre /1155

Theresa, autrichienne, témoigne dans un français parfait. Elle raconte que certains de ses amis avaient porté secours aux migrants qui fuyaient la Syrie, sur cette route empruntée par le commando terroriste.
Et la Syrie qui cette nuit s'invite au Bataclan
#proces13novembre /1156

C'est ainsi que Theresa est entrée dans cette guerre. Au Bataclan, dans le chaos, dans le sang, l'effroi, la peur lorsqu'elle a entendu les revendications des assaillants.
Et puis la fuite. Et les jours qui suivent. La panique. Les souvenirs douloureux...
#proces13novembre /1157

Je retiens de Theresa ces mots, choisis :

"Si je suis ici aujourd'hui, c'est aussi pour les victimes qui n'ont pas de voix, qui souffrent en silence."

Audience levée.
#proces13novembre /1158

Bonjour à toutes et tous. Jour n°26 du #proces13novembre. Retard encore. L'audience a repris. Et toujours, une fois entré en salle d'audience, ce sentiment d'être face à l'océan, avant la plongée, en apnée, en eaux profondes et obscures. Celles de la détresse.
/1159

Melissa et Sylvie viennent de conclure. Face à elle, sur l'écran géant dans la salle d'audience, une photo de Frédéric, leur oncle et frère.
Florence s'avance. "Je n'ai pas pu vous remettre les photos de ma puce." Cette maman les communique à l'huissier...
#proces13novembre /1160

La "puce" de Florence, en photo géante sur l'écran de la salle d'audience, est une enfant souriante. Caroline. Décédée enlacée dans la bras de Maud son amie, au Bataclan dit sa maman d'une voix très douce.
Elle précise être croyante.

#proces13novembre /1161

"Ma fille avait choisi le chemin de l'amour, au contraire de vous , dit -elle aux accusés, et vous avez fait en sorte qu'elle retrouve le chemin de Dieu, le même que le votre apparement." expose Florence, qui dit être profondément chrétienne.
#proces13novembre /1162

"Caroline raconte Florence, sa puce, son rayon, son petit chat, un modèle micro puce, calme timide et sensible, qualifiée de doudou et mascotte de sa classe en Communication. Caroline tuée pour la liberté d'être ce qu'elle était, un doudou qui va à un concert de hard rock." /1163

Plusieurs images accompagnent en salle d'audience le portrait que fait Florence de sa fille, un portrait sensible, celui d'une maman meurtrie. Elle parle de moments foudroyants, "toi Caroline perdue au milieu de cette guerre, ton âme de fleur d'été s'était déjà envolée..." /1164

"Partir courir rester partir courir rester, cette question que je pose, où es tu ? où es tu ? cette question qui me hante désormais pour le reste de ma vie. Aucune distance n'est trop grande pour 2 coeurs enlacés. Un jour je te rejoindrai' dit Florence
#proces13novembre /1165

Florence poursuit et raconte que sa fille a été achevée d'une balle en pleine tête. A bout portant. "On a tué la chair de ma chair, au pif, sans âme, sans humanité, ceux qui ont tué, au même âge que toi, ne savent pas ce que c'est d'avoir un enfant..."
#proces13novembre /1166

Caroline est décédée enlacée dans les bras d'une inconnue, Maud, le visage au creux de son épaule, raconte Florence, sa mère.
C'est ainsi que ces 2 jeunes femmes sont mortes, 2 êtres pétrifiés, figées dans l'amour et la terreur.
Quelle magnifique image.
#proces13novembre /1167

Le frère de Caroline est à côté de sa mère, Florence.
Il lève ses yeux embués, fixe le plafond la salle d'audience pendant le récit de sa maman.
Beaucoup d'émotion, très joli portrait, celui d'une femme éplorée qui dit la douleur d'être dépossédée de la chair de sa chair. /1168

Florence raconte qu'à l'IML, le plus dur a été de ne pas pouvoir embrasser Caroline, sa fille, ni l'étreindre avant sa mise en bière. Elle s'est effondrée lors de l'inhumation, et a vu, levant les yeux, des ballons multicolores s'élever vers les cieux...
#proces13novembre /1169

Sylvie, une autre maman à présent. Celle d'Elodie, assassinée au Bataclan. Son fils, le frère d'Elodie, lui dit que sa soeur est au Bataclan. Sylvie apprend qu'une prise d'otage est en cours, se dit "Elle va se cacher, une prise d'otages c'est bon, ils ne vont pas les tuer" /1170

