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Jun 2 93 tweets 19 min read
Bonjour à tous,

Suite des plaidoiries d'avocats de parties civiles au 132e jour du procès des attentat du #13Novembre 2015.
Celles d'hier sont à retrouver dans le compte-rendu d'audience signé @sophparm ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience reprend.
Tous les accusés sont présents dans le box donc on va pouvoir démarrer immédiatement.

Le LT des plaidoiries du jour est à suivre ici.
Me Patrick Klugman est le premier à plaider aujourd'hui :
"Une cigarette sur le bitume. On trinque à un départ, on trinque pour n'importe quel prétexte. On fonce à un concert. Paris c'est une terrasse de café où l'on rit, Paris c'est une salle de concert bondée."
Me Klugman : "Le #13Novembre ce n'est pas un attentat à Paris, c'est un attentat contre Paris.
Je plaide pour Paris. Paris qu'on a atteint, qui s'est assis, éteint, obscurci, relevé. Paris qui est debout, Paris qui est là."
Me Klugman : "je suis si fier de plaider pour Paris. Ses 105 km carrés, ses 260 salles de concert, ses 12 000 terrasses, ses vélos, ses embouteillages.
Je plaide pour la maire de Paris, pour cette équipe municipale que je connais si bien. Je plaide pour Rémi, le maire du 10e"
Me Klugman : "je plaide pour François, le maire du 11e.
Je plaide pour Philippe, Colombe, Mathias, Jean-François, tous ceux qui ont tenus bons, pour les agents municipaux dont le travail a été impacté."
Me Klugman : "Je plaide pour le petit Mickaël ou la petite Zoé qui ont eu peur de retourner à l'école. Je plaide pour François, leur maitre d'école qui a du expliquer à ses élèves de sept ans, ce qu'on ne comprend pas sept ans plus tard."
Me Klugman : "je plaide pour ceux de partout qui ont affiché, proclamé, posté, tweeté, notre devise : Fluctuat Nec Mergitur, pour nous donner espoir.
On délimite une ville pas sa géographie. Paris c'est autre chose, des dates : 14 juilet, 25 août. C'est aussi le #13Novembre "
Me Klugman : "le #13Novembre la ville a été là, au-delà d'elle-même, comme elle sait le faire quand le drame frappe à sa porte.
Le #13Novembre Paris a souffert de toutes les manières possibles. Parce qu'une ville ça vit, ça souffre."
Me Klugman : "je suis ici parce que Paris est indissociablement lié au #13Novembre 2015. Paris demeure après les attentats, ces attaques coulent au milieu de nous comme la Seine qui nous traverse.
Les New-Yorkais ont le #11Septembre , nous avons le 13 novembre."
Me Klugman : "je voudrais m'accuser aux accusés : vous avez perdus. Vous avez perdu parce que vous avez voulu nous tuer et nous sommes de ce côté, debout et ensemble. Vous avez perdu parce qu'au milieu de notre ville meurtrie, se tient ce palais."
Me Klugman : "vous avez perdu parce que le califat de l'Etat islamique n'est plus et que ce soir, à 21h30, la tour Eiffel scintillera et que depuis 2015, 4500 terrasses ont ouvert.
Paris est votre démenti."
Me Klugman : "de tous ces morts, de toutes ces larmes, je ne sais plus si Paris est une fête.

Mais au-delà de cette salle, que ceux qui vont ont armé, que ceux qui vous ont inspiré, qui voudraient vous imiter l'entendent avec vous : Paris est votre défaite".
Me Elsa Rener s'avance à son tour à la barre pour "parle d'Audrey, stadière au Stade de France. Qui, ce soir-là, a du poursuivre son travail. Et pendant des mois, elle a tenu. Et puis, elle s'est effondrée.
Sa fille, Elina, avait 7 ans lors des attentats."
