Thread by @aureliesarrot

#attentatdeNice L'audience est reprise. À la barre: Gwenaël L., 32 ans, menuisier en arrêt depuis 4 mois. Il est partie civile. Il était sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016.

#attentatdeNice
Gwenaël L.: "Je suis là parce qu'on me l'a demandé, j'ai reçu une convocation, je ne fais pas ça de gaîté de cœur."

#attentatdeNice
Gwenaël L., a tout de suite compris le 14 juillet qu'il s'agissait d'un attentat. Il décrit l'attitude du conducteur au volant du camion. "Il était là pour faire un maximum de victimes"."Je me suis retrouvé au milieu d'un champ de cadavres".

#attentatdeNice
Gwenaël L. décrit un silence assourdissant. "J'ai continué à suivre le chemin macabre, il y avait un slalom de cadavres. Le camion montait et descendait de la chaussée.

I#attentatdeNice
Gwenaël L. : "A un moment le camion est arrivé au niveau d'un endroit où il y avait un concert et là, il y a eu ...un strike. Le camion a foncé dans un maximum de personnes".

#attentatdeNice
Gwenaël L. :"Sur une centaine de mètres carrés, il y avait une trentaine de cadavres. Là, il y avait un enfant de 10 ans qui venait de succomber. Enfin, je ne suis pas médecin légiste et là, j'ai vrillé."

#attentatdeNice
Gwenaël L. :"J'avais un cran d'arrêt j'ai commencé à suivre le camion pour le neutraliser (le conducteur) mais c'était impossible". Interviennent les coups de feu. Gwenaël L. est arrêté par la police. "Je pensais pas qu'on puisse me lier à cette affaire-là."

#attentatdeNice
Gwenaël L. : "J'ai essayé de le neutraliser quand il y avait cette trainée de cadavres. Il y avait ce gosse de 10 ans, il y avait de tout mais cet enfant... " La vue de l'enfant de 10 ans a été le déclic pour lui pour qu'il tente de neutraliser le terroriste.

#attentatdeNice
Gwenaël L. :"Pour moi, la personne que j'ai plaquée au sol, c'est Franck Terrier. "

#attentatdeNice
Le président: vous avez dit que vous aviez beaucoup bu ce soir-là?
Gwenaël L. : "C'était le 14 juillet, j'avais pas de prévu de courir avec un camion... Disons que j'étais pas dans la sobriété mais on redescend vite".

#attentatdeNice
Gwenaël L. : " J'étais focalisé sur le camion. J'espérais monter sur le marchepied, lui asséner deux coups, trouver le frein à mains."

#attentatdeNice
Gwenaël L. décrit le silence sur la promenade des Anglais après l'attaque. "Personne qui criait, qui demandait de l'aide"

#attentatdeNice
Gwenaël L. :"J'ai été considéré comme un héros. J'ai été reçu par @cestrosi et trois semaines plus tard je me retrouvais en garde à vue pour violences conjugales. J'ai été en détention."

#attentatdeNice
Gwenaël L. "Et puis après ça a été un enchaînement de merdes. Excusez-moi de le dire comme ça, mais c'est la vérité."

#attentatdeNice
Gwenaël L. : "J'ai passé 4 mois en détention, je me suis retrouvé après dans un studio avec mon père". Il dit qu'il ne tient pas le travail "plus de six mois". Il était livreur et est menuisier aujourd'hui.

#attentatdeNice
Gwenaël L. est suivi en psychiatrie, en addictologie à cause de l'alcool. "Je suis venu ici en tant que partie civile".

#attentatdeNice
Gwenaël L. explique qu'il n'a pas dormi pendant 3 jours après l'attentat.
Son avocate Me Guittard lui dit qu'elle est "fière de lui". Elle sait que pour lui venir ici "ça a été le parcours du combattant". "Mais c'était nécessaire".

#attentatdeNice
Me Guittard : vous avez dit que vous avez l'impression de n'avoir servi à rien... 1/2

#attentatdeNice
Gwenaël L. : "J'ai sauté au-dessus des cadavres, j'ai essayé. Mais j'ai pas l'impression d'avoir sauvé qui que ce soit. A un moment c'est objectivement vrai. J'ai couru derrière le camion avec un Opinel."