Et puis Sylvie apprend que des hommes massacrent des innocents. Ils tirent à vue. Elodie a pris une balle dans la joue. Tourbillon, espoir et désespoir. "Votre fille n'a rien vu lui dit-on, son cerveau a été emporté, elle dansait, son visage s'est figé dans la joie..." /1171

"Je sais qu'Elodie ne voudrait pas que je m'effondre. Je ne voudrais pas être très longue dit Sylvie. Merci à ce procès d'exister, à la justice face à ces actes monstrueux. Je supplie les inculpés de parler. Pour comprendre. Au nom de la vie, si précieuse"
#proces13novembre /1172

Comprendre le terrorisme, essayer d'enrayer ça. Comprendre à quel moment il y a la bascule. Comment un jeune homme devient terroriste. Je me mets à la place des parents, je me dis qu'ils ne doivent pas comprendre comment leurs enfants sont devenus comme ça." conclut Sylvie
/1173

Nicolas s'est avancé. Il a acheté ses places "à l'arrache" devant le Bataclan. Avec son amie, ils sont dans la fosse. Des tirs, un homme lui hurle 'Cours !', il voit le dos d'une autre en sang. Les assaillants rechargent. Ils courent, se recouchent. #proces13novembre /1174

"C'est horrible, on ne trouve rien d'autre pour se protéger que les autres personnes. Mon dos est à découvert. Mon amie est au dessous moi. Fort heureusement je n'ai pas été touché. Puis les rafales se sont interrompues. On, est restés disciplinés..."
#proces13novembre /1174

"L'explosion du terroriste sur la scène, les lambeaux humains, l'odeur du sang, et les gémissements humains...plutôt vers l'entrée de la salle" poursuit Nicolas qui raconte la complainte des ténèbres, en quelque sorte. Lui et son amie sont miraculés.
#proces13novembre /1175

"On était tachés. Il a fallu retrouver le lendemain de quoi se vêtir." Ce jeune homme, en veste noire sur chemise à pois, venait de Tours. Son amie de Berlin : "Je ne me suis pas vraiment informé ni cherché d'aide. J'avais pas envie d'en entendre parler"
#proces13novembre /1176

"Mon amie et moi sommes indemnes. Je ne m'en sors pas trop mal. J'ai été un peu suivi par un psychologue. Si ce procès me permet de retrouver un peu de ma sérénité passée, ce serait idéal." dit Nicolas qui pense revoir un psy en marge de ce procès.
#proces13novembre /1177

Sebastien s'avance, en nike Dunk jaunes, jean bleu, et T-shirt noir sur lequel "quand tu es boubou tu sors boubou sur la photo".
Sebastien, robuste garçon, la boule à Z, barbe grisonnante, et lunettes. Il entame son récit. Très vite sa voix vacille...
#proces13novembre /1178

Il raconte "le bruit des pétards, ce bruit qui désaccorde tout, je pense à un fou à l'américaine, les mouvements de foule, on tombe les uns sur les autres, j'ai la vu sur la fosse, un horizon de corps, les rafales s'enchainent, putain j'espère que ça va pas être pour moi" /1179

Sébastien pense à la mort. Se dit qu'une balle dans le dos c'est peut-être moins douloureux. Un homme est mort à ses cotés. Il voit un homme qui avance dans la fosse, enjambe les corps, et tire sur ceux qui bougent. Le président Périès parait captif.
#proces13novembre /1180

Sébastien enjambe les corps un peu plus tard pour s'extraire. Prie pour ne pas faire mal à ceux sur lesquels il marche. "Je leur demande pardon" raconte-t-il la voix étranglée. Et puis là je vois un homme en noir, putain chuis foutu. C'était un policier."
#proces13novembre /1181

"Les policiers nous tiennent en joue. Ils nous disent de courir." poursuit Sébastien qui raconte penser à son ami Chris et à sa copine. Lui est blessé au pied. Trouve refuge chez des gens qu'il remercie à la barre. Puis est pris en charge par les pompiers.
#proces13novembre /1182

