Charlotte Piret Profile picture
Oct 24 122 tweets 19 min read
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, petit tour devant la 15e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris.
Au 2e étage, dans une salle déjà bien remplie, s'apprête à se tenir le procès de Jean-Marc Morandini pour "corruption de mineurs".
L'audience débute. Jean-Marc Morandini est invité à s'avancer à la barre pour décliner son identité : "Jean-Marc Morandini, né le 5 août 1965 à Marseille".
La présidente lui rappelle les faits pour lesquels il comparaît, en l'occurrence sur trois mineurs différents. Pour l'un "en lui faisant visionner des scènes dans un contexte de violence, en lui demandant de se dévêtir, en le photographiant nu et en lui demandant de se masturber"
Pour l'autre, "en échangeant des conversations à caractère sexuel via le réseau social Twitter". Pour le 3e en "lui décrivant un scénario à caractère sexuel les mettant en scène tous les deux."
Mais tout d'abord, la défense de Jean-Marc Morandini réclame que l'audience se tienne à huis clos, "pour la sérénité des débats et eu égard au caractère ultra médiatique de cette affaire".

Les avocats des parties civiles s'y opposent.
Me Spziner (PC) : "ce que nous allons aborder c'est la manière dont certains profitent de leur fonction social pour attirer des jeunes dans leurs filets. Et il y a donc un caractère pédagogique à ce procès."
Même opposition au huis-clos des autres avocats de parties civiles.
Le procureur lui évoque "la salle extrêmement pleine pour évoquer ce dossier. Le fait d'avoir une audience pédagogique n'est pas la principale raison de notre présence ici qui est de juger quelqu'un. Le huis-clos peut permettre une certainement sérénité dans les débats."
Le tribunal rejette la demande de huis-clos "considérant que la publicité ne représente pas un danger pour la sérénité des débats Mais rappelle qu'il ne sera pas question de tolérer la moindre manifestation au sein de l'audience."
Le tribunal entame donc l'examen des faits, à commencer par ceux au préjudice de celui que nous appellerons Romuald afin de respecter son anonymat, puisqu'il est mineur.
C'est le père de Romuald qui a avertit la police, rappelle la présidente.
A l'époque, en 2009, l'affaire en reste là. Puis, trois ans plus tard, Romuald, alors devenu majeur, revient vers la police après avoir découvert un article sur les "pratiques" de Jean-Marc Morandini. Il est alors entendu par les enquêteurs, ainsi que le reste de sa famille.
L'article des Inrocks "provoque alors une véritable discussion en famille", poursuit la présidente dans son récit des faits. "Se sentant moins seul", Romuald décide alors de se tourner vers la justice.
Au moment de faits, Romuald a 15 ans, "il est fasciné par le monde des médias et particulièrement par vous", indique la présidente à Jean-Marc Morandini. "Il aime votre travail et a manifesté l'envie d'assister à une de vos émissions".
"Il y va accompagné de sa mère."
C'est à ce moment-là que Romuald rencontre pour la première fois Jean-Marc Morandini. "Il a le souvenir d'un moment très bref, sans équivoque."
"C'est à la suite de cette 1ere rencontre", poursuit la présidente", que vous allez le suivre sur Twitter et permettre une conversation"
Jean-Marc Morandini : "je n'ai pas de souvenir précis de cette rencontre. Il y a du monde dans le public, des gens qui viennent faire des photos à la fin, je dis oui en général."
Présidente : "vous n'avez pas de souvenir précis de cette rencontre là?"
- non
Jean-Marc Morandini : "il y a beaucoup d'interactions car le coeur de cible de l'émission c'est 25-35 ans, un public jeune qui tweete beaucoup. Donc je suis très sollicité. Beaucoup de gens m'écrivent et je réponds."
Jean-Marc Morandini : "c'est quelqu'un d'assez intelligent, qui aime la radio. Il me demande d'assiste à une émission et je lui dit oui".
Présidente : "lui dit : "il m'a dit "tu devrais venir à Europe 1". Et vous vous organisez pour qu'il puisse venir avant la fin des vacances".
Présidente : "ensuite, Romuald raconte : "il en est arrivé à me demander si j'étais hétérosexuel et si j'avais déjà essayé avec un garçon".

Jean-Marc Morandini : "je n'ai pas de souvenir précis. Je pense que c'est venu dans les échanges."
Jean-Marc Morandini : "on parlait de tout, sans tabou. A ce moment-là, moi j'étais sur NRJ12 où on parlait beaucoup de sexualité. C'était très libre. Et dans les échanges sur les réseaux sociaux, aussi. Moi je lui parle de ce que je fais et on a pu parler de sexualité"
Présidente : "est-ce qu'à un moment ou un autre, vous vous interrogez sur l'âge de votre interlocuteur?"

