Thread by @ChPiret

Bonjour à tous,

De retour au procès de l'attentat du #14Juillet 2016 à Nice.
Avec, aujourd'hui encore, une journée consacrée aux témoignages des victimes de ce soir-là.

Stéphane est le premier de la journée à s'avancer à la barre. Il est venu avec une clé USB contenant des photos de Rachel, son épouse, décédée ce soir-là. "
"Ce soir-là, nous étions avec les enfants, de 12 et 7 ans, on était de passage à Nice."

Stéphane : "Rachel avait trouvé, à la dernière minute, un peu par hasard, un voyage en Corse. Et on a décidé de prendre le ferry depuis Nice le 15 juillet. On a fait la route le 14, on est arrivés vers 19h. On ne connaissait pas du tout la ville."

Stéphane : "on se gare, on descend sur la Prom' et on trouve un restaurant. Il y avait une ambiance festive, il y avait des enfants avec des ballons, les gens étaient joviaux. Puis, on décide d'aller prendre une glace. Là aussi, il y avait un parfum d'insouciance."

Stéphane : "après le feu d'artifice, on a voulu vite quitter la foule. On se levait tôt le lendemain. Et puis, on voit un camion qui fonce et arrive très vite, qui fait des zigzags.
Rachel avait sa main dans la poche de mon jean. J'ai juste senti sa main glisser."

Stéphane : "pour comprendre la puissance, il faut imaginer un quai de gare et un train qui passe sans s'arrêter. C'est cette puissance, ce souffle."

Stéphane : "le camion me percute, il m'envoie en l'air. J'ai mal. Je suis paralysé par la douleur. Et je vois le camion qui continue. On voyait les victimes projetées en l'air. Et puis les victimes qui étaient happées et passaient sous le camion."

Stéphane : "c'était comme si une main de géant les avaient pris comme des poupées de chiffons et avaient fait une boule.
Et puis, on a entendu les coups de feu. Quelqu'un a crié : "ils reviennent finir les blessés".

Stéphane : "les enfants n'avaient rien. Rachel était derrière moi. Je ne pouvais pas la voir, j'étais paralysé.
A côté de moi, il y avait une dame totalement désarticulée."

Stéphane : "j'avais envie d'hurler, de bouger. Et en fait, j'étais coincé. Les enfants faisaient des allers-retours entre Rachel et moi.
Ma fille Noémie me décrivait les soins qu'ils faisaient à Rachel. Puis, à un moment, elle m'a dit : "ils ont mis un drap blanc sur elle."

Stéphane : "j'ai demandé aux pompier : "est-ce que Rachel est morte?". Il m'a dit : "tu vas devoir être courageux, t'occuper de tes enfants."
Dans le camion des pompiers, ce qui m'a marqué pour des années c'est le visage des enfants, ils avaient ce masque, c'était des zombies."

Stéphane : "pendant des mois après, on est resté ensemble avec les enfants. Même à dormir ensemble."

Stéphane : "j'ai eu des fractures ouvertes, des côtes cassées, la mâchoire cassée. Dans mon dos, mon polo avait fondu.
J'ai eu beaucoup de douleur."

Stéphane : "après, se met en place une espace de processus que vous ne maîtrisez plus. La récupération des objets : "des bagues, une montre blanche ..."
Puis, derrière une vitre, on voit au loin le corps de Rachel."

Stéphane : "comme le corps de Rachel était à Nice, on a du choisir le cercueil à Nice, le capiton couleur champagne. J'aurais jamais cru que j'allais devoir ouvrir les valises de nos vacances pour trouver une robe qui allait l'accompagner pour l'éternité. "

Stéphane : "avec Rachel, on s'est rencontré en 1991, il y a 31 ans. Rachel avait à peine 15 ans.
Moi j'avais une vie de dingue, je voyageais tout le temps. Et Rachel, contrebalançais complètement ça, elle était toujours calme, souriante. Elle ne vivait que pour la famille."

Stéphane : "toutes les victimes vous le diront : elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé".

