Thread by @aureliesarrot

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58
Aujourd’hui de nouveau c’est « Lilou » de Montpellier au contrôle #gendarmerie

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58 #gendarmerie

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58
Aujourd'hui, la cour doit entendre le Azdyne et Maya Amimour, le père et la sœur du kamikaze du #Bataclan Samy Amimour. cc @LCI

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58
Le père d'Ismaël Omar Mostefaï, autre kamikaze du #Bataclan, devrait lui aussi être entendu ce vendredi par la cour.

#Procès13novembre
Semaine 14 Jour 58
Ou le frère d'Ismaël Omar Mostefaï, kamikaze du #Bataclan Ca n'est pas très clair encore. On ne sait pas ici si c'est le frère ou le père d'Ismaël Mostefaï qui sera entendu.

#13novembre L'audience est reprise.
Le président :"Messieurs Abdeslam et Krayem sont absents et en salle d'attente. Les sommations d'usage vont être faites". L'audience est suspendue.

#13novembre L'audience est reprise.

#13novembre Après sommation, Messieurs Abdeslam et Krayem refusent de comparaître, le président passe outre l'absence de ces deux accusés.

Le président demande à tout le monde de bien garder les masques.

#13novembre
2 nouvelles constitutions de parties civiles à présent, de personnes qui étaient à la terrasse du restaurant le Louisa Maria où une balle a été tirée.

#13novembre
Azdyne Amimour, père du kamikaze du #Bataclan Samy Amimour, arrive à la barre. Il a les cheveux blancs. Il porte une veste beige, et un pull jaune clair.
Il est retraité, a 74 ans et réside à Liège en Belgique

#13novembre
Le président : connaissiez-vous les accusés.
Azdyne Amimour: Les accusés?
Le président : oui les accusés, il manque Krayem et Abdeslam.
Azdyne Amimour regarde le box : Non non

#13novembre
Azdyne Amimour jure de "dire toute la vérité". Le président l'invite à faire sa déclaration spontanée.

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'étais en Belgique quand j'ai appris l'attentat. Je suis rentré le dimanche à Paris. Je savais qu'il y avait un attentat, c'est tout. Le lundi, ils sont venus nous chercher, moi, ma femme, ma fille, on a été en garde à vue. "

#13novembre
Azdyne Amimour :"Je ne savais absolument rien. J'ai appris ça pendant ma garde à vue. On m'a interrogé plusieurs fois. J'ai passé 4 jours, 4 nuits en garde à vue et on m'a relâché"

#13novembre
Azdyne Amimour :"Y'a eu plusieurs interrogatoires, voilà, j'ai répondu sincèrement à toutes les questions qui m'ont été posées. L'agent m'avait mis à l'aise. Il était professionnel. J'étais serein, cool et décontracté malgré la garde à vue"

#13novembre
Le président :"il est fait mystère pour personne que votre fils a participé aux attentats, comment en est-il arrivé là ?"

#13novembre
Azdyne Amimour : "il a eu une bonne éducation, un parcours scolaire sans faute, collège, brevet, bac du 1er coup. Il s'est inscrit pour une licence en droit."

#13novembre
Azdyne Amimour : "Après tout s'est passé à une vitesse vertigineuse. Il s'est intéressé à la religion, j'étais pas contre. Il a fréquenté la mosquée, a changé sa façon de s'habiller. J'étais inquiet. Je faisais la navette entre la Belgique et la France."

#13novembre
Azdyne Amimour sur les fréquentations de son fils Samy:"Il allait faire du foot. Il y avait ses fréquentations à la mosquée du Blanc Mesnil. Il parait qu'il y avait 1 imam salafiste.J'ai été avec lui à la mosquée, j'ai entendu le prêche, j'ai rien remarqué d'anormal"

#13novembre
Azdyne Amimour : "Je préférais qu'il s'intéresse à la religion qu'il aille à la mosquée plutôt qu'il aille dans la drogue et devienne dealer". Selon lui c'est vers 17-18 ans que son fils s'est intéressé de près à la religion.

#13novembre
Azdyne Amimour:"Il a commencé à changer sa façon de vivre, mettre un qamis... Les fréquentations, il avait des copains à lui du quartier, des gens de bonne famille. L'un d'eux je crois que c'était un ingénieur"

#13novembre
Le président : il est parti en même temps que Mostefaï, impliqué dans les attentats. Vous le connaissiez?
Azdyne Amimour:"Non, mais je crois pas qu'ils sont arrivés ensemble.
Le président : ils sont arrivés plus ou moins ensemble en Syrie

#13novembre
Azdyne Amimour précise que son fils Samy ne lui a pas dit qu'il irait en Syrie mais qu'il partait dans le sud de la France avec des copains. "Ce jour-là, il m'a embrassé, j'ai un peu tiqué". Ma femme m'a dit qu'il voulait simplement m'embrasser.

#13novembre
Azdyne Amimour:"J'ai un peu tiqué, il (son fils Samy AMimour) n'avait pas l'habitude de m'embrasser, c'était à l'été 2013. Trois -quatre jours après, il a appelé pour dire qu'il était en Syrie"

#13novembre
Azdyne Amimour:"Je travaillais en Belgique et je rentrais le week-end en France".
Le président : quand vous apprenez par votre épouse qu'il est parti en Syrie, qu'est ce que vous faites?

#13novembre
Azdyne Amimour:"on parlait avec lui par Skype, j'ai posé une question, il ne voulait pas répondre. J'ai pas voulu couper le contact. j'ai pas cherché à savoir ce qu'il se passait"

#13novembre
Azdyne Amimour:"Je connaissais la Syrie, j'y ai été plusieurs fois, je connaissais le dialecte syrien. Je lui ai dit de se pencher sur la langue, pour parler, se défendre. IL ne disait rien.

#13novembre
Azdyne Amimour:Sauf qu'à un moment donné il parlait d'un cyber café, j'ai vu des kalachnikovs derrière. Il m'a dit que ça appartenait à des clients."

#13novembre
Le président : c'est pas fréquent quand même des cybercafés avec des kalachnikovs, ça ne vous a pas inquiété plus que ça
Azdyne Amimour: si mais il m'a dit que c'était à des gens .

