L’accident de Balbigny. Ou comment un réflexe inouï à sauvé le conducteur du train.
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Disclaimer:
Le prénom et certains détails sont modifiés.
Ce récit est basé sur un fait réel.
📷 : BEA-TT en parti.
Il est 4h50.
Dans ce petit matin froid de la région lyonnaise, Franck attends son train de fret en provenance de Amberieu.
Nous sommes au triage de Sibelin, près de Lyon.
Aujourd’hui, des wagons bâchés, remplis de bouteille d’eau en verre vide.
Direction St Germain des fossés, pour les remplir d’une célèbre marque d’eau minérale.
Franck a 3 machines en tête de son convoi.
Deux gros diesel BB-67400. Un troisième est « en véhicule » (son moteur est éteint).
Derrière, 500 mètres de wagons. 1172 tonnes au total.
Franck a l’habitude de ce train, il le fait souvent.
Il faut se lever tôt, mais les paysages sont sympas, la campagne auvergnate, ça a du bon.
Les diesels des locomotives ronronnent. Le train n’est pas trop lourd même si la marchandise est fragile.
Plus loin sur la ligne, un convoi exceptionnel va passer un passage à niveau.
Il transporte deux énormes poutres peintes en jaune vif.
C’est des tabliers de pont pour la futur autoroute A89 en construction dans la région.
Le long et lourd camion est escorté par deux véhicules légers de convois exceptionnels.
Le camion arrive au passage à niveau de Balbigny.
Il forme un léger dos d’âne de part la configuration de la voie ferrée à cet endroit là.
Le conducteur du tracteur et son personnel d’accompagnement doit normalement augmenter le débattement des suspensions.
A l’arrêt devant le passage à niveau, il faut descendre du camion pour aller manœuvrer des manettes permettant de surélever le lourd chargement.
Passant ainsi la « garde au sol » de 14 cm a 60 cm.
Il ne le feront jamais.
Au moment de franchir le passage à niveau, la remorque se pose sur la bosse.
Le conducteur du camion force sur l’accélérateur pour s’en sortir.
De la fumée sort des pneus. Le convoi ne bouge pas d’un centimètre.
Pendant de longue minutes, le conducteur et les deux agents des voitures pilotes essaient de sortir le camion de son piège.
Mais soudain, le passage à niveau retentit de sa sonnerie.
Le train de Franck arrive.
A 100 km/h.
Le scénario est déjà écrit.
Les hommes tendent les bras au ciel en courant vers le train.
Mais c’est déjà trop tard.
Franck a vu le camion bloqué. Il tape l’urgence, appui sur le bouton de l’alerte radio, siffle…
Et quelques mètres avant l’impact il se couche dans sa cabine, en boule.
IMPACT.
Le choc est terrible.
Les deux lourds tabliers volent à plus de 50 mètres en l’air, la cabine de Franck est écrasé par l’un d’eux.
La remorque se brise en deux de part et d’autre de la voie.
La locomotive de tête s’envole, littéralement.
Elle fait un 180° en l’air !
90 tonnes ! En l’air !
Inimaginable.
Et elle retombe en sens inverse dans un champs.
Franck ouvre les yeux, la tête le tourne.
Il est blessé, il se redresse mais sa cabine est repliée sur lui.
Il parvient à ramper dans le compartiment moteur, au milieu de l’huile, du gasoil, de la fumée.
Il sort par l’autre cabine.
Malgré le sang qui coule sur son visage, malgré sa cheville cassée, il court vers le passage à niveau pour utiliser le téléphone de voie.
Le taux d’adrénaline est si élevé qu’il ne sent rien.
Vite prévenir la gare encadrante. Éviter le sur-accident.
Ce n’est qu’une fois cette procédure effectuée qu’il s’assoit et constate l’effroyable.
Aucun autre blessé, un camion cassé en deux.
Une locomotive bonne pour la casse.
La deuxième, mal en point, sera réparée.
Ce jour là, Franck n’a dû sa survie qu’au réflexe de se coucher par terre.
Je l’ai re-croisé une fois au dépôt.
Avec, dans le regard des collègues avec qui il discutait, ce mélange de fierté et de soulagement.
Le savoir encore en vie.
Raconter cette expérience.
Petit moment à la machine à café.
Franck a reçu une des plus haute médaille du chemin de fer pour cet accident.
Thread Off.
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Imaginons un scénario noir.
Le réseau internet subit une attaque majeure.
Comment la SNCF réagirait.
Thread anticipation ⤵️⤵️⤵️
Grâce à Twitter je m’intéresse à plein de sujet. Il n’y a pas que moi qui fait des threads, et une fois je suis tombé sur un thread qui parle de « L’école de guerre ».
L’école de guerre forme les généraux aux pires situations que peut vivre le pays.
Et il y avait un scénario basé sur une perte d’internet pendant un certain temps.
Suite à l’attaque majeure d’un pays dont la capitale commence par M et fini par oscou. 😇
Vous allez bientôt voir la pénurie d’énergie cet hiver.
Mais il y a une pénurie invisible, qui aussi aura des conséquences sur vos vies de tous les jours.
Le manque de Technicien(e)s en milieu industriel.
Je dis Technicien(e)s au sens large du terme.
Tous ces gens qui réparent des ascenseurs, conduisent des trains, remplacent les organes des métros, manipulent des machines outils complexes, interviennent sur de la haute tension...
Tous ces gens, quasiment invisibles autour de vous qui ne sont pas remplacés par des jeunes, fautes de volumes suffisant en sortie d’écoles spécialisées.
J’aimais bien conduire sur cette ligne, mais il a eu UNE journée où j’ai totalement perdu foi en l’humanité.
Je vous raconte.
Thread (réédition)
Nous sommes en 2002, je pars de Gare de Lyon avec mon long RER vers Melun.
C’est la pointe de soirée, je charge énormément de navetteurs qui rentrent chez eux.
Les yeux fatigués, ils montent et se disputent les places assises.
Les perdants restent debout.
Après Villeneuve Saint Georges, j’égraine les gares de cette banlieue faite de maison qui jouent à touche touche.
Chaque quai voit un flot de passagers descendre.
Le fameux retour maison.
Les devoirs des gosses, et surtout, qu’est ce qu’on mange ce soir?
Aujourd’hui je vous raconte l’histoire d’un wagon de patate et d’un restaurant extraordinaire.
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L’histoire se passe au fin fond du fin fond du Cantal.
Dans le village de Neussargues.
Ce village ne doit sa taille et sa notoriété qu’à une chose, sa gare.
Son immense Gare.
Son bâtiment voyageur est de grande taille rapporté au traffic actuel.
Il a même existé un dépôt de locomotive avec station à charbon et pont tournant.
Bref, ce fut, et c’est encore une grande gare. Mais il y a moins de traffic.