#attentatdeNice
En 2020, sa constitution de partie civile a été jugée irrecevable, elle a finalement été acceptée. Son affaire a fait jurisprudence. "C'est une satisfaction, si cette affaire peut permettre à d'autres personnes d'être reconnues victimes d'attentat" dit-il.

#attentatdeNice
Gwenaël L. dit que depuis 6 ans les moments de bonheur sont rares. "Il y a beaucoup de noirceur et de violence. Je me suis fait du mal et j'ai fait du mal aux autres. Il y a eu une sorte de banalisation de la violence dans ma tête.On n'a plus les mêmes limites."

#attentatdeNice
Fin de l'audition de Gwenaël L.

#attentatdeNice A la barre maintenant, Marie-Claude Borla qui a perdu sa fille Laura, 13 ans, dans l'attentat de Nice. Elle remercie les associations qui ont œuvré pour que sa famille arrive au tribunal.

#attentatdeNice
Audrey et Laura Borla, les filles jumelles de Marie-Claude Borla, 50 ans sont nées le 26 août 2002. "Le 14 juillet, on avait fait des achats. Les jumelles ont choisi de prendre des vêtements. Chacune prend des affaires différentes. "

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Elles aimaient changer leur identité. Laura avait mis les vêtements d'Audrey et inversement". Les filles parviennent à convaincre leur père de venir avec elles et leur mère au feu d'artifice.

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"On arrive au barrage Gambetta. On se dit qu'on va prendre une glace, boire un petit cocktail. On va chez Pinocchio. Puis on cherche une place pour s'installer pour voir le feu d'artifice. On traverse."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Les filles descendent sur la plage et nous on reste en haut. Les lumières de la Ville s'éteignent sur la promenade. Le feu d'artifice commence. A la fin, les filles tardent à monter."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla se tait, silence dans la salle. "Les enfants arrivent, on commence à emprunter la promenade des Anglais, sur le côté. Audrey et sa copine Alix marchaient devant, moi j'étais avec Laura, mon mari derrière."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Ma fille Laura m'embrasse, me dit qu'elle m'aime. (Elle reprend sa respiration). Je le lui rend, je lui dis que je l'aime. Il y a eu cet échange. Elle me prend le bras. D'un coup, il y a le camion qui est au loin feu éteint"

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Les gens se mettent à crier : Le camion, le camion, le camion. Je voyais des choses tomber mais je ne comprenais pas que c'était des corps."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Tout d'un coup, Laura n'était plus là. Ma fille Audrey qui était en bas me criait : maman, saute, saute. Un corps est tombé sur mes pieds. Puis j'ai sauté."

#attentatdeNice
En tombant Marie-Claude Borla s'est fracturé tout le dos. Ses chaussures sont couvertes de sang, sa robe déchirée. "Je criais : Laura, Laura!". Elle rampe sur les galets pour rejoindre ses amis.

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"J'entends des :"A l'aide, A l'aide; Le camion ! Le camion! Puis il y a des coups de feu."Des personnes l'aide à remonter sur la promenade. "C'était un cimetière à ciel ouvert. Il y avait des corps par terre. C'était le chaos".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla se met à chercher Laura avec son mari. Certains étaient déjà recouverts, certains pas entièrement. "Pour la chercher, j'ai dû regarder les corps, pour retrouver Laura."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla demande à une dame si elle n'a pas vu une jeune fille courir. Elle répond : "non je n'ai vu personne". "J'attrapais les gens qui marchaient et je leur demandais si ils n'avaient pas trouvé une jeune fille comme ça".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"J'avais peur de soulever les couvertures, ça n'était pas possible de regarder ces corps massacrés, c'était intenable".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"Un policier nous conseille d'aller voir au Negresco où une cellule a été mise en place mais pas de Laura. Mon mari me dit : "il faut qu'on aille à Lenval".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : "A Lenval ils étaient débordés. Moi je hurlais hystérique : "Laura, Laura!". On m'emmène faire des radios. On est sorti de Lenval à 4h30".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : "Le lendemain on m'appelle, la maison d'accueil des victimes pour faire un test ADN, je ne comprends pas pourquoi. Je dis : qu'est-ce qu'il se passe. On me dit que c'est la procédure pour identifier les personnes qui n'avaient pas de papier".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : Puis on me dit d'aller à Pasteur. On me met dans le camion. On m'emmène en psychiatrie. J suis restée 3-4 jours, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. On m'a donné des cachets."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla :"C'est à l'hôpital que mon mari m'a appris le décès de ma fille. Ca a été l'effondrement. J'étais convaincue qu'elle s'était réfugiée, cachée".