#13novembre
Azdyne Amimour: Moi il m'a dit qu'il était parti là-bas pour aider, les enfants. Il avait vu des enfants déchiquetés. Il disait qu'il donnait des vêtements, faisait des maraudes. Samy était un enfant gentil, sage, intelligent, on le croit

#13novembre
Le président: On sait qu'il a fait partie de katibat
Azdyne Amimour: Quand j'ai été en Syrie, quand j'ai vu,

#13novembre
Le président; A quel moment vous comprenez qu'il n'est pas dans l'humanitaire, qu'il a participé à des bataillons..?
Azdyne Amimour:J'ai appris ça qu'après.

#13novembre
Azdyne Amimour: Il nous encourageait de venir, il disait qu'il était bien, dans une maison.
Le président : vous aviez vu des kalachikovs et lui vous dit qu'il est dans "l'association Jabat Al Nosra"

#13novembre
Azdyne Amimour : une cousine dans l'humanitaire m'a dit que Jabat Al Nosra c'était une association. Moi je pouvais pas savoir qu'il participait à des combats.
Le président: dès 2014,Samy Amimour est dans une katibat et participe à des exactions. Dites-nous la vérité

#13novembre
Azdyne Amimour : Je suis allé en 2014 en Syrie pour aller chercher mon fils. Le procureur m'a appris d'une façon brutale que mon fils était au Bataclan, j'étais abattu, la tristesse, tout de suite on me ramène en cellule.

#13novembre
Azdyne Amimour :Après un autre interrogatoire, on me demande si j'ai été en Syrie, j'ai dit non. Pour moi ça n'était pas un mensonge mais un refus de communiquer. J'y suis bien allé (en Syrie), en 2014.

#13novembre
Azdyne Amimour : Je suis allé d'abord en Turquie, je suis arrivé dans la ville où il est passée en voiture avec ses copains, à Antioch. J'ai pris un taxi collectif pour passer la frontière, faire des repérages.

#13novembre
Azdyne Amimour : Il savait pas que j'étais en Turquie, je voulais lui faire la surprise. Je l'ai appelé, je lui ai dit que je venais pour le voir. J'ai eu une intoxication alimentaire, j'ai été cloué au lit une dizaine de jours.

#13novembre
Azdyne Amimour :" J'ai pris un bus, je suis arrivé à Gaziantep. Il m'a dit que quelqu'un allait venir me voir. Quelqu'un est venu, m'a dit de descendre à la réception de l'hôtel, de ne parler à personne"

#13novembre
Azdyne Amimour :"Je suis monté dans un minibus déjà chargé. Avant de monter on m'a dit pourquoi je partais en Syrie, j'ai dit pour voir mon fils, il m'a dit :"on n'a pas le droit'". Il m'a dit qu'il devait appeler son supérieur et voir avec lui"

#13novembre
Azdyne Amimour :"Quelqu'un d'autre est venu me voir à l'hôtel, et on est parti en Syrie."
Le président: d'accord et vous êtes allé où, vous avez vu qui?
Azdyne Amimour : "j'étais malade, on a passé la frontière. Il faisait très très très très chaud. "

#13novembre
Azdyne Amimour :"on a traversé un barrage, on a vu un drapeau noir"
Le président : le drapeau de l'Etat islamique
Azdyne Amimour :"Oui, et on nous a séparés, les femmes d'un côté, les hommes de l'autre"

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'ai discuté avec un Allemand converti, j'ai dit que j'allais chercher mon fils. Il m'a dit qu'il allait me présenter l'émir. L'émir était dans l'escalier avec une dizaine de personnes. J'ai donné le nom de mon fils. Il m'a demandé dans quel katibat

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'ai donné le nom de la katibat. L'émir a renvoyé tout le monde. Il m'a dit : suivez-moi. J'avais peur d'être tombé dans la mauvaise association.
Le président : vous me rappelez le nom de la katibat
Azdyne Amimour :"je l'ai noté mais..."

#13novembre
Azdyne Amimour :"Quand je suis rentré dans le bureau de l'émir, il m'a pris dans ses bras, m'a embrassé, m'a dit que mon fils était dans la katibat des héros. C'est là que j'ai compris"

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'ai vu mon fils, je me rappelle de cette période là, c'était la période de la coupe du monde. IL ne m'a pas dit grand chose"

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'ai fait un rêve prémonitoire, je le voyais blessé. Quand je l'ai vu, je ne l'ai pas reconnu, il avait des béquilles, une tenue militaire, je crois une kalachnikov"

#13novembre
Azdyne Amimour :"Il (Samy) m'a fait un sourire. Je lui ai dit que j'avais rêvé qu'il était blessé. Son copain conduisait la voiture. Y'avait pas vraiment de communication"

#13novembre
Azdyne Amimour :"On est allé dans un hôpital. "Y'avait des blessés qui étaient là dans quatre ou cinq lits.

#13novembre
Le président : vous lui avez dit pourquoi vous étiez là?
Azdyne Amimour :"Non non sinon ça aurait mal tourné. J'ai essayé d'aller doucement avec lui , lui dire que je le comprenais"
Il dit être resté 4 jours en Syrie avec son fils Samy Amimour.

#13novembre
Le président :mais vous avez discuté avec lui quand même en 4 jours?
Azdyne Amimour : à peine, à peine une phrase...

#13novembre
Azdyne Amimour :"J'ai essayé de faire un peu d'humour, il me regardait de travers. Je suis venu, j'ai essayé de repartir, de prendre du recul, revenir une 2e fois pour essayer de faire quelque chose."

#13novembre
Azdyne Amimour ne se souvient pas de la kunya de l'émir qu'il a rencontré.
Le président : avez-vous demandé à votre fils ce qu'il avait fait, s'il avait participé à des combats

#13novembre
Azdyne Amimour : "Je lui ai posé deux questions, mais j'avais l'impression de l'enquiquiner "
Le président: "mais vous avez compris qu'il faisait partie de Daech et de l'État islamique ?"
Azdyne Amimour : "ha oui oui "

#13novembre
Le président : vous lui avez demandé s'il allait repartir?
Azdyne Amimour : je lui ai posé des questions, notamment sur ses blessures. Chaque fois il (Samy Amimour son fils) m'envoyait balader.

#13novembre
Azdyne Amimour : Je savais même pas où il crechait, on a passé la nuit à l'hôpital, au commissariat. J'étais pas très très à l'aise, y'avait rien à faire. J'arrivais pas à communiquer (..) Je ne sais pas s'il a reçu des intructions.

#13novembre
Le président : mais en partant, vous lui dites au revoir quand même
Azdyne Amimour : oui oui
Azdyne Amimour précise que son fils a arrêté ses contacts avec lui 6 mois avant les attentats.

