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Aug 8 63 tweets 22 min read
Alejandro Valverde : l’ombre d’une sanction jamais assumée

Côté lumière, son professionnalisme, sa passion du vélo, son palmarès. Côté sombre, une affaire de dopage, une procédure judiciaire, son palmarès et une absence manifeste de remords. À tort ou à raison ?
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Avant de commencer, voici la liste des divers liens utilisés pour rédiger ce fil ⬇️
Octobre 2018. Alejandro Valverde plane encore sur son petit arc-en-ciel. Quelques jours auparavant il a remporté les championnats du monde à Innsbruck, trophée qui se refusait à lui depuis une éternité. Alors quand les journalistes l’interrogent encore sur Puerto, ça l’agace.
« Je n’aime pas quand les gens me posent des questions à ce sujet. C’est vous les médias, qui leur donnez du poids. » (22) « Je n’ai jamais été positif à un contrôle antidopage, mais il a été décidé que je devais être sanctionné (…). J’ai donc été puni. » (19)
Puis il ajoute, « chacun peut me juger comme bon lui semble. Mais je suis conscient d’avoir fait tout mon possible pour montrer que non seulement j’ai gagné avant, mais en plus, j’ai été encore meilleur après ma suspension ». (19)
Tout commence en 2006. L’affaire Puerto éclate en Espagne en mai. Le médecin Eufemiano Fuentes est arrêté par la garde civile espagnole. Dans son laboratoire, on découvre des poches de sang codées d’athlètes. Dont des cyclistes de renoms : Basso, Ullrich, Jaksche, Scarponi…
Le nom d’Alejandro Valverde n’apparaît alors dans aucun des rapports de la Garde civile. Pour qu’il commence à être associé à l'affaire Puerto, il faudra attendre les révélations du « Sueddeutsche Zeitung » en septembre de la même année.
Le journal allemand évoque un nom de code sur une poche : « 18 VALV.(Piti) ». « Valv » pour Valverde, « Piti » pour le nom de son chien. « 18 » pour le numéro de client. Le média attribue cet oubli de la justice espagnole à « des raisons patriotiques ».
Valverde se défend :« Je suis très tranquille. Ils ne peuvent rien trouver sur moi. Si Fuentes m’a extrait du sang en 2004, c’est impossible que ce soit le mien, car j’ai acheté mon chien Piti l’année d’après (…) les soupçons ne valent rien. Il faut avant tout des preuves » (19)
Côté Fédération royale espagnole de cyclisme (RFEC), on soutient clairement son athlète avant les mondiaux 2006 : « la propreté d’Alejandro Valverde ne fait aucun doute, car il ne semble pas être impliqué dans les enquêtes menées par la Garde civile et le tribunal ». (3)
Les rumeurs persistent et la question de la présence ou non de Valverde sur le Tour de France 2007 est posée. Le manager de la Caisse d’Épargne, José Miguel Echávarri se dit fatigué de « tant d’hypocrisie et de mensonges, de tant d’accusations publiques sans fondement » (6)
En août 2007, l’UCI attaque le dossier et demande à la RFEC d’ouvrir un dossier disciplinaire pour suspendre le coureur. Mais en septembre 2007, l’organe espagnol refuse. Un appel de l’UCI en octobre devant le Tribunal arbitral du Sport (TAS) n’y fera rien.
Valverde jubile : « J’espère vraiment que la décision du TAS créera un précédent pour l’avenir. Les accusations sans fondement doivent cesser. Quelqu’un dit quelque chose de mal à votre sujet et en un rien de temps, vous êtes considéré comme un dopé. » (37)
L’UCI tente en vain d’interdire à l’athlète de participer aux champ. du monde de Stuttgart. Il n’y fera rien, mais peu lui importe : « j’ai déjà remporté mon championnat du monde personnel 4 jours auparavant, grâce à mes avocats et à la Fédération espagnole de cyclisme » (37).
L’affaire semble classée. Valverde avertit : « il y a déjà deux juges, (ceux de Puerto et du TAS), qui ont dit que je n’avais rien à voir là-dedans. Que voulez-vous de plus ? Pour cette raison, je m’attaquerai désormais à quiconque dit du mal de moi et m’accuse sans preuve. »(36)
L’Espagne a décidé de protéger ou tout du moins, d’ignorer tous les soupçons concernant son protégé. La loi espagnole ne criminalise pas encore la pratique du dopage. Mais il est un pays qui lui, ne l’entend pas de cette oreille : l’Italie a décidé de faire tomber Valverde.