Jean-Marc Morandini : "honnêtement, je ne me suis pas posé la question, je pensais qu'il était majeur."
Présidente : "puis, Romuald dit que vous lui avez demandé s'il se masturbais, qu'il a été gêné mais qu'il était fasciné par vous"

Jean-Marc Morandini : "c'est un peu compliqué parce que ça ne date pas d'hier et je ne sais pas dans quel cadre je lui aurais posé cette question."
Présidente : "c'est un peu étonnant que vous ne vous soyez jamais demandé à qui vous aviez affaire. On a le sentiment que vous aviez des milliers d'échanges sans vous poser de questions."

Jean-Marc Morandini : "est-ce que c'était imprudent? Oui."
Présidente : "Romuald dit qu'ensuite les échanges sont devenus de plus en plus crus, avec des scénarios sexuels, dont un scénario à trois et qu'il les a poursuivis parce qu'il est fasciné par vous."
Présidente : "Romuald indique qu'il n'a pas souvenir qu'il vous ait donné son âge mais qu'il n'est jamais venu seul à votre émission [mais accompagné de ses parents, ndlr]. Il évoque aussi son aspect physique ainsi que le fait que son âge est indiqué sur son profil Twitter."
La présidente passe à la lecture des messages échangés entre Romuald, 15 ans, et Jean-Marc Morandini.
Elle note : "dans nos les messages on a un "LOL" et un "MDR".
Et là, on un message de vous : "et en échange, je vois la tienne aussi, MDR". Il répond : "c'est envisageable".
La présidente poursuit la lecture des échanges entre Jean-Marc Morandini qui écrit : "et tu veux toucher aussi?"
Romuald répond alors : "ça c'est un peu plus compliqué à dire".
"C'est toi le plus jeune donc c'est toi qui décide", poursuit Jean-Marc Morandini.
La présidente note : "vous avez l'impression qui est vraiment dans cet échange?"

Jean-Marc Morandini à la barre : "ça fait partie d'échanges, sur Twitter, à connotation sexuelle.
On a eu des échanges assez réguliers. C'était un jeu de séduction. Mais pour moi il est majeur"
Présidente : "et sur sa photo de profil, vous trouvez qu'il avait l'air très majeur?"

Jean-Marc Morandini : "je ne sais pas ce que ça veut dire "très majeur". Mais je pense qu'il est majeur, oui."
La présidente reprend la lecture des messages envoyés par Jean-Marc Morandini à Romuald :
"qu'est-ce qui t'excite? Le fait que ce soit moi? La taille ? LOL"

Présidente : "vous en retirez quoi de ces échanges?"
- un moment de décompression. Je fais beaucoup d'antenne."
L a présidente poursuit la lecture des messages échangés :
Jean-Marc Morandini : "est-ce que tu bandes?"
- tu veux vraiment savoir?
- oui
- oui
Puis, Romuald écrit : "ma mère me fait réciter mon histoire, on se reparle après".
Présidente : "ma mère me fait réciter mon histoire", ça n'a pas activé un petit warning dans votre tête sur son âge?"

Jean-Marc Morandini : "c'était dans un flux de messages. Et moi, mes parents m'ont fait réciter ma leçon jusqu'à mes 20 ans.
La présidente poursuit : "vous lui souhaitez "bon courage".

Romuald répond : "il m'en faut du courage avec ma mère. #FuckLaGuerreFroide

Jean-Marc Morandini écrit alors : "pour te donner du courage, pense à ma ..."
Présidente : "plus tard, il vous dit que sa mère a confisqué son téléphone parce qu'il ne connaissait pas assez bien sa leçon. Ca non plus, ça ne vous a pas alerté?"
Dans la suite des messages, Jean-Marc Morandini s'inquiète :
- elle [ta mère, ndlr] lit pas tes messages ?
- t'inquiète, je feme mon Twitter ?
- et elle l'ouvre pas ?
- non, elle a pas mon code, je me déconnecte complètement
- ouf
Puis, après quelques temps sans messages, Jean-Marc Morandini écrit : "ce qui s'est passé a été un peu violent pour moi"
Romuald répond : "désolé que ça t'ai affecté"

