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L’affaire Weinstein et le hashtag #balancetonporc remuent pas mal les consciences, en premier lieu la mienne (1/x)
Est-ce que j’ai déjà été victime d’agression sexuelle ? Non. Je déroule toutes les situations inconfortables auxquelles j’ai été confrontées
A chaque fois je me dis «oui bon ça... ça m’a pas traumatisée» «ah ouais lui c’était un gros libidineux mais c’était pas si grave»
Et plus j’y pense, plus ça commence à me saouler.
Parce que la réalité est que nous avons grandi avec le fait que les regards lubriques, les «on s’embrasse ?»
les bandes de mecs qui sifflent, les hommes qui te parlent de cul de façon graveleuse, les types qui se branlent dans ta rue à 2h du mat,
les inconnus qui commentent ton physique quand tu vas chez l’ophtalmo, les jeunes qui te suivent en te demandant où tu vas
on a grandi avec le fait que c'était chiant, tout en étant considéré comme « un mardi comme un autre ».
La 1ère fois que ça m'a percutée, c'est quand j'ai réalisé que lorsque l'on se trouve, de nuit, avec une fille seule devant nous...
On fait toutes pareil : on s'arrange pour qu'elle sache qu'on est une fille (et donc qu'elle soit rassurée)
Alors comment cette mentalité a-t-elle pu aussi bien s'intégrer jusque dans nos moindres pores ? Hypothèse :
De manière générale, tout nous ramène constamment à notre condition de femme.
"Si tu aimes la musique, c'est parce que tu sors avec un mec qui aime la musique" ; "une femme qui boit de la bière, c'est pas sexy"
"numéro spécial: les femmes sont à l'honneur aujourd'hui !" ; et mon préféré : "quand t'as une fille, tu te fais plus de souci"
Je n'ai pas plus peur pour ma fille que si elle avait été un garçon. C'est pas une petite chose fragile. Elle saute du haut du toboggan.
Tout le monde peut se prendre une beigne, être victime d'un accident de voiture, se faire emmerder à l'école.
Enfin je sais pas, est-ce qu'on se dit "ah OUF j'ai un GARÇON, il est protégé des aléas de la vie grâce à ses TESTICULES ! YAS !"
Est-ce que je suis à côté de la plaque? J'aimerais qu'on arrête de se faire du souci pour les filles, et qu'on leur apprenne plutôt à
se sentir légitimes. Enfin, "apprendre" ne convient pas. Qu'on leur fasse comprendre qu'elles sont légitimes.
Et qu'on se fasse plus de souci pour les garçons. Pour toutes les raisons que vous connaissez déjà.
