Thread by @AgeMoyen

Le froid débarque en France et les chauffages vont chauffer (et les factures flamber...). Et au Moyen Âge, comment se chauffait-t-on ? Un thread ⬇️! #histoire #medievaltwitter

Pas de gaz ni d’électricité bien sûr : le bois est la ressource essentielle, le combustible nécessaire à la vie quotidienne de tous. On en consomme des quantités énormes, surtout en hiver bien sûr.

Mais on peut également utiliser le charbon, même si la houille sent mauvais : en 1504, un curé de Rouen porte plainte contre son voisin, un serrurier qui se chauffe au charbon, d’où des « odeurs insupportables » dans le presbytère

Le charbon est en particulier utilisé quand il y a pénurie de bois. En Normandie, par exemple, il y a une grosse pénurie de bois durant tout le XIVe siècle : le bois est alors utilisé pour faire des palissades, dans le contexte de la guerre de Cent Ans... Donc hop, charbon.

Le bois étant une ressource centrale, les forêts deviennent des lieux stratégiques. C’est là que se rendent les populations pour ramasser de quoi alimenter leurs feux. Le terme même de « chauffagium », en latin, désigne initialement le droit de prélever du bois mort pour le feu

Mais la forêt est également le lieu où les nobles viennent chasser, d’où de nombreux conflits d’usages. Très vite, les seigneurs cherchent à se réserver l’usage des zones boisées ; ces espaces privatisés prennent le nom de « defensi » : autrement dit des lieux défendus, fermés.

Au milieu du XVe siècle, le règlement forestier de Talmon Saint-Hilaire indique par exemple que les hommes et femmes qui paient le droit de prélever du bois peuvent se rendre en forêt pour ramasser « tout bois sec et mort pour chauffage », « sauf dans les défens ».

Par ailleurs, à la fin du Moyen Âge, la superficie totale des forêts a reculé. Le manque de bois devient une question cruciale et les règlements visant à mieux gérer ces ressources naturelles se multiplient.

On pourrait s’attendre à une flambée des prix du bois : mais les municipalités prennent le plus souvent des mesures visant à réglementer les prix. Une émeute est si vite partie...

Dans sa thèse, Camille Fabre montre ainsi qu'à Toulouse, à partir de 1500, les autorités urbaines prennent peu à peu le contrôle de la vente de bois : d’abord en imposant deux endroits où le vendre, avec de lourdes amendes à la clé pour les marchands qui désobéissent.

En 1518, le conseil municipal va plus loin : désormais, c’est la ville elle-même qui achètera TOUT le bois, en levant une contribution extraordinaire sur les habitants. Bref, on nationalise/communalise la vente de bois, afin de contrôler les prix et les approvisionnements.

Entre privatisation par les seigneurs et gestion par la commune, conflits d'usage et montée des prix, sans parler des enjeux écologiques, la question de l’énergie au Moyen Âge s’avère riche d’enseignements !

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