Aujourd'hui, Jean-Marc Morandini explique à la barre : "je pense que c'est le moment où j'ai appris son âge".
Jean-Marc Morandini : "pour moi, c'est à ce moment-là que j'ai arrêté de lui parler parce que je ne souhaitais pas avoir d'échanges à caractère sexuel avec une personne de cet âge. Je n'ai pas d'attirance particulière pour les mineurs."
Le message suivant est signé du père de Romuald. Il écrit à Jean-Marc Morandini : "vous savez, ce jeune adolescent de 15 ans que vous semblez avoir pris d'affection. Mon épouse et moi l'avons emmené sur vos plateaux jusqu'à hier soir."
"Tout cela m'inspire dégoût et nausée. Je veux vous rencontrer pour que nous ayons une discussion d'homme à homme", écrit encore le père de Romuald à Jean-Marc Morandini.
Qui répond alors : "Jj le pensais majeur et en découvrant son âge, j'ai souhaité ne plus communiquer".
La présidente indique que Romuald a été examiné par un psychiatre dans le cadre de sa plainte contre Jean-Marc Morandini : "il s'est beaucoup renfermé sur lui-même, n'avait plus confiance en personne, faisait des cauchemars centrés sur les faits, des phénomènes de dévalorisation"
Me Spziner (PC) : "est-ce que vous échangez avec n'importe qui des messages à caractère sexuel sur Twitter ou vous avez une idée du physique de la personne?"

Jean-Marc Morandini : "à partir du moment où ce sont des messages purement virtuels, ça se fait juste comme ça."
Procureur : "vous nous avez dit qu'il parlait beaucoup de son quotidien et de lui. De quoi il vous parlait? Du collège, de sa vie à la maison ? "

Jean-Marc Morandini : "il parlait de ses déplacements, de ses soirées.
On parle beaucoup de télé, de radio"
Procureur : "pour vous "Romuald est virtuel?"
Jean-Marc Morandini : "non, mais les échanges le sont."
- mais non, c'est tout sauf virtuel. Il y a quelqu'un en face. Et c'est toute la problématique de cette infraction quand elle se passe en ligne.
Le tribunal passe à l'examen du deuxième volet du dossier, les faits dénoncé par celui que nous appellerons Simon, né en 2009.
De la même manière, Jean-Marc Morandini et Simon ont échangé sur Twitter. Après quelques messages, Jean-Marc Morandini lui réclame une photo de son sexe
Aux enquêteurs, Simon explique : "je lui ai envoyé une photo d'un sexe trouvée sur Internet pour qu'il me laisse tranquille".
Simon a lui aussi 15 ans à l'époque.
Aux enquêteurs, Simon explique qu'il était en classe de 3e et s'intéressait aux médias. C'est dans ce cadre qu'il contacte Jean-Marc Morandini. Tous deux échangent pendant un an, quasiment quotidiennement.
"Je lui ai dit que j'avais 15 ans, que j'aimais le foot et le handball"
Aux enquêteurs, Simon explique encore que Jean-Marc Morandini lui parle d'un projet de casting sur le thème du sport. "Il m'a dit que dans ce projet, il pouvait y avoir de la nudité et m'a demandé si ça me gênait.
Il m'a aussi demandé si je prenais ma douche nu ou en caleçon"
Aux enquêteurs, Simon explique encore : "il a cité mon nom à l'antenne pour que ma mère soit bien sûre que ce soit le vrai Jean-Marc Morandini avec qui j'échangeais sur Internet. Et il s'est servi de ça pour me demander une photo de mon sexe. Il insistait."
Simon aux enquêteurs : "je m'étais bien rendu compte que ce n'était pas normal qu'un homme de son âge me demande ça. Mais j'avais encore espoir de visiter les studios".
Présidente : "vous vous souvenez de "Simon"?

Jean-Marc Morandini : "pas particulièrement."
La présidente évoque un échange en novembre 2015 :
- tu as quel âge?
- j'ai 15 ans
- ah oui, tu es tout jeune.

"Ca c'est avant que les échanges prennent un caractère sexuel", note la présidente.
Le présidente évoque un nouvel échange à caractère sexuel avec Simon.
Jean-Marc Morandini : on est dans l'humour, clairement.
Présidente : il a 15 ans.
- ça n'empêche pas d'avoir de l'humour
- on fait ce type de blague à un mineur ?
- sur le plan moral?
- non pénal
Présidente : "ce n'est pas rien d'obtenir la photo du sexe d'un mineur de 15 ans."
Jean-Marc Morandini : "mais ce n'est pas la sienne"
- Mais vous ne le savez pas
- Je pense qu'un mineur de 15 ans ne va pas faire lui-même une photo de son sexe
Jean-Marc Morandini : "ce n'est pas sexuel"
Présidente : "vous dites : est-ce que tu serais prêt à faire un tournage avec moi nu et vous lui demandez une photo de son sexe, pour vous ce n'est pas sexuel?"
- il n'y a pas de proposition sexuelle.
Autre échange lu par la présidente. Il est question de la possible venue de Simon à Paris :
- tu dormirais où?
- dans un lit
- dans le mien
- j'ai pas envie que vous ayez des ennuis avec la justice