"J'ai du sang sur les genoux mais ce n'est pas le mien...dit Sébastien, entre 2 sanglots qu'il parvient difficilement à contenir. "À la caserne, il y a ce garçon, dont la soeur est morte entre ses bras, et des draps blancs, on ne voit pas tout..."
#proces13novembre /1182

Après avoir été pris en charge à l'hôpital, pied fracturé, ligaments brisés, Sébastien apprend la mort de son ami Chris le lendemain :"Je n'ai pas de mots assez forts pour décrire ce que je ressens." dit-il la voix étranglée, les yeux noyés #proces13novembre /1183

Et puis l'IML, la petite amie de Chris, Sebastien embrasse son pote sur le front, s'aperçoit qu'il est froid. Je n'avais jamais vu de morts avant le Bataclan. Je suis mort aussi, une partie de moi est morte ce soir là"
Et puis, la dépression, le fin des concerts, les kilos /1184

"J'ai souvent honte d'être encore englué dans tout ça. Les endroits sous terre c'est fini. Le métro, le cinéma...J'ai honte de ne pas embrasser la vie toute entière. Mais je vais mieux quand même. Je remercie ma femme pour ça." poursuit Sébastien
#proces13novembre /1185

Sébastien se lance dans un couplet amoureux :
"Je vous aime celles et ceux qui ont perdu la vie.
Je vous aime celles et ceux qui sont venus témoigner.
Je vous aime, celles et ceux dont je vois les noms sur la plaque du Bataclan" ./...

#proces13novembre /1186

"Je vous aime, celles et ceux qui sont morts au SDF et aux terrasses.
Je t'aime Chris, Christophe Lelouche.
Quant aux accusés je n'ai aucune haine contre vous.
Mais je ne vous aime pas."

Sébastien conclut en lisant une lettre de son ex petite amie.
#proces13novembre /1187

Une jeune femme qui refuse son prénom soit dit ici entame son récit. Elle n'était pas certaine de venir témoigner. Ce qu'elle fait en mémoire de celles et ceux qui ont été tués. Elle porte une veste sombre, sur un haut noir, et le pantalon qu'elle portait au Bataclan...
/1188

Elle a les cheveux tirées en queue de cheval. Le visage clair, et assez lumineux. Son récit est circonstancié. Sa voix claire aussi. Elle était avec son conjoint au concert des Eagles. "Je passais un super moment, je dansais du mieux que je pouvais..."
#proces13novembre /1189

Les tirs, elle se jette au sol, se protège le visage, puis se relève un instant, elle est touchée. "Je sais que je me suis fait toucher car je me suis relevée..." raconte la jeune femme blessée au bassin. A chaque tir, j'essayais de me fondre avec le sol..
#proces13novembre /1190

"Une femme sur laquelle j'étais que j'appellerai C. a comprimé ma blessure. Nous étions enchevetrés. Il y a avait un garçon aussi, que j'appellerai B qu'on serrait avec C." raconte la jeune femme qui raconte avoir pensé que son conjoint était déjà mort
#proces13novembre /1191

Elle raconte également que selon, elle, les assaillants se donnaient des conseils pour recharger leurs armes. Puis l'explosion du kamikaze sur la scène. Elle évoque "le demi silence glacial" dans la fosse du Bataclan. Les téléphones, les gémissements...
#proces13novembre /1193

Et puis l'intervention de la police. "J'ai dit à C et B qu'ils étaient là pour nous aider." La jeune femme est blessée mais valide. Elle raconte la sortie. Un homme l'appelle dehors. C'est son conjoint, "son homme". "Je quitte C pour aller l'embrasser."
#proces13novembre /1194

Et puis la prise en charge par les secours que raconte la jeune femme. Elle décrit, mâchoires serrées "les photographes des charognards nous ont suivi, mon conjoint a failli en venir aux mains, une image de moi a été utilisée."
Les éclats de balles en elle ont été retirés. /1195

L'après 13 novembre de cette jeune femme, ses séances de psy et au travail, "ne pas être considérée comme une victime, pourtant j'en suis une."
Une jeune femme qui dit à la barre avoir "dit au revoir à celle que j'étais, à celle qui est restée collée face contre la fosse."
/1196

Elle raconte être plus soudée que jamais avec son conjoint. Ce qui n'est pas si fréquent dans toutes ces histoires qui sont racontées face à la Cour.
Cette jeune femme qui ne dit pas son nom, digne, sobre, est aujourd'hui la mère d'une petite fille.