#13novembre
Azdyne Amimour explique qu'à chaque fois qu'il tentait de joindre Samy son fils, sa femme disait qu'il était "allé à la piscine, allé faire des courses, qu'il jouait avec des chats..."

#13novembre
Le président : vous avez vu des vidéos sur ce qu'il se passait là-bas? Vous saviez ce que faisait Daech.
Azdyne Amimour : Oui oui, j'essaie de me documenter

#13novembre
Le président : Vous avez entendu parler d'Abdelhamid Abaaoud, il y a une vidéo où on le voit traîner des cadavres
Azdyne Amimour : : oui oui j'ai vu ça

#13novembre
Azdyne Amimour a parlé avec son fils Samy de la vidéo d'Abdelhamid Abaaoud trainant des cadavres : Il (son fils Samy) a critiqué ce bonhomme-là (Abaaoud). Il a dit qu'il ne voyait pas pourquoi il faisait ça parce que les gens étaient déjà morts.

#13novembre
Azdyne Amimour : J'ai vu une vidéo où il disait aux gens d'aller faire le djihad, d'agresser des gens avec des pierres. J'ai vu cette vidéo, j'ai essayé de l'éviter mais bon. Je crois que je l'ai vue après les attentats

#13novembre
Le président : Vous ne l'avez pas vu en train de s'en prendre aux prisonniers?
Azdyne Amimour : non non, je crois que c'est Georges Salines avec qui j'ai écrit un livre qui m'en a parlé

#13novembre
Azdyne Amimour dit qu'il n'a pas vu la vidéo où son fils commet des exactions.

#13novembre
Le président insiste : Vous n'avez pas vu la vidéo où votre fils et d'autres sont tout simplement en train de décapiter des otages, avec un couteau, très longuement...
Azdyne Amimour : J'ai pas vu ça, je l'ai appris par Georges (Salines)

#13novembre
Le président : vous avez eu peur là-bas?
Azdyne Amimour : Non j'ai eu peur après

Azdyne Amimour répète qu'il était malade, qu'il essayait d'aller mieux sur place

#13novembre
Azdyne Amimour : j'ai vécu des événements dans ma vie: Belfast, l'Algérie... J'avais un peu l'habitude. Je ne crois pas à l'astrologie. Je suis scorpion, il parait que les scorpions ils ne réfléchissent pas ils foncent, on m'a dit ça après.

#13novembre
Azdyne Amimour :C'était pendant la coupe du monde (12 juin au 13 juillet 2014), je me rappelle. J'étais dégueulasse, j'ai demandé à mon fils d'aller chez le coiffeur, il m'a dit qu'il n'y avait pas de coiffeur là-bas.

#13novembre
Azdyne Amimour : je suis pas revenu (en Syrie) car il y a eu des bombardements entre temps
Le président : les bombardements c'était en septembre 2015 plutôt

#13novembre
Azdyne Amimour est maintenant assis sur une chaise à la barre.

#13novembre
Azdyne Amimour :"Mon fils a été complètement lobotomisé. C'est difficile de savoir ce qu'il pense dans sa tête, j'ai essayé de l'égayer avec le foot, ça n'a pas marché. Je me suis dit si j'insiste trop il ne va pas vouloir que je revienne."

#13novembre
Azdyne Amimour :"Après les attentats de janvier 2015, quand j'ai entendu le président dire qu'ils allaient perquisitionner partout, je m'attendais à ce qu'ils viennent perquisitionner chez nous"

#13novembre
Le président: dès mars 2015, votre file Maya a eu des problèmes avec la police et la justice par rapport avec le départ de Samy. Ca ne vous a pas interpellé ?
Azdyne Amimour : Moi je pense qu'elle a fait ça naïvement, elle voulait rendre service à son frère

#13novembre
1er assesseure: vous êtes entendu le 16 novembre 2015 quand vous êtes placé en garde à vue après les attentats, vous dites que votre fils était gentil, que c'était une proie facile et qu'on pouvait facilement l'embobiner. Qu'il était tout le temps sur Internet.

#13novembre
1er assesseure: le 16-10-12, votre fils a été interpellé au domicile de Drancy
Azdyne Amimour :"J'étais là, j'étais inquiet, ils sont venus le chercher; Ma femme et moi on était menottés dos à dos. J'ai demandé aux policiers: c'est quoi? C'est une question de drogue"

#13novembre
Azdyne Amimour :"les policiers m'ont dit que c'était plus grave que ça. Samy m'a dit : 'papa papa j'ai rien fait de mal'. Ils lui ont mis la cagoule et ils l'ont emmené. Après Samy m'a dit que son copain avait hébergé quelqu'un qui était fiché.

#13novembre
1er assesseure: La procédure ouverte est pour une association de malfaiteurs terroriste, votre fils est mis en examen et ressort en octobre 2012, placé sous contrôle judiciaire
Azdyne Amimour: Lui m'a dit qu'un de ses copains avait hébergé quelqu'un qui était fiché.

#13novembre
1er assesseure: des vidéos ont été retrouvés dans les affaires de votre fils, des vidéos de Ben Laden, sur le djihad...
Azdyne Amimour: Lui m'a parlé d'un savant musulman
1er assesseur : là je vous parle de Ben Laden, vous savez qui sait?
Azdyne Amimour : oui oui

#13novembre
Azdyne Amimour : sur la vidéo de Ben Laden, on avait un différend, il n'était pas stable. Il me parlait du bien de Bel Laden. Un mois après il me dit: tu sais que Ben Laden travaille avec la CIA? Il était influencé par un personnage mais sans comprendre.

#13novembre
1er assesseure: Vous saviez que votre fils s'entrainait au tir?
Azdyne Amimour: Non j'ai appris ça après, après les attentats

#13novembre
1er assesseure: Votre fils était chauffeur de bus à la RATP.
Azdyne Amimour: Il est resté une année ou un peu plus et s'est arrêté. Il m'a dit je prends une année sabbatique. Je me suis dit ça peut pas marcher...

#13novembre
Azdyne Amimour: J'ai appris que la RATP ne pouvait pas financer une année sabbatique, ça ne marchait pas (en fait il avait démissionné) (...) On pouvait rien faire, attendre. Y'avait pas de numéro vert à l'époque, on pouvait qu'attendre.

#13novembre
Azdyne Amimour: Je sais que Samy était quelqu'un de fébrile, de faible, qu'il peut être facilement influencé.

