Vous habitez dans les Alpes ou en #Corse ? Vous y êtes peut-être en vacances ?
Savez-vous qu’au tournant 1950-1960, la France a envisagé d’y réaliser des essais nucléaires ?
Thread : La recherche de sites d’essais nucléaires en France métropolitaine.
1/ En 1957, la France porte son choix sur l’Algérie et le site de Reggane pour expérimenter sa première bombe nucléaire, Gerboise Bleue qui explose en février 1960. J’avais réalisé un thread sur cette histoire :
2/ Mais, parallèlement à la construction du site de Reggane, la France cherche un nouveau site pour réaliser des essais dans un contexte d’incertitudes sur l’évolution du conflit en Algérie et une pression internationale pour l’abandon des essais atmosphériques.
3/ 2 solutions sont envisagées : Des essais dans des îles de ce que l’on appelle encore l’« Union française » pour permettre l’explosion de bombes plus puissantes et/ou des essais souterrains sur le mode des essais nucléaires américains.
Pourquoi pas en France métropolitaine !?
4/ La commission de recherche de sites souterrains pour expériences nucléaires composée de représentants du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de la Défense nationale est créée en 1958. Elle est présidée par le général Ailleret, commandant interarmées des armes spéciales.
5/ Des travaux et rapports de 1958-1959 de cette commission indiquent les sites possibles pour des essais nucléaires en France métropolitaine, notamment dans les Alpes et en Corse.
Regardons plus en détails :
6/ La Cime de Pal dans les Alpes-Maritimes et le Grand Coyer dans les Alpes-de-Haute-Provence sont étudiés mais non retenus pour des raisons géologiques et hydrogéologiques.
7/ Plusieurs sites des Hautes-Alpes comme la haute vallée du Fournel, la haute vallée du torrent de Couleau ou encore la Tête de Vautisse sont rapidement abandonnés. La Crête des Prénetz, dans le massif des Ecrins semble faire l’affaire avec tout de même pas mal de réserves.
8/ Enfin, la piste du désert des Agriates en Haute-Corse est rapidement écartée notamment en raison d’un risque d’une forte opposition de la population alors que le tourisme se développe (vidéo amateur de la plage de Calvi en 1960).
9/ Le choix d’un site en France métropolitaine apparaît donc très compliqué, notamment car les critères sont très restrictifs, mais aussi pour des raisons politiques assez évidentes... D’autres sites (Landes, Massif central …) font simplement l’objet d’une étude bibliographique.
10/ Les autorités françaises ne vont toutefois pas totalement lâcher cette idée. En février 1960, des recherches conduisent une nouvelle fois en Corse, du côté du massif de l’Argentella à 15 km au sud de Calvi (photo aérienne des années 1960).
11/ L’Argentella est le site d’une ancienne mine de plomb argentifère et de cuivre exploitée entre mi-XIXème et mi-XXème. Les autorités estiment que les roches granitiques du massif pourront absorber les explosions et que l'évacuation des villages voisins ne sera pas nécessaire.
12/ Le 14 avril 1960, Pierre Guillaumat, nouveau Ministre chargé de l'Énergie atomique, de la Recherche et de la Fonction publique et Francis Perrin, Haut-commissaire à l'énergie atomique du CEA rencontrent des élus Corse à Ajaccio pour discuter du projet.
13/ Les élus corses consultés sont médusés par cette idée et le projet s'ébruite rapidement dans la presse.
Les autorités tentent alors de rassurer : Pas d’essais pendant la saison touristique, absence de risques, explosions « pacifiques », compensations……
14/ Le mal est fait, la Corse est sous le choc. Spontanément, des comités se forment un peu partout pour protester contre le projet. Des manifestations sont organisées à Bastia, Ajaccio mais également à Calvi ou Ponte-Novo !
Des grèves sont organisées.
15/ Gaston Defferre, sénateur, maire de Marseille se mêle également à la protestation (archive le Monde 23 avril 1960). Un ancien député Corse, Arthur Giovoni, redoute même que la situation s’envenime rapidement si le projet n’est pas abandonné (archive le Monde 2 mai 1960).
16/ La venue en mai de techniciens pour étudier le site de l’Argentella accentue encore les tensions. Le 21 mai, le Conseil général de Corse adopte une résolution à l’unanimité contre le projet. Les autorités françaises font machine arrière devant cette forte contestation.
17/ Finalement sous la pression populaire, le projet est abandonné en juin 1960. Mais cette histoire va laisser des traces et est mentionnée comme un des prémices des mouvements écologistes et autonomistes corses des années 1970.
18/ Il n’y aura finalement jamais d’essais nucléaires en France métropolitaine et les essais souterrains se dérouleront dans le Sahara algérien à In Ecker.