Me Rener : "Elina a assisté à l'effondrement de sa mère. Elle est devenue celle qui veille, qui se soucie, qui vérifie que sa mère prend ses médicaments.
Elle a été atteinte par l'onde de choc."
Me Claudette Eleini plaide à son tour : "vous avez entendu de nombreuses victimes venues témoigner, qui ont surmonté leur angoisse de se voir replonger dans l'horreur de ces attentats barbares. Vous avez entendu l'appel et la détresse des victimes qualifiées de contestées"
Me Eleini : "pour les victimes du #13Novembre des moyens furent immédiatement mis en place pour leur venir en aide.
D'autres victimes, réduites au silence, souffrent depuis 6 ans : les victimes du 48 rue de la République à Saint-Denis où s'étaient réfugiés Abaaoud et Akrouh"
Me Eleini : "ces victimes n'ont nullement été aidées, elles n'ont bénéficié d'aucune aide matérielle, de réunion d'information, n'ont pas été contactées par l'Etat. Au contraire, ces victimes ont été humiliées, traînées dans la boue, non indemnisées et maintenant spoliées".
Me Eleini : "ces victimes ont été prises en otage entre la mairie de Saint-Denis et l'Etat. Pour la mairie, cette opération a été une aubaine car elle avait des vues sur cet immeuble extrêmement bien placé. Elle a tout fait pour le déclarer inhabitable."
Me Eleini : "chaque personne de cet immeuble a été livrée à elle-même. Ils ont abandonnés tous leurs meubles et à ce jour n'ont pas pu les récupérer. Certaines pièces de mobilier ont été achetés à crédit et ils ont du continuer à payer les crédits."
Me Eleini : "les factures d'électricité continuaient à être prélevées sur leurs comptes, ils ont du continuer à payer les charges de copropriété. Voilà comment la mairie est venue au secours de ses administrés, comment l'Etat a brillé par son silence."
Me Eleini : "et qu'on ne vienne pas nous dire ensuite que les préjudices des habitants du 48, rue de la République sont uniquement dus à l'opération de police judiciaire. Les dégâts sont dus également à l'explosion d'une violence terrifiante [d'une ceinture explosive, ndlr]"
Me Eleini : "le parquet, en leur contestant le statu de victime de terrorisme, leur inflige de nouvelles souffrances. Y aurait-il deux catégories de victimes ? Je demande à la cour de ne pas infliger de nouvelles souffrances à ces victimes oubliées : redonnez-leur la dignité"
Me Johana Gameiro débute sa plaidoirie : "mon client va bien. Eddy est devenu père pour la seconde fois, sa fille Soline est née en 2017. Avec Sophie, ils ont pu acheter une maison. C'est une vie qui se poursuit normalement. En apparence. En apparence seulement."
Me Gameiro : "en réalité, c'est une fuite en avant. Le soir des faits, Eddy a perçu la mort. Mon client se souvient encore d'un homme gémir de douleur après avoir reçu une balle jusqu'à ce qu'une 2e balle le fasse taire"
Me Gameiro : "cette nuit s'est achevée par le retour d'Eddy auprès de sa famille. Mon client n'est pas mort au sens clinique du terme, mais une partie de lui est morte, psychologiquement."
Me Gameiro : "ce procès a été l'occasion pour mon client de devenir acteur après avoir été trop longtemps spectateur dans cette fosse. En se constituant partie civile, il vous a confié la première étape de sa reconstruction."
Me Franck Serfati s'avance à la barre : "je ne vais pas plaider au sens habituel, je vais simplement poser quelques observations.
J'aimerais rappeler aux accusés que seul l'Etat français a pu organiser un procès de ce type avec un contradictoire magnifiquement respecté."
Me Géraldine Berger-Stenger plaide à son tour pour des victimes du Carillon et du Bataclan. Dont Claire et Romain, pour qui ce concert est leur première sortie en amoureux depuis la naissance de leur bébé, laissé à sa grand-mère.
