On ne l'a pas vu venir. L'expert informatique vient de jeter un sacré froid devant la cour d'assises de la Somme. Rappel des faits :👇
Le 31 décembre 2016, le corps sans vie de Caroline Pirson, est retrouvé rue Boileau à Saint-Quentin. Cette sourde de 47 ans a été frappée de seize coups de couteau. Le 18 novembre 2020, à Laon, Gérald Descamps, sourd également, est condamné à 20 ans de réclusion pour meurtre
(malgré ses dénégations mais le problème c'est qu'il a dit n'importe quoi pendant l'instruction) Depuis lundi, M. Descamps, 51 ans, comparaît en appel à Amiens. Le verdict est attendu vendredi.
Pour l'accusation, il l'a tuée, a volé sa carte Visa et fait 6 retraits dans St Quentin (02) entre le 30 décembre, 22 h 46 et le 6 janvier, à 19 h 49. Ce soir, l'expert qui a décortiqué le disque dur de l'ordi de Descamps affirme qu'il était sur Facebook le 30/12/16 à 22:50
L'expert dit aussi qu'il ne peut s'agir d'une mise à jour automatique, que Descamps était devant son écran. Je suis allé sur Mappy : entre la banque du DAB et la maison de l'accusé, il y a 9 minutes. S'il était sur Facebook il n'était pas devant le DAB et vice-versa.
Ça bouge encore ! Un témoin cité par La Défense, dans un discours confus, semble dire que la nuit du crime Patrick, dernier compagnon de Caroline, avait sa chemise ensanglantée.
Me Laurent (PC) pense qu’il faut un supplément d’information. L’avocat général aussi. (La Défense l’avait réclamé il y a 2 mois)
Me Crépin demande une suspension pour rédiger « des conclusions aux fins d’un supplément d’information » La présidente décide de poursuivre les débats
Le procès se poursuit donc contre l’avis du ministère public, de la partie civile et de la défense !!!!
Un « docteur en criminalistique » cité par La Défense vient de se faire dézinguer par la PC et le MP façon sulfateuse ! Détails plus tard. Faut que j’écrive mon papier.
Me Crépin développe ses conclusions de supplément d’information. La cour devrait délibérer ce soir. Le procès pourrait tout simplement prendre fin. L’équivalent judiciaire d’un coitus interruptus…
Crépin : « Ce n’est pas un combat de La Défense contre l’accusation. C’est un combat commun pour la justice. C’est l’honneur de la robe que nous portons »
Notons que cette décision sera prise par la cour (présidente et deux assesseurs), et non par la cour et les jurés.
La présidente Troussart reproche à l’avocat général Gacquer son manque de précision. Wilfrid Gacquer : « c’est très désagréable. J’ai l’impression d’être mis en accusation »
Le siège et le parquet qui s’écharpent en audience publique. Cette journée est décidément complètement folle
Décision demain matin.
Chose promise, chose due, évoquons la déposition du docteur en criminalistique, qui a mené une contre enquête. Me Laurent, partie civile, l’attaque : « Vous êtes un détective privé monsieur ! On est sur Netflix ! Je ne vous pose pas de question, je me déshonorerais ! »
L’avocat général Wilfrid Gacquer enchaîne : « Vous venez démonter des années d’instruction qui ont coûté un pognon de dingue. Pour moi, vous salissez la société ».
Last but not least, la présidente : « Vous êtes rémunéré pour enquêter en vue de plaider l'acquittement ?". « Pas encore », lui répond-il. « Et ça ne vous gêne pas ? »
Me Crépin demandera à la présidente de faire acter ses propres propos. Il considère qu'il y a là "une manifestation d'opinion" contraire au code. Elle refusera, tout en assumant ses propos.
On me souffle dans l'oreillette qu'il s'agit de la première présidence d'assises de Marie-Charlotte Troussard, qui fut une juge très appréciée à Senlis. ça va trop loin, ces histoires de bizutage...
Sérieusement, laissons les derniers mots à l'homme derrière les barreaux depuis plus de 4 ans, Gérald Descamps, qui les prononce en langue des signes : "Je suis troublé... ça manque d'organisation au niveau des témoins... ça part dans tous les sens... Moi, dans tout ça..."
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