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Dec 1, 2022 11 tweets 4 min read Read on X
L’avantage quand on a le #COVID19 c’est qu’on doit se reposer. Je profite pour me plonger avec IMMENSE DÉLICE dans les écrits de Morand.. notamment dans son voyage en #Roumanie, mon pays de naissance dont aujourd’hui c’est la fête nationale ! ❤️💛💙 Je partage avec vous 🔽 Image
quelques merveilleux fragments dans l’espoir que vous allez apprécier…
Outre la Roumanie, il a écrit des pages tout aussi merveilleuses sur : Image
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Tellement vrai.. Image
❤️❤️❤️
#Roumanie Image
❤️❤️❤️
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❤️😋😋😄💞🇷🇴🍷🥓
#Roumanie ImageImageImageImage
La Gourmandise !!! Très important ! 😋💞
Paul Morand : « Les roumains sont réalistes et polémistes. Ils sont même merveilleusement doué pour la polémique. Leur drôlerie, leur verve, leur mordant, leur rapidité, leur bon sens cynique les rendent redoutables. Il n'est pas facile de tenir sa place dans une discussion 🔽
entre Roumains. Aussi sont-ils d'excellents journalistes… » 😄

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Dec 4
🔴 407 Mensonges : L'Autopsie d'un Système
par @gigicicicricri

📍Huit ans d'inversions, de dénis et de dissimulations. Ce dossier n'est pas un procès politique, c'est une pièce à conviction.

Il y a le mensonge banal, celui de la promesse électorale oubliée. Et il y a le mensonge systémique, celui qui devient une méthode de gouvernement.
Depuis 2017, la France vit sous un régime de réalité alternative. Quand le Président dit "Je protège", le système précarise. Quand il dit "Souveraineté", il vend Alstom. Quand il dit "Transparence", il verrouille les documents Uber.
Nous avons documenté 407 contradictions factuelles​. Ce chiffre, aussi massif soit-il, est vertigineux pour une autre raison : il est incomplet​.
Si l'on comptait un seul mensonge ou omission par jour depuis mai 2017, nous en serions à près de 3 000. Ce dossier, fruit d'une investigation technique, n'a fait qu'effleurer la surface. Mais l'échantillon est suffisant pour dessiner une architecture précise : celle d'une liquidation contrôlée du modèle français, couverte par un brouillard de mots.
Voici l'inventaire de ce qui se cache sous la surface.
I - LA MÉCANIQUE DU MENSONGE
Comment fait-on pour dire tout et son contraire sans jamais payer l'addition politique ? En analysant 8 ans de discours, trois mécanismes apparaissent. Ils sont la signature du macronisme.
L'Inversion Orwellienne
C'est le pattern le plus fréquent (Note 9/10 sur l'échelle Truth Engine). Il consiste à nommer une mesure du nom de l'effet inverse qu'elle va produire.

• La "Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel"​ ? Elle a réduit les droits au chômage et durci le contrôle des demandeurs d'emploi.

• Le "Pacte enseignant"​ ? Présenté comme une revalorisation, c'est une surcharge de travail contractuelle ("travailler plus pour gagner plus").

• La "Loi de protection du pouvoir d'achat"​ ? Elle a acté une désindexation de fait des salaires face à l'inflation réelle.

Ce n'est pas de la novlangue, c'est une technique de désarmement. Si le mot "Souveraineté" est utilisé pour justifier la vente de turbines nucléaires aux Américains, comment l'opposition peut-elle réclamer de la souveraineté ? Le mot a été volé et vidé de sa substance.

👉 Conséquence : Le débat public devient impossible car les mots n'ont plus de sens commun.

Le Déni d'Évidence (Gaslighting d'État)
Face à une crise, le premier réflexe n'est pas l'explication, mais la négation pure et simple du réel.

• "Il n'y a pas de violences policières"​ (2020), alors que les vidéos de gilets jaunes éborgnés circulent dans le monde entier et que l'ONU s'inquiète.

• "Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire"​ (2020), alors que le Pass Vaccinal se prépare et rendra la vie impossible aux non-vaccinés quelques mois plus tard ("J'ai très envie de les emmerder").

• "Il n'y a pas de pénurie de masques"​, alors que les stocks stratégiques ont été liquidés et non renouvelés.

