Près de 3 millions d'étudiants, mais surtout des modifications très rapides de la structure des formations.
Le PLF prévoir des milliards d'euros, en hausse.
Sauf que, et c'est l'usage, cette hausse est en réalité une baisse.
A cette baisse, il faut ajouter l’inefficacité des modalités de répartition des moyens, qui sont conçues non pas pour bien financer mais surtout pour transformer.
« absence de corrélation rigoureuse entre le montant de la (SCSP) et les dépenses de fonctionnement »
Les crédits de la MIRES recoivent donc un avis négatif, puisqu'ils sont non seulement en baisse de 2,15% (!!!), mais qu'en plus ils ne répondent pas aux besoin de la MIRES, mais aux besoins des réformateurs de la MIRES (j'interprète).
Les « moyens nouveaux » pour l'enseignement concernent essentiellement des hausses de masse salariale mais « n’en demeurerait pas moins insuffisante pour améliorer significativement le taux d’encadrement, en particulier dans les formations universitaires. »
Le rapporteur s'inquiète de la politique d'accès en Master, et de la nouvelle plateforme #TrouverMonMaster, qui organisera une « mise en concurrence des établissements, des étudiants et des formations ».
Côté doctorat, le rapport observe la baisse, temporisée par les prolongations Covid.
Il formule des recommandations, dont l'exonération des frais d'inscription, et note la précarité croissante des doctorantes et doctorants.
Du côté du privé, le rapport note le rôle facilitateur de #Parcoursup pour les formations qui poursuivent des « objectifs de rentabilité marchande » et invite à « renforcer le contrôle de l’accès au catalogue des formations ».
C'est pas trop l'idée initiale de la plateforme...
Côté documentation, le rapporteur note que les grands bénéfices des gros éditeurs, et plaide pour un service public de l'édition scientifique.
Du bon sens.
Du côté de l'immobilier aussi le rapporteur est dans le bon sens : il plaide pour un grand plan de rénovation énergétique.
Ca changerait des grands plans de communication sur la rénovation énergétique.
Côté pilotage, on a quand même 35 millions d'euros (800 ans de doctorat) pour la mise en place des « contrats d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) ».
On verra si ces contrats servent à quelque chose, ou s'ils rejoindront les COM et compagnie dans l'inutilité.
Le rapporteur note « une diminution en valeur du financement de la vie étudiante / dans un contexte inflationniste » et « le niveau de vie des étudiants se verraient affectés par cette baisse.»
Le rapporteur évoque la réforme des bourses, et les difficultés pour la moitié des étudiants contraints de travailler en plus de leurs études.
Il plaide pour la création d’une garantie d’autonomie de 1083€ et la revalorisation de 10% des bourses.
Le rapporteur tire ensuite (à balles réelles) un bilan de l'autonomie des universités.
A. L'autonomie des universités s'est accompagnée d'un développement de la précarité étudiante, et notamment de très gros problèmes de logement.
La crise covid a rajouté la détresse psychologique à la précarité matérielle.
B. L'autonomie des universités n'a pas amélioré la réussite étudiante.
C. La loi #ORE a instauré la sélection à l'université et favorise le développement de l'offre privé.
« De nombreux acteurs auditionnés voient dans #Parcoursup un outil de communication, qui s’est avéré utile pour les écoles d’ingénieurs notamment, et non un outil d’orientation »
Côté privé « Certains de ces acteurs, connus pour être de vrais prédateurs à l’étranger, bénéficient par ailleurs des investissements de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), ce qui conduit à s’interroger sur la stratégie de l’État en la matière. »
D. Côté emplois, le gros morceau de la LRU, les #ProcesDIntention se sont avérés justes :
- baisse des dotations par étudiant
- augmentation de la contractualisation
- précarisation des missions fondamentales
- perte de la visibilité à long terme
- baisse de la qualité
Le tout conduisant à une Université à deux vitesses
Par exemple avec des taux d'encadrement qui varient du simple au triple.
Des établissements estampillés « d'excellence » qui obtiennent des financements différents, dans « un écosystème pour le moins complexe », marqué par le développement rapide des ressources propres au détriment des SCSP.
