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Sep 8 43 tweets 8 min read
Bonjour à tous,

L'audience du procès de l'attentat de Nice le #14Juillet 2016 reprend pour sa quatrième journée.
Le président annonce qu'un débat sur le visionnage de la vidéosurveillance aura lieu demain après-midi. "Et en fonction, on prendra une décision".
Ce matin, l'audience est consacrée à la suite de l'audition de l'enquêtrice SDAT 005.
"A-t-on une idée du nombre de personnes engagée sur la sécurisation de l'événement du #14Juillet à Nice?" l'interroge d'emblée le président.
Président : "J'ai bien conscience que ce n'est pas l'objet de ce procès et qu'une instruction est en cours à Nice. Mon objectif n'est pas de mettre en cause quiconque mais de savoir quelles étaient les conditions de sécurité. C'est important de le comprendre."
Enquêtrice : "la police municipale de Nice était présente, la police nationale pilote avec des renforts départementaux. Je n'ai pas le nombre global, mais il est certain que ça a été préparé en amont".
Président : "L'accès à la Promenade des Anglais était réglementé et si oui de quelle manière?"
Enquêtrice : "Je l'ignore."
-Vous savez à qui cette question doit être adressée ?
-Au dispositif de mise en place de la sécurité publique en partenariat avec la mairie de Nice.
Président : "y a-t-il de éléments qui objectivent l'idée que Mohamed Lahouaeij-Bouhlel ait pu manipuler" ceux qui sont aujourd'hui accusés dans ce procès?"
Enquêtrice : "on n'a pas d'éléments qui permettent de dire qu'il aurait pu envisager de les compromettre"
Président : "y a-t-il des éléments qui objectivent l'idée que Mohamed Lahouaeij-Bouhlel aurait pu s'imaginer que ses proches étaient avec lui dans son projet?"

Enquêtrice : "on a des témoins qui disent qu'il envoyait des messages qu'ils ne comprenaient pas".
Place aux questions du parquet antiterroriste. Interrogée sur le caractère terroriste de l'attaque de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'enquêtrice SDAT 005 déclare fermement : "pour moi le caractère terroriste ne fait aucun doute".
L'avocat de "la seule victime blessée par balle de cette attaque" se lève. "Il était présent avec sa femme et son fils de trois ans. Il conserve encore aujourd'hui de graves séquelles. Le directeur du CHU de Nice lui a confié qu'il était un véritable miraculé."
Avocat : "confirmez-vous qu'il est fort probable que la balle qu'il a reçue soit une balle perdue de la police nationale lors de la neutralisation du terroriste?"