Ce déni sert à gagner du temps. Le temps que la colère monte, on nie. Quand la colère explose, on passe à la répression.

• 👉 Conséquence : Une perte totale de confiance dans la parole scientifique et politique.

L'Amnésie Organisée
Emmanuel Macron est le maître du temps politique effacé. Il peut soutenir une thèse le lundi et son exact contraire le mardi, sans jamais expliquer le revirement.
L'exemple le plus flagrant est le nucléaire​.

• 2017-2020​ : Fermeture de Fessenheim (centrale opérationnelle et rentable), promesse de réduire le nucléaire à 50%.

• 2022 (Belfort)​ : "Renaissance du nucléaire", annonce de 6 à 14 EPR2.

Entre les deux ? Aucune explication, aucune excuse. Fessenheim est fermée, l'outil industriel est cassé, et soudain, il faut tout reconstruire en urgence.

👉 Conséquence : Une planification erratique qui coûte des milliards (23,7 Md€ pour l'EPR Flamanville) et fragilise la sécurité énergétique.

II - L'ICEBERG FINANCIER : "UN POGNON DE DINGUE"
Pendant que l'on demande des efforts aux chômeurs et aux retraités ("On ne peut 🔽Image
2.
pas dépenser l'argent qu'on n'a pas"), des flux financiers massifs et opaques irriguent des réseaux privés.

Le Scandale McKinsey
Ce n'est pas juste "quelques consultants". C'est une privatisation de la pensée de l'État.

• Les faits​ : 72,8 millions d'euros de contrats entre 2017 et 2022.

• Le mensonge​ : "Il n'y a pas de combine".

• La réalité (2025)​ : Une nouvelle perquisition a eu lieu le 6 novembre 2025. La justice enquête sur des soupçons de financement illégal de campagne (consultants travaillant bénévolement pour En Marche en 2017 en échange de contrats ultérieurs).

• Le détail qui tue​ : McKinsey n'a payé aucun impôt sur les sociétés en France entre 2011 et 2020, tout en conseillant l'État sur sa stratégie fiscale.

L'Affaire Kohler : Le conflit d'intérêts au cœur du pouvoir
Alexis Kohler est le Secrétaire Général de l'Élysée, le "cerveau" du Président.

• Le mensonge​ : Macron a signé une attestation assurant que Kohler n'avait jamais traité de dossiers liés à l'armateur MSC (fondé par la famille de sa mère).

• La réalité​ : Kohler est mis en examen pour "prise illégale d'intérêts". Il a participé à 8 délibérations concernant MSC alors qu'il était à Bercy.

• 2025​ : La Cour de Cassation a ordonné en septembre le réexamen de la prescription. L'affaire n'est pas finie, mais Kohler est resté à son poste crucial pendant des années.

👉 Conséquence : L'État est géré comme une entreprise privée, au bénéfice de réseaux d'influence (Uber Files, Alstom) plutôt que de l'intérêt général.

III - LA LIQUIDATION DE LA SOUVERAINETÉ
Le mot "Souveraineté" est dans toutes les bouches macronistes. Les actes, eux, organisent la dépendance.

La Vente d'Alstom : Péché Originel

C'est le dossier qui suit Macron depuis Bercy.

• L'acte​ : Autoriser la vente de la branche énergie d'Alstom (turbines nucléaires Arabelle) à l'américain General Electric.

• La conséquence​ : La France perd le contrôle de la maintenance de ses propres centrales nucléaires et de ses sous-marins nucléaires.

• Le coût​ : EDF a dû racheter ces turbines en 2022 pour un prix exorbitant (plus d'un milliard), après que GE a supprimé des milliers d'emplois. Une opération perdant-perdant pour la France, gagnant-gagnant pour les banquiers d'affaires.

Le Mythe du "Cloud Souverain"

• Promesse​ : Indépendance numérique européenne.

• Réalité​ : Le Health Data Hub​ (données de santé de tous les Français) a été confié à Microsoft (Azure). Les données sont techniquement soumises au Cloud Act​ américain.

• Le symbole​ : Même pour les Jeux Olympiques 2024, la cybersécurité a impliqué des prestataires étrangers et Atos, fleuron français laissé en perdition.