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : "Jusqu'à ce que je vois la vidéo... Ça a été le déclic. Ca a apporté des réponses à toutes mes questions. J'ai bien vu où elle (Sa fille Laura) était tombée.

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : "Audrey ça a été compliquée. Elle n'est pas restée avec nous pendant la recherche (de Laura). Avec les enfants, on se complétait dans ce que l'on a vécu. Ils ont passé quelque chose d'effroyable eux."

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : Audrey sera entendue le 27, c'est son choix. Depuis 5 ans, notre famille s'est défchirée, on a eu du mal à dialoguer. Déjà Audrey était très jeune, elle avait 13 ans. Elle parlait avec sa soeur du brevet des collèges";

#attentatdeNice
Marie-Claude Borla : "Mon fils passait le bac professionnel". Elle dit que pour lui aussi ça a été compliqué.

#attentatdeNice
Me Chalus, avocate de la famille Borla dit que la famille ne souhaitait pas de question des avocats de la partie civile. Une photo en couleur portrait de Laura est projetée sur le grand écran de la salle d'audience. Le ministère public n'a pas de question.

#attentatdeNice
Jacques Borla, 61 ans, est maintenant à la barre. Il est partie civile. "Ce que je peux dire c'est que ce soir-là c'était pas normal. Je veux plus le vivre ce qu'il s'est passé. C'était affreux et je ne souhaite à personne ça."

#attentatdeNice
Jacques Borla :"En gros Laura, par rapport aux autres enfants, c'était tout pour moi. Elle était toujours à côté, elle avait toujours besoin de moi. Ça c'est un manque que je n'arrive pas à combler."

#attentatdeNice
Jacques Borla qui tremble à la barre et qui est très ému :"Quand j'en parle, je tremble. Je ne dors pas trop depuis six ans."

#attentatdeNice
Jacques Borla décrit l'ambiance, "la joie à la maison" le 14 juillet au soir. "Quand j'entre, les jumelles m'accueille, Laura me saute au cou..."(...) "Les jumelles me disent qu'elles veulent aller au feu d'artifice et qu'elles veulent que je vienne avec elle."

#attentatdeNice
Jacques Borla :"A Gambetta, on a vu un barrage, comme chaque année. On est allé se rafraîchir quelques moments, les enfants voulaient bouger. Les enfants ont commencé à partir, comme je suis un peu craintif je leur ai dit de ralentir."

#attentatdeNice
Jacques Borla :"On est arrivé au milieu de la promenade. On descend à la plage, on s'assoit sur le muret. Les filles veulent descendre sur la plage avec leurs copains.

#attentatdeNice
Jacques Borla :"Les lumières se sont éteintes, on a regardé le feu d'artifice. Ma femme a dit après :'il faut qu'on y aille. Le temps a changé, il a commencé à pleuvoir. Il y avait beaucoup de monde. J'avais jamais vu autant de monde."

#attentatdeNice
Jacques Borla : Il y avait Audrey et sa copine, derrière ma femme avec Laura et nous derrière. On a commencé à marcher. On était tellement bien qu'on n'y attendait pas."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Quand je vois les images dans ma tête, j'ai l'impression que je suis en train de rêver".

#attentatdeNice
Jacques Borla:"J'entends:'Mais qu'est-ce qu'il fait ce camion là. Je vois le camion blanc, lumières toutes éteintes.J'ai vu cette foule comme à la sortie d'un match de foot et tous ces corps.Puis tout d'1 coup j'ai eu un trou noir,comme si on m'avait mis sur off"

#attentatdeNice
Jacques Borla : "J'ai senti quelque chose qui me tire. J'entends :'Jacques, qu'est ce que tu fais, bouge."