Stéphane : "la vie après l'attentat, c'est une autre vie. On était des zombies.
Le 21, on a fêté l'anniversaire de Noémie. C'était pas vraiment la fête. Mais 3000 personnes sont venues nous soutenir autour de notre salle."

Stéphane : "les semaines ont passé, puis les gens sont repartis. Et un matin, devant son dressing, j'ai vraiment compris : elle ne reviendra pas. Et je n'ai même pas pensé à elle ou à moi. J'ai pensé aux gamins : "qu'est-ce qu'ils ont fait pour mériter ça?".

Stéphane : "puis c'est la rentrée des classes, la reprise du boulot. J'ai vendu la moitié de mon entreprise. Et je me suis focalisé sur ma vie de papa.
Mais à la maison, on était à cran. Il y avait beaucoup de colère, de disputes, une intolérance aux maux des autres."

Stéphane : "il y a quelque chose qui est indescriptible et que j'espère que vous ne connaîtrez jamais. C'est le manque de l'autre. J'ai des centaines d'exemples à vous donner. Le pire c'est le sursaut dans le lit, en pleine nuit. On se dit, elle est allée faire pipi. Puis non..."

Stéphane : "il y a la culpabilité. Pourquoi elle et pas moi? Surtout qu'elle, j'en suis sûr, elle aurait élevé les enfants beaucoup mieux que moi."

Stéphane : "les institutions ne nous ont pas protégés., nous ont même traités avec le pire irrespect. Mais heureusement, j'ai eu à nouveau espoir dans la justice, en lisant le dossier d'instruction, en venant régulièrement à l'audience. Ca m'a rabiboché avec le monde judiciaire."

Stéphane : "de ce procès, nous attendons la vérité. Je veux comprendre les actions de chacun. On a bien compris qu'en matière de terrorisme, on n'a pas affaire aux couteaux les plus affûtés du tiroir mais, même émoussés, ça reste une arme."

Stéphane : "les conséquences de leurs choix, de leurs non-choix, de leur passivité, ont détruit 86 familles, marqué des centaines d'enfants. Et de tout cela, il ne reste que de la colère, de la haine."

Stéphane : "Antoine Leiris a écrit un magnifique livre : "vous n'aurez pas ma haine". Mais moi je n'arrive pas à le lire, je ne m'y retrouve pas. Tout ce que je peux leur tendre, c'est ma haine. J'espère qu'ils pourriront en prison. Je suis désolé de penser ça, j'en ai honte."

Me Jacquin (défense) : "nous entendons votre douleur et votre colère. Mais l'appel à la haine que vous avez fait, est contraire à la dignité des débats."

Le président ajoute : "vous avez le droit de ressentir de la haine, mais elle n'a pas sa place dans l'enceinte judiciaire."

Place au témoignage de Bernard, 60 ans. "Ce #14Juillet 2016, mon épouse Marie-Pierre était contente d'aller assister au défilé militaire. Elle était contente parce qu'elle allait voir son frère, amiral, en tenue d'apparat."

Bernard : "le choc a été d'une extrême violence. Le camion m'envoie balader, me roule sur les jambes et continue son chemin.
J'essaie de reprendre mes esprits au milieu de tous ces corps sans vie."

Bernard : "j'arrive à me mettre debout, à marcher et je pars comme un robot à la recherche de Marie-Pierre. Je vois des personnes agoniser et je ne fais rien. Je suis hagard, choqué."

Bernard : "au bout d'un moment, je la trouve, au milieu d'autres corps, sur le ventre. Je lui parle, elle ne bouge pas. Je la retourne, je ne la reconnais pas. Son visage est couvert de sang, de cervelle. Au milieu de tous les corps déchiquetés, je ne sais pas ce qui est à qui."

Bernard : "ma fille Célia m'appelle de Belgique, je lui dis que je ne sais pas où est sa maman. Je n'ai pas eu le courage de lui dire."

Bernard, très ému : "moi je suis toujours là. Et Marie-Pierre, qui était à 30 centimètres de moi, n'est plus là. Pourquoi elle et pas moi? Cette question, je me la pose toujours. Avec cette culpabilité de continuer ma vie."

