Thread by @moteldetective

Cette semaine va être intense dans le Britneyverse: vendredi 12 novembre, le tribunal judiciaire de Los Angeles devrait vraisemblablement prononcer la fin de la curatelle de Britney Spears.

Cette affaire réunissant mes deux passions (Britney + la justice), ce sera mon thread.

La semaine dernière, Britney Spears - qui a remercié le mouvement #FreeBritney - a édité une légende Instagram : "Mon père a peut-être lancé la curatelle il y a 13 ans, mais (...) ma mère est celle qui lui a donné l'idée. (...) oui je vais la pointer du doigt, elle et Lou Taylor"

Ce post IG - à nouveau édité depuis - a été un coup de théâtre dans le Britneyverse. Pour preuve, ce tweet qui le reprend a été liké près d'1 M de fois.

"Mon père n'est pas assez intelligent pour ne serait-ce que penser à la curatelle.", écrit-elle.

https://twitter.com/fcknjam/status/1455686473282252802

Ce post IG vient juste après un autre retournement de situation : la mère de Britney Spears, Lynne Spears, a laissé entendre par le passé qu'elle était du côté du mouvement #FreeBritney.

Elle aurait même fait appel à un avocat pour aider sa fille.

Sauf que...

Lynne Spears a demandé, il y a quelques jours, à ce que tous ses frais d'avocats soient réglés par Britney. On parle de 650.000 $.

Or, on ne sait pas trop ce qu'ils ont fait. Et comment justifier une somme pareille ?

"C'est complètement absurde" ⤵️

https://twitter.com/CA_Divorce/status/1457569065430511624

Mais Britney Spears parle aussi de Lou Taylor. C'est la première fois qu'elle cite publiquement son nom. Mais le mouvement #FreeBritney la connait bien.

Tout a commencé avec ce mail de Britney à son avocat et datant de 2007. Elle appelle Lou Taylor : "a crazy lady".

Lou Taylor est également cité par Lynne Spears dans son livre autobiographique. Elle aurait aidé à la mise en place de la tutelle de Britney Spears en 2008.

Elle est devenue par la suite la "business manager" de Britney Spears en 2009.

Lou Taylor est surnommée Loucifer par les membres de #FreeBritney. Ils la soupçonnent - documents à l'appui - d'avoir escroqué Britney Spears de plusieurs millions de dollars.

A tel point que Matthew Rosengart, le nouvel avocat de Britney, a pris l'affaire très au sérieux.

Je ne rentrerai pas dans les détails chronologiques et juridiques, mais voici deux témoignages à propos de Lou Taylor.

Le 1er est de Courtney Love Cobain, qui explique que Lou Taylor a essayé de la mettre sous tutelle pour avoir la main-mise sur les droits de Kurt Cobain.

(à noter que Courtney Love a été la première à parler de Harvey Weinstein.)

Le 2nd témoignage est celui du père de Lindsay Lohan, qui raconte également comment Lou Taylor a tenté de placer sa fille sous tutelle.

https://twitter.com/BritneyTheStan/status/1456356672096571393

C'est là que ça devient intéressant selon moi.

Dès le départ Jamie Spears, le père de Britney, a qualifié le mouvement #FreeBritney de "blague" et de "théorie du complot". Or, les faits, les témoignages, et la prise de parole de Matthew Rosengart montrent qu'on en est loin.

Britney Spears a longtemps été qualifiée de "malade", sans qu'on ne sache bien de quoi il s'agissait.

Lors de la dernière audience, son avocat M. Rosengart a mis en exergue une absence du dossier : aucun papier médical ne vient justifier la mise en place de la tutelle en 2008.

De la même façon, Courtney Love et Lindsay Lohan tiennent une réputation de cintrées à Hollywood. Qui les aurait cru si elles avaient été placées sous tutelle ?

S'il fallait encore le préciser : on peut être atteint d'un trouble mental, vivre normalement, et dire la vérité.

Mais la conséquence de tout ça est qu'aujourd'hui certains conspi et proches QAnon suivent l'affaire "Britney VS. Spears" (où les preuves et documents s'accumulent chaque semaine) pour instiller leur rhétorique et élargir leur audience.

Aux Etats-Unis, la "loi de l'accès à l'information" de 1966 permet de rendre de nombreuses pièces de dossier publiques.

Cette loi a été très utile au mouvement #FreeBritney. Plusieurs juristes ont ainsi pu fouiller, étudier et dévoiler au grand public des éléments de l'affaire.

Hier, nous avons donc appris que durant ses 13 années de tutelle, Britney Spears a reçu un total de 811.200 $.

Ces 8 derniers mois, les frais d'avocats de son père (et tuteur légal) se sont élevés à 4 millions de dollars. Payés par Britney Spears.

https://twitter.com/notedyourhonor/status/1457838271120113672

En réalité, ce qu'il faut comprendre, c'est que si vendredi signe la fin de la tutelle de Britney Spears, ce sera aussi le début d'une bataille judiciaire particulièrement âpre.