#13novembre
Assesseure: vous avez dit que votre fils disait que la France était le pays des mécréants,qu'il vous reprochait d'y rester,qu'il vous demandait de le rejoindre,qu'il ne rentrerait pas et vous vous partez le chercher en Syrie, ça vous semble cohérent?
A.Amimour: oui

#13novembre
Azdyne Amimour: Moi dans ma tête, ils l'ont tellement impliqué qu'il ne peut plus faire marche arrière. Moi quand je suis parti c'était dans l'espoir de le faire revenir.On peut toujours espérer qu'il change d'avis, il y a des repentis, j'avais cet espoir-là.

#13novembre
2e assesseure : quand Samy Amimour vous dit qu'il part dans le midi avec des copains vous le croyez? Alors qu'il y a des signes, qu'en 2012 il a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste...

#13novembre
Azdyne Amimour: oui, je le crois. Moi il m'a parlé d'un copain qui avait hébergé quelqu'un de fiché

#13novembre
2e assesseure : étiez-vous au courant qu'il avait mis des fonds pour un studio à Saint-Denis?
Azdyne Amimour: non. je sais qu'il avait un compte en banque, qu'il avait travaillé.

#13novembre
2e assesseure :On sait qu'il fréquentait un club de tir de la police. Il avait un attrait pour les armes?
Azdyne Amimour: Ca ne je l'ai appris qu'après les attentats.

#13novembre
2e assesseure : Aviez-vous relevé une appétence pour la violence de votre fils, que vous décrivez comme un gentil garçon, sympathique, normal ? Vous dites qu'il était influençable, apparemment vous n'avez pas d'influence sur lui quand vous êtes allé en Syrie.

#13novembre2015
2e assesseure : Pourquoi ils ne vous répond pas sur ses blessures?
Azdyne Amimour: Je ne sais pas, peut-être il a eu des instructions.

#13novembre2015
2e assesseure : j'ai un problème avec la chronologie, vous dites être allé en Syrie en juin (ou juillet) 2014, et il est blessé en août...
Azdyne Amimour: Le lendemain c'était le Ramadan et le surlendemain la proclamation du Califat.

#13novembre2015
2e assesseure : Pour repartir de Syrie en Europe, vous avez eu des difficultés?
Azdyne Amimour: non non non j'ai traversé normalement, y'avait pas de problème. Et puis je suis retourné dans le même hôtel en Turquie et j'ai pris l'avion.

#13novembre2015
2e assesseure : Vous avez dit qu'en rentrant vous avez échangé plusieurs fois avec votre fils, et que 6 mois avant les attentats vous n'avez plus eu de nouvelles.
Azdyne Amimour: Parfois on appellait, il ne répond pas, on attend qu'il appelle

#13novembre2015
2e assesseure : Il communiquait avec vous, plus que pendant votre séjour
Azdyne Amimour: ha mais pas beaucoup
2e assesseure: vous aviez compris qu'il ne rentrerait pas en Euros
Azdyne Amimour : oui j'avais compris

#13novembre2015
Azdyne Amimour: J'ai appris, par le maire de la ville, que le jour des attentats à 13 heures, il était dans le quartier, là où on habite, à Drancy. J'ai demandé à voir la vidéo, on m'a dit on peut pas.

#13novembre2015
2e assesseure :Vous pensez qu'il est venu?
Azdyne Amimour: Je ne sais pas, venu faire quoi. Il pouvait téléphoner s'il voulait nous voir. On n'a jamais pu voir la vidéo.

#13novembre2015
Magistrate : quand l'émir vous a dit qu'il avait rejoint la brigade des héros, vous avez compris quoi?
Azdyne Amimour: j'ai compris qu'il allait s'engager avec Daech pour combattre tout ça.

#13novembre
Magistrate : Vous n'avez pas pensé à une opération martyre
Azdyne Amimour: oui j'ai pensé un petit peu à ça

#13novembre
Avocate générale : vous dites avoir refusé, devant les enquêteurs de la DGSI, d'évoquer le voyage en Syrie car vous avez appris pendant votre garde à vue la mort de votre fils.

#13novembre
Avocate générale : Vous êtes en garde à vue au surlendemain dans lequel votre fils est impliqué, on comprend que vous n'ayez pas eu envie d'évoquer ce séjour en Syrie? Quelles sont les raisons de ce mensonge?

#13novembre
Azdyne Amimour: je ne vois pas ça comme un mensonge, j'étais cool et décontracté. S'il m'avait parlé du voyage en Syrie avant le passage chez le procureur, je lui aurais tout dit.

#13novembre
Azdyne Amimour:Mais le procureur m'a appris ça (la mort et l'implication de son fils) d'une façon brutale. On me ramène en cellule, j'étais abattu, puis on me ramène en interrogatoire avec le même officier

#13novembre2015
Avocate générale : dans le procès-verbal vous dites que vous n'avez pas franchi la frontière, ce, avant la prolongation de garde à vue par le procureur. Pourquoi ce mensonge? Ou tout du moins cette omission?

#13novembre
Azdyne Amimour : Quand j'ai donné l'interview au Monde (sous pseudo), j'ai dit que j'ai été.lemonde.fr/m-actu/article…

#13novembre
Avocate générale : Dans l'interview au Monde vous dites: Un collègue de mon fils m’a montré des films où eux-mêmes assassinent des mecs à bout portant. J’ai vu des images horribles. Je saturais"..

#13novembre
Azdyne Amimour : "Oui c'est vrai bien sûr mais qu'est ce qu'on peut faire. J'ai même pensé à pire, que mon fils montre l'exemple, qu'on allait lui demander de me décapiter. J'ai eu la trouille plusieurs fois mais pas sur le champ".

#13novembre
2e assesseur : l'épouse religieuse de votre fils, Kahina; dit que Mostefai était le meilleur pote de Samy et qu'elle est la femme d'un kamikaze. Aviez-vous un lien avec les parents de cette jeune femme.

#13novembre
Azdyne Amimour : non aucun contact. Juste il y a un mois, car je comptais repartir (en Syrie). Car ma petite fille est là-bas (Kahina a eu un enfant avec Samy Amimour et un autre après);

#13novembre
Azdyne Amimour : "J'ai appris que ma petite fille était en vie, qu'elle avait un petit frère. Mais ils n'arrivent pas à la localiser. J'ai réussi finalement à la localiser, je sais dans quel camp de réfugiés elle est, qu'elle va à l'école."