Le 20 et 21 juillet 2008, le Tour de France est en l’Italie. Le procureur antidopage du Comité olympique italien (CONI) en profite pour soumettre l’Espagnol à un contrôle sanguin et urinaire. Le CONI dispose de l’ADN de Valverde.
Reste à obtenir l’échantillon clé, la poche de sang codée « 18 VALV.(Piti) » en Espagne, pour comparer les ADN. En janvier 2009, le juge espagnol Sra. Jimenez Valverde accède à la demande du CONI, et autorise la collecte par des fonctionnaires italiens de l’échantillon.
Cette décision ne plaît pas à tout le monde. Le juge Serrano, en charge de l’opération Puerto déclare le 18 février « la nullité de l’ensemble du processus de demande de preuves mené par le Comité olympique italien » (4) pour l’éventuelle implication d’Alejandro Valverde.
Peu importe, le mal est fait : un mois d’analyses plus tard, le verdict tombe : le CONI informe le procureur italien qu’il engage une procédure antidopage contre Valverde, et prononce contre l’Espagnol une suspension de deux ans sur les courses en territoire Italien.
Les analyses ont été claires : non seulement l’ADN de la poche « 18 VALV.(Piti) » correspond bien à celle du contrôle réalisé sur le Tour de France sur Valverde, mais en plus, la poche espagnole contient de l’EPO.
« Je suis l’athlète le plus contrôlé au monde. Et j’ai un passeport biologique sans tache » (8) clame pour sa défense l’Espagnol qui n’a jamais été testé positif. Federico Cecconi, son avocat nie la légitimité italienne à s’occuper de cette affaire.
L’UCI et l’AMA tentent alors l’impossible : demander à nouveau à la RFEC de suspendre leur coureur. Elle refuse encore. Aucun coureur espagnol dont le nom sera évoqué dans l’affaire Puerto tombera du fait de la justice espagnole. Valverde en appelle maintenant au TAS
Le secrétaire d’État aux Sports, Jaime Lissavetzky déclare en octobre 2009 : « Nous soutenons Valverde comme tous les athlètes espagnols lorsqu’ils ont des problèmes. Je souhaite que lors du jugement du TAS, l’innocence du coureur puisse être définitivement prouvée. » (12)
Malheureusement pour le Murcian, le TAS valide la décision du CONI. Et ce n’est pas fini : le TAS doit maintenant répondre à la demande de l’UCI et de l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’étendre ou non la sanction à l’ensemble du calendrier international.
Nous sommes le 30 mai 2010 matin. L’UCI a publié son classement mondial mensuel. Le nom de Valverde figure en tête.

Quelques heures plus tard, l’UCI transmet un nouveau classement où le nom de l’Espagnol a disparu. Le TAS a rendu son verdict.
Alejandro Valverde est suspendu rétroactivement du 01/01/2010 au 31/12/2011
L’UCI se déclare « satisfaite » et souligne à quel point « le cyclisme et l’UCI ont souffert pour cette affaire » (2). Un dernier appel du clan espagnol à La Cour suprême fédérale suisse n’y fera rien.
Alejandro Valverde encaisse mal cette suspension : « J’aurais été suspendu de toute façon. Ils ont cherché mille trucs. Je pense qu’ils me volent deux de mes meilleures années en tant que professionnel. » (39)
Deux ans plus tard, lors la présentation de l’équipe Movistar, c’est un murcian revanchard qui se présente : « Je n’ai rien fait de mal. J’ai toujours respecté la loi. J’ai ma conscience pour moi » (41). Il remporte sa première course après suspension dès le Tour Down Under 2012.
Il met en application ses propos tenus en février 2011 : « Dites-moi où j’ai été testé positif. Nulle part. Je purge une sanction pour quelque chose que je ne devrais pas avoir à subir. Quand je reviendrai, j’aurai purgé ma peine. (…) personne ne pourra plus rien me dire. » (40)
Mais alors : Valverde était-il innocent ? Y a-t-il un doute ? Les arguments de sa défense tiennent-ils? Cela ne serait-il qu’un malencontreux accident ? Ou alors s’agit-il d’un mensonge ou d’un déni ? Les PV des jugements du CONI (2009) et du TAS (2010) répondent à ces questions.
