Le rapport obtenu par @CamillePolloni et rendu public par Médiapart soulève bien des questions. La première est de savoir comment dans une démocratie, concernant un droit fondamental qui n'est autre que l'égalité (ici devant la police), peut être soustrait du débat public par...
... les ministres de l'Intérieur et de la Justice. Les freins ordinaires et routiniers à la transparence de l'Etat sont impressionnants. L'Etat de droit sans la transparence n'a, faut-il le rappeler, pas de signification. Il est certain que les rapporteurs ont eu une tache très..
délicate: celle de naviguer entre le tabou gardé par les responsables politiques et des hauts fonctionnaires et le nombre de preuves accumulés sur la réalité du phénomène de la discrimination policière. Ils proposent d'ouvrir les yeux de l'Etat sur ses propres pratiques...
Pas facile, et louable. Cela conduit parfois au grand écart. Comme ici lorsque le rapport prétend que la France a une politique policière visant à gagner la confiance, ce qui est (hélas, 3 x hélas), un contresens. Cela n'a jamais été un objectif opérationnel.
Le rapport donne des exemples de la maigreur des ressources allouées à cet "objectif primordial": il existe 288 agents appelés "délégués à la cohésion" (souvent retraités) pour une population en zone police de 35.000.000 d'habitants, soit 0,0008 agents pour 100 habitants...
Autre illustration de l'objectif primordial: 94.000 jeunes de 7-17 ans ont été accueilli en centres de loisirs jeunes de la police nationale (CLJ). Calculette: sachant que les 6-17 ans sont 9,6 millions, cela fait 1 jeune pour 100 dans la tranche d'âge.
Les dispositifs destinés à mesurer la discrimination à l'intérieur de la police ne fonctionnent pas: ils n'enregistrent .... rien, ou presque. Le dispositif police a enregistré pour une année entière, une trentaine de faits (entre 32 et 37). Pour 150.000 agents !
#igpn , chargée des enquêtes sur les mauvais comportements policiers, en a réalisée un nombre spectaculaire suite à des signalements portant sur des discriminations: 13 entre 2017 et 2020. C'est à dire 4 par an, pour 150 000 policers. Whaooo. Pour la gendarmerie c'est 10 /100.000
Le rapport conclut courageusement à une sous-estimation du phénomène, notamment sur la base de l'enquête sur les victimes dite CVS, et ajoute que le pourcentage "n'est pas négligeable".
Le Défenseur des Droits n'obtient aucune sanction disciplinaire sur les quelques cas (36 en 7 ans) pour lesquels il en recommande une.
Un des points les plus intéressants du rapport porte sur le fait que les magistrats du parquet n'exercent pas ou très peu ("ils s'efforcent")de vérification (ce qui est pourtant leur rôle) sur les contrôles pratiqués par la police. Les rapports qui leur sont rendus sont imprécis.
Et un autre sur la faiblesse de l'encadrement de première ligne: les jeunes agents sans expérience, à la formation en matière d'égalité très insuffisante, sont laissés seuls et utilisent mal les contrôles d'identité. La hiérarchie ne joue pas son rôle.
Ce rapport important, par souci sans doute de ne pas provoquer les responsables les plus conservateurs, tend dans ses conclusions, et au contraire du contenu du texte détaillé, à minorer la discrimination par les forces de polices françaises. C'est évidemment dommage car toute...
... réponse nécessite un diagnostic précis. Ayant mal pris en compte les travaux universitaires qui se sont multipliés depuis 10 ans, qui montrent des pratiques discriminatoires ethniquement par la police, dans toutes les villes de France du Nord au Sud, pour toutes les années...
les rapporteurs ont ainsi négligé les informations qui démontrent le caractère systémique de la discrimination policière. Ils se contentent de retenir la théorie de la "pomme pourrie", des actes individuels. Elle est insuffisante. Les agents sont l'arbre qui cachent la forêt...
c'est à dire responsables politiques (où est le leadership?), hauts dirigeants policiers, encadrement local, ms aussi les procureurs -un pt oublié dans les conclusions, mais bien abordé dans le texte- qui ne font pas le travail nécessaire pour corriger les problèmes endémiques.