#13novembre
Azdyne Amimour : "J'ai envoyé un message sur Whatsapp, mais la maman refuse de me contacter. Je suis allé voir ses parents, la mère m'a dit qu'elle ne voulait plus entendre parler de ça. Moi je comptais repartir pour voir la petite. "

#13novembre
Azdyne Amimour : "Mais Kahina (l'ex femme de Samy Amimourà ne veut pas me contacter et elle ne veut pas que je la contacte. "

#13novembre
Me Rimailho : Vous n'étiez pas souvent à la maison pendant la jeunesse de Samy
Azdyne Amimour : On me reproche souvent ça. Une seule fois je suis parti un mois au Sénégal et au Mali. Mais sinon j'étais là.

#13novembre
Me Rimailho : Votre fils était assez introverti, votre femme dit qu'il était psychologiquement fragile, avez-vous ce sentiment?
Azdyne Amimour : Oui. Je sais qu'il a perdu une cousine qui s'est suicidée. Ma femme dit que ça l'a travaillé.

#13novembre
Azdyne Amimour : Il communiquait pas beaucoup. Je ne sais pas s'il ne s'est pas trouvé mal entre deux soeurs.
Me Rimailho : votre épouse a parlé en garde à vue de ce malaise d'être entre deux soeurs.

#13novembre
Me Rimailho : Sa cousine est morte en 2004. En 2005 il commence à prier. Votre femme dit l'avoir vu avec un couteau de boucher, une feuille et un stylo dans la chambre de sa soeur
Azdyne Amimour : ca prouve qu'il communiquait plus avec sa mère qu'avec moi

#13novembre
Azdyne Amimour : Je ne crois pas que tout ça vienne du suicide de sa cousine. Je pense que c'est une influence de son entourage;

#13novembre
Me Rimailho : Vous avez cherché à accompagner votre fils sur la religion?
Azdyne Amimour : Je l'ai accompagné dans la religion pour mieux le contrôler. Je me suis mis à prier.

#13novembre
Azdyne Amimour :Maintenant je suis pratiquant. La mosquée c'est pas mon truc. j'ai été déçu plusieurs fois. On n'est pas obligé d'aller à la mosquée.

#13novembre
Azdyne Amimour : Samy (Amimour) était versatile (sur la religion). Il était séduit par Ben Laden et un mois après il me dit qu'il travaillait avec la CIA. Il n'était pas stable.

#13novembre
Me Rimailho : Vous avez vu le glissement de votre fils.
Azdyne Amimour : Je sais qu'une fois j'étais en Egypte, j'ai ramené des papyrus. Il a enlevé les papyrus, balancé une bouteille d'alcool.

#13novembre
Azdyne Amimour : Samy n'a manqué de rien. Il passait ses vacances dans trois pays différents. On comprend pas. Comment du jour au lendemain... Il y a quelque chose;.. J'ai pas eu le millionième de ce qu'il a eu, les fêtes de Noël, les cadeaux, je comprends pas moi.

#13novembre
Me Rimailho : Votre fille vous avait demandé de couper Internet,elle s'inquiétait de voir Samy passer beaucoup de temps sur Internet. Mais que vous vous aviez + peur de la petite délinquance dans la rue.
Azdyne Amimour :J'ai jamais pensé qu'il pourrait aller au pire

#13novembre
Azdyne Amimour : Peut-être que si j'avais coupé Internet ça aurait été pire.

#13novembre
Me Constance Dewavrin, avocate de parties civiles: Vous viviez la moitié du temps en Belgique, et l'autre moitié à la maison. Où Samy vivait avec ses deux soeurs et sa mère. Il y a une 1ere arrestation de Samy en 2012. Puis il va partir.

#13novembre
Me Dewavrin : Niveau communication, comment ça se passe après ce départ. Maya (la sœur de Samy) y va, vous vous y allez..Entre vous vous en parlez de Samy en Syrie
Azdyne Amimour : Très peu. Très très peu. La communication dans la famille n'est pas très très riche

#13novembre
Me Dewavrin : Vous posiez des questions à votre femme et vos filles savoir si elles avient des nouvelles de Samy?
Azdyne Amimour : Oui, oui. Mais de peur qu'il coupe le contact, on essayait de rester cool avec lui

#13novembre
Me Dewavrin : "Il n'y avait pas de jugement de valeur, l'important était que Samy revienne si je comprends bien".

#13novembre
Me Dewavrin : Pourquoi à votre retour vous prenez contact avec une journaliste ?
Azdyne Amimour : Je crois qu'avant l'article, j'ai donné une interview floutée à @TF1

#13novembre
Me Dewavrin : Pourquoi plutôt que d'aller voir des journalistes vous n'allez pas voir la police?
Azdyne Amimour : Je me suis dit qu'est ce qu'ils peuvent faire, il (Samy Amimour) est déjà là-bas en Syrie.

#13novembre
Me Dewavrin : Vous aviez vu pourtant la violence, la dangerosité sur place.

#13novembre
Me Dewavrin : Et quand Maya (votre fille) a des soucis avec la justice en mars 2015...
Azdyne Amimour : je pensais que son frère lui avait demandé un service, qu'elle était mis en cause car elle lui avait donné de l'argent.

#13novembre
Azdyne Amimour : Je sais qu'elle a eu des problèmes parce qu'elle a envoyé... (de l'argent à son frère Samy)

#13novembre
Me Dewavrin : Vous êtes vous fâché avec Maya sur ce sujet-là?
Azdyne Amimour : Non quand j'ai su qu'elle était impliquée dans le truc là j'ai pas apprécié. Il m'avait demandé de l'argent, j'ai dit j'en ai pas, il s'est rabattu sur sa soeur.

#13novembre
Me Dewavrin interroge le témoin sur Amel, l'autre soeur de Samy
Azdyne Amimour : Amel est tout à fait le contraire de Samy, elle fait des études poussées, travaille dans une grande société. Vis-à-vis de la religion, sans plus quoi

#13novembre
Me Stéphane Saidani, avocat de parties civiles : Vous dites que vous avez été journaliste
Azdyne Amimour : Oui j'étais un faux journaliste, j'avais pas de carte de presse. J'écrivais sur le cinéma. J'avais une rubrique dans un mensuel qui s'appelait Clap.

#13novembre
Azdyne Amimour : "J'étais pas journaliste comme vous l'entendez."

#13novembre
Me Saidani :Vous êtes témoin ici. Vous constatez que votre fils dérive mais vous dites que tant qu'à la maison c'est pas le fouillis, on ferme les yeux. Vous dites que s'il y avait eu un numéro vert à l'époque pour votre fils, vous l'auriez appelé. Il y en avait un.