L'Effondrement Diplomatique

• Afrique​ : "Fin de la Françafrique" promise à Ouagadougou. Résultat : expulsion humiliante des troupes françaises du Mali, du Burkina et du Niger. La Russie a pris la place.

• Liban​ : Des promesses de reconstruction et de garantie politique ("Je ne vous lâcherai pas") qui se sont soldées par une impuissance totale.

👉 Conséquence : La France est plus isolée et plus dépendante (militairement, technologiquement, énergétiquement) qu'en 2017.

IV - LA RUPTURE DU CONTRAT SOCIAL
C'est la partie immergée la plus douloureuse de l'Iceberg. Celle qui touche la vie quotidienne.

La Casse des Services Publics

• Hôpital​ : "Pas de fermeture". Réalité : 5 700 lits supprimés entre 2017 et 2019, puis des milliers d'autres après le Covid. Les urgences sont en grève perpétuelle.

• École​ : "Priorité éducation". Réalité : Crise de recrutement inédite (le métier n'attire plus), classes surchargées, Parcoursup qui trie les étudiants par des algorithmes opaques.

• Logement​ : Promesse d'un "choc de l'offre". Réalité : effondrement de la construction (-22% en 2023), baisse des APL, explosion du nombre de SDF (+130%). 🔽
3.
La Dette Cachée

• Le mensonge​ : "Gestion en bon père de famille", "Quoi qu'il en coûte maîtrisé".

• La réalité​ : La dette publique a explosé de plus de 1000 milliards d'euros. Elle atteint 3 416 milliards (115,6% du PIB) mi-2025.

• La dissimulation​ : Une lettre de Bruno Le Maire datée d'avril 2024, alertant sur le dérapage du déficit (5,8%), a été gardée secrète jusqu'après les élections européennes et législatives. Le vote des Français a été éclairé à la bougie.

👉 Conséquence : Les services publics s'effondrent alors que la dette explose. L'argent a disparu, mais pas dans les hôpitaux ni les écoles. Où est-il ? (Voir partie II).

V - POURQUOI IL EST ENCORE LÀ ? LE VERROUILLAGE DU SYSTÈME
Face à une telle accumulation de scandales (407 faits, rappelons-le), n'importe quel dirigeant d'une démocratie nord-européenne aurait démissionné dix fois. Pourquoi Emmanuel Macron est-il "indestructible" ?
Parce que la Vème République a été conçue pour résister à tout, même à la vérité.
Le Verrou Constitutionnel (Article 68 & 67)
La Constitution de 1958 est un gilet pare-balles.

• L'Article 67 (L'Immunité)​ : Le Président est intouchable. Il ne peut être ni mis en examen, ni entendu comme témoin tant qu'il est à l'Élysée. Les juges peuvent tourner autour (Kohler, Dupond-Moretti, collaborateurs), mais le centre est inaccessible jusqu'en 2027.

• L'Article 68 (La Destitution Impossible)​ : Pour destituer un président, il faut une majorité des deux tiers à l'Assemblée ET au Sénat. En pratique, c'est impossible sans une alliance contre-nature entre tous les opposants. Le "Bureau de l'Assemblée" filtre les demandes avant même qu'elles soient débattues. C'est un système conçu pour protéger le monarque, quoi qu'il fasse.

Le "Mur de l'Argent" Médiatique
C'est l'autre pilier du maintien au pouvoir. En 2017 comme en 2022, l'élection s'est jouée sur une saturation médiatique.

• La Concentration​ : 90% des médias privés français appartiennent à 9 milliardaires (Arnault, Drahi, Niel, Bolloré...).

• Le Deal Tacite​ : Ces capitaines d'industrie ont bénéficié de mesures fiscales massives (fin de l'ISF, Flat Tax). En retour, leurs groupes de presse assurent un "service après-vente" des réformes, qualifiant de "nécessaires" les régressions sociales et de "complotistes" les critiques structurelles.

• L'Effet​ : Les scandales (Uber Files, McKinsey) explosent, font la Une 48h, puis sont recouverts par une autre actualité. Il n'y a pas de sédimentation de la colère, juste une fatigue.

L'Opposition de "Confort"
Pourquoi les motions de censure ne passent-elles pas ?