Me Berger-Stenger : "ces femmes et ses hommes qui ne se connaissaient pas ont désormais un point commun : celui d'avoir connu la barbarie à l'état pur.
Même avec la plus grand imagination, nous ne pourrons toucher du doigt ce qu'ont vécu ces victimes. Et tant mieux."
Me Berger-Stenger : "aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ont déménagé. De nombreuses reconversion professionnelles ont eu lieu avec des choix parfois peu conventionnels comme celui de travailler dans un cimetière américain."
Me Berger-Stenger : "des enfants sont nés depuis 7 ans et à chaque fois c'est une victoire, une nouvelle page, pleine d'espoir à écrire. Tous sont sur le chemin de la reconstruction, à des stades plus ou moins avancés".
Me Berger-Stenger : "certains disent que votre décision ne changera rien à leur destin. Mais nombreux sont ceux qui, en réalité, l'attendent."
Au tour de Me Arnaud Ducrocq : "elle avait 31 ans, elle était régisseuse lumière de la salle du Bataclan, elle aimait profondément cette salle. Elle ne travaillait pas ce soir-là, mais assistait au concert. Elle est vraisemblablement l'une des premières victimes des terroristes"
Me Ducrocq : "son papa, monsieur Patrick Jardin, a souhaité que je prenne la parole pour exprimer sa colère, sa rage.
On lui a dit que le temps passe, que ça guérira. Mais le temps passe et ça ne guérit pas. Et sa colère n'en est pas moindre."
Me Ducrocq : "que reste-t-il à cet homme? Peut-on lui reprocher sa haine à l'égard des responsables ?
Il a autant de haine envers ceux-là [il montre le box ndlr] qu'envers les hommes politiques. Vous n'imaginez pas à quel point, il considère que l'Etat a failli."
Me Ducrocq : "monsieur Jardin est un père qui a aimé sa fille et ne retrouvera jamais les moments qu'il partageait avec elle.
Pour que cette colère ne se transforme pas en injustice, je vous demande dans votre délibéré, respectueusement, de ne pas oublier Nathalie Jardin."
Me Olivier Pacheu plaide à son tour : "Charlotte et Alexandre n'ont pas mis un pied dans cette salle d'audience, n'ont pas écouté la webradio.
Depuis n9mois, vous jugez ce qui a marqué leur vie pour toujours. Et eux, Charlotte et Alexandre, ne connaissent même pas votre visage"
Me Pacheu : "ils ne connaissent pas votre voix, monsieur le président, même votre très léger accent, ils ne garderont pas un seul souvenir. Alors, à quoi vont-ils se raccrocher? A cet arrêt que vous allez rendre dans quelques semaines. Et puis à ce qui a été dit dans cette salle"
Me Pacheu : "Charlotte et Alexandre sont un couple d'amoureux qui voyagent, sortent, vont au concert.
Ce soir-là, ils ne vont pas dans la fosse. Il y a une bonne raison à cela c'est que Charlotte est enceinte, enceinte de 11 semaines. Elle est coiffeuse."
Me Pacheu : "Alexandre est policier, alors il comprend très vite que ce ne sont pas des pétards.
Pendant trois heures, ils vont être séparés. "
Me Pacheu : "Charlotte n'est pas toute seule, elle se retrouve dans un local technique pendant deux heures. Deux heures, c'est 7200 secondes. Alors on pourrait compter ces 7200 secondes en pensant à la mort."
Me Pacheu : "Charlotte et Alexandre ont quitté Paris.
Ils ont eu une petite fille : elle s'appelle Juliette."
Place à la plaidoirie de Me Samuel Djian dont le client a été blessé au Bataclan et qui y a perdu sa compagne. En octobre 2016, ce client lui a dressé une liste, qu'il lit à l'audience.