Moins polluants que les essais atmosphériques, ils peuvent néanmoins mal tourner, comme en 1962 :
19/ Les essais nucléaires dans le Sahara sont stoppés en 1966 et transférés entre 1966 à 1996, sur les atolls de Moruroa et Fangataufa en Polynésie française.
Mais c’est une autre histoire...
FIN
20/ Pour la carte, je l’ai réalisée via Framacarte. Elle est dispo ici : framacarte.org/m/131066/
Pour les sites envisagés (notamment hors Corse), je n’ai pas eu accès directement aux archives mais je m’appuie sur les travaux de Jean-Marc Regnault.
Savez-vous que cette superbe tour aéroréfrigérante accueille un manège ? Qu’elle est située sur le site d’une ancienne centrale #nucléaire allemande devenue un parc d’attraction ?
Fil : Kalkar, une histoire de neutrons rapides et de sensations fortes…
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1/ Avant-propos : Merci @Kako_line pour l’invitation à travailler sur le sujet des tours aéroréfrigérantes décorées.
Celle de la centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne a sans doute l’histoire (thread non exhaustif) la plus incroyable !
C’est parti.
2/ Dès le début de l’ère nucléaire, l’idée de surgénération (capacité d'un réacteur nucléaire à produire plus d'isotopes fissiles qu'il n'en consomme) est en vogue et les projets de piles couveuses (breeder) se multiplient (Experimental Breeder Reactor I dans l’Idaho, USA, 1951).
Point de situation au 5 septembre 2023 concernant la situation à la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
🇺🇦🇷🇺☢️Un fil à dérouler🧵🔽
1/ Sur la situation générale de la centrale #nucléaire : 5 réacteurs sur 6 sont en arrêt à froid. Le réacteur 6 est en arrêt à chaud et produit de la vapeur pour des besoins de sûreté depuis le 13 août 2023 (notamment pour le traitement des déchets radioactifs liquides).
2/ Le réacteur 4 a été transféré d’arrêt à chaud vers arrêt à froid en raison d’une fuite d'eau depuis le circuit primaire vers le circuit secondaire au niveau d’un des générateurs de vapeur (GV) du réacteur survenue le 10 août.
Point de situation au 20 juin 2023, avec un éclairage historique, concernant la sûreté de la centrale #nucléaire de Zaporijia depuis la destruction du barrage hydroélectrique de #Kakhovka.
Un fil à dérouler 🔽🇺🇦🇷🇺🧵
1/ Dans la nuit du 6 juin 2023, le barrage hydroélectrique de #Kakhovka, sur le Dniepr (Nova Kakhovka, oblast de Kherson) est détruit entrainant en aval de fortes inondations aux conséquences humaines, sanitaires et environnementales dramatiques.
2/ Construit dans les années 1950, le barrage (photos) a créé en amont le réservoir de Kakhovka sur le Dniepr, long de 240 km et jusqu'à 23 km de large. L’ensemble barrage/réservoir permet notamment l'irrigation de terres agricoles du sud de l'Ukraine et du nord de la Crimée.
Le Plan particulier d'intervention (PPI) présente une cartographie des communes impactées par des mesures en cas d’accident #nucléaire dans un rayon de 0-20km autour d’une centrale.
Thread : Tour d’horizon des cartes des PPI pour les 18 centrales nucléaires en exploitation.
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1/ Avant-propos : Un PPI propose une représentation cartographique du risque et est dimensionné sur un accident et des conditions météos donnés.
Les conséquences/mesures d’un accident « réel » peuvent bien entendu déborder ou non de la cartographie du PPI.
C’est parti. ⬇️🧵
2/ Cartographie du PPI de la centrale nucléaire de Belleville (Cher).
On en parle moins donc c’est le moment de faire un point sur la situation de la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
Point de situation au 6 mai 2023
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1/ Tout d’abord, les 6 réacteurs ne produisent plus d’électricité. Au moins 5 sur 6 sont même en « arrêt à froid ». Jusqu’alors, un ou deux des réacteurs étaient maintenus en « arrêt à chaud » pour alimenter en chaleur le site et la ville voisine d’Enerhodar.
2/ Si les réacteurs ne produisent pas d’électricité, ils ont toutefois besoin d’être refroidis pour des raisons de sûreté et donc d’être alimentés en électricité. Une seule ligne électrique de 750 kV fonctionne actuellement sur les 4 disponibles avant le conflit.
19 octobre au 18 décembre 1964 : Le réacteur #nucléaire PAT (prototype à terre) du CEA Cadarache) « prend la mer » pour une croisière fictive autour du monde.
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Tous les jours, sur la base d'un rendement de propulsion supposé, l'énergie produite est transformée en milles marins et la position du « bateau » reportée sur la carte.
En réalité, le réacteur ne bouge pas, au fond de sa « piscine ».
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Ce type de réacteur sera installé à partir de 1971 sur les sous marin nucléaires lanceurs d'engin français (SNLE), dont le premier sera le Redoutable.