• Parce qu'une partie de l'opposition (LR notamment) joue un double jeu : elle critique devant les caméras mais vote les textes essentiels (Retraites, Immigration) ou s'abstient au moment décisif. Ils sont la béquille invisible du système.

• Le système tient par la peur du vide ("Moi ou le chaos"). Cette peur est entretenue quotidiennement pour paralyser toute alternative radicale.

👉 Conséquence : Le système est bloqué. Il ne peut pas se corriger de l'intérieur. Il ne tombera pas par la loi, car il est la loi.

VI - LA FRACTURE MORALE : UN PRÉSIDENT CONTRE SON PEUPLE

Au-delà des chiffres et des affaires, il restera de cette époque une trace indélébile : la violence. Jamais sous la Ve République un Président n'avait suscité une telle haine viscérale. Ce rejet n'est pas irrationnel , il est la réponse d'un peuple qui s'est senti non seulement trahi, mais humilié​.

Le Mépris de Classe comme Langage Officiel

Emmanuel Macron n'a pas seulement menti sur ses actes, il a nié l'humanité de ses opposants.

• "Les gens qui ne sont rien"​ (2017) : L'acte fondateur. Une division ontologique entre l'élite et la plèbe.

• "Je traverse la rue, je vous trouve du travail"​ (2018) : La négation de la réalité économique, remplacée par la culpabilisation individuelle.

• "Les Gaulois réfractaires", "Les Fainéants"​ : L'insulte faite au peuple qu'il est censé représenter. 🔽
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Nov 19
🔴 Discours de John Mearsheimer devant le Parlement européen à Bruxelles, le 11 novembre 2025. 

Devant un hémicycle pétrifié, le professeur Mearsheimer a asséné quelques vérités que personne ne voulait entendre.

📍Son titre : « L’avenir sombre de l’Europe ».

Son verdict : le continent est en train de basculer dans une ère de déclin, de divisions et de dangers qu’il n’a plus connue depuis 1945.

« L'Europe traverse aujourd'hui une période de grande crise, principalement en raison de la guerre en Ukraine, qui a joué un rôle déterminant dans la déstabilisation d'une région jusque-là largement pacifique.

Malheureusement, la situation ne devrait pas s'améliorer dans les années à venir. En réalité, l'Europe risque même d'être moins stable qu'elle ne l'est aujourd'hui. 

La situation actuelle en Europe contraste fortement avec la stabilité sans précédent dont elle a bénéficié durant la période unipolaire, qui s'est étendue approximativement de 1992, après l'effondrement de l'Union soviétique, à 2017, année où la Chine et la Russie sont devenues des grandes puissances, transformant l'unipolarité en multipolarité. Nous nous souvenons tous du célèbre article de Francis Fukuyama, paru en 1989 et intitulé « La fin de l'histoire ? », qui affirmait que la démocratie libérale était destinée à se répandre dans le monde entier, apportant avec elle paix et prospérité. Cette thèse était manifestement erronée, mais beaucoup en Occident y ont cru pendant plus de vingt ans. Rares étaient les Européens qui imaginaient, à l'apogée de l'unipolarité, que l'Europe serait aujourd'hui confrontée à de telles difficultés. 

📍Alors, qu'est-ce qui a mal tourné ? 

La guerre en Ukraine, que je soutiendrai avoir été provoquée par l'Occident, et notamment par les États-Unis, est la principale cause de l'insécurité qui règne aujourd'hui en Europe. Toutefois, un second facteur entre en jeu : le basculement de l'équilibre des pouvoirs mondiaux en 2017, d'un système unipolaire à un système multipolaire, qui menaçait inévitablement l'architecture de sécurité européenne. Il y avait néanmoins de bonnes raisons de penser que ce changement dans la répartition du pouvoir était un problème gérable. Mais la guerre en Ukraine, conjuguée à l'avènement de la multipolarité, a engendré de graves troubles, qui ne sont pas près de se résorber. 

Je commencerai par expliquer comment la fin de l'unipolarité menace les fondements de la stabilité européenne. J'aborderai ensuite les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'Europe et la manière dont elles ont interagi avec le passage à la multipolarité pour transformer profondément le paysage européen. 