#attentatdeNice
Jacques Borla : J'ai regardé le camion passer, le camion m'a frôlé. D'un coup, j'entends une des jumelles qui dit :'Papa on est sur la plage avec maman'. Je me dis qu'elles sont sauvées. J'ai pas voulu regarder les corps".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je suis arrivé à descendre les escaliers, j'ai vu ma femme allongée avec son sac derrière la tête, j'ai cru qu'elle avait quelque chose de grave. Audrey me dit :Papa, papa, tu n'as pas vu Laura. J'ai commencé à paniquer."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "A ce moment-là on a entendu des coups de feu. Je me suis dis on va voir si Laura est en haut, en prenant des risques. J'ai vu la vidéo, je sais où elle est décédée."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "J'ai crié Laura. J'ai tellement crié qu'arrivé au Negresco, je n'avais plus de voix. J'étais dans une angoisse de fou". Je voyais des corps derrière, un papa qui courait avec son petit garçon de 5 ou 6 ans dans les bras."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je me suis dit : "l'espoir est encore là".Un monsieur lui donne un faux espoir. Toujours pas de nouvelle de Laura.
Avec Audrey, il décide de ramener Marie-Claude sur la promenade.

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Audrey me dit à propos de Laura: 'C'est bizarre, je la ressens encore, je suis sûre qu'elle est vivante. Audrey appelle son frère à la maison qui répond: oui je crois qu'elle est là". Il vérifie et dit :"Non en fait elle n'est pas rentrée".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "A un moment, on a cru voir quelque chose qui appartenait à Laura, une basket. On s'est approché du corps déjà couvert. Il y avait des sandales, j'ai dit non ça n'est pas elle."

#attentatdeNice
Jacques Borla :"On a vu un groupe d'étrangers alignés, ils étaient 6 ou 7. Je ne comprenais pas, ils prenaient des photos, ils faisaient la fête devant des corps sans vie, j'ai trouvé ça abominable."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "La colère a commencé à monter. On est parti avec ma femme à Lenval" (Audrey est déjà rentrée à la maison rejoindre son frère."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Une infirmière me dit :on est débordé, on va faire le maximum. Je lui dis que ma femme est blessée."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "En attendant qu'il prenne en charge ma femme à l'hôpital, j'avais arrêté depuis 15 ans de fumer. Je suis sorti, j'ai demandé une cigarette à une infirmière. Gentiment, elle m'a donné tout son paquet".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je suis rentré. Mon fils a vu son père démoli. Il m'a dit :'t'aurais jamais dû aller à ce feu d'artifice. Je ne savais pas quoi lui répondre. Pour lui je n'ai pas été le héros ce soir-là".

#attentatdeNice
Jacques Borla : Malheureusement à cause de ce trou noir, il m'en veut. J'ai des remords. J'aurais peut-être pu la sauver."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "J'ai dormi 6 heures en 3 jours, j'ai fumé autant de cigarettes qu'on peut le faire en un an. Je me suis coupé de tout. J'ai appelé le travail".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Ma directrice m'a dit de prendre le temps que je voulais. Je suis resté à la maison. La direction a demandé à des collègues de m'aider à aller chercher encore Laura. Moi je suis resté à la maison, j'étais trop fatigué".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Pasteur, Lenval, même à Monaco. Mais on nous disait que pour l'instant on n'avait pas de nouvelles."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "On nous a dit qu'elle avait été vue au Negresco, qu'elle avait été prise en otage, c'était pas vrai. On a eu un coup de fil pour nous dire qu'elle avait été kidnappée, c'était pas vrai."

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Le lendemain, ma femme était très fatiguée, elle n'arrêtait pas de crier. Je restais avec ma femme pour ne pas qu'elle reste seule et pour pouvoir dormir".

#attentatdeNice
Jacques Borla :"Pendant ces 3 jours, c'était vraiment l'angoisse. Je n'en pouvais plus. Je le souhaite à personne. C'est pas donné à tout le monde d'avoir des jumeaux et nous on ne pourra jamais faire le deuil, on st détruit."

#attentatdeNice
Jacques Borla poursuit ses recherches, appelle partout, en vain. Pendant 3 jours. "Arrivé le 17 dans l'après-midi, je peux pas vous dire quelle heure il était, je descends, ma femme dormait comme si elle était dans le coma".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je vois des amis. Toujours pas de nouvelle. Mon téléphone sonne. Je réponds."
C'est la maison d'accueil des victimes.