Le tout pose des problèmes dans certains territoires, sans arriver à identifier de clairs avantages.
« il n’est pas évident que la signature des établissements français et leur renommée aient beaucoup progressé avec les multiples fusions. »
F. Qualité de vie au travail : « le choc de simplification qui devait aller de pair avec l’autonomie n’a pas eu lieu »
No shit.
« Burn out » « restructurations » « la vie démocratique a été fragilisée par le processus d’autonomie. »...
Le rapport conclue sur le fond idéologique de l'autonomie, qui se fonde sur une mise en concurrence généralisée, des systèmes, établissements, et individus.
L'excuse est celle du mimétisme internationale, oubliant de noter que partout cela se passe mal.
Terminons avec la liste des recommandation du rapporteur, et des félicitations à @hendrik_davi pour ce rapport synthétique, complet, clairvoyant et de bons sens.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
"L’obéissance jusqu’à l’absurde des fonctionnaires"
Cette histoire d'écoles se pliant à une demande (factice) absurde, me fait penser à une histoire que je me suis raconté pour comprendre la puissance de l'évaluation #ESR.
Avec justement des chapeaux.
Les évaluations qu'on connait aujourd'hui revêtent une apparence de rationalité.
Si on lit par exemple les tous premiers critères d'évaluation Hcéres, ça parait sérieux.
En fait, c'est toujours plus ou moins absurde.
Par exemple ici, il faut identifier des ambitions à long terme, ce qu'on pourrait estimer absurde alors qu'on a une visibilité budgétaire qui ne dépasse pas 2 mois depuis au moins une vingtaine d'années.
Que justifie le total silence du parti présidentiel sur cette question, alors qu'il a modifié le Code de l’Éducation tous les 8 jours en moyenne depuis son arrivée au pouvoir ?
Pourquoi ne pas n'expliquer son orientation politique et son projet ?
Cette histoire de délais de réponse dans #Parcoursup est un sujet vraiment passionnant quand on s'intéresse à l'action publique et à la techno-bureaucratie de l'#ESR.
Avant #Parcoursup, il y avait APB.
L'affectation s'y faisait avec une échéance collective, pour la hiérarchisation des vœux, puis une machine calculait les affectations en moins de 24h, et ensuite tous les candidats recevaient leur réponse en même temps. letudiant.fr/etudes/parcour…
Pour une raison peu claire, la hiérarchisation des vœux a été supprimée, et la machine ne peut donc plus calculer l'affectation en 24h.
A place, on mis la phase de réponse en continue de #Parcoursup, qui allait de mai à.. septembre. 5 mois.
[ #VeilleESR #LRU ] Document de travail acte II de l'autonomie
- suppression de la qualification et généralisation des CPJ
- suppression des 192h/384h et modulation des services
- « assouplissement » des ATER et vacations
- généralisation des EPE et dévolution
RH : on peut résumer par « supprimer les statuts des personnels », pour permettre aux présidences d'individualiser les recrutements, temps de travail et rémunérations.
Emmanuel Macron s'y était engagé.
Budget et finance : on peut résumer par « YOLO », avec financement à la « performance » plutôt qu'aux besoins, possibilité de faire n'imp avec le fond de roulement et possibilité de s'endetter.
Bref, un encouragement à flamber.
Résultat du Quizz « l'Education Nationale, ce bastion impossible à réformer », en image.
Voici les modifications du Code de l'éducation depuis l'élection de M. Macron.
(Attention, certains articles ont été modifiés plusieurs fois, ce qui ne se voit pas ici.)
Autre visualisation des modifications du Code de l'éducation, cette fois-ci pour un bachelier de l'an dernier, qui serait donc entré en maternelle en 2009.
(Attention, le gros ajout du début est sans doute de la consolidation de code, à droit constant.)
Depuis l'élection de M. Macron, le Code de l'éducation a été modifié par 55 lois, 15 ordonnances et 331 décrets (voir liste ci-dessous).
Pendant la scolarité d'un bachelier de l'an dernier, ça aura été 120 lois, 34 ordonnances et 589 décrets.