Par contre vous allez voir que c'est plutôt facile à comprendre.
Prenons une protéine dont on se demande réellement si elle joue un rôle positif ou négatif dans le cerveau (spoil, une protéine c'est un outil, elle n'a de valeur morale que dans le regard de celui qui l'étudie).
Appelons-là protéine Tau.
Au sein de toutes les protéines humaines connues, Tau a un certain succès de notoriété puisque elle est reliée aux démences (que l'on nomme les tau-opathies) dont la plus connue est la maladie d'Alzheimer.
[pour ceux qui suivent mes #UnLapinUnThread, rappellez-vous que la corrélation entre la clinique (Maladie d'Alzheimer par exemple) et la pathologie (protéinopathie Tau) est douteuse, mais on va pas insister une nouvelle fois sur ce sujet ici].
On a donc notre protéine Tau et on sait que lorsque cette protéine se voit ajouter pour diverses raison un groupe phosphate (on parle de phosphorylation) elle se comporte comme une protéine Prion (le truc qui donne la maladie de la Vache Folle).
En français ça veut dire que la phosphorylation Tau lui donne une sorte de totem d'immunité qui fait qu'elle ne peut plus être éliminée du cerveau quand elle ne sert plus à rien. Du coup elle s'accumule, elle fait des tas (on parle d'agrégats), et fini par encombrer les neurones.
Du coup les neurones fonctionnent moins bien et finissent par mourir. Et comme le neurone n'est pas un partisan de la résistance française en 1942, quand un neurone tombe, y'en a pas un autre qui sort de l'ombre pour le remplacer.
Et du coup le cerveau se dépeuple (au sens littéral du terme) et n'est plus efficace. Et un cerveau pas efficace c'est ce qu'on appelle une démence (rien à voir avec la folie donc).
Dans la maladie d'Alzheimer (on va faire comme si ça existait en tant que tel pour simplifier ce thread) la protéine Tau phosphorylée commence à s'accumuler dans l'hippocampe (et donc à la détruire).
L'hippocampe ça n'a rien à voir avec les poissons rigolos en forme de chevaux avec des nageoires, mais avec une structure du cerveau qui joue un rôle clé dans la mémoire (entre autres).
Donc... Si vous avez bien suivi....
La phosphorylation de la protéine Tau la rend invincible, du coup elle s'accumule en faisant des tas et ces tas détruisent les neurones.
Dans l'Alzheimer ça commence par détruire la mémoire, avant de détruire tout le reste. Et le tout donne une démence neurodégénérative.
Bien. Mais quel rapport avec la douleur ?
Pour le savoir prenons des souris. Toutes mimi. Avec des petites moustaches blanches, un petit nez rose et une petite queue toute douce.
Et faisons leur mal.
Et longtemps.
Avec une bonne sciatique.
Ou je sais c'est moche.
Et on va prendre plusieurs types de souris.
Des souris normales.
Des souris génétiquement modifiées pour qu'elles accumulent de la Tau sans trop forcer.
Et des souris chez qui on peut favoriser l'expression d'une protéine capable de défoncer la Tau même phosphorylée.
Et on regarde ce qui se passe.
Et là surprise.
Si une souris a mal suffisamment longtemps (4 mois) la quantité de Tau qui s'accumule dans son cerveau par rapport à une souris qui n'a pas eu mal, augmente. Et la souris devient démente.
À l'inverse, une souris qui a mal mais qui peut pas faire de protéine Tau... N'accumule pas de Tau.
Et une souris qui a eu mal, qui a accumulé de la protéine Tau, et chez qui ont fait exprimé de la protéine anti Tau (Rab35) ne devient pas démente.
Donc première conclusion : la douleur chronique peut provoquer une démence de type Alzheimer (chez la souris) par accumulation de protéine Tau.
Super (enfin par trop pour les souris).
