J'ai écouté #Repliques ↓ d'Alain #Finkielkraut avec Jean-Fabien #Spitz et Iannis #Roder sur la #Laicite scolaire et j'ai été affligé des interventions de J.-F. Spitz 🙄
Voici ma réponse. 🧵 ⤵️
Non, l’École publique n'est pas le simple "espace public" (dans lequel prime la libre manifestation des opinions, même religieuses, dans le respect de l'ordre public établi par la Loi), auquel J.-F. Spitz n'a eu de cesse de la renvoyer tout au long de l'émission.
L'école n'est pas la rue. Sans quoi il n'y aurait pas lieu de scolariser les enfants.
L’École publique n'est pas non plus qu'un "service public" régi par le principe de l'égalité d'accès et délivré par des agents publics astreints à l'obligation de neutralité et au respect du principe de laïcité.
C'est ignorer que l’École publique est une institution dont la mission est elle-même reliée à une ambition laïque: assurer un enseignement laïc, c'est-à-dire à l'abri de tout dogme et du prosélytisme.
L'organisation de cet enseignement laïc à tous les degrés est "un devoir de l'État" (Préambule de 1946). C'est la promesse républicaine d'une École publique qui se place et qui place ses élèves à l'abri des dogmes et des pressions.
Elle le fait par 3️⃣ voies nécessaires, qui se complètent et s'articulent pour garantir un temps scolaire véritablement à l'abri des dogmes et des pressions religieuses, préservant la liberté de conscience en formation de tous les élèves:
1 📚 🪐 Des contenus d'enseignement libérés de la tutelle religieuse (c'est-à-dire une mise en contact avec les connaissances tels qu'elles sont produites par l'expérience et la raison humaines).
Ceci est obtenu par la Loi Ferry de 1882.
2 👨🏫 👩🏫 Des enseignants laïcs, astreints à l'obligation de neutralité et respectant le principe de laïcité.
Ceci est obtenu par la Loi Goblet de 1886.
3 🧒 🎒 Des élèves s'abstenant, le temps de l'école, de manifester ostensiblement une appartenance religieuse.
C'est l'objet de Loi de 2004 sur le port de signes ou de tenue manifestant une appartenance religieuse à l'école publique.
Dans l'émission, J.-F. Spitz n'a mentionné ni les lois de 1882 et 1886, qui inaugurent l'organisation d'un enseignement véritablement laïc, ni le préambule de 1946 qui en fait un devoir de l’État ...
... c'est-à-dire l'assurance pour toutes les familles de France que leurs enfants pourront être scolarisés à l'abri des dogmes et des pressions religieuses si elles le choisissent.
Quant à la Loi de 2004, il l'a vilipendée comme attentatoire aux libertés alors même qu'elle est venue combler une lacune:
Les élèves - de leur propre chef ou eux-même objets de pression - peuvent, de fait, par le port de tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse, être les vecteurs d'une pression.
J.-F. Spitz feint de l'ignorer mais un signe religieux ostensible n'est pas qu'une expression personnelle. Il peut se faire rappel à l'ordre ou désigner, par contraste, qui s'écarte de la norme ou qui s'extrait d'une appartenance.
La loi concerne tous les signes et tous les signes sont potentiellement coercitifs pour autrui mais pour ne prendre que l'exemple du voile islamique: partout où il se répand, il s'exerce une pression sur les femmes musulmanes qui ne le portent pas.
Ce qui est acceptable dans l'espace public, où les opinions les plus opposées doivent se rencontrer, où les enfants sont placés sous la protection de leurs parents, ne l'est plus à l’École publique qui fait la promesse de se placer et de placer ses élèves à l'abri des pressions.
Sans la Loi de 2004, il serait vain pour tout parent, en particulier le parent d'un enfant perçu de confession musulmane, d'escompter pour son enfant un temps scolaire à l'abri des pressions. Sans la Loi de 2004, l’État faillirait à son devoir.
L'enseignement laïc est un droit pour tous. Lorsque que J.-F. Spitz déclare ne pas percevoir quel intérêt civil est lésé sans la Loi de 2004, il faut lui demander à partir de quel âge il estime quant à lui possible de présenter sa fillette voilée à l'école: 3 ans? 6 ans? 11 ans?
Par son caractère laïc, l’École publique institue les conditions d'une plus grande liberté et d'une pleine égalité pour les membres en devenir de ce corps social - la Nation - à laquelle appartient la souveraineté et dans lequel réside son principe.
Tout enfant de la République, quelles que soient son origine ou ses propres convictions, a droit à un temps scolaire à l'abri des pressions religieuses.
L’État ne peut faillir à son devoir.
