Le 3 novembre 1832, Darwin visite enfin Buenos Aires ! La géométrie du plan de la ville en "quadras" (cuadras) le marque immédiatement. Cette cité, fondée par les Espagnols en 1535, avait dans ses origines une certaine vision humaniste et moderne de l'époque. #VoyageDarwinBeagle
C'est l'occasion pour Darwin d'admirer les maisons de la cité, avec leurs toits plats servant de terrasse en été et leurs coquettes petites cours. "les bâtiments forment un ensemble d'une grande beauté architecturale" note-t-il.
Mais derrière cette beauté, "il suffit d'une promenade pour s'expliquer l'horreur de Buenos Aires qu'expriment les quelques Anglais qui résident ici". Mais derrière le charme, l'horreur. Darwin passe devant l'abattoir public, qui en cette époque est d'une cruauté sans nom.
Notre jeune naturaliste va jouer les lanceurs d'alerte en dénonçant le terrible sort infligé inutilement au bétail. Rappelons que Darwin n'apprécie guère la cruauté gratuite et inutile envers les animaux, comme tout à chacun, et la dénonce aussi dans son Journal.
Il faut dire qu'il y a de quoi s'indigner : le gaucho sélectionne les bêtes à abattre dans le corral. Les bestiaux sont attrapés par les cornes au lasso. Puis traînés à la force du cheval jusqu'au lieu d'abattage, ouvert au public.
Le bœuf se débat violemment, laboure le sable pour tenter de retenir le cheval. En vain. La force équine impressionne Darwin autant que le spectacle ne le dégoûte. Puis l'animal vaincu est abattu. On lui tranche les jarrets pour l'empêcher de s'enfuir, et on l'égorge.
"C'est un spectacle horrible : le sol est fait d'os et les hommes, les chevaux et la boue sont maculés de sang".
Darwin est de toutes évidences sensible pour son époque à une forme de "bien-être animal". Prenons d'énormes pincettes sur les anachronismes ici. Nous ne sommes pas dans les considérations éthiques modernes, ici pas d'idéologie morale contemporaine.
Mais ce n'est pas la première fois que Darwin dénonce la cruauté inutile envers les animaux. Ce qui n'a rien de surprenant dans son approche naturaliste, lui qui n'entend pas prélever de spécimens à outrance sur le terrain. Un naturaliste chasseur dans sa jeunesse, mais raisonné.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
La #chasse permet-elle de réguler efficacement les populations de #sanglier ? Difficile de répondre à cette question, néanmoins dans ma recherche biblio actuelle, je note le travail de Quirós-Fernández et al. (2017) sur les populations de Suidés des Asturies (Espagne). (1/11)
Pour le moment, de la biblio consultée, je trouve que la chasse de loisirs fournirait bien un service aussi bien aux écosystèmes qu'à la société en intervenant sur le contrôle des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts. (2/11)
Reste l'épineux problème de quantifier ces services de régulation, point sur lequel en substance tous les auteurs semblent s'accorder pour dire "prudence, c'est pas si évident que cela, et difficile à mesurer". (3/11)
Cet article et son infographie vous semble exagérés ? Pas tant que cela. Au contraire, s'ils présentent quelques coquilles, ils reprennent un modèle mettant en valeur la nécessiter de végétaliser notre alimentation pour limiter notre empreinte sur les terres et GES. #FrAgTw
Commençons par examiner de nouveau un document régulièrement cité dans ces débats, et émis par @ademe : il faudrait 1300 m² de surfaces agricoles / an pour un végétalien, 4300 m² pour un français à 107 g de viande / jour et 6000 m pour 170 g / jour.
Ces chiffres sont souvent repris à tort comme une justification du régime végétalien intégral ! Mais ils ont trois limites qui ne permettent pas d'en faire des références aussi percutantes.
1⃣ Ils ne prennent pas en compte d'approche systémique agricole
La #chasse du gibier à plumes crée-t-elle une pression de sélection artificielle sur les populations ? C'est ce qu'un groupe de chercheurs @OFBiodiversite@Ifremer_fr et @TourduValat se proposent d'étudier dans la revue Ecology & Evolution ⬇️ (1/13)
Différentes espèces sont chassées à travers le monde, que ce soient des chasses commerciales, de loisirs ou de régulation des populations. La surexploitation des espèces crée cependant une pression sélective artificielle. (2/13)
Les exemples ne manquent pas : la chasse aux trophées peut ainsi modifier la fréquence des tailles de cornes chez les Ongulés, la pression de prélèvement modifie l'âge maturité sexuelle et le nombre de jeunes des espèces chassables, etc ... (3/13)
Aujourd'hui un #VoyageDarwinBeagle spécial #Halloween 🎃🕷️🕸️
Le 31 octobre 1832, Darwin collecte sur les cordages du HMS Beagle des Fils de la Vierge. Ce sont des filaments tissés par des araignées aéronautes ! Arachnophobes s'abstenir.
Les araignées sont capables de voler ! Non, je n'ai pas abusé du jus de citrouille. Ce phénomène porte même un nom : le ballooning. Accrochées à un fil de soie, elles se laissent porter par le vent. Cette dispersion passive permet aux araignées d'occuper de nouveaux milieux.
Au Moyen-Âge, les fils de soie d'araignée ou d'acariens retrouvés parfois sur les hautes herbes étaient attribués à la Vierge Marie, qui pendant le sommeil de Jésus-Christ disait-on tissait les fils de sa quenouille pour réaliser le linceul de morts miséreux.
Le type d'agriculture modifie le comportement des oiseaux ? Il y a quelques mois paraissait l'article de Moreau et al. (2022) dans "Agriculture, Ecosystems & Environment". L'article Reporterre et les soutiens politiques qui suivirent déclenchèrent une polémique sur les RS. (1/14)
Ce travail de recherche est important et crucial à l'heure où des programmes de suivi comme le STOC notent un important déclin d'abondance des espèces d'oiseaux inféodés aux milieux agricoles. (2/14)
La polémique à chaud ne fut profitable à quasiment personne, et certains tweetos militants en embuscade profitèrent pour aligner gratuitement leurs cibles. Si je ne cautionne pas leurs méthodes, je renie également mon analyse médiocre de l'article faite en juin. (3/14)
Tiens donc, que lit-on dans le "Darwin n'est pas celui qu'on croit ?" de Patrick Tort ? Que Charles Darwin a milité de son vivant contre le racisme, l'esclavagisme, et toute "oppression de race" revendiquée par ses contemporains. Mais plus fameux encore !
La contestation de ces positionnements pourtant très clairs de Darwin dans ses correspondances comme dans ses œuvres nous vient en France de la ... "Nouvelle Droite", courant de pensée politique d'extrême droite, et du GRECE, groupement d'études qui lui est associé.
Et Patrick Tort de marteler très clairement : le discours antiraciste de Charles Darwin débute dès son Journal de bord du voyage du Beagle. Etonnant qu'un tweetos au pseudonyme de Corvidé bicolore se soit agité à l'époque sous ce thread ?