#13novembre
Me Saidani : Pourquoi vous n'allez pas voir un imam pour vous aider à ramener votre fils?

#13novembre
Azdyne Amimour : Je vois pas tellement comment on aurait pu procéder. Et Samy n'aurait pas voulu, il aurait pensé à un lavage de cerveau. Ma femme voulait qu'il aille voir un psychologue, il a pas apprécié.

#13novembre
Azdyne Amimour répondant à Me Saidani : Je suis sûr que je ne suis pas resté plus que quatre jours en Syrie

#13novembre
Azdyne Amimour répondant à Me Ludovic De Villele : je sais que je suis resté 4 jours (en Syrie), j'ai vu l'hôpital, des vidéos, on a dîné dans un restaurant, c'est tout. J'ai pas eu beaucoup de communication avec mon fils.

#13novembre
Azdyne Amimour : Le copain qui était tout le temps avec mon fils, je me demande s'il n'était pas là pour le surveiller. Il était tout le temps avec nous.

#13novembre
Azdyne Amimour : Sauf la veille du ramadan, où on s'est retrouvé en tête-à-tête avec mon fils et où je lui ai donné la lettre de sa mère, pensant que ça pourrait le faire changer d'avis, le faire rentrer.

#13novembre
Me De Villele:Quand vous le retrouvez,il est le même
Azdyne Amimour:il est introverti.Influençable par les autres, pas par moi.J'avais pas cette énergie-là pour discuter avec lui, j'étais malade (intoxication alimentaire). Je me suis dis que j'allais revenir en force

#13novembre
Azdyne Amimour répondant à Me De Villele: : moi j'ai compris que c'était un combattant mais qu'est ce qu'on peut faire.

#13novembre
Me De Villele: Vous avez écrit un livre avec Georges Salines, "Il nous reste les mots". Est-ce que vous diriez qu'il vous a manqué les mots avec votre fils?
Azdyne Amimour Oui sûrement, les mots et la force. On ne s'est jamais retrouvés en tête-à-tête

#13novembre
Me @catherineszwarc : comment votre fils a pu récupérer un document d'identité pour passer la frontière alors qu'il était sous contrôle judiciaire? Vous avez dit qu'il avait pu récupérer une carte d'identité après une déclaration de perte.

#13novembre
Azdyne Amimour : Moi l'information je l'ai eue auprès de ma femme. Elle m'a dit qu'elle connaissait la personne à la mairie qui lui a remis en mains propres sa carte d'identité
Me @catherineszwarc : après la déclaration de perte donc.

#13novembre
Me @catherineszwarc : Vous dites n'avoir eu qu'un seul tête-à-tête avec votre fils en Syrie, pendant le ramadan.
Azdyne Amimour : oui je confirme. C'était dans le commissariat, la veille du ramadan, c'était des matelas en terrasse là.

#13novembre
Azdyne Amimour : J'ai commencé par la lettre (de sa mère) pour l'adoucir un petit peu. c'était le seul moment. Le lendemain, c'était le ramadan, on a été à l'hôpital et le soir on a fait la rupture du jeûne

#13novembre
Me @catherineszwarc : "A aucun moment vous n'avez pu lui parler donc."
Azdyne Amimour :"Juste la veille du ramadan".

#13novembre
Me @catherineszwarc : "Dans votre livre vous dites avoir vu qu'il n'allait pas faire marche arrière. "

#13novembre
Me @catherineszwarc : "Vous avez dit aussi qu'en tant que père de djihadiste, vous auriez voulu voir Salah #Abdeslam en prison. Que lui auriez-vous dit?"

#13novembre
Azdyne Amimour : "J'ai appris dans les médias que Salah #Abdeslam ne parlait pas par les médias. Je me suis dit que peut-être que moi il accepterait de me parler en tant que père d'un de ses copains."

#13novembre
Me Ludovic Baron,avocat de parties civiles:Votre fils vous donne-t-il l'impression d'une personne qui conserve sa liberté de parole et de pensée ou est-il sous contrôle quand vous le voyez sur place?Samy Amimour est-il toujours votre fils ou 1 machine sous contrôle

#13novembre
Azdyne Amimour : j'ai eu cette impression là (que Samy Amimour était sous contrôle en Syrie)

#13novembre
Me Ludovic Baron,avocat de parties civiles: Vous avez dit qu'il s'était retiré pour lire la lettre de sa mère. Il l'a gardée?
Azdyne Amimour : Oui. La seule chose qu'il m'a rendu était le billet que je lui avais donné pour aller au restaurant.

#13novembre
Azdyne Amimour : (En Syrie) j'ai remarqué une certaine froideur (de la part de Samy Amimour, son fils). Il était comme sous contrôle, lobotomisé.

#13novembre
Avocate de parties civiles : vous avez maintenu des conversations skype pour entendre votre fils. Que vous disait-il?
Azdyne Amimour : Je lui posais des questions pour l'encourager à apprendre le dialecte syrien, l'arabe et comment est la vie et puis les chatons...

#13novembre
Me @MaitreMouhou : Vous arrivez en Syrie, vous comprenez que votre fils est combattant de l'EI. Vous dites que dans votre tête il pouvait commettre des opérations martyr en Syrie, avez-vous pensé qu'il pouvait le faire en France?
Azdyne Amimour : Non jamais

#13novembre
Pas de question pour la défense.
L'audience est suspendue. Reprise à 17H15.

#13novembre
L'audience est reprise.

#13novembre
Maya Amimour, la sœur du kamikaze du #Bataclan Samy Amimour, arrive à la barre. Elle est brune, cheveux aux épaules, porte des lunettes, une veste noire. Elle a 28 ans, elle est accompagnatrice d'enfants.

#13novembre
Le président : vous êtes mis en examen dans le cadre d'une autre procédure, elle sera évoquée ultérieurement. Votre présence ici fait suite à une citation de parties civiles, car l'un des individus ayant participé aux attentats n'est autre que votre frère.

#13novembre
Maya Amimour :"J'étais pas du tout au courant de ce qui allait se passer. J'avais l'interdiction d'être en contact avec lui depuis mars 2015".

#13novembre
Maya Amimour :"Mon frère était quelqu'un d'introverti, de très timide. On n'avait pas trop de contacts avant qu'il parte, c'était cordial, bonjour au revoir.