Jean-Marc Morandini à la barre : "à la relecture, forcément ..."
Jean-Marc Morandini, à voix basse : "c'est vrai que c'était lourd. Et je suis désolé s'il ne l'a pas pris comme un défi [le fait de lui envoyer une photo de lui, ndlr] comme je le pensais."
"Pour lui, ça n'a pas été juste une blague", indique la présidente après avoir évoqué le retentissement psychologique de l'affaire sur Simon.
Me Mattais (PC) : "lorsque vous réclamez la photo d'un adolescent de 15 ans, nu, à 41 reprises en 50 jours, c'est toujours une blague?"
Me Mattais : "vous comprenez que pour une personne qui vous explique avoir une fascination pour vous, vous demande un stage et une visite des locaux d'Europe 1 et de NRJ12, cela peut biaiser la perception dans ce type d'échanges?"
Jean-Marc Morandini : "oui"
Jean-Marc Morandini : "c'est assez violent parce qu'on prend deux cas très précis sur des dizaines voire des centaines de gens avec qui je parle au quotidien et avec lesquelles ça se passe très bien. Qu'il y ait eu des erreurs ou des maladresse, je l'entends et j'en suis désolé."
Me Céline Lasek (défense) : "vous vous souvenez de votre réaction lorsque vous recevez une photo de sexe?"
Jean-Marc Morandini : "non"
- vous lui écrivez : "haha, je pensais pas à un gros plan
- oui, l'idée c'était une parodie d'émission, nus, pas des gros plans.
Simon, partie civile, est invité à s'avancer à la barre : "j'étais très fan de monsieur Morandini à l'époque, j'avais un sentiment de fascination. Je viens de ma petite province à côté de Metz, c'était le seul contact que j'avais dans ce milieu là. Donc il fallait que je tienne."
Simon : "j'ai mis du temps à en parler. Mon père, mon frère, ma soeur, ont été mis au courant il y a quelques semaines. Sinon, personne n'est au courant.
C'est dur."
Il pleure.
"J'ai tellement honte de ça. Mais à 15 ans, on est insouciant."
Présidente : "vous l'avez vécu comment cette insistante pour une photo?"
Simon : "à aucun moment comme de l'humour."
- pourquoi vous vous êtes maintenu dans ces échanges malgré la gêne?
- c'était la seule porte que j'avais pour entrer dans ce monde, le seul contact possible.
Simon : "je suis encore sous médicament pour dormir normalement. Parce que l'arrivée du procès, ça a été très dur.
La médiatisation m'a fait très peur."
Jean-Marc Morandini est à nouveau à la barre pour l'évocation du 3e volet de l'affaire. Cette fois, il s'agit de Clément, né en 1993, 6 ans à l'époque des faits.
Clément avait participé à un casting pour une adaptation de la série américaine Ken Park.
Aux enquêteurs, Clément explique qu'il est contacté par une femme, dénommée Claire, au sujet de ce casting qui recherche des adolescents. Clément répond. Mais derrière le pseudo de Claire : Jean-Marc Morandini.
Dans le mail, "Claire", indique : "nous menons un projet sur les ados, nous sommes sur à la recherche de nouveaux visages."
Présidente : "c'est vous, les mails?"
Jean-Marc Morandini : "oui"
- pourquoi une femme?
- dans la plupart des sociétés, les contacts sont des femmes.
Le mail suivant, toujours signé Claire, indique : "merci de nous retourner le document ci-joint avec deux ou trois photos."
La présidente indique qu'il y a ensuite eu un contact téléphonique avec une voix féminine qui lui évoque la possibilité de scènes de nus.
Entendue par les enquêteurs, la mère de Clément indique qu'elle a eu Jean-Marc Morandini au téléphone qui l'a rassurée sur les conditions du casting et le fait qu'il serait véhiculé en taxi. "Il connaissait l'âge de Clément", indique la mère aux enquêteurs.
"C'est un des premiers projets que j'ai fait avec la société de production", explique Jean-Marc Morandini à la barre. "J'avançais petit à petit sur ce film. Je voulais aller voir une chaîne avec la possibilité d'acteurs pour ce projet".
Présidente : "est-ce que vous vous souvenez de "Clément"?
Jean-Marc Morandini : "non"
- vous en avez casté beaucoup ?
- une quinzaine. Mais dans mon métier, je fais énormément et régulièrement des castings.
Arrivé au casting, qui se déroule au domicile de Jean-Marc Morandini, Clément est invité à visionner plusieurs scènes. L'un d'elle, "insoutenable" pour Clément montre un personnage qui s'étrangle avec la ceinture de son peignoir et se masturbe.
Puis, Jean-Marc Morandini prend Clément en photo et l'invite à se déshabiller. Aux enquêteurs, Clément explique : "je n'avais jamais eu de relation sexuelle et je ne m'étais jamais déshabillé devant quelqu'un".
Jean-Marc Morandini lui dit de ne pas "être coincé".
Comme Clément hésite, Jean-Marc Morandini lui montre des photos d'autres garçons nus, devant le même mur, a raconté l'adolescent aux enquêteurs. "J'ai fini par enlever mon slip. Il m'a dit que j'avais un petit sexe", a encore raconté Clément.
Clément poursuit encore devant les enquêteurs : "il m'a remontrer la scène où l'acteur se masturbe, il voulais que je rejoue la même scène devant lui. Je lui ai dit que je ne ferais jamais ça.
En sortant, je me sentais sale, nul, je pleurais".
Présidente : "comment se passent les castings à votre domicile?"
Jean-Marc Morandini : "à mon bureau"
- à votre domicile qui est également votre bureau, mais c'est dans votre salon.
- normalement, un jeune acteur vient, il parle de sa volonté de jouer dans ce film.
Présidente : "vous ressentez son trouble quand vous visionnez des extraits" dont celui d'une femme qui a des rapports sexuels avec deux garçons?"
Jean-Marc Morandini : "je vous ai dit que je ne m'en souvenais pas. Donc je ne peux pas vous répondre."
Mais ce dont Jean-Marc Morandini est sûr c'est que "je suis très respectueux des gens. Ce qu'il décrit ne correspond pas du tout à mon mode de fonctionnement. Ca ne me ressemble pas."
Clément qui avait alors 16 ans [bien 16 ans, désolée pour la faute de frappe plus tôt] indique aux enquêteurs : "si j'avais su que ce film était pornographique, je n'y serai jamais allé."
Parmi les conséquences sur la vie de Clément, la présidente énumère : "il a été incapable de se dénuder, même torse nu pendant longtemps. Il a ensuite traversé un épisode d'anorexie, avec des périodes d'hospitalisation et un pronostic vital qui a pu être engagé"
Me Spziner (PC) : "vous avez sélectionné combien de personnes pour ce casting?"
Jean-Marc Morandini : "une quinzaine. J'envoie des mails nombreux aux personnes qui sont inscrites sur casting.fr"
- vous saviez que ce film était interdit au moins de 18 ans?
Jean-Marc Morandini : "il était interdit en salles aux moins de 16 ans"
Me Szpiner : "au moins de 18 ans"
- bien après sa sortie
- mais quatre ans avant que vous vouliez l'exploiter
Me Szpiner : "vous n'aviez pas les droits, pas de scénariste, vous aviez un metteur en scène?"
Jean-Marc Morandini : "on en était aux débuts, je voulais avoir des visages à mettre sur le projet"
- donc vous avez recruté des comédiens sans avoir de metteur en scène, ni scénario?
Me Spziner : "vous écrivez dans le mail "un film qui sera être tourné en fin d'année", c'est-à-dire 5 mois plus tard. Vous pensiez acheter les droits, trouver des acteurs, un réalisateur d'ici là?"