Audience suspendue
/1197

Audience suspendue et pensées à cet instant pour 2 hommes à qui la France rend hommage ce vendredi.

#SamuelPaty et #HubertGermain

2 héros.
Le meilleur de notre Nation

#proces13novembre /1197

David, barbe rousse, veste grise sur chemise blanche et Katie, entièrement vêtue en noire, le bras sous celui de son conjoint sont à la barre. C'est lui qui raconte leur nuit au Bataclan, en anglais. Ils sont britanniques.
#proces13novembre /1198

Ils sont miraculés. David a été blessé. Il a reçu une balle dans le pied. Son récit est précis, calme. Il parle à voix très basse, de façon découpée. Il raconte la fuite, le moment où il est possible de le faire avec Katie entre les tirs.
#proces13novembre /1199

C'est un médecin dans un immeuble, une voisin qui le 1er s'est occupé de son pied, "complètement détruit sous l'impact de la balle" diront les analyses un peu plus tard à l'hôpital St Antoine. David est opéré en urgence.
Puis en Irlande, opéré 4 fois.
#proces13novembre /1200

Entendre son propos en anglais procure une impression très étrange. Je vois le couple de dos. Leurs visages sont projetés sur les écrans de la salle d'audience. Presque le sentiment de regarder un doc US dans lequel les témoignages sont parfaits, émouvants
#proces13novembre /1201

"Unforgettable, This was the best and the worst of humanity, we've met fantastic people..." poursuit David en anglais : "L'amour vaincra" conclu-il avant que son amie Katie ne prenne la parole.
#proces13novembre /1202

David cherche la main droite de Katie qu'il empoigne pendant son récit. Il a le visage désolé. Il a regarde vide. Katie dit simplement, et brièvement, que c'était son devoir de témoigner. Ici, face à la Cour, à côté de son mari. #proces13novembre /1203

David a protégé Katie, faisant de son corps, une barrière contre les balles qui pleuvaient au Bataclan. L'une d'elle a détruit le pied de David. Ses souffrances physiques l'accompagneront toute sa vie. Il a du mal aujourd'hui à jouer avec ses 3 enfants...
#proces13novembre /1204

Après avoir répondu aux questions, toujours extrêmement précises du juge Frédérique Aline, l'une des assesseurs du président Périès, David, avec une canne, et Katie cèdent leur place à Max Edwards, ressortissant britannique "pas habitué à parler en public"
#proces13novembre /1205

Incident :
- le juge Périès : Qu'est ce qui se passe dans le box ?
- Mohamed Amri : y'a quelqu'un qui me regarde sur un banc ...
- Et bien regardez les témoins !
- Je regarde où je veux !
- Vous ne me parlez pas comme cela ! tonne le pdt Périès, vous regardez les témoins!
/1206

Dans la salle, Grégory (sa femme a été assassinée à la Belle Equipe) se lève, il crie en direction du box : "Narvalo ! Guignol !....ta mère!"
Le pdt Périès s'agace, demande aux gendarmes de le sortir de la salle.

L'audition de Max reprend.
#proces13novembre /1207

Max fêtait son 50ème anniversaire le 13 novembre au Bataclan. Il raconte avec cet accent britannique si sophistiqué sa nuit de chaos. Des corps qui tombent sur lui, les mouvements de foule sous les balles. Et les assaillants qu'il décrit comme des ombres..
#proces13Novembre /1208

Max observe la façon dont les ombres tirent pour se frayer un chemin :

"Et là j'ai vu ce visage féminin de si près, je me souviens de ses yeux bleus, pétrifiés par la peur et la douleur avant que tout ne cesse subitement. Elle s'est éteinte devant moi"

Il fond en larmes /1209

Mais Marc (cqfd) se reprend. Son anglais grésille. Il a un timbre de cinéma, qui parfois tire vers les aigus.
En cherchant à fuir, sous le feu, Marc est touché au bras "je me suis dit c'est la fin.mais je me suis rendu compte que je pouvais toujours marcher, avancer". /1210

Il raconte la fuite, la peur, les corps, dont il ne sait s'ils sont vivants ou morts. L'une de ses amies a été gravement blessée. Lui cherche à compresser son bras "Je sentais mon sang gicler. Je n'ai pas pu aider mon amie à se relever..." regrette-t-il à voix très basse. /1211