Bernard : "j'étais conducteur poids-lourds sur les chantiers publics. Mais je suis incapable de remonter dans un camion, et de supporter les bruits des chantiers."

Bernard : "j'ai trouvé un endroit calme, sur lequel il y avait une ruine, à 1500 mètres d'altitude, au bout de 3 km de mauvaise piste. J'ai remonté cette ruine, tout seul. Ca a été long et dur. Je pense qu'en reconstruisant ma maison, je me reconstruisais moi-même".

Bernard : "je n'ai pas de haine. L'auteur de ce massacre est mort. Et c'est bien dommage; il aurait pu expliquer son acte.
Pour les complices, j'espère que d'entendre les témoignages de toutes ces vies brisées leur fera prendre conscience de la gravité de leurs actes."

Bernard : "mais j'ai une grande colère. Parce que ce massacre a pu avoir lieu à cause de grand manquements dans la sécurité ce soir-là. Comment se fait-il qu'un poids lourd puisse circuler en toute impunité, un jour férié?"

Célia, 28 ans, fille de Bernard et de Marie-Pierre décédée ce soir-là, s'avance.
"En juillet 2016, j'étais dans un festival en Belgique. Et ma mère n'était pas du tout rassurée que j'y sois, notamment parce qu'elle était dans un hôtel près du Stade de France le #13Novembre "

Célia est avertie par un texto de son cousin : "j'appelle mon père qui me dit qu'il est blessé mais que ça va et "ta mère, je ne sais pas".
J'appelle en boucle ma mère. Je ne peux rien faire, j'ai l'impression d'être au bout du monde."

Célia : "je fais la route avec un cousin éloigné. Et mon père insiste pour dire : "faites bien attention sur la route". Et je sens qu'il ne faut pas que je meure. Parce que si je meurs, pour mon père, il n'y a plus rien."

Célia : "dans l'appartement, c'est comme si le temps s'était arrêté. Je vois des cheveux sur sa brosse et je me dis que c'est ce qu'il reste de vivant d'elle. Je sens son odeur. Et je sais que ce sont des choses que je n'aurai plus jamais."

Célia : "on nous a demandé si on voulait voir le corps de ma mère. On nous a dit : "étant donné qu'elle s'est fait rouler dessus par un 19 tonnes, on vous le déconseille".
Mais j'aurais donné cher pour voir au moins une main."

Célia : "puis, il m'a fallu retourner en Belgique. D'habitude c'était toujours ma mère qui m'accompagnait à l'aéroport, on se faisait de longs au revoir. Là, j'étais seule. Et dans l'avion, il y a eu des turbulences, je me suis dit : "si je meurs, je la retrouverai peut-être".

Célia : "ce qui nous sauve c'est de redonner du sens à nos vies, pour s'opposer à ce qui n'en avait pas, comme cet acte.
Moi, dans la beauté et mon travail [dans le design textile, ndlr], j'ai retrouvé du sens."

Célia : "mais pendant le confinement, l'ambiance m'a fait replonger. J'ai développé un eczéma géant, j'étais écorchée vive, de la tête aux pieds. J'avais des bandages partout. J'ai fait 6 mois de fauteuil roulant. Je me remets doucement mais mes mains fonctionnent un jour sur 2".

Célia : "tout ceci nourrit une grande colère. Encore plus face à la récupération politique. Parce qu'on se moque de nous. A une commémoration, Jean Castex a remercié les forces de l'ordre qui ont arrêté le camion. Alors qu'on sait que ce qui a arrêté le camion, ce sont les corps"

Célia : " pour qu'on puisse continuer à faire confiance en la justice, et c'est important que les citoyens aient confiance en la justice, il faut que tous les aspects de cette affaire soient traités."

Célia : "tant que l'instruction de Nice sur les failles de sécurité n'aboutira pas à un procès, on sera en colère. Hier, monsieur le président, vous avez dit que ce n'était pas le procès des institutions. J'entends. Mais c'est quand le procès des institutions?"

Caroline, 63 ans, s'avance à la barre. Elle est très émue, peine à s'exprimer : "ce soir-là, je n'ai perdu personne, excusez-moi. Mais j'ai été face à ce camion. Et ce camion a tué devant moi un jeune garçon dont je cherche depuis six ans l'identité."

