Dans ce dernier #VendrediLecture avant la rentrée, nous vous présentons un ouvrage de référence, "La gouvernance par les nombres". Dans ce livre, l’éminent juriste Alain Supiot nous décrit l’évolution des institutions à travers les siècles et à travers le monde. (1/12)
Ne se contentant pas d'un exposé technique sur la forme des institutions, il détaille les principes qui les sous-tendent, les représentations mentales qu’elles projettent.
Abordant les notions de souveraineté et de politique, Supiot comprend que dès l’antiquité, (2/12)
le gouvernement idéalisé est une machine. La loi connaît un long règne, elle accompagne la construction et l’action de l’État moderne. Elle est l’outil qui sert à favoriser des intérêts, à en limiter d’autres. Dès lors, elle implique une notion de calcul et d’évaluation. (3/12)
La justice est elle-même représentée par une balance, signe qu’elle traduit un calcul des poids et une recherche d’équilibre mathématique. L’intrication croissante du calcul arithmétique et du pouvoir politique au sens large va de pair avec l’essor du capitalisme, (4/12)
des sciences et des techniques. Dépersonnalisant ses acteurs, le taylorisme place les nombres au cœur des organisations productives. L’organisation scientifique du travail rejoint dans cette vision la planification communiste. (5/12)
La matrice productiviste commune au taylorisme et au communisme donne une même primauté à la quantification du travail et à la production.
Deux idéologies a priori antagonistes contenaient ainsi un potentiel d’hybridation. (6/12)
Mais nos économies modernes ont dépassé le stade des productions standardisées propres aux économies taylorisées ou communistes. La montée du néolibéralisme en Occident, l’ouverture amorcée en URSS et les profondes réformes chinoises préludent le triomphe du marché. (7/12)
Au contraire des grandes structures hiérarchisées, tels les Etats communistes ou les entreprises fordistes, l’idéal cybernétique s’incarne dans les acteurs atomisés du marché. (8/12)
Hayek voit le marché comme le lieu d’expression politique où des individus peuvent contracter au plus près de leurs intérêts, débarrassés des contraintes collectives. (9/12)
Les politiques néolibérales s’attachent dès lors à modeler les institutions pour qu’elles consacrent les lois du marché et son bon fonctionnement au détriment de la démocratie et de l’intérêt général. Pour Alain Supiot, (10/12)
cette inversion de la hiérarchie publique / privé est une impasse car elle remet au centre du jeu les liens d’allégeance entre individus, entreprises, gouvernants. Une thèse que les années récentes tendent à confirmer, si nous pensons au pouvoir engrangé par les GAFAM, (11/12)
les multinationales, l’omniprésence des oligarques français dans la vie politique et médiatique ou encore dans les jeux d’alliances qui secouent la géopolitique internationale récente. (12/12)
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Bonjour à toutes et à tous. Nous espérons que vous avez bien profité des fêtes. Nous repartons pour un nouveau #VendrediLecture avec un classique de l’économie de ce siècle. Il s’agit du Capital au XXIe siècle de @PikettyLeMonde. (1/30)
L’objectif de l'ouvrage est d’étudier les dynamiques d’accumulation et de répartitions des revenus et patrimoines, dans une vingtaine de pays et sur quatre siècles. Ces travaux sont donc à la confluence de l’histoire et de l’économie. (2/30)
Après avoir noté que le partage du revenu entre le capital et le travail était moins stable qu’on pourrait l’imaginer, Piketty avance qu’il est plus enrichissant de s’intéresser au rapport entre le capital et le revenu national, du fait de "lois fondamentales (3/30)
Bonjour à toutes et tous, nous revoici pour un ultime #VendrediLecture avant une pause estivale durant le mois d’août. Afin de marquer le coup, nous vous recommandons un monument de la création artistique française : A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust. (1/21)
Oui, l’ouvrage est assez long. Oui, il est ardu, dense, et ne se lit pas comme un roman de gare. Dès lors, l’œuvre peut en effrayer ou en décourager plus d’un. Néanmoins, nous allons vous expliquer pourquoi vous devriez profiter du mois d’août pour vous y mettre. (2/21)
Marcel Proust, c’est une langue. Une technicité syntaxique inouïe qui lui permet d’écrire des phrases aussi longues à suivre qu’un projet de réforme de l’Union européenne. C’est également un vocabulaire incroyablement diversifié, qui enrichira le vôtre comme aucune (3/21)
Aujourd'hui, c'est #VendrediLecture, et nous allons vous présenter l'ouvrage de l'économiste John Kenneth Galbraith, "Le nouvel État industriel", paru en 1967. (1/18)
Dans cet ouvrage, Galbraith soutient que le pouvoir dans la grande entreprise et dans la société n'est plus détenu par les individus mais par les organisations. Il démontre que le fonctionnement du capitalisme change par la modification de ses structures et que (2/18)
la loi de l'offre et de la demande ne peut pas fonctionner. Galbraith est un grand critique de cette loi : pour lui elle n'a tout simplement jamais existé. Les conditions de l'économie de marché n'existent pas, le libéralisme en est décrédibilisé. (3/18)
Toujours au rendez-vous pour le #VendrediLecture, cette semaine nous évoquons un auteur iconoclaste et provocateur (pour changer), que beaucoup sans doute attendaient : Jean-Claude Michéa.
Même si ce n'est pas son essai le plus connu, nous choisissons de présenter (1/12)
"Les mystères de la gauche", qui intéresse particulièrement République Souveraine et ses sympathisants. C'est en effet dans cet ouvrage que le philosophe, ancien professeur de philo dans un lycée, désormais retiré dans un village des Landes, établit une généalogie (2/12)
de ce que désigne le terme de "gauche". S'inspirant particulièrement de l'écrivain britannique George Orwell, Michéa différencie fortement ce courant du socialisme - ou plus largement du mouvement ouvrier - pour l'identifier historiquement et intrinsèquement au... (3/12)
Pour ce nouveau #VendrediLecture de RS, nous vous encourageons à lire l'ouvrage iconoclaste de Régis Debray, "Éloge des frontières". Si celles-ci apparaissent aux yeux de beaucoup, et notamment chez certains jeunes, comme quelque chose de négatif... [1/8]
...de restrictif, Debray montre que ces limites sont fondamentales pour maîtriser notre destin. Si vous êtes un militant des droits humains et de la défense de l'environnement, c'est une frontière qui permet de ne pas intégrer à notre marché un bien produit...[2/8]
...à l'autre bout du monde, fabriqué par des enfants. L'absence de frontières, c'est souvent l'absence de protection des faibles face au fort, le fort présentant bien souvent les traits d'un grand marché prétendument universel, mais surtout inhumain. [3/8]
Il y a 200 ans, les Grecs 🇬🇷, nourris par les idées de la Révolution française, se révoltaient contre leurs oppresseurs turcs. Ils ne furent pas aidés par la Sainte-Alliance - l'UE de l'époque - sous la domination du chancelier Metternich. [1/5]
Ce n'est que sous la pression de philhellènes tels que Lord Byron, Delacroix, Hugo ou Chateaubriand, horrifiés par les massacres dont celui Missolonghi, que la Grande-Bretagne et la France - celle-ci y compris sur terre avec l'expédition de Morée - intervinrent. [2/5]
Malheureusement, ce fut au prix de l'emprisonnement de la jeune nation grecque par la dette et une monarchie étrangère non désirée - un handicap qui la suivit la Grèce tout au long de son histoire. [3/5]