1) Ces derniers jours ça a été le festival sur les habits des parlementaires. Marine Le Pen a réussi à critiquer la tenue traditionnelle des députés de Polynésie, puis l’absence de cravate des députés insoumis et Elisabeth Lévy s’en est pris à la tenue de Rachel Keke
2)Rien de neuf, en 2017 on avait déjà eu le #cravategate. Moetai Brotherson député polynésien indépendantiste était lui aussi venu en tenue traditionnelle mais avait alors échappé à la bêtise crasse de l’extrême droite.
3)Ce qu’on peut dire de tout ça
1 – il existe un un dress code parlementaire qui est doublement marqué : occidental et riche, et pour les hommes donc, le costume cravate
4)
2 – dans ce contexte, des député-es peuvent avoir des stratégies vestimentaires, pour marquer des identités politiques, sociales, ou ethnico-culturelles ( et ce faisant des positions anti racistes, anti coloniales, indépendantistes)
5)
3 - la confrontation des deux se fait sur le registre du scandale, du déplacé, et en dit long sur les présupposés de celles et ceux qui critiquent
6)Rien de bien neuf sous le soleil
Les vêtements des parlementaires ont tout au long de l’histoire des assemblées été des marqueurs d’identité.
7)En 1789, les députés du Tiers Etat se plaignaient du contraste produit entre leur costume sobre et sombre au regard des parements d’or des manteaux colorés des députés de la noblesse
8)Ils n’en portaient pas moins la culotte (un pantalon court) et non le pantalon qui restait l’habit du peuple (d'où le terme de sans-culotte soit dit en passant), ainsi qu’une perruque. Pour bien se distinguer des classes populaires.
9)Certes, dans la Convention de 1792, dominée politiquement par les Montagnards à partir de juin 93, on accepte tous les types de vêtements, sabots ruraux, carmagnole (veste) des ouvriers artisans.
10)Mais c’est une parenthèse car ensuite, le costume redevient de rigueur. Il est censé incarner la respectabilité de l’élu, permettre l’égalité des représentants. Il n’en reste pas moins un dress code pour le moins marqué
(Daumier 1834 pour l'image)
11)si on accepte dans l'hémicycle l’uniforme du militaire (nombreux à l’assemblée), la soutane du curé (comme l’abbé Lemire, ou l’abbé Pierre), ce n'est pas le cas des habits ouvriers
12)en réaction, nombreux tentent de faire passer des messages politiques par leurs vêtements
13)Le creusois Martin Nadaud, ouvrier maçon de son état, avait, comme costume opté pour blouse ouvrière à collet bleu et rouge, serrée par une ceinture tricolore
C’est dans cette tenue qu’il fut moqué, jusque dans l’Assemblée nationale constituante.
14)Plus tard (1889), Christophe Thivrier député socialiste de Montluçon a fait de son habit ouvrier un drapeau.
15)En octobre 1889, il publie une lettre ouverte : « Mes électeurs ne veulent pas que je me « déguise » pour la séance d’ouverture.
Ils m’ont donné mandat d’y aller « endimanché » comme je suis ordinairement : la blouse par dessus le paletot ».
16)Les huissiers de la Chambre veulent lui refuser l’entrée.
Il leur lance : « Quand l’abbé Lemire posera sa soutane, quand le général de Gallifet quittera son uniforme, je poserai ma blouse d'ouvrier ».
(Il sera viré qq jours plus tard, pour avoir crié Vive la Commune !!!)
17)En 1997, le communiste Patrice Carvalho , député ouvrier, fit une entrée fracassante à l’Assemblée où il venait d’être porté à la faveur d’une élection partielle en siégeant en bleu de travail.
18)(La scène a été reprise dans la série Baron noir)
19)On pourra ensuite évoquer l’affaire du bournou et du turban du premier député musulman de l’hémicycle Philippe Grenier
20)ce premier député musulman, Philippe Grenier, était originaire et élu de Pontarlier, médecin des pauvres. Il s’était converti à l’Islam après un séjour en Algérie et siégeait dans le groupe de la gauche radicale en 1896
21)Un brave type, qui se préoccupait de justice sociale, d’hygiène publique, mais aussi du droit des colonisés dont il dénonçait l’exploitation
22)il siégeait donc en burnous et turban ce qui lui valait les foudres de toute la presse de droite, outrée de ces « extravagances vestimentaires », et fut exclu par les huissier
(image caricature de droite 1897)
23) on a retrouvé ça dans la charge raciste (et sexiste) dont fait a fait l’objet la députée insoumise Danièle Obono et aujourd'hui Rachel Keke
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Mais c'est malin ça!
Comment féminiser les noms de rues sans gêner les riverains habituer au nom de leurs rues?
en rajoutant des prénoms à des rues déjà existantes pour leur donner le nom d'une femme
ainsi, la rue Rodier devient la rue Claude Rodier (9e) (résistante déportée)
La rue Gonnet devient la rue Marguerite Gonnet (11e)
La rue Moret devient la rue Marguerite Moret (11e)
La rue Jacquier devient la rue Paulette Jacquier (14e)
La cité Bauer devient la cité Anne-Marie Bauer (14e)
petit fil sur des monuments aux morts de la guerre de 14-18
Pas les plus nombreux (les monuments patriotiques, ou civiques) mais les moins fréquents, inattendus, ceux qui évoque le pacifisme, les civils, les femmes...
commençons par quelques monuments pacifiste
Le monument de la commune de Gentioux, avec l'inscription " Maudite soit la guerre" et cet enfant, le poing levé
Massacre du 17 octobre 1961 à Paris… Il y a 60 ans N’oublions jamais. (fil à dérouler)
1)Le 17 octobre 1961 a eu lieu la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine. Une répression longtemps occultée…
2)Rappelons un peu le contexte En janvier 1961 un référendum avait donné une très nette majorité (75 %) en France métropolitaine comme en Algérie en faveur du processus de paix.
Fil d’histoire sur le viol en France
Sa prise en compte par la justice, par les mouvements féministes, l’évolution de la loi…
(un peu long mais c'est important)
1) Il faut bien voir que les violences faites aux femmes, et notamment les violences sexuelles, ont mis très longtemps à être reconnues, judiciarisées. Des siècles d’impunité qui, même si les lois ont tardivement changé, pèsent encore lourdement de nos jours.
1) Si parfois la justice a bougé, c’est parce que les femmes s’en sont saisies. Parce que l’une des formes d’empowerment des femmes a été de se porter courageusement devant les tribunaux, d’y traîner leurs agresseurs, leurs violeurs.
envie de vous raconter en avance les Trois Glorieuses
27, 28, 29 juillet 1830
vous comprendrez pourquoi
1)Les Trois Glorieuses sont 3 journées insurrectionnelles lors desquelles le peuple parisien soulevé à viré le dernier frère de Louis XVI, Charles X, roi ultra, conservateur, nostalgique de l’Ancien régime
2) Bon posons un peu les forces politiques en présence en ce début de 19e siècle.
A droite les ultras. Nostalgique de l’ancien régime (social et politique).
A gauche, les libéraux, héritiers de 1789, prônant le libéralisme politique (et son suffrage censitaire) et économique