Et qui risque, à terme, de déboucher sur une réforme légale du régime des tutelles aux Etats-Unis.

Le ton commence à monter du côté de Matthew Rosengart, nouvel avocat de Britney Spears.

Depuis 6 semaines, et ce malgré ses demandes répétées, la compagnie Tri Star qui a géré les affaires de Britney Spears depuis 2008 refuse de coopérer.

https://twitter.com/notedyourhonor/status/1458477219697680391?t=JESYYgsjlOhcY6bqVQBKaA&s=19

Tri Star est dirigée par Lou Taylor. Elle a eu un rôle immense dans la tutelle de B. Spears : professionnellement, financièrement, et personnellement. Un rôle bien plus important que celui de simple "business manager".

On le sait depuis le témoignage de B. Spears et d'autres.

Lou Taylor et son bras droit, Robin Greenhill, contrôlaient énormément d'aspects de la vie de Britney Spears.

Le docu "Controlling Britney Spears" révèle une partie de ce contrôle. La chanteuse devait demander leur permission pour absolument tout.

Pour manger des sushis. Pour acheter des baskets. Pour avoir un iPhone. On lui répondait que c'était trop cher, qu'elle n'avait pas besoin, et on lui donnait un iPhone piraté pour voir ses conversations, ses photos, ses recherches internet.

Robin Greenhill la suivait partout.

Matthew Rosengart cherche à documenter les abus répétés et systématiques, en commençant par les malversations financières : combien ont touché Tri Star, Lou Taylor et Robin Greenhill, pour gérer la carrière de Britney Spears depuis 2008 ? Quelles sommes se sont-ils versés ?

Lou Taylor et Robin Greenhill refusent de montrer leurs comptes, de montrer les contrats, les accords financiers et autres correspondances. Elles refusent de témoigner devant la cour.

"Qu'avez-vous à cacher ?“ écrit Rosengart. "Vous savez que légalement, ce n'est pas tenable."

La différence entre une théorie du complot et un fait, c'est l'administration de la preuve.

Si Rosengart demande ces documents, c'est parce qu'il a déjà accumulé des preuves d'abus dans la tutelle de sa cliente...

Dans "Controlling Britney Spears", un ancien employé de Black Box - la boîte de sécurité privée en charge de la protection de la chanteuse - raconte que Robin Greenhill (Tri Star), Jamie Spears et son boss ont décidé de planquer des micros dans la chambre de Britney Spears.

Au lieu de la protéger, Black Box était chargé de surveiller Britney.

L'enregistrement de 180h, caché d'abord dans un coffre, devait être détruit. Mais l'ancien employé de Black Box en a fait une copie.

@LizDDay du NY Times l'a écouté.

https://twitter.com/juniorolivas/status/1456733167801434117?t=79laymLZu-0h17CVnuBJSw&s=19

J-1 avant la fin de la tutelle de Britney Spears (- 2 si on compte le décalage horaire entre Toulouse et le tribunal judiciaire de Los Angeles)

Au début des années 2000, j'achetais de vieux numéros de Rolling Stone consacrés à Britney Spears sur eBay. Le magazine était l'un des seuls à proposer des articles long format comme on aime (ici, les numéros de 1999, 2000 et 2001)

Mais un des numéros qui nous intéresse le plus aujourd'hui, c'est celui de 2008 intitulé "Britney revient" (elle n'était jamais partie, mais c'était déjà un moyen pour ses managers de montrer qu'ils la remettaient sur les bons rails)

https://twitter.com/BritneyScans/status/1412471750080802824

Les passages soulignés portent sur la famille de Britney: l'alcoolisme de son père Jamie, sa mère, qui ne débite que des "platitudes" pour parler de sa fille et son frère, qui vient alors d'être nommé auprès du tribunal responsable d'une partie de son patrimoine.

A propos de l'alcoolisme de Jamie Spears : en 2014, Britney Spears signale à la cour que son père, qui est son tuteur légal et gère ses affaires, s'est remis à boire.
Lors d'une audience, elle demande à ce que des tests d'alcoolémie réguliers soient réalisés sur son père.

"C'est absolument inapproprié. Qui est-elle pour exiger ça de qui que ce soit ?" répond la juge d'alors.

A l'époque, Britney doit faire des prises de sang toutes les semaines pour contrôler si elle ne prend pas de drogues ni ne boit de l'alcool.

Jenny Eliscu, la journaliste de Rolling Stone, écrit en 2008 : "Les avocats ont réussi à rendre la tutelle permanente. Ce qui signifie que si elle n'est jamais contestée, elle pourrait rester en place jusqu'à la mort de Jamie."

L'année suivante, Eliscu essaie d'aider Britney.

Choquée de voir la pop star "avec autant de droits légaux que quand elle était au Mickey Mouse Club", la journaliste tente une rencontre secrète avec Britney Spears.

Dans un hôtel de Beverly Hills, Jenny Eliscu passe à côté de Britney qui se dore la pilule près de la piscine.