C’est tout d’abord une histoire de chien. La prétendue poche de sang de Valverde contiendrait le nom « Piti », soit le nom du chien du coureur, ce qui aurait servi à identifier le cycliste espagnol. Mais Valverde l’affirme : il ne possédait pas encore de chien "Piti" à l’époque.
Le CONI rappelle qu’en décembre 2006 Valverde avait déclaré à la presse qu’il possédait un chien nommé « Piti », acheté en 2005. Son ex-coéquipier Manzano a également témoigné que Valverde faisait souvent référence à son chien nommé « Piti » dans les conversations en 2002-2003.
Cette histoire de chien n’est pas anecdotique : d’autres coureurs dans les documents de l’Opération Puerto sont également désignés par le nom de leur animal de compagnie. C’est notamment le cas de l’allemand Jörg Jaksche.
Autre document administratif saisi pose problème, l'agenda du Dr Fuentes, où est indiqué un rendez-vous avec le numéro de code 18, le 7 avril 2005 pour un traitement « R. » « R » signifie le mot espagnol « réinfusion », ce qui signifie la réinjection du sang.
Impossible pour Valverde : le 7 avril 2005, il participait à la « Vuelta Ciclista al Pais Vasco ». Il a même remporté une étape et été soumis à des tests de dopage obligatoires tous négatifs. Ses performances auraient diminué après ce jour, ce qui semble contradictoire.
Le TAS rappelle que selon Manzano, le Dr Fuentes rendait visite aux athlètes lors des compétitions. «que M. Valverde ait participé à une compétition le 7 avril renforce, plutôt qu’il n’exclut, la possibilité que le Dr Fuentes lui ait réinjecté du sang à des fins de dopage ». (51)
Le témoignage de Manzano est d’ailleurs accablant : son ex-coéquipier (Kelme) l’accuse d’avoir reçu des injections d’EPO et de testostérone, ainsi que de plasma dont la prise de sang aurait eu lieu à la clinique du Dr Marino (l’un des membres du réseau antidopage du Dr Fuentes)
Pour Valverde les déclarations de Manzano ne sont pas fiables, car pas un seul document de l’Opération Puerto ne confirmerait ses déclarations. Au contraire, le CONI estime n’avoir aucune raison de douter de la véracité des déclarations, corroborées par les aveux du Dr Fuentes.
Rentrons dans le vif du sujet : la question du sang et de l’ADN. Ici, la défense de Valverde se veut juridique : il souhaite obtenir la déclaration de la nullité de la preuve. Il reproche au CONI l’utilisation de son sang obtenu lors du contrôle sur le Tour de France à 2 titres :
– l’utilisation de son sang obtenu pour autre chose qu’à déterminer s’il a commis une infraction liée au dopage lors de cette compétition.

– La conservation de l’échantillon constituerait une violation de la protection de la vie privée garantie par la loi italienne et la CEDH
Le CONI balaye : Valverde a signé le « formulaire standard utilisé par le CONI pour le prélèvement des échantillons. Il a déjà été indiqué que ce formulaire n’impose aucune restriction sur ce que le CONI pouvait faire de cet échantillon après le prélèvement ».(51)
De plus, le code italien de protection des données personnelles ne prévoit pas le consentement de la personne concernée et le délai de prescription au moment des faits est de huit ans.
Le camp de Valverde tente aussi de délégitimer la crédibilité de l'analyse ADN effectuée par le laboratoire médico-légal. Cependant. « Une telle affirmation n'est étayée par aucune preuve crédible et constitue donc une pure spéculation » affirme le CONI.
L’analyse effectuée par le Service scientifique de la Police établi une correspondance avec l’échantillon prélevé lors du TDF 2008 sur la base de 16 marqueurs génétiques.
« Étant donné qu’un profil génétique n’appartient qu’à un seul individu, il ne peut être falsifié ».(51)
Le TAS rappelle par ailleurs, que malgré les déclarations de Valverde et sa signature au Commitment to a New Cycling de l’UCI, facilitant la prise d’ADN, « il est clair qu’aucune tentative n’a jamais été faite de sa part pour donner suite à cet engagement. »(50)
Concernant la poche de sang, Valverde estime qu’une prise de sang ne peut à priori pas être interdite par les règles antidopage. Et « une extraction de sang peut être effectuée pour de nombreuses raisons, y compris à des fins thérapeutiques légitimes » (50), souligne-t-il.