Me Djian : "voici la liste : "troubles de la concentration, réminiscences, je suis terrifié par le caractère aléatoire de ma survie, j'ai une anxiété quant à l'évolution de mon état physique avec l'âge, perte significative de patience, perte d'émotion, de compassion, d'envie"
Me Julia Courvoisier plaide "pour trois merveilleuses personnes, des combattants de la vie et des amoureux de la liberté. Ils sont plus que des rescapés, ils sont mes exemples. Et j'espère qu'ils seront également les votre."
Me Courvoisier : "dès les premiers tirs, Bruno a pris une balle dans l'abdomen. Puis Annabelle. Elle a hurlé :"le bébé, le bébé, je vais mourir".
Me Courvoisier : "Annabelle a pu accoucher d'un petit garçon qui est en bonne santé.
Dans un premier temps, Bruno avait envie de "tout faire péter", partie en Syrie, abattre de sang froid ceux qui avaient causé ça".
Me Courvoisier évoque également Maeva qui "quand elle parle de vous, monsieur Abdeslam, dit toujours "monsieur". Comme si, malgré l'horreur que vous lui avez infligé, elle avait toujours du respect pour la personne humaine que vous êtes."
Me Courvoisier : "ces victimes font partie de nous. Pas seulement depuis le 8 septembre 2021, depuis le #13Novembre 2015. Vous leur devez la justice.
Cette justice, messieurs les accusés, sera toujours sur votre route."
Me Arnaud Godefroy s'avance à la barre : "comme avocat et encore plus comme français, on n'est contents de rien. C'est consubstantiel à notre robe, se plaint tout le temps. Mais quelle chance avons-nous d'être dans notre pays."
Me Godefroy : "rien n'effacera ces actes de rouge et de noir. Rouge tel le sang qu'ils ont fait couler. Noir telles les ténèbres dans lesquels ils ont voulu nous placer : sans musique, sans rire, sans sport.
Rouge et noir comme nos robes aujourd'hui."
Me Godefroy : "après les ténèbres, le déluge, il y a toujours la lumière, toujours un matin."
Me Axel Metzker s'avance pour plaider : "où étiez-vous ce jour-là? Que faisiez-vous quand nous avons appris? Le #13Novembre 2015 fut un moment unique, un de ces moments- rares dans une vie où l'on a l'impression de toucher l'histoire."
Me Metzker : "au procès de Nuremberg, un seul accusé a plaidé coupable : Hans Frank . Il a dit "ce n'est que mon devoir de répondre affirmativement à cette question. Mille ans passeront avec le poids de la culpabilité de l'Allemagne
Hans Frank fut déclaré coupable et pendu."
Me Metzker : "des historiens étudient ce procès comme un sujet d'Histoire, comme l'a été le procès de Nuremberg, première dans l'histoire judiciaire."
Me Metzker : "je souhaite que mon client puisse s'en sortir, reprendre le cours de sa vie comme si de rien n'était. Comme si tout cela n'avait existé."
Place à Me Sacha Ghozlan : "les personnes qui ont été visées le #13Novembre 2015 ont été la cible d'une idéologie. Une idéologie emplie de violence, qui enferme et confisque la parole de ceux qui ont été visés. On ne choisit pas d'être victime du terrorisme."
Me Ghozlan raconte David qui "tire une femme vers la sortie du Bataclan. Mais se rend compte que s'il continue de la tirer, il ne pourra peut-être pas s'en sortir. Alors, il l'abandonne, contraint.
David finira la soirée sur le toit aux côtés de gens qu'il a essayé de rassurer"
Me Ghozlan : "je n'avais pas prévu de prendre la parole à cette audience. Mais il y a quelques jours, un rescapé des camps est décédé. Pendant 50 ans, il s'était tu, puis il a témoigné. Il disait : "vous êtes désormais les témoins des témoins."
Me Ghoslan cite Elie Wiesel et Jorge Semprun "qui se sont croisés dans les camps, sans ce connaître et qui dialoguent : "se taire est interdit, parler est impossible."