Britney Spears et la journaliste se retrouvent dans les toilettes. Jenny Eliscu tend des papiers à Britney et lui montre où signer.

Britney signe le document : son avocat Samuel Ingham III, ne représente pas ses intérêts. Elle souhaite changer d'avocat. Et surtout, le choisir.

La journaliste de RS a pu transmettre la demande à la juge. Mais elle a été refusée, au motif que Britney Spears "n'avait pas la capacité de choisir son propre avocat."

Jenny Eliscu n'a plus jamais revu Britney Spears. Il n'y a plus jamais eu de couverture de Rolling Stone.

Tentons de répondre à cette question !

Il y a deux intérêts distincts : 1) ceux de Tri Star et des managers de Britney Spears, cherchant sans aucun doute à extorquer un maximum de $ issu du travail et du patrimoine et 2) ceux de Jamie Spears.

https://twitter.com/MarieHeleneWK/status/1458754662899798025

Pour donner une idée des ramifications...

La fondation Britney Spears est un camp d'arts du spectacle destiné aux enfants défavorisés. En 2010, les déclarations de revenus montrent que la fondation a fermé et donné 50.000$ à Mercy Ministries, une organisation du Tennessee.

Qu'est-ce que Mercy Ministries ? Une organisation venant en aide aux adolescents en perdition. Mais un scandale éclate : Mercy Ministries pratique les thérapies de conversion et d'anciens résidents dénoncent de nombreux abus physiques & psychologiques.

https://twitter.com/StayHomeArtist/status/1456785766328176642

Par le passé, Lou Taylor et son mari Rob ont apporté, à de multiples reprises et publiquement, leur soutien à Mercy Ministries.

Lou Taylor qui, en 2010, gère les finances de Britney Spears.

https://twitter.com/nancyalcorn/status/274645536135581697

En ce qui concerne Jamie Spears - et ce ne sont que des spéculations car l'ex-tuteur, lui, n'a pas été soumis à une batterie d'expertises psy - : l'intérêt pourrait certes être financier, mais pas que.

"Britney Spears, c'est moi !" aurait-il déclaré.

insider.com/jamie-spears-r…

Dans sa déposition du 23 juin 2021, Britney Spears explique à la cour: "Le contrôle que (mon père) avait sur quelqu'un d'aussi puissant que moi... Il adorait le contrôle (...) à 100.000%."

Début octobre, une journaliste du NY Post se rend dans la ville natale de Britney Spears pour enquêter sur sa famille.

L'article est intitulé "La famille de Britney Spears a un long et sombre passé d'enfermements de femmes."

nypost.com/2021/10/09/bri…

A la journaliste Dana Kennedy, des membres de la famille Spears racontent : le père de Jamie, et grand-père de Britney, a fait envoyer deux de ses femmes à Mandeville, l'hôpital psychiatrique de la région. Il a fait mettre l'une d'elle sous lithium.

Lors de sa déposition du 23 juin, Britney Spears raconte : "Trois jours après avoir dit non à Vegas, mon psychiatre m'a fait asseoir dans une pièce et qu'il avait reçu un million d'appels disant que je ne coopérais pas aux répétitions et que je ne prenais pas mes médicaments...

... Immédiatement, il m'a donné du lithium. Il a arrêté le traitement normal que je prenais depuis 5 ans. Et le lithium est un médicament très, très fort et complètement différent de ma prescription habituelle. (...) Je me sentais saoule. Je ne pouvais plus me débrouiller seule..

... Je ne pouvais plus avoir une discussion, à propos de quoique ce soit, avec ma mère ou mon père. (...) J'avais 6 infirmières chez moi. (...) Non seulement ma famille n'a pas levé le petit doigt, mais mon père était tout-à-fait d'accord. Tout était approuvé par mon père."

Un mois plus tard, en janvier 2019, Britney Spears disparaissait des radars.

Jusqu'au 16 avril 2019, où les créatrices du podcast @BritneysGram reçoivent un appel anonyme.

Un juriste qui travaille dans un cabinet d'avocats gérant la tutelle dit : "Ce qui est se passe est inquiétant, pour le moins qu'on puisse dire... Britney est dans un centre psychiatrique depuis janvier. Ils disent qu'elle y est entrée la semaine dernière, c'est faux."

"... Et il n'y a pas de date de sortie. (...) Je suis juste juriste, je n'ai aucun contact avec elle, mais de ce j'ai compris, ce n'est pas une décision venant d'elle. Pas du tout."

Jusqu'alors, personne n'avait osé parler - célébrités comme "petites mains" - car durant des années, l'équipe de Britney Spears leur fit signer des accords de non-divulgation.

Grâce à ce lanceur d'alerte, le mouvement #FreeBritney prit une ampleur inédite.

Et voilà comment nous arrivons au vendredi 12 novembre 2021, date à laquelle la tutelle de Britney Spears doit être re-examinée devant le tribunal judiciaire de Los Angeles.

J'ai essayé cette explication de l'affaire dans les grandes lignes, j'espère que ça a marché.

A demain !