Il y a pendant le récit très détaillé de Marc, une femme derrière moi, prostrée sur le dossier d'un autre banc. Elle regarde fixement le sol depuis un long moment. Elle paraît accablée. C'est aussi cela, l'atmosphère qui règne en salle d'audience...
#proces13Novembre /1212

Marc a réussi à fuir, des amis ont été blessés mais il est parvenu à se 'reconstruire' semble-t-il.
Je me demande à ce moment si c'est le privilège de l'expérience, de l'âge face au chaos ?
Il n'est pas le seul à son âge à s'en être mieux "sorti" que de nbreux jeunes gens.
/1213

Il est vite retourné en concert. Reste que Marc dit à présent toute la tristesse qui désormais l'accable. "J'étais très énergique, aujourd'hui je suis constamment épuisé. Il y a deux moi. Celui d'avant et celui d'après le 13 novembre."
Ce qui nuance mon post précédent ...
/1214

Marc observe, malgré ses séquelles physiques, qu'il s'en est sorti vivant, avec ses amis. "J'ai eu plus de chance que bien d'autres cette nuit là..." conclut-il très sobrement, dans un filet de voix chevrotant, visage presque juvénile sous sa barbe grise..
#proces13Novembre /1215

Annie Edwards s'est avancée. Elle dit qu'elle témoigne "pour la liberté et face aux accusés, leur dire qu'ils ne nous la voleront pas". Elle exhibe de nombreux tatouages, des rosaces sur ses bras découverts. elle porte une robe à carreaux noir et blanc.
#proces13Novembre /1216

Elle porte de longs cheveux, une paire de lunettes, de nombreuses bagues. Dans l'Eurostar elle a fait un selfie avec Jesse Hugues, le chanteur des Eagles of Death Metal. "Tout le monde savait que mon mari et moi étions à Paris, à leur concert"
#proces13Novembre /1217

Et elle aussi parle de ces sons de pétards. "Whaa qui amène des pétard à un concert ? C'est fou. Mais j'ai vu Jesse Hugues lâcher son micro et courir. J'ai compris qu'il ne s'agissait pas de pétards..." raconte Annie.
#proces13Novembre /1218

"Mon mari m'a ordonné de me jeter au sol, disant qu'il allait me protéger. Impossible sous les coups de feu lui-ai répondu. Il fallait contourner." Annie parle au bassiste derrière un rideau, ce qui n'allait pas le protéger. Il les a hissé sur le podium..
#proces13Novembre /1219

"On a couru et on s'est réfugiée derrière la scène poursuit Annie. Une balle a frappé un mur entre lui et moi. Une partie du mur a ricoché sur ma poitrine. Puis nous sommes réfugiés."
Annie a eu le temps de texter sa fille dans le chaos.
#proces13Novembre /1220

"Là où nous étions cachés, nous sentions de l'eau couler sur nous. (ndlr provenant de toilettes défoncés au dessus par d'autres rescapés dissimulés à l'étage). Une explosion a eu lieu (celle du kamikaze). Je caressais les cheveux d'une jeune française cachée avec nous" /1221

La police intervient. Le mari d'Annie s'extrait le 1er de leur planque de fortune. Il l'intime de ne pas regarder la fosse. Elle l'écoute. Et dissimule le visage de cette jeune française dont elle s'est occupée pendant la fusillade. pour la préserver...

#proces13Novembre /1222

Annie dit avoir perdu la trace de cette jeune femme française. "Je ne l'ai jamais revu. J'aimerais la revoir" dit-elle en écrasant des larmes.
Peut-être que ce procès le lui permettra. Peut-être via la webradio à destination des parties civiles.
Ce serait une belle histoire /1223

Annie : "On me demande si je déteste les terroristes. Ma réponse est non. Il y a suffisamment de haine dans le monde. Mais j'ai pitié d'eux car ils ne ressentiront jamais l'amour et la compassion que nous sommes nombreux à ressentir. Ce doit être un choix bien sombre"
Fort
/1224

Annie conclut :

"Enfin j'aimerais dire un dernier mot aux accusés.
J'aimerais leur dire :

Fuck You !"