Dans un chapitre de "La nation inachevée", j'ai présenté les résultats de 10 ans de recherche en France qui montrent le caractère endémique de la discrimination, et également en quoi cette mauvaise police corrode la citoyenneté des jeunes et leur attachement à la République
Le discours des policiers sur la fin de l'autorité, être craint, l'absence de reconnaissance caractérise-t-il les années 2020 ? Que nenni, on le retrouve, inoxydable, depuis des dizaines d'années, inchangé. A partir du travail de Lhuillier sur la psychologie armes & uniformes.
Le travail est n'est pas publié en 2010, ni même en 2000, mais en 1992, soit il y a trente ans. Extraits n°1. L'autorité non reconnue. La police ne fait plus peur.
Extrait n°2. les policiers ne font plus "le vrai travail" qui devraient être le leur.
Ce matin, la police compte un total de 12 tués par tir policier en un peu plus de 9 mois en France. Je ne connais aucun pays européen comparable. rtl.fr/actu/justice-f…
Par comparaison avec la France, et sans intégrer l'année 2022 et ses 12 tués par balle, la police France a tué en moyenne 50% plus souvent que l'Allemande, et 375% plus souvent que l'Anglaise.
Combien les policiers ont-ils tués de personnes en France depuis 10 ans? Cette question préoccupe les nations unies. Une agence 'UNODC) compare les décès de policiers en mission (c-a-d hors accidents de trajet par ex.) et les décès des personnes au cours des opérations de police.
A partir des données disponibles dans quelques pays, UNODC montre les deux valeurs, et calcule des ratios.
Pour les pays où les polices comptent parmi les plus violentes, voici les ratios. Spoiler: en matière de respect de la vie, la France n'a pas la pire police du monde en dépit de sa médiocrité en Europe.
Le gouvernement, le parlement et la police auraient-ils pu éviter l'augmentation des homicides policiers par tirs sur les occupants des véhicules ? La réponse est, malheureusement pour eux, positive: avant même la loi de 2017, il était déjà démontré que le nombre de tués ...
... varie en fonction de la loi ou de la règlementation dans une force de police. Ainsi, en 1972 le chef de police de New York, Patrick V. Murphy, a restreint les tirs aux situations où les policiers doivent protéger une vie, interdisant de tirer sur les suspects en fuite....
... Le résultat fut immédiat, avec une baisse du nombre de citoyens tués. De même, la police de Los Angeles ... syracuse.com/news/2011/12/f…
Comment expliquer l’explosion du nombre de tirs mortels des policiers contre les occupants de véhicules ? Avec Simon Varaine et Paul Le-Derff, nous avons reconstruit les séries statistiques sur 10 ans. Résultat: l’explication de @GDarmanin ne tient pas. La vraie cause ?
La loi qui autorise les policiers à tirer plus souvent à pour résultat … qu’ils tirent plus souvent et le nombre d’homicides policiers (nombre moyen par mois) augmente massivement
La société devient de plus en plus dangereuse et violente, plus d'armes, plus de tirs, plus d'homicides ... nous disent les Cassandre et accessoirement les organisations qui espèrent faire avancer leur cause. Est-ce corroboré par les indicateurs dont on dispose ? Le + fiable ...
des indicateurs est le nombre d'homicide. Le comptage par interstats - ssmsi montre une absence de tendance (et deux pics liés aux attentats) entre 2014 et 2021. mobile.interieur.gouv.fr/Interstats/Act…
Pour les vols avec arme, qui sont les plus dangereux, on observe une décrue marquée, incompatible avec la thèse de la fin du monde par la submersion violente, il faut bien le dire.