#attentatdeNice
Jacques Borla se rend sur place, rue Gubernatis : "Le commissaire me dit : "On l'a retrouvée mais..; Morte. Il savait pas comment me le dire. Quand j'ai vu ces affaires, j'y croyais pas. Pour moi elle était vivante."

#attentatdeNice
Jacques Borla :"Je suis tombé à genoux par terre. Je me sentais pas bien. On m'a ramené à Pasteur." "On m'a dit: maintenant il va falloir le dire à votre femme".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je me suis énervé. J'ai dit: "Vous croyez que ça va être facile de le dire. Elle dormait trop bien. Je voulais pas la réveiller. Je me suis endormi"

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Tout d'un coup j'entends: Minou? Jacques. Je me suis réveillé. J'ai les larmes aux yeux. Ma femme me dit: t'as des nouvelles de Laura. Je lui dis: C'est fini, elle est partie".

#attentatdeNice
Sa femme n'y croit pas, lui tape sur le tors, elle comprenait pas "on est venu nous séparer"..

#attentatdeNice
Jacques Borla : "Je suis un papa démoli depuis 6 ans, depuis la mort de ma fille. J'ai des angoisses, je dors, pas, je parle avec elle sur la terrasse. J'arrive plus à aller au cimetière, quand j'y vais j'ai l'impression de faire un chemin de croix".

#attentatdeNice
Jacques Borla : ""je n'irai jamais plus à un feu d'artifice. Je ne veux plus entendre parler du 14 juillet".

#attentatdeNice
Jacques Borla : "C'est pour ma fille que je suis venu ici. Pour qu'elle ne soit pas morte pour rien. On n'a rien demandé ce soir-là. On voulait regarder un feu d'artifice et passer un bon moment"

#attentatdeNice
Jacques Borla : Je voudrais dire à celui qui a fait ça que l'amour de ma famille et celui de Laura est plus fort que tout. Vous ne m'avez pas mis à genoux. Ma famille et moi , nous avons vaincu."

#attentatdeNice
Jacques Borla demande une "perpétuité sans peine de sureté". "Je trouve que c'est ignoble ce qu'ils ont fait". Il répète que depuis l'attentat, sa famille s'est décomposée.

#attentatdeNice
A la barre maintenant, Lucie,25 ans, la soeur ainée de Laura. Elle est auxiliaire de puériculture à Lenval. Pour la première fois le 14 juillet 2016 elle n'a pas été au 14 juillet car elle vient de rencontrer son petit ami, un mois avant.

#attentatdeNice
Lucie reçoit des appels pour lui dire ce qu'il se passe sur la promenade et apprend que sa sœur a disparu.Elle lance très vite des recherches sur les réseaux sociaux notamment. Elle reçoit des appels malveillants. Certains lui disent que Laura a été retrouvée.

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Le lendemain du 14, ma mère ne mangeait pas, elle criait. Je lui propose une cuillère de compote. Elle me la crache dessus. Elle me dit :"Je veux pas manger, moi ce que je veux c'est ma fille Laura".

#attentatdeNice
Lucie Borla arpente les abords de la promenade à la recherche de sa femme ."Comme elle n'avait pas d'identité sur elle", elle garde espoir, se dit que sa soeur est quelqu part.

#attentatdeNice
Lucie Borla : "C'était mon rôle de grande sœur de porter la famille. Je me suis dit c'est moi ou personne car tout le monde était en train de flancher. "

#attentatdeNice
Lucie Borla : "J'ai retrouvé plusieurs fois des couteaux dans la chambre d'Audrey. J'ai su qu'elle se scarifait. J'ai encaissé beaucoup de choses".
Jacques Borla a dit lui aussi juste avant sa fille qu'il avait pensé plusieurs fois au suicide.

#attentatdeNice
Lucie Borla :"Le 17 juillet à 23 heures, nous sommes allés rue Gubernatis. Le commissaire a dit : 'J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer. La bonne c'est que Laura a été retrouvée, la mauvaise c'est qu'elle est décédée."

