Thread by @qffwffq

tiens ça faisait longtemps alors voilà un #UnLapinUnThread court

On dit souvent que les neurologues n'ont pas de traitement à proposer

C'est un peu plus subtil. On a des traitements mais un peu comme les Djinns et les trois voeux, il faut bien réfléchir avant de les accepter

Prenons le cas de maladie de Parkinson. La pure. Sans aucune atypie.

Elle est secondaire à l'absence de Dopamine. Pourquoi il en manque est une vaste question, mais le résultat est là : y'en a pas.

D'une certaine façon la maladie de parkinson est intellectuellement très proche du diabète. Dans le diabète de base, les patients manquent d'insuline.

Sans insuline ils meurent.

Avec de l'insuline, ils ont une vie normale.

(Le question du bon dosage n'est pas abordée ici).

Donc dans la maladie de Parkinson, en l'absence de Dopamine, les gens meurent.

Avec de la Dopamine ils ont vie normale.

Alors où est le piège ?

Comme je l'ai dit, les traitements neurologiques sont comme les trois voeux des Djinns.

Ils offrent autant qu'ils prennent. Et sans tomber dans un pathos de série brésilienne, s'ils offrent la vie, c'est que ce qu'ils prennent a une valeur identique.

Alors que prennent-ils ? Au début, rien. Pendant une décennie ils sont très discrets. On parle d'ailleurs de Lune Miel.

Puis les choses se compliquent. Les besoins en dopamine augmentent. Donc on augmente les doses.

Et plus on augmente les doses, plus l'efficacité de celle-ci sur les signes moteur est brève. Les gens sont mal, ont mal, sont bloqués dans leur corps comme dans une armure rouillée. Puis la dopamine fait effet. Ils se sentent mieux, ils respirent mieux, ils sont plus légers...

Et l'effet de dissipe. Ils sentent l'armure se refermer sur eux. Tout devient douleureux, tout se fige, tout devient angoissant.

Alors ils en veulent plus. Et on leur en donne plus. Sauf que l'effet de bien-être est à chaque fois plus bref. De quelques heures par jour on arrive à quelques minutes.

Alors ils en veulent tout le temps.
Parce que la sensation de manque de dopamine est insupportable.

Et on peut leur en donner plus.

Mais au-delà d'un certain niveau, pour qu'ils n'aient pas la sensation de mort, les doses de dopa dont ils ont besoin provoquent des anomalies du mouvement différentes des blocages. Les muscles se verrouillent en contraction. Ce sont des dystonies

Imaginez-vous contracter vos muscles, absolument tous vos muscles, au maximum. Jusqu'à en avoir mal. Et vous retrouver figé, non pas à cause d'une armure qui se referme sur vous, mais une sensation de tétanie, avec en plus de grandes embardées.

Dans cet état, les patients ont des mouvements incontrôlables, se cognent, chutes, se font mal, parfois voient impuissants leurs membres frapper les murs jusqu'à se fracturer.

Mais vous me direz que puisque c'est l'effet secondaire de la Dopa, il faut diminuer les doses.

Sauf que le plus souvent... les patients ne le veulent pas.

Pourquoi ? Parce que la Dopamine leur procure en même temps que ces anomalies motrices une intense sensation de bien-être.

Et qu'en la diminuant, ils ressentent un manque, un vide, une angoisse extrême. Certains sont suicidaires en raison du manque de Dopa.

La dopamine est très proche de la cocaïne. Ce que les patients ressentent c'est le même manque que les cocaïnomanes mais en permanence, si on baisse les doses de Dopa

Du coup on est face à un choix éthique.

- mouvements erratiques, fractures et douleurs.

Ou

- sensation de perte infinie, sensation de mort imminente et idées suicidaires.

Les neuros connaissent cette évolution depuis 70 ans. Alors vous imaginez bien qu'on se donne du mal pour retarder au maximum ce choix.

Dans quelques rares cas on n'y arrive pas.

Et là comme disait mes chefs, on ne peut que regarder les patients payer le prix de la dopa.

Du coup, parce que l'idée n'est pas de faire peur, il faut comprendre que lorsqu'un neurologue refuse l'accès à certaines dose de médicaments dont l'effet bénéfique immédiat est incontestable, ce n'est jamais par sadisme. Le sadisme, c'est d'accpeter.