Les Lois de 1882, 1886 et 2004 sont indissociables de celui-ci.
Et à réecouter (la seconde partie de l'émission porte sur l'enseignement laïc, mais la première, puisqu'elle traité d'opéra 🎶 et de 🏉 est aussi un hymne à la liberté) :
En ce qui concerne la Loi de 2004 : elle est simple à respecter car tout parent sait comment on se vêtit sans manifester ostensiblement une appartenance religieuse.
Tout parent.
Les courants politico-religieux qui organisent les atteintes à la laïcité scolaire par le port de signes ou de vêtements destinés à manifester de manière ostensible l'adhésion à une religion donnée le font à dessein pour faire pression :
sur l’École publique et à travers elle contre la République laïque, sur le corps enseignant - dans le but de lui fixer des limites -, sur les élèves, spécialement les élèves coreligionnaires.
Ces infractions à la Loi commune, ces pressions ne relèvent pas de l'exercice d'une liberté fondamentale comme le revendique J.-F. Spitz. Comment des pressions sur la liberté de conscience des élèves pourraient être admissibles? J.-F. Spitz nous abuse. Il nous blouse.
Au reste, toutes les religions sont traitées de la manière - à peine d'infraction à la Constitution.
Renvoyer le seul #islam, par le thème de l'accueil de l'étranger et de la tolérance à l'Autre, à une immuable extranéité est un déni de l'égale citoyenneté des Français de confession musulmane.
C'est un mépris de l'histoire de France, de l'histoire des religions en France, de l'histoire de l'immigration, de la liberté de conscience et de la liberté de culte. C'est un paternalisme.
Ai vu aussi le gouvernement venir à la rescousse du député (bien moins compliqué que le sujet des migrants, donc à choisir mieux vaut donner dans le mensonge LFI que se coltiner le réel)
Faire passer au second plan la situation des migrants au profit d’un coup politique monté de toutes pièces, c’est aussi le signe du mépris ..
La considération des personnes n’est pas optionnel dans l’antiracisme
En France, les lois de la #laicite et les règlements vestimentaires (tenus sportives, uniformes professionnels...) n'introduisent pas de différence de traitement entre les femmes et les hommes. ↓
Le discours sur le "libre choix des femmes" lorsqu'il sert à attaquer les lois de la laïcité ou les règlements vestimentaires n'a ainsi pas pour objet d'atténuer "le contrôle qui s'exerce spécifiquement sur le corps des femmes".
Bien au contraire, ce discours vient contester ce qui le rend plus difficile.
En effet, en dessinant des espaces et des temps distincts en termes d'habillement, ces lois et règlements relativisent la portée d'un habit, et nous en émancipent.
L'équivalence (🔽) entre un régime dictatorial et un régime démocratique, entre l'imposition du #voilement des femmes et sa critique, est scandaleuse en soi.
Mais il n'y a pas que ça. 🧵 ↓
@Charlineaparis propose de considérer les femmes non comme des citoyennes égales, mais comme une espèce protégée, soustraite à la critique et au droit commun, à rebours des objectifs du #feminisme et du combat pour l'#egalite.
Alliée sincère (je ne crois pas) ou idiote utile du cléricalisme musulman le plus rétrograde, elle donne son coup de main à ces multiples entreprises qui ont pour objectif la facilitation du voilement des femmes dans un contexte d'égalité des citoyens.
Cela fonctionne comme ça :
Il y a quelque chose de réjouissant - le #racisme anti-blanc est surtout une mystification d'#extremedroite - et quelque chose de triste. Je m'explique (🧵⤵️)
Par le concept de racisme antiblanc, l'extrême-droite cherche à relativiser les phénomènes historiques racistes et antisémites singuliers. Comme si tout phénomène avait dans l'histoire et dans le présent son phénomène miroir.
C'est une manipulation qui a pour but de nier la genèse particulière et la permanence de préjugés racistes ainsi que les #discriminations contemporaines multiples qui en découlent.
En rattachant le libre choix de leur tenue de bain dans les piscines municipales au rang d'une liberté fondamentale, @EricPiolle réitère magistralement l'antique proclamation que la tenue des femmes, à l'inverse de celle des hommes, revêt une importance capitale.
1/10
Il le fait en s'appuyant sur des arguments d’inclusion compatibles avec les valeurs de nos sociétés libérales et individualistes, mais cela n'y change rien.
2/10
De fait, le règlement des piscines, pris sur des critères minimalistes de praticité seulement, est aussi restrictif pour les hommes que pour les femmes.
Ce faisant, le temps d'une séance de natation, la tenue des femmes est jugée, comme celle des hommes, indifférente...
3/10