Enquêtrice : "c'est très probablement le cas mais je n'en ai pas la certitude."
Me Chalus : "vous avez indiqué que les témoignages que vous avez recueillis étaient ceux de gens horrifiés."
L'enquêtrice, très émue : "j'ai passé des heures et des heures à lire des témoignages de victimes. Je pense qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce type de scène. "
Enquêtrice : "pour Nice, ce qui était particulièrement frappant à la lecture des plaintes et des témoignages c'est qu'on avait affaire à des scènes qui touchaient des enfants, très jeunes parfois, et des familles entières. Il y avait un degré supplémentaire dans cet effroi."
Enquêtrice : "les victimes sont la raison d'être de notre mission, ce pourquoi on a autant à coeur de s'impliquer sans compter nos heures et notre investissement."
Enquêtrice : "sur les images, on voit, à chaque mouvement du camion, une traînée de corps et de sang. On voit les gens situés plus loin, qui sont à mille lieux d'imaginer ce qu'il se passe et seront de toute façon incapables de réagir tellement la foule est compacte."
Enquêtrice : "je suis policière depuis 22 ans, dûment formée, je porte une arme et je suis incapable de vous dire comment je pourrais réagir face à cela. C'est uniquement en vivant ce type d'acte qu'on peut en avoir conscience."
Me Chalus, avocate de parties civiles : "y a-t-il un territoire de la terreur?"
Enquêtrice : j'ai souvenir d'une embardée du camion vers un petit stand de bonbons où il y avait beaucoup d'enfants.
Il y a cet endroit là, il y en a partout sur les 1800 mètres de constatations.
Alors que les questions des avocats parties civiles se multiplient, le président les rappellent à l'ordre : "je souhaite que vous vous organisiez pour laisser la place aux questions de la défense".
Mais les questions se poursuivent. On en vient à l'usage du terme "Daech" ou "Etat islamique"
Véritablement agacé, le président reprend l'avocate de parties civiles : "Maître, ne pensez-vous pas qu'on pourrait garder le temps qu'il nous reste pour des questions plus utiles?"
Place à la défense.
Me Cottineau: "a-t-on la certitude que les armes fournies à Lahouaiej-Bouhlel était pour un acte terroriste?"
Enquêtrice : "c'est un couple qui trafique de la cocaïne et des armes, pas des fleurs. On est dans le cadre de la fourniture d'arme à un terroriste."
L'audience se poursuit avec l'audition d'un enquêteur de la DGSI sur les revendications de l'attentat du #14Juillet 2016, a posteriori par Daech.
En préambule, le commissaire, enquêteur de la DGSI, indique qu'il va faire diffuser l'enregistrement de la revendication de l'attentat par le djihadiste de l'Etat islamique, Adrien Guihal.
L'enquêteur explique que l'attentat du #14Juillet 2016 a été revendiqué "par un communiqué, un audio, une vidéo, un article, soit quatre couches de revendication".
Enquêteur : "la première revendication est une dépêche de "l'agence de presse" Amaq."
Il y est évoqué "un soldat de l'Etat islamique qui a répondu aux appels à cibler les ressortissants des Etats de la coalition". On esr alors le 16 juillet à 10h15.
Vient ensuite, un bulletin d'information de la radio de l'Etat islamique, Al-Bayan qui évoque à nouveau l'attentat de Nice.
Enquêteur : "ce n'est pas une édition spéciale mais le journal d'information du jour."
Ce bulletin d'information a été rediffusé dans l'après-midi, traduit en français. L'enquêteur le fait diffuser dans la salle d'audience.
On y entend un nasheed, puis "nous vous présentons le bulletin d'information de l'Etat islamique. Plus de 100 morts et de nombreux blessés..."
La voix, en l'occurrence celle du djihadiste Adrien Guihal, poursuit : "... un soldat a mené une nouvelle opération spéciale en utilisant un poids lourds ...."
L'enquêteur évoque également la vidéo de revendication de l'attentat du #14Juillet 2016 à Nice, dans laquelle apparaît un autre djihadiste français connu dans d'autres dossiers d'attentat : Rachid Kassim.
Dans cette vidéo de revendication, deux otages sont décapités.
L'enquêteur explique : "on a l'impression que ces décapitations sont surtout là pour le côté spectaculaire et faire oublier que cette revendication ne contient aucune information sur l'attentat en lui-même".
A son tour, l'enquêteur reprend les différentes typologie d'attentats en lien avec l'Etat islamique : les attentats projetés (comme le #13Novembre 2015), les attentats soutenus (comme l'#Hypercacher) et les attentat inspirés, catégories dans laquelle il classe l'attentat de Nice.
L'enquêteur relève que dans le cadre de revendications opportunités, l'Etat islamique "a parfois été pris en flagrant délit de mensonge". C'était le cas, par exemple, d'une attaque contre un casino à Manille (Philippes) en 2017, attaque revendiquée par l'Etat islamique.
Enquêteur : "mais l'enquête sur cette attaque de Manille révèlera qu'il s'agissait d'un braquage raté, commis par un chrétien. Et que les victimes sont mortes d'asphyxie lors d'un incendie que l'auteur avait allumé ou lors de mouvement de foule."
Enquêteur : "le massacre du #14Juillet coche les cases de l'attentat inspiré que l'Etat islamique découvre en même temps que tout le monde : en raison de la cible, le choix du jour, le mode opératoire etc."
Fin de l'audition de l'enquêteur sur la revendication de l'attentat.
Le témoin suivant, Damien Delaby, commissaire à Nice s'avance à la barre. Il doit venir rendre compte des constatations effectuées après l'attentat.
Le commissaire débute son propos, très détaillé, par le coup de téléphone qui l'alerte de ce qu'il vient de se passer à Nice : "on se souvient forcément de ce qu'on faisait lorsqu'on reçoit ce type d'appel. J'étais donc chez moi."
Commissaire : "lorsqu'on est arrivés sur la Promenade des Anglais, j'ai le souvenir du silence de mort, le silence pesant qui contrastait avec les gyrophares et l'agitation des véhicules de secours et de police. J'ai aussi le souvenir des rafales de vent qui balayaient la grève"
Commissaire : "nous procédons, à trois responsables, à la remontée de la Promenade des Anglais et à la reconnaissance de la scène de crime. Nous avons sectorisé 16 secteurs pour envoyer ensuite des équipes sur chaque secteur."
Commissaire : "la théorie du plan attentat c'est que les secteurs sont d'environ 20 m sur 20 m. Mais compte tenu de la longueur de la scène de crime, il a fallu que l'on étende les secteurs. Il a fallu s'adapter compte-tenu de l'ampleur de la scène d'attentat."
Commissaire : "nous n'avions, tous autant que nous sommes, jamais reconnu une telle scène. Il nous fallait, malgré l'émotion qui a perduré longtemps après nos opération, déployer les investigations techniques."
Le commissaire fait projeter les images de la Promenade des Anglais telle qu'il l'a découverte. On y voit des corps recouverts de draps blancs. Des corps. Des corps. Des corps.
Au milieu de traces de sangs, d'objets personnels éparpillés sur le bitume. De confettis aussi.
Zone par zone, le commissaire fait projeter des images vues du ciel, avec, pour chacune d'entre elles, la localisation des victimes décédées. "Les constatations se sont terminées à 15h le 15 juillet", conclut-t-il.
Commissaire : "ce à quoi nous avons été confrontés là dépasse l'entendement, une véritable scène d'effroi. Il importait de participer à l'oeuvre de justice. Tout n'a pas été parfait, c'est difficile d'être dans la maîtrise des gestes techniques dans ces moments-là".
Président : "une scène de guerre comme vous l'avez décrite, ce n'est pas une scène à laquelle un policier est formé, j'imagine."
Commissaire : "ce n'est pas une scène à laquelle nous étions habitué, mais nous avions été formés au dispositif attentat."
Fin de l'audition de l'enquêteur et de cette journée d'audience qui reprendra demain à 9h30.