#13novembre
Maya Amimour :" Il a toujours été très distant avec moi jusqu'à ce qu'il s'en aille sans jamais attendre un possible retour ou quoi que ce soit"

#13novembre
Maya Amimour :" J'ai pu voir aucun changement de comportement, ça a toujours été sur la même ligne, renfermé, distant. (...) "

#13novembre
Maya Amimour :" Pour la religion, son changement a eu lieu quand il est rentré à la RATP. il y a eu le changement vestimentaire, on savait qu'il allait à la mosquée".

#13novembre
Maya Amimour :"Aller à la mosquée était devenu son quotidien. Il s'était endurci dans la religion. Il n'avait plus de contact avec ses amis d'enfance."

#13novembre
Maya Amimour :"Le changement je ne saurais pas le situer, je dirais l'entrée à la RATP (en 2012). Selon Maya Amimour, il ne parlait pas du tout de Syrie, du Printemps arabe avec elle, un peu avec leur père.

#13novembre
Le président:" il part en Syrie en septembre 2013, que dit-il à la famille? "
Maya Amimour :"Qu'il part dans le sud. Ma mère trouvait ça étonnant mais s'est dit que ça allait lui faire du bien. Il avait dit qu'il partait une semaine mais ça se prolongeait".

#13novembre
Le président: Ismaël Mostefaï, ça vous dit quelque chose, le nom?
Maya Amimour :" Non".

#13novembre
Maya Amimour :"Il y a eu une perquisition chez nous en 2012. Il (son frère Samy) a passé 96h en garde à vue mais en ressortant on n'a pas osé lui poser de question. Lui a parlé de malentendu, qu'il fréquentait un tel qui fréquentait un tel"

#13novembre
Maya Amimour :"Il y a un manque de communication chez moi (dans la famille) qui a toujours était présent. Un peu chaque sujet est tabou".

#13novembre
Le président : quand avez-vous su qu'il était en Syrie?
Maya Amimour :"J'ai entendu parler de frontière turque. On m'a dit mais madame, la frontière turque c'est la Syrie"

#13novembre
Maya Amimour :"Les contacts avec mon frère (Samy) était par Skype ou par mail. Il me parlait d'humanitaire, qu'il voyait tous les jours des chats différents, il parlait beaucoup d'animaux surtout, qu'il n'était pas loin d'un zoo".

#13novembre
Maya Amimour :"Au fil des mois, il disait qu'il n'allait pas de donner de nouvelles pendant quelques jours car il allait s'entraîner dans les montagnes, qu'ils étaient dans des maisons abandonnées".

#13novembre
Maya Amimour :"Il m'envoyait des pdf sur comment être dans la religion, comment se comporter. Je les ouvrais pas. Au bout d'un moment il m'a dit qu'il combattait. Il me parlait de l'armée de Bachar el Assad ou de choses comme ça mais ne me parlais pas de civils".

#13novembre
Le président : "Il vous parlait de Daech?"
Maya Amimour :"Il me parlait de nouveau calife. Il me disait surtout de lire les PDF sur la religion (elle dit qu'elle ne les ouvrait pas mais ne lui disait pas pour ne pas le "froisser")."

#13novembre
Maya Amimour évoque des "des têtes de personnes sur des piquets" dont lui a parlé son frère. Elle n'a pas vu d'images. "Il me disait tu vois c'est des violeurs des pédophiles qu'on met sur des piquets"

#13novembre
Maya Amimour :"Il disait qu'il ne voulait pas revenir, que sa vie était terminée là-bas et qu'il restait en Syrie". Selon elle, Samy Amimour n'a pas évoquée de missions suicide.

#13novembre
Maya Amimour :"Moi j'étais la seule personne avec qui il voulait parler. Il disait qu'il ne savait pas quoi dire aux parents"

#13novembre
Maya Amimour :"Mon père a tenté de le ramener. L'été 2014. Il est passé par un passeur, après les détails... Il est allé sur zone.
Le président : En Syrie?
Maya Amimour : lui ne me l'a pas dit, je l'ai su de ma mère

#13novembre
Maya Amimour :"J'ai dit à Samy: je te préviens papa va venir pour essayer de te voir. Il m'a dit qu'il allait essayer de le réceptionner"

#13novembre
Maya Amimour :"Au retour mon père était épuisé. Il est resté plus de 20 jours alité. Encore une fois on n'en a pas parlé. Mais il a essayé de le ramener"

#13novembre
Le président: vous dites que vous n'aviez pas de contact avec lui mais que quand il est parti
Maya Amimour :"J'ai beaucoup plus parlé avec lui à cett période là qu'à mon adolescence. J'ai pris ce qu'il m'a donné. Je me suis dit pour une fois j'existe à ses yeux"

#13novembre
Le président : il y avait une espèce de fascination avant les faits je précise?
Maya Amimour :"C'était important pour moi d'exister à ses yeux

#13novembre
Le président : "une vidéo a circulé en 2014, représentant Abaaoud, trainant des cadavres"
Maya Amimour :"J'en ai entendu parler, mais je n'ai jamais rien vu. J'ai juste eu vent de cette vidéo". Elle dit avoir entendu parler de cette vidéo après les attentats.

#13novembre
Le président: "il y a aussi une vidéo de revendication en janvier 2016, on voit la majorité des membres du commando commettre un meurtre, dont votre frère qui y participe activement".
Maya Amimour :"J'ai jamais vu ces vidéos"

#13novembre
Le président: "Avez-vous une explication à cette dérive?"
Maya Amimour :""Aucune. La personne que j'ai connue en France n'a rien à voir avec la personne telle qu'elle est devenue. Même manipulateur il ne n'était pas à la base."

#13novembre
Le président : "vous vous êtes renseignée sur ce qu'il se passait là-bas?"
Maya Amimour :"non"
Le président : les réseaux sociaux c'est votre génération..

#13novembre
Le président : Donnait-il une raison pour ne pas rentrer? votre frère redoutait-il d'aller en prison?
Maya Amimour : il préférait le style de vie de là-bas.
Le président : il parlait de la charia
Maya Amimour : oui

#13novembre
Le président : Vous n'avez pas essayé de le convaincre de rentrer? "
Maya Amimour :"Non, j'avais cette peur qu'il me tourne le dos"

#13novembre
Le président: "Pour résumer, si on doit parler de radicalisation, vous dites qu'il l'a fait tout seul"
Maya Amimour : "A ce moment-là pour moi ça c'était fait tout seul, après j'ai su qu'il avait un groupe d'amis qui étaient dans la même logique"

#13novembre
Maya Amimour:"On a beaucoup plus grandi avec notre mère, sans figure paternelle omniprésente. Ma figure paternelle c'était mon frère, Samy"

#13novembre
1ere assesseure: en 2012, vous avez 19 ans, vous êtes étudiante, vous travaillez déjà quand lui est à la RATP?
Maya Amimour:"Je suis animatrice en centre de loisirs à cette époque".