La traductrice...ne traduit pas.
Rires en salle d'audience.
Le président Périès ne relève pas.
La Défense non plus

#proces13Novembre /1225

Incident
-que se passe-t-il dans le box ? Calmez vous M. Abrini. dit le président Peries.
-Mohamed Abrini proteste de façon véhémente. Il déplore ses conditions d'audition. Et de détention.
Bakari à présent , sur ses conditions dans le box. On est fouillé 7 fois/jour
/1226

- Les gendarmes nous disent de nous taire. J'ai envie de parler avec mon pote dit Mohamed Abrini.
- Monsieur Abrini, il y a interdiction de communiquer entre vous pendant l'audience.
- ça fait 6 ans que j'ai pas vu mon pote, je lui parle répond Abrini
#proces13Novembre /1227

Le "pote' dont parle Mohamed Abrini, c'est Salah #Abdeslam à côté duquel il est assis dans le box.
Et avec qui il parle régulièrement.

- Je lui parle quand je veux.
- non c'est moi qui décide tonne le président Périès, maintenant vous vous asseyez...

#proces13Novembre /1228

#Abdeslam prend la parole et exige de sortir.
- C'est pas vous qui décidez. Vous vous asseyez et puis c'est tout ! vous voulez un outrage à magistrat, c'est ça que vous voulez ??
Stop, on se calme. Je m'adresse au box. C'est moi qui décide ce qui se passe
#proces13novembre /1229

#Abdeslam affronte le président Périès, le défie du regard. Moi aussi je peux hausser la voix.
- Vous vous taisez, c'est moi qui décide ordonne le président Périès.
Gros Gros duel.
Pourtant le président de la Cour ne vacille pas. ne perd pas ses nerfs
#proces13Novembre /1230

Interruption de séance. Cet incident raconte à quel point les témoignages des victimes irradient dans le box. Personne n'est insensible. Les accusés non plus. Leur colère à cet instant le démontre clairement. Grosse discussions avocats défense/accusés. #proces13Novembre /1231

Quelle tension. Les accusés sont à bout de nerf, c'est clair. La salle d'audience bruisse de stupeur. La cour s'est retirée. Le duel Périès/#Abdeslam (qui lui a demandé de ne pas lui "parler comme à un gamin") s'écrit depuis le 1er jour. Nouvel épisode.
#proces13Novembre /1232

Sonnerie. Tous les accusés se lèvent à l'arrivée du président qui fait 3 rappels :
.Personne ne parle dans le box
.Les contraintes sont des contraintes normales
.Je pense avoir fait preuve de considération pour le box Qu'il en soit de même pour la Cour.

#proces13novembre /1233

Me Johnson, l'avocat de Mohamed Bakkali (soupçonné d'avoir facilité les attentats), en substance :
- M. le président, il n'est pas inaudible de faire état des conditions d'audience de nos clients. Avec toute la considération que l'on doit avoir pour les victimes.
/1234

Me Jonhson : Partant, le respect mutuel sera garanti. Soyez en assuré.
-Le président Périès, agacé et ferme : bien reprenons.
Dans le box, Mohamed Abrini se relève.
- Non M. Abrini ! vous vous rasseyez ! ordonne le président.

L'audition de Max reprend

#proces13novembre /1235

Max, le mari de Annie -comme son épouse après avoir raconté son épreuve dans le chaos du Bataclan- dit avoir non de la haine mais de la pitié pour les prévenus, qui se sont laissé radicaliser. De la pitié encore pour la vie qu'ils vont avoir, emprisonnés
#proces13novembre /1236

Max, en souvenir du #13novembre2015 dit, avant de conclure, s'être tatoué 3 mots sur la poitrine. Il les dit en français avec son accent anglais :

Libertey Egalitey Fraternitey

(naturellement bien orthographiés sur sa poitrine)

#proces13novembre /1237

Mohamed Amri se lève et présente ses excuses au président et à la Cour, explique que Grégory (qui a perdu sa femme à la Belle Equipe) le fixait depuis 3 jours :"Je me suis senti menacé ..."
Je suis au courant, je l'ai fait sortir répond le président Périès
#proces13novembre /1238

Tony, la 50aine, grand, poivre & sel, chemise à carreaux, raconte à son tour le Bataclan, en anglais. Les tirs, l'horreur, les corps et encore les tirs, l'horreur, les corps, la fuite...et soudain les larmes de Tony: Son 1er sms en plein chaos à son épouse
#proces13novembre /1239