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Sep 7
Bonjour,

Troisième jour du procès de l'attentat du Nice. L'audience, aujourd'hui encore, prend du retard au démarrage. En raison, aujourd'hui encore, de l'absence d'une des accusés qui comparaissent libres.
Le procès ne peut se tenir qu'en présence de tous les accusés.
Finalement la sonnerie retentit. "L'audience est reprise", annonce le président qui d'emblée, demande à l'accusée arrivée en retard de s'avancer à la barre. "L'horloge indique 10h05, l'audience est sensée commencer à 9h30".
- Oui mais ....
- Ce n'est pas mon problème.
Le président poursuit : "je ne tolèrerai plus aucun retard. Sinon vous risquez d'aller dans le box".
L'accusée qui comparaît libre acquiesce et retourne s'asseoir dans le prétoire.
Read 37 tweets
Sep 6
Bonjour à tous,

Au procès de l'attentat du #14Juillet à Nice, l'audience reprend avec un peu de retard, certains accusés qui comparaissent libres étant arrivés en retard.
Le président annonce le programme du jour : l'appel des dernières parties civiles et témoins tout d'abord.
Le président a ensuite prévu de faire un propos liminaire. Puis, cet après-midi, il fera un résumé des faits "relativement long", précise-t-il.
L'appel des témoins débute. Ceux cités par le parquet antiterroriste tout d'abord. Viendront ensuite les témoins cités par les avocats de parties civiles, parmi lesquels François Hollande, Bernard Cazeneuve ou encore François Molins. Puis les témoins cités par la défense.
Read 48 tweets
Sep 5
3 mois et demi d'audience, près de 900 parties civiles, 8 accusés, une retransmission à Nice : le procès de l'attentat du #14Juillet s'ouvre aujourd'hui à Paris.
On vous en parle avec @MVinceneux dans le journal de 8h de @franceinter et tout au long de la journée.
L'audience du procès des attentats est sur le point de s'ouvrir. Les trois accusés qui comparaissent détenus sont arrivés dans le box des accusés, l'une des accusés qui comparaît libre également.
Parties civiles et avocats affluent progressivement dans la salle d'audience.
La sonnerie retentit, la salle désormais à moitié pleine se lève. Et puis, non. L'audience ne débute pas encore.
Les derniers accusés comparaissant libres et les avocats généraux sont désormais installés.
Read 25 tweets
Aug 29
Alors que se profile le procès de l'attentat de Nice (rendez-vous ici même lundi 5 septembre pour l'ouverture de l'audience), permettez-moi un dernier thread sur le procès des attentats du #13Novembre 2015, alias #V13.
L'ouverture d'un procès c'est souvent une plongée dans l'inconnu. Difficile à l'avance de savoir ce que va donner une audience. Car même si les faits sont connus, les assises c'est avant tout une matière humaine et donc imprévisible. #V13 n'a pas fait exception à cette règle.
Sauf sur un point : avant même qu'il ne démarre, on savait que ce serait dur. Ca l'a été. Et plus encore. Alors, à trois, nous avons décidé d'inventer un lieu où déposer nos émotions, décharger nos peines et nos colères, partager nos réflexions. Pour tenir le coup sur la durée.
Read 7 tweets
Jun 29
Bonjour à tous, cette fois nous y sommes. 149e et dernier jour d’audience au procès des attentats du #13Novembre 2015. Le verdict doit être rendu dans les prochaines heures.
Pour l’instant, parties civiles et professionnels affluent place Dauphine dans l’attente de pouvoir entrer dans le palais de justice. Image
La cour, qui s'est retirée pour délibérer lundi midi, doit rendre sa décision pour les vingt accusés, dont 14 présents à l'audience.
Rappelons que 5 peines de perpétuité ont été requises par le parquet national antiterroriste.
Read 50 tweets
Jun 27
Bonjour à tous,

Cette fois, le procès des attentats du #13Novembre 2015 touche à sa fin. 148e jour d'audience et derniers mots des accusés, dès ce matin, avant que la cour ne parte délibérer. Le verdict, lui, est prévu mercredi soir.
Pour retrouver la plaidoirie des avocats de Salah Abdeslam contre la perpétuité incompressible requise par le parquet national antiterroriste, c'est par ici > radiofrance.fr/franceinter/pr…
Aujourd'hui, c'est @sophparm qui assurera le LT des derniers mots des accusés.
Je vous raconterai cette audience à l'antenne de @franceinter
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