#13novembre
Maya Amimour:"Mon frère on a grandi ensemble. Quand j'étais très petite on était très proche. Il s'est éloignée de moi vers le lycée"

#13novembre
1ere assesseure:"Vous avez dit que votre frère avait une tenue spéciale pour la mosquée et qu'il traitait votre mère de mécréante"
Maya Amimour:"Il a fait ce qu'il voulait. Ma mère était impuissante. Quand il a jeté les cds, enlevé les papyrus au mur".

#13novembre
1ere assesseure: "Ca vous choquait qu'il traite votre mère de mécréante?"
Maya Amimour:"Ca m'attristait. Elle était pas bien après. Ca la rendait triste"

#13novembre
Assesseure:"Votre père dit que fin 2013, il avait demandé à votre frère de revenir et qu'il avait dit non jamais car il risquait 10 ans de prison (suite à la procédure de 2012)"
Maya Amimour:"Moi il ne m'a pas fait part de ce genre de propos par rapport à 1 retour"

#13novembre
1ere assesseure lit un message de Maya Amimour à son frère Samy Amimour, le jour de l'anniversaire de ce dernier le 15 octobre 2015. Elle y écrit notamment "Aujourd'hui est un jour spécial car c'est le premier jour du reste de ta vie"

#13novembre
Maya Amimour à propos de ce message:"Je parlais de la personne avec qui j'ai grandi et qui est tout autre que maintenant. Mon grand-frère me manquait. C'est quelque chose que j'avais publié sur les réseaux sociaux. Je me livrais. "

#13novembre
Maya Amimour à propos de ce message: "La phrase "le reste de sa vie" était par rapport à son anniversaire"

#13novembre
1ere assesseure:Votre père a risqué sa vie en tentant de ramener votre frère de Syrie. Mais quand il rentre, personne n'en parle
Maya Amimour:Non

#13novembre
1ere assesseure: comment expliquez-vous que personne n'en parle?
Maya Amimour : Je pense que tout le monde a voulu protéger tout le monde, que ma mère ne soit pas triste, ça a dû faire un cercle vicieux.

#13novembre
Maya Amimour : "Il (son frère Samy Amimour alors en Syrie) m'envoyait beaucoup de photos de chats de là-bas"
2e assesseure: "est-ce que les chats quand on est en zone de guerre c'est essentiel?"

#13novembre
2e assesseure: Vous habitez toujours avec vos parents?
Maya Amimour : Non
2e assesseure: vous êtes citée comme témoin comme votre père, en avez-vous discuté avant?
Maya Amimour : Non pas du tout, ça fait un moment que je ne suis pas passée voir mes parents

#13novembre
2e assesseure: "Ca fait combien de temps que vous n'avez pas vu vos parents?"
Maya Amimour :depuis une semaine et demie

#13novembre
Me Dewavrin : "La démarche des parties civiles est de comprendre comment on aboutit à une telle catastrophe. Votre frère n'est plus là, on a que vous. Vous aviez 20 ans quand votre frère est entré à la RATP. Votre père vivait entre la Belgique et la France

#13novembre
Maya Amimour : "oui ça a été toujours comme ça, mon frère avait un commerce à l'étranger et rentrait à la maison le week-end ."

#13novembre
Me Dewavrin:"Votre frère a-t-il pu prendre 1 position dominante au domicile quand votre père n'était pas là".
Maya Amimour:"C'était 1 contrôle,sans violence, sans agressivité. J'avais du respect pour lui. Peut-être parce que c'était une figure paternelle à mes yeux"

#13novembre
Maya Amimour :'J'ai su plus tard que mes parents avait emmené Samy voir un psy, qui était renfermé et introverti";

#13novembre
Me Dewavrin: Vous avez dit que tout pouvait venir du manque de communication dans la famille?
Maya Amimour : Beaucoup de choses auraient été beaucoup plus claires et peut-être plus facilement gérables.

#13novembre
Me Dewavrin: "Vous avez dit que votre frère avait un compte Facebook au nom de sa kunya, et qu'il se permettait quand il était en Syrie de vous faire des réflexions sur votre mode de vie et que du coup vous l'aviez bloqué."
Maya Amimour a un vague souvenir.

#13novembre
Me Dewavrin: "Internet a pu être un biais de radicalisation pour votre frère (Samy Amimour)?"
Maya Amimour : "Je pense oui".

#13novembre
Me Dewavrin: "Votre père a raconté son déplacement en Syrie au Monde."
Maya Amimour : "J'ai jamais été pour cette idée d'en parler dans les médias."

#13novembre
Me Dewavrin: "Avez-vous été surprise que votre père à son retour de Syrie n'ait pas alerté la police?"

#13novembre
Maya Amimour: "Pour nous Samy est parti et il n'y a plus personne à alerter ou quoi que ce soit. Mais avant son départ, mon père en avait parlé au maire et au référent musulman de l'époque."

#13novembre
Me Dewavrin: "Le procureur de la République vous a annoncé le décès de votre frère mais vous ne pensez pas qu'il peut être responsable"
Maya Amimour :"Absolument pas"

#13novembre
Me Dewavrin: "Votre père a raconté son déplacement en Syrie au Monde."

#13novembre
Me Dewavrin: en mars 2015, les policiers disent que vous n'avez pas l'air très choquée par les attentats de janvier mais en novembre vous êtes très choquée.

#13novembre
Maya Amimour : Je me suis très mal exprimée là-dessus. Les attentats de janvier, c'était des personnes visées alors que celles de novembre c'était des personnes qui allaient écouter un concert ou boire un verre
Me Dewavrin : Et ?

#13novembre
Maya Amimour :"Quand on m'a annoncé le décès de mon frère, j'ai demandé si ma mère était au courant. On m'a dit non. J'ai demandé à ce qu'on fasse attention à ce qu'elle ne fasse pas une bêtise à son égard. "

#13novembre
Maya Amimour :"Quand je suis retournée dans ma cellule, j'étaiz très énervée 6 ans après je me sens honteuse, honteuse d'avoir le nom? IL y a toujours ce sentiment de honte.

#13novembre
Me Saidini : votre mère s'en veut pour tout ça, elle se sent coupable.
Maya Amimour : "Je pense que mes parents ont dû refaire leur éducation"