Tony se réfugie sur le toit, se cache dans un appartement avec 20 à 30 personnes à l'intérieur. Son amie de concert, Justine, réconforte une autre fille qui venait de perdre son petit ami dans la fusillade.
Mille mots. Mille souvenirs. Mille maux...
#proces13novembre /1240

Tony, évacué par la police, dit avoir vu dans la rue le corps d'une femme, à plat ventre, face contre terre, décédée, à côté d'un corps recouvert d'un drap blanc.
"Je n'oublierai jamais cette image, qui me hante..."
#proces13novembre /1241

Tony observe, lui aussi avec beaucoup de sobriété, qu'il a eu de la chance. Même si l'après 13 novembre a laissé de profondes cicatrices, invisibles. La difficulté de se reconstruire, l'hyper vigilance, mais là aussi la volonté de reprendre les concerts
#proces13novembre /1242

"Depuis, je me suis fait des amis à vie. J'ai une famille française à présent. D'une certaine façon, les terroristes ont raté leur coup" relève Tony. "Il faut comprendre comment des enfants qui jouaient au ballon sont devenus des terroristes. Il faut comprendre cela."
/1243

Tony a quitté la barre et laisse sa place à Michael. Il vient de Newcastle. Il était avec son amie Sarah. Lui aussi s'exprime en anglais, assisté d'une traductrice.
La fusillade, la panique, Sarah et lui qui se jettent au sol. Les assaillants rechargent.
#proces13novembre /1244

Ils se dirigent avec Sarah et la foule vers le podium. Les tirs reprennent. Les assaillants tirent dans la direction de la foule qui fuit. Les corps tombent les uns après les autres. La seule option:"se jeter au sol et faire semblant d'être mort, et prier"
#proces13novembre /1245

Les tirs redoublent. Il s'attend à être touché à tout instant. Dans le Chaos, Tony entend Syrie. Il comprend qu'il s'agit d'un assaut de l'Etat islamique. Il sait dit-il que les assaillants ne les épargneront pas. Il suit la situation en Irak et en Syrie.
#proces13novembre /1246

Tony décrit son expérience de façon très factuelle. Il porte une chemise blanche. Le visage rougi, légère barbe. Lui aussi par de l'explosion du kamikaze et des confettis de chair. Il a pensé à un 4ème assaillant qui tirait, avant de réaliser qu'il s'agissait d'un policier
/1247

Tony décrit les hochements de tête, les murmures, les petits mots, les sourires rassurés, les inflexions de sourcils, parfois, quand dans la fosse il réalise avec les autres que les terroristes sont retranchés au 1er étage, qu'ils ne tireront plus sur eux.
#proces13novembre /1248

Puis l'arrivée de la BRI, lourdement armée, l'évacuation. "Il y avait l'odeur de la poudre et du sang mêlés, que je n'oublierai jamais. Mais lorsque je me suis levé, j'ai réalisé l'ampleur de ce qui avait été commis" raconte Tony...
#proces13novembre /1249

"Les corps à enjamber, des morts, des blessés. Une femme gisait contre les escaliers, grièvement blessée. Nos yeux se sont croisés. Elle m'a tendu la main. La police nous dirigeait vers la sortie. Je n'ai pas pu l'aider. Cette pensée me hante encore"
whaa
#proces13novembre /1250

L'après 13 novembre pour le miraculé qu'est Tony, ce sont les flashs qui reviennent, le stress post traumatique, l'alcool qu'il boit énormément. Il a essayé de revenir en France, en état d'urgence avec des policiers et des militaires partout.
#proces13novembre /1251

Tony a essayé de reprendre son métier de cuisiner. "Mais le bruit, la vue du sang, le rythme rapide, le stress ,font que j'ai quitté mon emploi à Paris. Je suis retourné à Newcastle. 6 ans après, je suis encore marqué. "
#proces13novembre /1252

"Ceux qui ont attaqué la France ont attaqué notre culture commune, notre humanité dit Tony. Ils ont essayé de semer la division. Tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est l'union entre croyants ou non, musulmans, chrétiens et toute religion contre eux."
#proces13novembre /1253

"Leurs premières victimes se sont les syriens, en Syrie. Sur la route de l'exil, en Europe, ils ont saboté la réputation de milliers de migrants, en se prévalant de l'Islam qu'ils ont trahi poursuit Tony. Leur seul adoration c'est la violence et la mort."
#proces13novembre /1254

"Je suis venu ici apporter ma petite pièce au puzzle que nous reconstituons. Je veux voir de mes propres yeux que justice soit faite. Je remercie le pdt et la Cour qui me donnent l'opportunité de le faire."