Je souhaite que leur silence devienne vos mots. Et que ces mots brisent le tourbillon de violence et de silence"
Me Delas, avocat de plusieurs victimes mais aussi de l'association @lifeforparis s'avance à la barre : "je m'appelle Maureen, j'étais au Bataclan avec mon mari le #13Novembre
Nous sommes plus de 1000 à être sortis de cette salle."
@lifeforparis Me Delas : "plus de 1000 personnes pour qui les choses ne seront plus jamais les mêmes. Dans notre malheur, notre seule chance est d'être nombreux. Je propose de créer @lifeforparis
C'étaient les mots de Maureen, postés le 1er décembre 2015 sur Facebook. Tout est dit"
Me Delas : "en décembre 2015, il y avait une urgence : celle de sortir pour ne pas se terrer, de partager, de se rencontrer.
Je voudrais dire quelques mots pour Françoise Rudzetski, à qui un hommage a été rendu hier."
Me Delas : "et qui avait ces mots très simples : on peut être victime et farouchement indépendante.
On ne combat les ennemis de la démocratie sans utiliser les armes de la démocratie. Le droit, rien que le droit. C'est son premier enseignement."
Me Delas : "le deuxième c'est en 1985, elle s'élève avec la plus grande fermeté contre la peine de mort. Et puis un troisième point : il n'y a pas de justice d'exception pour les actes de terrorisme."
Me Delas : "au sujet de @lifeforparis et le procès, on a abordé cela avec un principe extrêmement simple : une liberté de ton, un souci extrême du respect des droits de la défense et on ne vient pas au soutien de l'accusation car nul besoin."
Me Delas : "vous avez vu très peu de grand blessés ici. Mais il y en as. Et certains ne sont pas venus du tout. Pour certains la douleur est tellement insoutenable qu'ils n'ont pas pu y participer."
Me Delas plaide aussi pour la plus jeune victime décédée, Lola 0. en lisant un texte écrit par sa mère : "13 mai 1998 - 13 novembre 2015. Soit 17 ans et demi exactement Elle était à l'aube de sa vie d'adulte. "
Me Delas : "elle lisait beaucoup depuis son enfance et avait choisi de s'orienter vers des études littéraires. Elle a tout juste eu le temps de faire deux mois de philosophie en Terminale. Et sa première dissertation était sur le thème du désir."
Me Delas poursuit la lecture du texte de la mère de Lola O. : "avec ma fille m'a été enlevé tout le bonheur de la voir s'épanouir , devenir femme et peut-être mère, ce qui fut pour moi, le plus grand bonheur de ma vie".
Me Delas poursuit sur les conclusions de ce procès : "cela a été évoqué par le docteur Zagury : la banalité du mal. L'affligeante banalité du mal. C'est ce que vous avez à juger."
Me Delas : "Vous n'aurez pas ma haine", c'est un idéal vers lequel on doit tendre. C'est au futur. Et certains le peuvent, d'autres ne le peuvent pas. Il y a la même relation entre la haine et la justice qu'entre la peur et le courage. La justice, c'est dominer la haine."
Me Delas :"et puisqu'on évoque l'avenir, je vais finir sur l'avenir de l'association @lifeforparis : il n'y en a pas. Vous avez entendu @Arthur_Dvx ici : "je serai un président à la retraite, je ne veux pas être une victime à vie".
Donc la dissolution est prévue."
Place à la plaidoirie de Me Ferdinand de Vareilles-Sommières pour quatre amis "qui ont vu la mort ce soir-là".
"Ils ne sont pas venus, vous ne les avez pas entendus vous dire que la mort était, à cet instant, une certitude absolue".
Me de Vareilles-Sommières : "écouter c'est le début de la consolation. Vous avez écouté pendant des semaines de nombreuses parties civiles. Nombre d'entre elles vous ont remercié."
