85% des jeunes de 10-15 ans seraient séduits par les théories du complot ? Il y a 15 jours, ce chiffre choc, relayé par la presse, nous a particulièrement inquiétés. Jusqu'à ce qu'on découvre les détails du sondage. #Thread#EducMediasinfo⤵️
Particulièrement alarmant, ce chiffre de 85% est issu d’un sondage de l’institut CSA, commandé par le groupe Milan Presse. Problème : quand ce chiffre est sorti, on n’avait ni les questions, ni les détails.
L’institut CSA vient finalement de publier les questions et les choix proposés. Or, ceux-ci nous semblent vraiment problématiques.
A la question “Voici une liste de phrases. Dis-nous si tu crois que c’est possible ou non ?”, voici les réponses obtenues :
Au-delà des affirmations en elles-mêmes (qui mélangent un peu tout), arrêtons-nous sur les réponses proposées : “C’est possible”, “c’est peut-être possible”, “ce n’est pas possible” (et “ne sait pas”).
La réponse “c’est possible” n’engage pas énormément le répondant. Par exemple, “c’est possible que les extraterrestres existent”.
Mais c’est surtout la réponse “C’est peut-être possible” qui est problématique car cette formulation atténue encore plus la prise de position. “C’est peut-être possible que Kim Kardashian passe à ma soirée”, par exemple, ne fait pas de vous un menteur.
Allons même plus loin : si douter c’est faire preuve d’esprit critique, peut-on vraiment répondre de façon certaine “ce n’est pas possible” ?
Autre problème : pour interpréter ses résultats, l’institut CSA traduit la réponse “c’est possible” avec l’expression “croient à une de ces affirmations”. Or, la sémantique est importante : dire “c’est possible”, ce n’est pas la même chose que “croire”.
Et que dire de ces 85%? Ce chiffre est obtenu en additionnant les individus qui ont répondu “c’est possible” ou “c’est peut-être possible” à au moins une des trois affirmations.
Cela signifie qu’en ajoutant d’autres affirmations complotistes, on pouvait très facilement s’approcher des 100%. Reste à savoir pourquoi Milan Presse a commandé ce sondage pour le moins bancal.
“Face à ces résultats inquiétants, Milan contre-attaque et lance sa chaîne d’esprit critique pour les ados”, peut-on lire dans leur communiqué mettant en avant leur chaîne “Info ou mytho”, dédiée à la lutte contre le complotisme. #pub
Bref, commander et utiliser un tel sondage pour faire la promo d’une chaîne censée développer l’esprit critique, c’est peut-être possible que ce ne soit pas la meilleure idée.
C’est “l’histoire d’un prof”. Qui joue au ping-pong entre deux cours, sort son carnet de blagues pour capter l’attention de ses élèves, et fait un cours sur la liberté d’expression en 2020. On a lu “Crayon noir”, le roman graphique sur Samuel Paty.
#Thread #EducMediasInfo⤵️
Tout le monde connaît l’histoire tragique de Samuel Paty. Celle d’un enseignant assassiné par un islamiste pour avoir montré des caricatures de Mahomet pendant son cours. Mais c’est un peu une autre histoire que raconte cet ouvrage.
A la différence d’un article de presse qui informe, la BD d'actualité apporte un peu plus. S’appuyant sur des témoignages de collègues, de parents, d’élèves, “Crayon noir” retrace l’engrenage infernal qui aboutira à sa mort mais dresse aussi le portrait d’un prof.
“Les jeunes ne s’informent plus que sur les réseaux sociaux". On entend souvent cette phrase. Pratique, simpliste: le monde est coupé en deux (réseaux sociaux pour les jeunes vs médias tradis pour les vieux). Le problème : on ne constate pas ça en classe #Thread#EducMediasInfo⤵️
En 2020, avec mes collègues, nous avons mené une enquête auprès de 4 classes : CM2, 4e, 2nde et 1ère pro. Chez les plus petits, les JT sont la principale source d’information (ils les regardent avec leurs parents).
Plus les élèves grandissent, plus les réseaux sociaux prennent de la place (Instagram, TikTok, dans une moindre mesure Twitter et Snapchat). Sans toutefois délaisser les JT ou BFMTV.