Grande justesse de Tony que ses amis enlassent.

#proces13novembre /1255

Une question a été posée sur la Webradio, inaccessible dans les pays étrangers. Un problème de sécurité posé au plus haut niveau, qui date du 11 septembre dit le président Périès. Pour l'instant, ilm n'y a pas de solution. C'est une 1ere, il faut du temps.
#proces13novembre /1256

Clarisse se présente. Une jeune femme blonde. Elle montre une photo d'elle et son fils, de 7 ans, le soir du Bataclan ! Il a un casque fluo vert sur les oreilles. C'est de cet enfant qu'avait parlé le policier de la BAC, intervenu le 1er. Incroyable... #proces13novembre /1257

La ligne de conduite de Clarisse en plein chaos : "ne rien montrer à mon fils, lui parler le plus calmement possible. Cette histoire m'arrangeait bien. Il n'aimait pas les pétards. Tant mieux, mon fils comprenait que les gens n'aiment pas les pétards..."
#proces13novembre /1258

Clarisse est sur l'un des balcons. Elle comprend vite ce qui se déroule. Elle voit les assaillants tirer. Puis elle voit les spectateurs ramper derrière eux : "Comment je dis ça à mon fils...on va y aller...je range tranquillement ses affaires..." Dingue
#proces13novembre /1259

Clarisse se dirige vers la pièce dans laquelle l'autre Clarisse éclate le faux plafond. Une autre jeune femme, Emilie, prend son fils dans ses bras, lui parle calmement. "On va fuir par là se dit-elle. C'est tant mieux. Mais les tirs se rapprochent..."
#proces13novembre /1260

Son mari appelle alors qu'elle est dissimulée dans le faux plafond. "Ne t'inquiète pas lui répond Clarisse, on est dans le grenier, sur une dalle, je te rappelle."
Je suis stupéfait par la sérénité absolue de Clarisse lors de son récit, en plein chaos.
#proces13novembre /1261

Clarisse raconte que malgré les cris, les tirs, son fils finit par s'endormir dans ses bras. Elle entend pourtant la prise d'otage juste en dessous. Mais elle communique à son fils la très grande quiétude dont elle fait preuve.
Absolument fou.
#proces13novembre /1262

Quelle histoire! Clarisse et son fils au Bataclan. Il a 7 ans. Et à écouter cette jeune femme à la barre, il semble à ce moment préservé. Remarquable. Son enfant est un symbole pour ceux qui l'ont vu. Et pour le policier de la BRI qui lui parle, gentiment.
#proces13novembre /1263

Son enfant est extrait le 1er. Clarisse veut le rejoindre. Seule dans sa traversée, elle occulte les visions d'horreur. Elle ne se souvient que d'une seule femme, décédée. Son fils est à l'extérieur. Les policiers et les pompiers cherche à le divertir.
#proces13novembre /1264

Clarisse a surjoué une forme de naïveté dit-elle, ce soir là. Mais pour elle l'histoire a commencé après poursuit-elle. Les flashs, la culpabilité. Les questions. Dans quel état est son fils ? aucun trouble disent les psychologues. Il grandit normalement
#proces13novembre /1265

Voici l'histoire d'une femme qui a tout enfoui. Qui cherche à vivre une vie la plus normale possible. Retourner au Bataclan, un ou deux concerts...
On sent pourtant que Clarisse est sur une ligne de crête...sur le point de basculer. C'est étrange...
#proces13novembre /1266

"La dissociation empêche toutes les émotions de ressurgir dit Clarisse, mais cela va arriver très très tard. Les larmes subites, et une profonde tristesse qui s'installe, même quand on est bien, même quand on passe des bons moments. Une partie de nous est morte ce soir là"
/1267

Clarisse, désormais, ne veut plus occulter le 13 novembre, et remercie les policiers de la BRI qui prennent des nouvelles de son fils.
"Avec mon fils on va aller en Angleterre. Ecouter un concert. Les terroristes n'ont pas gagné" dit-elle.

Dingue.

#proces13novembre /1268