Caroline : "j'ai vu ce camion, j'ai cru que le conducteur était ivre. Et là, il monte sur le trottoir, chope cette poussette. Et moi, j'étais pétrifiée. J'ai pensé : "non pas moi, pas ce soir". J'ai reculé, j'ai senti le souffle du camion. Et depuis ce soir-là, ce gosse me hante"

Caroline, en larmes : "pourquoi je n'ai pas tiré cette poussette ? Ca me hante. J'en suis toujours là. Je n'arrive plus à m'occuper de mes petits-enfants.
Je ne sais plus où je vais, je n'ai plus de vie. J'avais un compagnon qui s'est barré en disant : "elle devient folle".

Caroline : "mes rapports se sont très fort dégradés avec mes enfants. Hier, ma fille m'a appelée et m'a dit : "maman, jusqu'à quand ça va durer ce #14Juillet ?
J'en sais rien. J'essaie d'avancer, mais ça prend du temps."

Caroline parle vite, mange un peu ses mots, s'excuse beaucoup d'être là. Elle est en larmes.
"J'avais que ça à faire", elle mime le geste de tirer la poussette. "Comment on peut ne pas éviter la mort d'un enfant devant vous?".

Caroline : "j'essaie, j'y arriverai. Je mettrai du temps. Mais bon ...
Mes petits-enfants, de 3 et 2 ans et ma fille qui attend encore un enfant, je me dis que s'il y a encor un attentat, je ne pourrai pas les sauver."

Caroline explique qu'elle a regardé les images de vidéosurveillance de l'attentat : "je voulais voir le moment où j'étais. Mais c'était coupé. Et donc j'ai vu ce film inutilement. Je voulais voir parce que ça m'aurait permis d'être plus proche de ce petit."

Le président intervient doucement : "vous savez, il y a une seule personne qui est responsable de cet attentat ? C'est le conducteur du camion. Chacun réagit avec ses moyens, on a le droit d'être tétanisé par la peur et il n'y a pas à culpabiliser de ça."

Caroline : "je le sais. Mais je n'y arrive pas. Mais je vais faire des efforts parce que je ne peux pas rester une loque comme je suis, vis-à-vis de mes enfants et mes petits-enfants."

Renaud, 54 ans, s'est avancé à la barre. "Je ressens une forte dette par rapport aux victimes décédées et blessées ce soir-là", indique-t-il d'emblée.
Il explique avoir préparé son témoignage avec sa mère, avec lui ce soir-là, "parce que mon cerveau a occulté une partie".

Renaud : "je ressens encore le souffle du camion qui nous a frôlé. J'ai juste eu le temps de tirer ma mère. Si je n'avais pas eu la chance de marcher face à lui, de mesurer 1,80 et de l'avoir vu arriver par-dessus les têtes devant nous, nous serions morts."

Renaud : "je n'ai pas eu le temps de prévenir les gens derrière nous. Et j'en suis désolée.
Après, ma mère a vu au milieu des corps, un homme qui avait la jambe droite arrachée. C'était trop tard pour lui."

Renaud : "nous avons traversé la rue dans sa largeur pour éviter de frôler les cadavres. On a vu un homme ... pardon, je peux pas en dire plus ... le corps d'un homme. Une jeune femme qui avait tout pour elle. C'était tellement injuste. Son visage m'a hanté pendant des mois."

Renaud ne veut pas parler trop longtemps, s'excuse beaucoup : "après, j'ai commis une tentative de suicide. Je repensais sans cesse à cette jeune femme.
J'ai perdu une quinzaine de kilos dans les mois qui ont suivi l'attentat."

Renaud : "j'ai ressenti la nécessité de ne plus faire partie du quotidien de quiconque. Je me suis éloigné de tous.
Lorsque je retourne à Nice, sur la Promenade des Anglais, j'ai l'impression irraisonnée que les morts sont toujours là, seuls, à attendre."

