Thread by @ThomasWieder

Longue itv d’Angela Merkel @SZ . Question sur la « crise des réfugiés ». Elle ne reprend pas le terme. Le journal le lui fait remarquer. « Oui, c'est vrai. J'évite toujours le mot parce qu'un réfugié en soi n'était pas une crise, selon moi, mais un être humain »

- Comment l'Allemagne a-t-elle changé depuis votre arrivée au pouvoir en 2005 ?

- Le pays a changé, mais bien plus encore le monde qui l'entoure. Et la question est de savoir si nous avons changé suffisamment vite pour continuer à jouer un bon rôle dans ce monde-là.

- Est-ce le cas ?

- Nous avons vu des succès dans la réunification. La migration de l'Est vers l'Ouest a été stoppée et même partiellement inversée. Le fait que les jeunes, en particulier, se déplacent vers les nouveaux Länder est, à mon avis, une très bonne évolution…

…Aujourd'hui, sur la base des réformes de l'Agenda 2010 de Gerhard Schröder, la situation de l'emploi bien meilleure. Le chômage a presque diminué de moitié par rapport à 2005 ; aujourd'hui, le problème est de plus en plus celui de la pénurie de travailleurs qualifiés…

… Nous avons beaucoup progressé sur l’intégration, si l'on considère les qualifications scolaires des jeunes issus de l'immigration. Nous avons beaucoup progressé en matière de recherche et d'innovation...

… Et entre 2010 et 2020, nous avons à nouveau fait de grands progrès dans la réduction des émissions de CO₂, de sorte que nous avons atteint notre objectif national d'économie de 40 %.

- Certains à la CDU disent que nous aurions dû d’abord sortir du charbon puis du nucléaire.

- Ce sont en partie de faux débats, car on ne peut maintenir certaines technologies que dans un certain environnement social...

… Même dans les rangs de la CDU, de la CSU et du FDP, on a été horrifié, après Fukushima, par le fait que dans un pays comme l'Allemagne, la sécurité de l'énergie nucléaire n'est pas aussi garantie que nous le pensions.

Sur la prise de conscience de la gravité de la crise du Covid, Merkel dit : « J'ai lu le livre "Project Lightspeed", de Joe Miller, sur le développement du vaccin Biontech. Uğur Şahin avait déjà compris la dimension de la pandémie le 24 janvier. Je n'ai pas été aussi rapide. »

- Quelle était l'ampleur du conflit entre l'ancienne scientifique et la femme politique Merkel [pendant l’épidémie] ?

- Le conflit était permanent. Certains faits étaient tellement évidents, et pourtant il a fallu du temps pour réagir politiquement…

…Ainsi, on pouvait voir clairement, à l'automne 2020, à quelle vitesse le nombre de cas allait augmenter. Néanmoins, agir préventivement n'a pas pu être possible…

… Ce n'est que lorsque le nombre de cas a augmenté et que l’occupation des unités de soins intensifs s'est considérablement accrue que les écoles, les magasins, les restaurants et les théâtres ont été fermés à nouveau…

… Cependant, ils sont restés fermés plus longtemps que ce qui aurait été nécessaire si des mesures avaient été prises plus tôt. Mais c'est la politique : nous avons besoin de majorités pour prendre nos décisions.

- Pourquoi ne sommes nous pas plus stricts avec ceux qui refusent la vaccination ?

- Je suis quelqu'un qui croit au pouvoir de la raison. Je pense que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter une polarisation majeure de la société.

Quand vous pensez à l'Allemagne, qu'est-ce qui vous inquiète ?

Que le climat politique du pays s'est durci. Quand je suis devenue chancelière, il n'y avait pas de smartphone. Facebook avait un an, Twitter n'a été inventé qu'un an plus tard…

…Nous vivons dans un monde médiatique complètement changé, et cela y est aussi pour quelque chose. (…) Cela change la communication politique. Nous devons nous demander : comment atteindre les gens ?…

… Comment faire en sorte qu'il y ait des discours où les différentes opinions sont respectées et que chacun ne se retranche pas dans un espace d’opinions qui confirment les siennes ?…

… Aujourd'hui, vous pouvez faire confirmer votre opinion personnelle par beaucoup plus de personnes que vous ne le pensez. Je crains que nous ayons de plus en plus de difficultés à trouver des compromis, ce qui est essentiel en démocratie.