Jean-Marc Morandini : "c'est ce que j'espérais"
Procureur : "est-ce que vous pensez consciemment ou pas avoir provoqué un traumatisme chez quelqu'un?"
Jean-Marc Morandini : "je ne me comporte pas comme ça, je respecte les gens".
Clément s'avance à son tour à la barre : "les conséquences que j'ai eu sur le rejet de mon corps, ça m'a traumatisé, j'ai du apprendre à passer outre.
Et quelque part je suis un peu désolé de savoir qu'il y a des gens aussi amnésiques."
Clément : "j'avais 16 ans, j'étais en Bretagne. Et cette scène de violence et de masturbation m'a tellement choqué que je ne me serais jamais rendu à Paris pour ça. J'ai tout le temps dit que j'avais un problème avec la nudité que je ne voulais pas."
Clément : "quand je suis arrivé dans l'appartement de monsieur Morandini, c'était impressionnant. J'étais impressionné par la taille de ses télés. Et il m'a montré ces contenus pornographique, j'étais choqué, je me suis complètement déconnecté ...".
L'audience se poursuit avec les réquisitions du procureur à l'encontre de Jean-Marc Morandini.
"aujourd'hui, vous allez examiner les pièces qui vous sont proposées à l'aune de ce que prévoit la loi."
Procureur : "on a un certain nombre d'échanges avec de jeunes garçons avec, entre 28 et 35 ans d'écart selon les enfants avec lesquels monsieur Morandini avait des échanges. On n'est pas sur un échange bref ou quelques lignes, on est sur plusieurs semaines, plusieurs mois."
Procureur : "ce sont des échanges asymétriques, déjà du fait de l'âge. Mais aussi son aura. Quand un jeune prend attache avec un présentateur, le fait qu'il s'intéresse à eux, alors que dans leur vie c'est quelqu'un, cela donne une relation déséquilibrée, dans sa nature même".
Procureur : "on a d'un côté une double position de force et des jeunes qui, du fait de leur page et de leur période de vie, sont dans une forme de vulnérabilité. L'adolescence est une période charnière, notamment du fait de la sexualité. "
Procureur : " pourquoi cela corrompt le mineur? Parce que c'est ça l'enjeu aujourd'hui. Or c'est une intrusion dans la vie privée, par un adulte qui vient imposer une vision des choses à laquelle le jeune n'est pas préparé."
Procureur : "aujourd'hui trois victimes. Mais une question se pose c'est celle de l'aspect sériel. Rien que pas la déclinaison des infractions reprochées à Jean-Marc Morandini, on est dans la sérialité."
Au sujet de Simon, le procureur rappelle : "ce jeune dit : j'ai 15 ans. Réponse : "ne t'inquiète pas, on va bien rigoler". L'âge ne pose aucun problème à monsieur Morandini. Mais ce jeune, pendant tous les échanges, vouvoie monsieur Morandini. Il n'y a pas de message plus clair."
Procureur : "les échanges sont sur quoi? La taille de son sexe, la taille du sexe des autres, est-ce qu'ils sont rasés ? C'est une pression qui est mise avec une ouverture à une sexualité à laquelle le jeune dit : je ne peux pas, je ne suis pas prêt, je ne veux pas. C'est rare".
Procureur : "ce n'est pas virtuel, ça n'a jamais été virtuel. Ce n'est pas parce qu'on a délaissé la plume pour aller sur un téléphone que c'est virtuel. C'est tout sauf virtuel. C'est la façon dont grandissent les enfants qui est en jeu."
Procureur : "Du côté de la défense, on vous dit : "c'est de l'humour", La preuve il y a des smileys. Mais les smileys c'est typique de ce qu'on appelle le "grooming"."
Procureur : "le "grooming" c'est quand un adulte se fait passer pour un enfant pour finir par obtenir des photos de lui dénudés. C'est mettre en confiance l'enfant, en utilisant ses codes."
Procureur : "soutenir aujourd'hui que son âge était inconnu, c'est de la mauvaise foi. C'est intenable"
Procureur : "le fait de se masturber soi-même à la demande ou de se déshabiller est aujourd'hui une agression sexuelle, le droit a évolué."
Procureur : "je vous demande d'entrer en voie de condamnation pour la totalité des faits reprochés à monsieur Morandini.
Monsieur Morandini sait que c'est illégal. Mais on a une perception autocentrée."
Procureur : "aujourd'hui, la prise de conscience n'est pas là. Elle n'existe absolument pas. Et ça m'inquiète pour monsieur Morandini."
Un an de prison avec sursis est requis contre Jean-Marc Morandini, jugé pour corruption de mineurs.
