Le service CheckNews de “Libération” se penche sur la question de si Emmanuel Macron a vraiment été “lauréat” du Concours général de français. Je lis ça d'un œil distrait, et tout d'un coup, ça fait tic: mais 1994, c'est l'année où je l'ai passé! 😮 •1/15 liberation.fr/checknews/emma…
Pas en français: moi je l'ai passé en sciences physique et en maths. Mais j'ai tant l'habitude d'imaginer les politiques en pensant que ce sont des vieux cons croulants que j'oublie que Macron, lui, est un jeune con, il a un an de moins que moi (ou alors je suis vieux 😅). •2/15
Il a un an de moins, mais comme le Concours général de français se passe en première alors que celui de maths et de physique se passe en terminale, ben nous avons été récompensés la même année. Voilà le random fact du jour, j'ai ce point en commun avec le chef de l'État. •3/15
Bon, alors, pour divulgâcher l'article que “Libé” réserve à ses abonnés: le Concours général des lycées décerne trois types de récompenses: les “prix”, les “accessits” et les “mentions régionales”. La querelle sémantique porte sur le fait de savoir qui est “lauréat”. •4/15
Et on ne peut pas en vouloir aux gens de trouver embrouillée cette terminologie bizarre; en plus, le jury décerne parfois plusieurs prix de même numéro (genre, plusieurs 1er prix mais quand même un 2e) ou en saute un (genre, pas de 2e prix du tout: … •5/15
… je trouve ça ridicule, mais en 1994 il n'y a pas eu de 2e prix en physique, parce que le jury a trouvé ma copie telle qu'ils n'ont pas décerné de 2e prix pour marquer la différence avec le suivant — on me l'a expliqué après). •6/15
Donc oui, les “prix” sont remis (en tout cas, l'étaient en 1994) lors d'une cérémonie interminable dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne dont parle “Libé”: j'étais là. On reçoit des bouquins de l'Imprimerie nationale: j'ai eu les “Chroniques italiennes” de Stendhal, … •7/15
… un livre sur le voyage de La Pérouse, et encore un ou deux autres trucs dont (I kid you not!) un recueil des écrits économiques de Bastiat. Mais je retiens surtout que je me faisais chier parce que ma maman m'avait obligé à porter une cravate, je lui en veux encore … •8/15
… et que cette cérémonie était longue, très longue, parce qu'il y a vraiment beaucoup de disciplines au Concours général, donc même seulement ×3 prix ça fait beaucoup. D'ailleurs, j'étais jaloux: les prix en arts plastiques étaient remis par César, … •9/15
… alors que moi j'ai eu les miens des mains d'un quelconque recteur interchangeable. Macron n'était pas là, mais après, comme moi, il s'est forcément fait racoler par l'Association des lauréats du Concours général, qui met la main sur tous ces jeunes impressionnables … •10/15
… en leur faisant miroiter l'idée de rentrer dans le cercle de l'élite de la France en participant à un banquet annuel d'auto-congratulation: c'est ainsi que je peux prétendre qu'en 1995 j'ai «dîné avec» Maurice Couve de Murville dans les salons du Petit Luxembourg. •11/15
(L'histoire ne dit pas si Couve de Murville, qui était déjà indiscutablement croulant en 1995, a eu un “prix”, un “accessit” ou une “mention régionale”, mais l'Association des lauréats, qui veut gonfler ses rangs, propose à tout le monde d'adhérer.) •12/15
Donc si ça se trouve, Macron était aussi là ce jour-là dans cette espèce de culte du capital culturel du pays, impressionné par le passage de Couve de Murville et se disant qu'il faisait lui aussi maintenant partie de cette “élite”. Peut-être que ça l'a influencé. •13/15
Toujours est-il que “Libé” publie, pour illustrer son enquête, la photo suivante de l'annuaire des membres de l'association (je dois l'avoir aussi), et OH QUE VOIS-JE QUEL EST LE NOM JUSTE APRÈS EMMANUEL MACRON SUR LA PHOTO? •14/15 
Moralité: si Macron avait un peu plus bossé son français et obtenu un prix plutôt qu'une mention régionale en 1994, il serait tranquillement à raconter sa vie sur Twitter au lieu de devoir se faire chier à sauver la planète en jetant des pièces dans la fontaine de Trevi. •15/15
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