Sur ce point le CONI rétorque que « de l’audience, il ressort que la quantité de plasma retrouvée dans la poche est incompatible avec toute hypothèse d’extraction ou de prélèvement involontaire d’un échantillon relativement faible» (51) comme une prise de sang.
La présence d’EPO dans la poche n° 18 est un « indice qui vient renforcer la conclusion (…) que ce sac était destiné à être utilisé à des fins de dopage » (51). D’autant que l’athlète ne fourni aucune raison justifiant la présence de son sang dans le labo du Dr Fuentes.
Face au TAS, il réitère son explication à cette présence : « la transfusion de ce sang ne doit pas être considérée comme contraire au règlement antidopage », et pourrait servir « pour l’usage thérapeutique». Et précise, «conseillé, par exemple en cas d’accident. » (50)
Le camp Valverde souligne que «selon le Règlement UCI-ADR 2001, toute substance ne contenant pas de globules rouges (...) ne peut être considérée comme un dopage sanguin» (50). Or la poche incriminée ne contiendrait que du plasma.
Ce à quoi son opposition rétorque : « le plasma peut être utilisé pour influencer les niveaux d’hématocrite, ce qui est une technique de dopage sanguin. Il est donc possible de conclure que le plasma était destiné à être utilisé pour des pratiques de dopage sanguin » (51).
De fait, la messe est dite : « le simple prélèvement de sang à usage non thérapeutique est interdit et constitue une violation des normes antidopage du CONI, au moins « en ce qui concerne l’interdiction de la tentative d'utilisation d'une méthode interdite ». (51).
Il ressort de ces deux PV du CONI et du TAS une conclusion : l’échantillon « 18 VALV.(Piti) » correspond scientifiquement à celui de Valverde et il « existe suffisamment de preuves qu’une violation des règles antidopage a été commise par M. Valverde en 2006 » (50)
En 2012, Valverde subit le contrecoup, signe d’une dépression : « La réalité est que notre corps a une mémoire extraordinaire, il stocke tout. Et à la fin mon corps a rejeté tout le stress accumulé depuis l’Opération Puerto et la disqualification d’un seul coup » (21).
Il engrange les résultats. En 2015, il termine 3e du Tour, ce qui lui vaut les éloges du président du gouvernement, Mariano Rajoy : « Vous montez sur le podium à Paris (…) avec la satisfaction du travail bien fait, après plus de treize ans à pédaler au plus haut niveau… 1/2
« … au cours desquels vous avez fait preuve de sacrifice, de persévérance et de courage dont seuls les champions savent faire preuve. (…) Vous êtes une fierté pour tous les Espagnols » (48). Puerto n’incite déjà plus (mais l’a-t-elle jamais faite ?) à la prudence d'Etat. 2/2.
En 2018, Greg Van Avermaet balaye également le passé pour célébrer la victoire de Valverde lors des championnats du monde: « Je ne pense pas qu’il faille accorder beaucoup d’importance à son passé (…) c’est le meilleur coureur de sa génération. » (42)
Mais quand il reçoit le prix Rey Felipe du meilleur athlète 2018, certaines dents grincent en Espagne : « C’est un manque de respect envers tous les athlètes espagnols qui réussissent proprement » (43) écrit l’ancien dir. général du Conseil supérieur des sports Guillermo Jiménez
Elena García, athlète espagnole de course à pied s’agace: « C’est un manque de respect pour tous les athlètes espagnols qui réussissent proprement. Nous nous étonnons quand d’autres pays nous stigmatisent comme des tricheurs et nous mettent tous dans le même sac ».(43)
A force de n’être jamais contrôlé positif, «Tu rentres dans un monde tel où tu crois ton propre mensonge », dénonçait Jésus Manzano l'ancien cycliste de Kelme à l’origine de l’affaire Puerto, quand il évoquait le dopage de masse dans le peloton en 2004.
Alors, à 42 ans, Valverde s’apprête à achever sa carrière. Il aura remporté des trophées à foison et marqué son époque comme peu de coureurs l’ont fait. Mais une carrière à jamais entachée d’une suspension de deux ans. Et peut-être, d’un « mensonge ». #fin

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Aug 5
Jesús Manzano, le cycliste fatigué d’être un rat de laboratoire.

Son témoignage sur le dopage a été le point de départ de l’affaire Puerto. En 2004, Jesús Manzano, coureur de la Kelme balance son équipe et le milieu. Mais pourquoi a-t-il franchi le Rubicon ? #Thread
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