"Je rappelle que le faits reprochés auraient eu lieu il y a 7, 9 et 13 ans", plaide Me Corinne Dreyfus-Schmidt. "Et on vient demander à monsieur Morandini de se rappeler de ce qu'il a fait il y a 13 ans. C'est un peu compliqué."
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "il y a une sélection des messages qui n'est pas tout à fait anodine. Et les enquêteurs le savent très bien. Mais ils s'en contentent du début à la fin."
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "si cette instruction a été longue c'est parce que la juge d'instruction met deux ans pour interroger monsieur Morandini. Mais pour aller dans le pathos sur les victimes : "alors il souffre beaucoup?"
Me Dreyfus-Schmidt (défense) cite le courrier d'un des plaignants : "réflexion faite, monsieur Morandini ignorait que j'étais mineur et n'avait aucun moyen de le savoir".
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "la fable qui consiste à dire que [Romuald] était passif ne tient pas du tout. Il était lui-même actif, c'est lui qui parle du scénario à trois avec deux animatrices du plateau de Jean-Marc Morandini".
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "Jean-Marc Morandini était peut-être excité par ces petits échanges, cela lui faisait peut-être très plaisir, mais cela ne caractérise pas l'infraction de corruption de mineur qui est très difficile à caractériser."
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "dans son expertise, vous avez l'absence totale de perversité, homosexuel mais rattaché à aucun fantasme pédophile. Rien n'indique une attirance pour les mineurs. Je crois que Jean-Marc Morandini a perdu pied, il n'a pas eu conscience de la réalité"
Me Dreyfus-Schmidt (défense) : "si on a demandé le huis-clos, c'est parce qu'il aurait eu une parole plus libre que devant ses confrères journalistes. La presse noble lui dénie son statut de journaliste. Et parce qu'il est jalousé pour l'audience maximale dans ses émissions".
Me Corinne Lasek plaide à son tour pour la défense de Jean-Marc Morandini. "Le Sénat qui n'est pas l'instance la plus progressiste trouve que ce délit souffre d'une rédaction surannée. Je ne suis donc pas la seule à m'interroger."
Me Corinne Lasek : "l'ensemble des questions des policiers commencent par "trouvez-vous moral?" Moi je vous demande juste une chose : de revenir au code pénal. Il n'y a pas un texte dans le code pénal qui interdit d'avoir des conversations à connotation sexuelle avec un mineur".
Me Lasek (défense) : "il doit y avoir l'intention de pervertir la sexualité du mineur. Ce n'est pas l'intention de se faire plaisir à soi. C'est l'intention réelle de changer en mal la sexualité du mineur."
Me Lasek (défense) : "vous n'avez dans ce dossier aucun élément objectif sur une corruption de mineur ou sur ce qui a pu réellement se passer."
Me Lasek (défense) dénonce ce qu'elle estime être les contradictions de Clément dans les faits dont il affirme avoir été victime : sur les scènes du film qu'il aurait vu ou pas avant de se rendre au casting, sur les difficultés de Clément après les faits etc.
Me Lasek (défense) : "moi je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé ce jour-là. Et sur des éléments objectif, on voit qu'on a une parole qui n'est pas fiable. Monsieur Morandini explique qu'il a pris des photos nu parce que c'est ce qu'on demandait à l'acteur. C'est tout."
Me Lasek (défense) : "avec Simon, vous avez un an d'échanges sur plein de sujets, sur les voyages etc. Et puis vous avez des échanges sexualisés qui ne sont en aucun cas obscènes En quoi le fait de demander une photo de quelqu'un nu serait de la corruption de mineur?"
Me Lasek (défense) : "évidemment que cela satisfait un plaisir personnel. Recevoir la photo d'un jeune homme nu est peut-être moralement contestable, mais nullement de la corruption de mineur"
Me Lasek (défense) : " Il faut arrêter de faire rentrer les événement qui peuvent nous déranger dans les cases du code pénal.
La psychologue explique que monsieur Morandini est en quête d'attention, d'affection. Elle est là l'explication."
Jean-Marc Morandini pour ses derniers mots : "tout a été dit sur trois dossiers qui sont très différents. Mon intention n'était absolument pas de les blesser comme il semble que ça ait été le cas."
Fin du procès de Jean-Marc Morandini. Le jugement sera rendu le 5 décembre à 13h30.
Le récit de cette audience est à retrouver ici > radiofrance.fr/franceinter/pr…