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Suivent des cris. Je me suis effondrée. J'ai eu un black out." "C'était dur, c'était beaucoup trop brutal. C'était pas une maladie, j'étais pas préparée. Je l'avais vue 3 jours avant."

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Audrey n'arrêtait pas de parler de sa soeur".
"On nous a dit qu'il fallait l'annoncer à notre maman".

#attentatdeNice
Lucie Borla va avec son conjoint voir ses parents en psychiatrie."Je suis rentrée dans la chambre, mon père était allongé sur le lit. J'avais l'impression qu'il était dans le coma. Il avait des larmes sur les joues, il ne me répondait pas."

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Ma mère était assise sur la chaise. Elle disait :c'est pas possible, faut que tu me rendes Laura (...) Ma mère a commencé à dériver, elle me tenait le col. Les médecins nous ont évacués et ont fermé la porte à double tour."

#attentatdeNice
Lucie Borla :"Les médecins nous ont dit qu'il fallait qu'on soit à la maison quand nos parents rentreraient pour qu'il n'y ait pas de (2e) choc."

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Quand on est rentré à la maison, j'avais l'espoir qu'elle soit toujours là en vie. Quand j'ai réalisé, j'ai eu un sentiment de vide, c'était mort. Tout était intact, on n'a rien touché depuis un mois".

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Audrey a voulu dormir dans la chambre à côté du lit de sa sœur. Elle voulait toucher tout ce que Laura avait touché pour la dernière fois. On a respecté".

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Il a fallu préparer les obsèques. J'ai pas réalisé ce qu'il s'était passé qu'on l'enterrait déjà. J'ai pas pu aller au cimetière. Aujourd'hui encore. Pour moi ce qui est arrivé c'est pas possible, c'est injuste."

#attentatdeNice
Lucie Borla : "Ma soeur était pleine de vie. On faisait de la danse toutes les trois, pour moi c'est pas possible".

#attentatdeNice
Lucie Borla dit qu'elle a été suivi mais que ça n'a pas trop marché. Elle s'est pacsée,a eu deux enfants. Elle dit qu'elle est venue voir la vidéo à l'audience car elle avait besoin de savoir ce que sa famille avait vécu ce soir-là "Je n'y étais pas".

#attentatdeNice
Lucie Borla répète que sa famille s'est "déchirée" après ce drame ,qu'elle s'est "disloquée". "On a reçu des appels du monde entier pendant deux ans. Un mois et demi après son décès,certains nous disaient qu'ils l'avaient retrouvée, qu'elle était vivante".

#attentatdeNice
Lucie Borla :"On a reçu des courriers de secte qui nous disaient d'aller nous pendre, qu'on avait rien à faire là car on n'avait pas réussi à sauver Laura".

#attentatdeNice
Lucie Borla : "J'ai ramassé ma soeur (Audrey) plusieurs fois à la petite cuillère".

#attentatdeNice
Lucie Borla:"Je suis fière de ne pas avoir baissé les bras malgré les moments sombres.J'imaginais ma soeur se prendre ce camion,passer en dessous.Elle était toute seule en fait.Pourquoi elle s'est dirigée vers Lenval? C'est des questions qui me travaillent".

#attentatdeNice
Lucie Borla est retournée voir un psychiatre la semaine dernière. Elle dit aussi qu'elle a eu un accident de voiture.
Aujourd'hui elle travaille aux urgences en réanimation en pédiatrie.

#attentatdeNice
Lucie Borla :"Si on ne me pose pas la question je ne parle pas du tout de mon histoire". "Je suis victime d'un acte terroriste mais j'aimerais que dans la vie de tous les jours on me considère comme la personne que je suis moi, je suis pas une victime."

#attentatdeNice
Lucie Borla :"Ce que j'attends de ce procès ? De toute façon la personne concernée n'est plus là"

#attentatdeNice
Lucie Borla : "J'attends de ce procès des réponses à mes questions ,quelques éclaircissements; car ça m'enlèvera pas le manque de ma soeur et l'injustice qui est en moi. Pour moi c'est pas acceptable.

#attentatdeNice
A la barre maintenant Nicolas Borla, 22 ans, le frère aîné de Laura. "Le 14, je m'étais fait opérer des dents de sagesse, je n'ai pas pu faire partie de ce moment compliqué. Je le regrette parfois."