Renaud : "j'ai beaucoup de troubles psychosomatiques, j'ai accepté de vivre avec ces troubles qui m'empêche d'oublier le #14juillet et c'est un tribu bien faible par rapport aux morts. J'aurais aimé dire que je suis devenu une meilleure personne, mais la réalité n'est pas là."

Séverine témoigne à son tour : "si je suis là aujourd'hui, il paraît que ça tient du miracle. J'ai un peu de mal avec ce mot parce que je ne vois pas les choses de cette manière. J'ai vu cet assassin à bord de son camion, il était face à moi."

Séverine : "quand il est arrivé sur nous, si j'ai réussi à m'en sortir c'est parce qu'il a littéralement labouré toutes ces personnes. J'ai pu faire un pas en arrière, qui m'a sauvée moi, mais pas eux. J'ai été blessée aux jambes. Et six ans après, je suis complètement détruite."

Séverine : "juste avant que le camion arrive, une femme juste devant moi m'a tendu la main, pour que je la sorte de là. Et je n'ai pas pris sa main. Parce que si je l'avais prise, je serai partie avec elle."

Séverine : "j'ai entendu ses os craquer, elle est passée sous les roues, elle a fini désarticulée devant moi. Et je la vois toujours.
Personne n'est conditionné à vivre un truc pareil."

Séverine : "après, je me sentais tellement pas en sécurité que pendant les huit mois qui ont suivi, je ne suis plus sortie de chez moi. Je ne me suis plus présentée à mon travail, j'ai perdu mon travail."

Séverine : "mes enfants avaient 7 ans. Il y en a un qui s'est remis à faire pipi au lit. L'autre qui est devenu agressif. Comment on reste une bonne mère après ça? Je me réveille encore en pleurant. Ce sont mes enfants qui me consolent parfois. Je fais quoi avec ça?"

Séverine : "on disait de moi que j'étais une femme solaire.
Voilà ce que je suis devenue, ce qu'on a fait de moi.
Ce que j'attends de ce procès, c'et de retrouver un peu de paix. Parce que je ne suis pas en paix."

L'audience a repris avec, avant la suite des auditions de victimes, un débat sur le témoignage à l'audience de l'ex-compagne de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Une première expertise a indiqué qu'elle n'était pas en état de témoigner. Certains avocats réclament une contre-expertise.

Le parquet, qui est à l'origine de citation de l'ex-compagne de Mohamed Lahoueij-Bouhlel, rappelle qu'elle est sous traitement lourd, suivie par un psychiatre et un psychologue. "On sait que depuis six ans, elle ne va pas bien", rappelle l'avocat général Jean-Michel Bourlès.

Le président annonce que la décision de la cour sur cette question sera rendue mardi prochain.

Sanchia, première partie civile à être entendue cette après-midi, s'avance avec un interprète en langue anglaise. Car Sanchia est de nationalité suédoise et sud-africaine.
Au moment des faits, elle avait 38 ans, elle se trouvait sur la Promenade des Anglais avec son mari.

Comme beaucoup d'autres, Sanchia explique qu'elle s'est beaucoup interrogée sur l'intérêt de venir témoigner car elle n'a perdu personne, ni été blessée. "Mais nous avons des cicatrices, même si elles ne sont pas visibles".

Sanchia : "habituellement, nous regardions le feu d'artifice depuis la terrasse sur le toit de mes beaux-parents, mais là j'avais envie d'aller dans la rue, fêter avec les Niçois."

Sanchia fait projeter des photos pendant son témoignage. On découvre les gerbes lumineuses des feux d'artifice, Sanchia et son mari tout sourire sur la plage.
"Je trouvais merveilleux de voir tout ces gens, ces familles avec ces enfants, célébrer la fête nationale ensemble."

Sanchia : "j'étais au milieu de la rue en train de filmer lorsque j'ai entendu un son terrible. Un gros camion blanc fonçait sur la foule. J'ai arrêté de filmé. Il roulait directement vers moi."

Sanchia : "il m'a semblé voir un rictus, comme un sourire maléfique. Cet homme n'est pas fou. Il a commencé à faire osciller son camion de droite à gauche. De quel côté dois-je aller pour survivre. C'était comme un jeu terrible."