• • •

Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh
 

Keep Current with Charlotte Piret

Charlotte Piret Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

PDF

Twitter may remove this content at anytime! Save it as PDF for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video
  1. Follow @ThreadReaderApp to mention us!

  2. From a Twitter thread mention us with a keyword "unroll"
@threadreaderapp unroll

Practice here first or read more on our help page!

More from @ChPiret

Oct 20
Au procès de l'attentat du #14Juillet à Nice, c'est aujourd'hui que sont prévues les auditions de Christian Estrosi, à l'époque adjoint à la sécurité de Nice et du maire de l'époque, Philippe Pradal.

Les enjeux sont à retrouver ici > radiofrance.fr/franceinter/po…
Mais avant, ce matin, place au témoignage d'autres victimes.
"Dans quel pays perd-t-on toute sa famille en une soirée?", interroge en larmes, Cindy à la barre. "Six membres d'une même famille sont morts sous les yeux de mon beau-papa".
Puis, Cindy poursuit : "dès lors qu'on n'a pas installé des pots béton sur la Promenade des Anglais ce soir-là, on est coupable. Dès lors qu'on a validé ce plan de sécurité, on est coupable. Je n'accepte pas les excuses de la mairie de Nice."
Read 76 tweets
Oct 18
Bonjour à tous,