#attentatdeNice
Nicolas Borla:"Je n'ai pas pensé à dire au revoir à ma soeur. Pour moi c'était impensable ce qui allait se passer. Que ça pouvait nous toucher ici, que ça pouvait être si proche. Je regrette aussi de ne pas lui avoir dit au revoir".

#attentatdeNice
Nicolas Borla le soir du 14 regarde la télé, joue à la console. Le fixe sonne à 2 reprises mais il ne répond pas. Quand son portable sonne, il répond, c'est Audrey qui crie, et qui cherche Laura.

#attentatdeNice
Nicolas Borla a précisé juste avant que Laura avant le feu d'artifice lui avait confié avoir cassé son téléphone portable mais ne l'avais pas encore dit à leurs parents.

#attentatdeNice
Nicolas Borla comprend la gravité des faits quand une dame ramène sa soeur Audrey à la maison. Les vêtements de cette femme dont son pantalon blanc sont couverts de sang.

#attentatdeNice
Nicolas Borla :"Je n'en veux pas à mes parents. Qu'ils y soient allés (au feu d'artifice) ça n'est pas leur faute".

#attentatdeNice
Nicolas Borla : "On était impuissant par rapport à ce qu'il venait de se passer. On avait rien à faire d'autre que d'attendre."

#attentatdeNice
Nicolas Borla : "Le lendemain on passe la journée à attendre. On se sent dévasté. Je regarde les réseaux sociaux. Je cherchais des échappatoires ; Tout s'est passé si vite"

#attentatdeNice
Nicolas Borla : Le vendredi, on avait tous les hôpitaux. On avait aucun signe de ma sœur. Puis un homme nous a dit qu'il avait retrouvé ma sœur. "

#attentatdeNice
Nicolas Borla : "On est monté chez lui, il nous a donné plein d'espoir. Il nous a dit qu'il l'avait vue au Negresco. En détresse comme on était, on n'avait pas d'autre espoir que de le croire".L'homme n'a plus jamais donné de nouvelles.

#attentatdeNice
Nicolas Borla fait les tests salivaires le samedi. "Le dimanche on nous a annoncé froidement le décès de Laura. Les médecins nous ont donné des calmants, assis sur des chaises. On a passé la nuit à Pasteur dans une chambre à 4".

#attentatdeNice
Nicolas Borla : Le lendemain j'ai demandé où étaient mes parents. On m'a dit dans une autre chambre. J'ai demandé s'ils étaient au courant,on m'a dit mon père oui'.

#attentatdeNice
Nicolas Borla:"Quand on est arrivé dans leur chambre c'était horrible,comme dans 1 cage.Mon père était allongé sur le lit,ma mère se balançait sur sa chaise.Elle criait, elle disait qu'il fallait qu'elle revienne.J'avais jamais vu mes enfants dans un état pareil"

#attentatdeNice
Nicolas Borla : "Les jours qui ont suivi, ça a été terrible. Le jour de l'enterrement ça a été encore plus catastrophique. J'arrivais pas à faire face à ça, regarder le cercueil. C'était pas possible. C'était pas ma soeur qui était dedans."

#attentatdeNice
Nicolas Borla évoque son retour en cours. "Personne n'osait me parler". Il explique qu'il a déménagé à Orléans. A Nice, c'était trop difficile, chaque chose, chaque endroit lui rappelle Laura.

#attentatdeNice
Nicolas Borla: "Là-bas, personne n'était au courant de ma situation. mais j'avais au black out, des pertes de mémoire.J'ai été arrêté un mois, j'ai vu un psy. Je voulais me relever. Il fallait pas que je lâche. Je ne voulais pas rester chez moi à me morfondre."

#attentatdeNice
Nicolas Borla explique qu'aujourd'hui encore il ne parvient pas à rester chez lui. S'il n'est pas au travail, il part toujours à droite à gauche pour ne pas rester à la maison.

#attentatdeNice
L'audience est suspendue.Elle reprendra à 16h50.

*soeur

#attentatdeNice #procès
compte rendu d’audience après les témoignages de la famille Borla, endeuillée par la mort de Laura, 13 ans tf1info.fr/justice-faits-…