Encore mieux, la Gabapentine, qui chez l'homme est un anti épileptique faible et un antalgique aléatoire, mais qui marche très bien chez les souris, est capable, en diminuant la douleur, de faire diminuer la quantité de Tau, et donc de faire régresser "l'Alzheimer" induit.
En conclusion :
-> la douleur chronique modifie la structure de certaines protéines cérébrales qui du coup s'accumulent dans les hippocampes (et donc donnent des troubles mnésiques) puis partout (et donnent une démence de type Alzheimer).
-> cette accumulation est réversible si la douleur cesse, que ce soit par arrêt de ce qui la provoque ou grâce à des antalgiques.
-> ce phénomène est lié aux mécanismes de régulation de la protéine Tau qui est également impliquée dans d'autres démences.
NB. PS etc... Ce qu'il ne faut pas essayer d'extrapoler à partir de cette étude :
-> on est chez les souris donc les humains on sait pas
-> on parle de douleur chronique, donc pas aiguës, ni forcément intenses
-> la Gabapentine marche chez les rats. Vous n'êtes pas un rat.
-> les souris sans protéine Tau ne développent pas ce type de démence. Elle sont génétiquement modifiées pour ca. On ne peut pas vous modifier génétiquement pour faire pareil, et c'est pas neutre, leur sort n'est pas plus enviable.
L'article de fond est là :
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Médecins du travail réconfortant l'agent de l'ARS qui a dû trouver tout seul la procédure pour "enregistrer sous" à la place de "enregistrer" son classeur excel.
En neuro on n'a pas beaucoup de traitements. Et aucun n'est curatif. Du coup, on a un rapport particulier aux médicaments.
On est déjà bien contents quand on en a un qui a un effet. Même modeste.
Et les personnes atteintes de pathologies neurologiques, une fois qu'ils ont accepté cette réalité, développent des pulsions de meurtre vis-à-vis de celles qui ont la chance d'avoir des traitements curatifs mais gueulent en raison d'effets secondaires anecdotiques...Ou graves.
C'est tellement fréquent que ça nécessite parfois un accompagnement psy des patients pour leur faire accepter que buter leur copine qui se plaint du changement de goût du LEVOTHYROX alors que eux ont des traitements qui parfois engage leur pronostic vital... N'est pas légal.
Aujourd'hui on va voir que ça fait du bien d'avoir mal.
Et pour ça on va s'intéresser aux intestins.
Les intestins sont, dans une vision neurologique, un truc périphérique visqueux rempli de bactéries et de mucus qui consomme une quantité absurde de neurones pour un pauvre mouvement contractile craniocaudal.
(C'est pas du troll).
Au sein de la paroie intestinale, on trouve les terminaisons sensitives de neurones... sensitifs (c'est super original la nomenclature neurologique).
Critiquer, et plus particulièrement une administration, et plus particulièrement une administration en charge de la santé quand on est médecin, est un classique sur Twitter.
Le plus simple c'est de comparer les ARS aux autres administration ou organismes qui interviennent dans la santé.
L'assurance maladie par exemple, prend sa part de critiques raides, parfois violentes. On s'empoigne avec elle sur des décisions contestables, procédurières, inadaptées etc...
Est-ce que l'habit fait le moine, dans la vie de tous les jours ?
J'en sais rien, et vous n'en saurez pas plus en lisant la suite mais voilà une étude faite par des étudiants en médecine dans le module de biostat (pour rappel, le niveau de preuve est faible mais drôle)
Méthodologie simple. Ils ont pris des gens dans la rue qui acceptaient de se faire photographier sans le visage, de donner leur âge, leur niveau de revenu annuel par tranches larges, et leur orientation politique simplifiée (très à droite, droite, centre, gaucher, très à gauche).
Ensuite ils ont montrer des photos d'autres personnes à ceux qu'ils interrogeaient, en leur demandant de deviner d'après la photo sans le visage, l'âge, le revenu et l'orientation politique.