De retour au procès de l'attentat du #14Juillet 2016 à Nice notamment pour les auditions ce matin des policiers primo-intervenants.
Magali Cotton, policière qui a tué le terroriste au volant de son camion est la première à s'avancer à la barre.
La policière de 39 ans est très éprouvée, elle prend quelques minutes puis débute son témoignage.
Le #14Juillet j'étais de service. "On était deux équipages sur la Promenade des Anglais. Clément, Gaétan et moi étions à pied, en grande partie dans la foule."
Magali Cotton : "à la fin du feu d'artifice. Il y a un mouvement de foule, on voit des gens paniquer, courir. Donc avec mes collègues, on remonte le mouvement de foule. Et là, on voit un gros camion blanc qui arrive sur nous. On ne comprend pas très bien."
Read 64 tweets
Oct 7
Bonjour à tous,

Sur ce fil aujourd'hui : nouvelle journée d'audition de victimes de l'attentat du #14Juillet 2016 à Nice.
Avant cela, le président s'enquiert de l'état de santé de l'accusé Ramzi Arefa qui a fait un test Covid ce matin ... test négatif et l'accusé se sent mieux
Olfa est la première à s'avancer à la barre. Elle avait 30 ans et était avec sa famille sur la Promenade des Anglais ce #14Juillet
"Mes parents avaient un appartement en centre ville à un étage élevé et on avait donc pour habitude de voir le feu d'artifice depuis l'appartement"
Olfa : "c'est ma soeur Hager qui a proposé qu'on emmène nos filles voir le feu d'artifice sur la Promenade des Anglais, la mienne de 2 ans et ma nièce de 4 ans. Ca m'a de suite emballée et du coup nos parents se sont joints à nous."
Read 39 tweets
Oct 5
Bonjour à tous,

De retour aujourd'hui au procès de l'attentat du #14Juillet 2016 à Nice pour la suite des auditions de victimes.

(pour info, le procès du harcèlement en ligne du chanteur Eddy de Pretto ne se tient pas aujourd'hui, il reprendra demain)
Margaux est la première à s'avancer à la barre aujourd'hui. Ce 14 juillet, elle avait 22 ans et était déjà maman d'une petite Léana, âgée de 2 ans et demi et morte dans l'attentat avec son cousin de 8 ans.
"Mon amour, m'entends-tu quand je parle seule sur ta tombe?"
Margaux raconte l'appel du père de Léana, dont elle est séparée. "Il hurle, je ne comprends pas. J'appelle tata : "ma mère est morte, Yannis est mort et ils essaient de réanimer Léana." C'est tout ce qu'elle m'a dit."
Read 64 tweets
Oct 4
Au tribunal judiciaire de Paris, devant la 10e chambre, se poursuit le procès de 17 jeunes hommes pour le harcèlement en ligne du chanteur @eddydepretto à l'été 2021.
Aujourd'hui, débutent les interrogatoires des prévenus.
Noah, 22 ans, est le premier à s'avancer à la barre. Il et jugé pour avoir posté sur le compte Instagram d'Eddy de Pretto le commentaire : "tu ne paies rien pour attendre, t’inquiète. On va te faire regretter tes actes irrespectueux.”
Noah : "j'avais déjà entendu parlé de monsieur De Pretto, mais sans plus. J'ai vu sa story [publication, ndlr] partagée par quelqu'un que je suis, j'ai cliqué et j'ai posté mon message. Il y avait peu de pensée derrière, c'était posté subitement, c'était un acte irréfléchi".
Read 54 tweets
Oct 3
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, c'est lundi. Il n'y a donc pas d'audience au procès de l'attentat du #14juillet à Nice.
En revanche, au tribunal judiciaire, devant la 10e chambre, s'apprête à débuter le procès de 17 personnes pour harcèlement en ligne du chanteur @eddydepretto
@eddydepretto Eddy De Pretto est arrivé à l'audience. Il se tient debout face aux sièges vides du tribunal. Car l'audience n'a pas encore débuté, tous les prévenus n'étant visiblement pas encore arrivés.
Petit LT à suivre quand elle démarrera.
L'audience débute avec l'appel des prévenus.
Le premier à s'avancer est Kévin, costume clair, cravate, cheveux tirés en arrière.
Read 41 tweets

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3/month or $30/year) and get exclusive features!

Become Premium

Don't want to be a Premium member but still want to support us?

Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal

Or Donate anonymously using crypto!

Ethereum

0xfe58350B80634f60Fa6Dc149a72b4DFbc17D341E copy

Bitcoin

3ATGMxNzCUFzxpMCHL5sWSt4DVtS8UqXpi copy

Thank you for your support!

Follow Us on Twitter!

:(