Me Frédéric Pichon plaide à son tour : "ce qu'attendent les victimes c'est la justice et la vérité.
La sagesse des Hommes a voulu que face à la loi du Talion, l'Etat s'est arrogé le monopole de la fonction rétributive."
Me Pichon : " dans la même enceinte cohabitent les victimes, ceux qui portent les stigmates de ce crime et ceux qui ont minutieusement préparé ce carnage. Dans ce dossier que vous aurez à juger, on tue pour tuer et pour provoquer un effet de sidération".
Me Pichon : "je voudrais dire aux accusés: je respecte les combattants, ceux qui ont un idéal. Quand j'avais 21 ans, je suis parti me battre en Croatie. Mais un combattant a un code de l'honneur. IL ne touche pas à des civils. D'autant que ces civils là ne vous avaient rien fait"
Me Pichon : "vous avez encore le temps de briser cette carapace et de demander pardon. Pas un pardon de taqiya, un pardon contrit et sincère"
Me Florence Loty Porzier lui succède à la barre : "on a tous voulu les réconforter.
On se souvient tous d'où on était ce soir là, ce qu'on faisait.
Eux, certains sont mort complètement. D'autres partiellement."
Me Loty Porzier : "pour que ça aille vraiment, aujourd'hui, votre verdict devra démontrer que ça a un sens. On ne rendra jamais ces vies volées, ces vies brisées. Mais on peut leur dire qu'il sont été entendus, que la justice est passée et qu'ils n'ont pas fait tout ça pour rien"
Me Ludovic Baron plaide "pour deux parties civiles".
"Quelques mots pour tenter de participer à ce temps de participer à ce temps nécessaire pour juger : l'audience."
Me Baron : "si procès du siècle, audience du siècle, cela ferait de vous, monsieur le président, le président du siècle? Non, je pense que cela est plus simple.
C'est une audience à laquelle chacun aura pu librement exercer ses droits. Et c'est l'essentiel."
Me Baron : "monsieur Abdeslam nous explique avoir renoncé à se faire exploser par humanité. Il aurait donc renoncé? Que vaut cette parole? Je vous ai écouté, monsieur Abdeslam et vous ai aussi entendu pendant vos longs silence".
Me Baron : "monsieur Abdeslam, vous faite partie des premiers survivants du #13Novembre 2015, vous êtes un miraculé. C'est comme si d'un coup de bouton poussoir, vous avez transformé votre gilet explosif en gilet de sauvetage"
Me Baron : "monsieur Abdeslam, alors que vous nous dites partir pour la Syrie, vous vous retrouvez à Paris pour finalement arriver en Absurdie. Je crains que vous soyez arrivé au bout du bout de la sangle d'équilibriste tendue jusqu'à cette barre depuis le #13Novembre 2015."
Me Baron : "finalement, c'est la vérité que je vous propose comme nouveau point de départ.
Je suis persuadé que vous pouvez mieux faire. Et vous vous l'avez promis : "je ferai de mon mieux".
Me Baron :" si vous voulez que le petit gars de Molenbeek ne soit pas complètement écrasé par Abou Abderrahmane, si vous voulez que demeure le petit gars de Molenbeek que vous êtes avant tout, faites le pour lui, faites le pour vous."
Me Baron : "après ces quelques mois traversés ensemble, j'ai le sentiment que nous allons nous manquer. Oui, nous allons nous manquer."
Me Philippe Sarda est le dernier à s'avancer à la barre : "je suis là pour un très court instant, de façon presque symbolique, déchirer le silence dans lequel se sont enfouis Lea et Quentin, ils avaient 13 et 14 ans dont le père a été tué à la terrasse de la Belle équipe."
Fin de l'audience pour aujourd'hui.
Reprise demain à 12h30 pour la suite des plaidoiries des avocats de parties civiles.
Et le compte-rendu du jour, illustré par @ValPSQR c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…

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