📍Le passage de l'unipolarité à la multipolarité 

La clé du maintien de la stabilité en Europe occidentale pendant la Guerre froide et dans toute l'Europe durant la période unipolaire résidait dans la présence militaire américaine en Europe, intégrée à l'OTAN. Les États-Unis, bien entendu, ont dominé cette alliance dès sa création, rendant quasiment impossible tout conflit entre les États membres placés sous leur protection. De fait, les États-Unis ont exercé une influence pacificatrice majeure en Europe. Les élites européennes actuelles reconnaissent ce fait, ce qui explique leur profond attachement au maintien des troupes américaines en Europe et à une OTAN dominée par les États-Unis. 

Il est important de noter qu'à la fin de la Guerre froide, alors que l'Union soviétique retirait ses troupes d'Europe de l'Est et mettait fin au Pacte de Varsovie, Moscou n'a pas objecté au maintien d'une OTAN dominée par les États-Unis. À l'instar des Européens de l'Ouest de l'époque, les dirigeants soviétiques comprenaient et appréciaient la logique pacifiste. Cependant, ils s'opposaient fermement à l'élargissement de l'OTAN, mais nous y reviendrons. 

Certains pourraient affirmer que l'UE, et non l'OTAN, a été le principal artisan de la stabilité européenne durant la période unipolaire, ce qui expliquerait pourquoi elle a reçu le prix 🔽Image
2.
Nobel de la paix en 2012. Or, c'est une erreur. Si l'UE a été une institution remarquablement efficace, ce succès repose sur le maintien de la paix en Europe par l'OTAN. Pour paraphraser Marx, l'institution politico-militaire constitue la base, tandis que l'institution économique en est la superstructure. Autrement dit, sans l'appui des États-Unis, non seulement l'OTAN, telle que nous la connaissons, disparaîtrait, mais l'UE serait également gravement fragilisée. 

Durant la période d'unipolarité, qui s'est étendue de 1992 à 2017, les États-Unis étaient de loin la puissance dominante du système international et pouvaient aisément maintenir une présence militaire importante en Europe. Leurs élites en matière de politique étrangère souhaitaient d'ailleurs non seulement préserver l'OTAN, mais aussi l'étendre en accueillant des alliances en Europe de l'Est. 

Ce monde unipolaire a disparu avec l'avènement de la multipolarité. Les États-Unis n'étaient plus la seule grande puissance mondiale. La Chine et la Russie étaient désormais des puissances majeures, ce qui impliquait que les décideurs politiques américains devaient repenser leur vision du monde. 

Pour comprendre ce que signifie la multipolarité pour l'Europe, il est essentiel d'examiner la répartition du pouvoir entre les trois grandes puissances mondiales. Les États-Unis demeurent la première puissance mondiale, mais la Chine a considérablement augmenté son influence et est désormais considérée comme un concurrent de taille. Son immense population, conjuguée à une croissance économique remarquable depuis le début des années 1990, en a fait une puissance hégémonique potentielle en Asie de l'Est. Pour les États-Unis, déjà hégémons régionaux dans l'hémisphère occidental, la perspective de voir une autre grande puissance accéder à l'hégémonie en Asie de l'Est ou en Europe est profondément inquiétante. Rappelons-nous que les États-Unis sont entrés en guerre lors des deux conflits mondiaux pour empêcher l'Allemagne et le Japon de devenir des puissances hégémoniques régionales en Europe et en Asie de l'Est, respectivement. Ce raisonnement reste valable aujourd'hui. 

La Russie est la plus faible des trois grandes puissances et, contrairement à ce que pensent nombre d'Européens, elle ne représente pas une menace d'invasion de l'Ukraine entière, et encore moins de l'Europe de l'Est. Après tout, elle n'a passé que trois ans et demi à tenter de conquérir le cinquième oriental de l'Ukraine. L'armée russe n'est pas la Wehrmacht et la Russie – contrairement à l'Union soviétique pendant la Guerre froide et à la Chine en Asie de l'Est aujourd'hui – n'est pas une puissance hégémonique régionale potentielle. 

Compte tenu de cette répartition des puissances mondiales, il est stratégiquement impératif pour les États-Unis de contenir la Chine et de l'empêcher de dominer l'Asie de l'Est. Cependant, rien ne justifie stratégiquement le maintien d'une présence militaire significative en Europe, la Russie ne constituant pas une menace hégémonique. De fait, consacrer des ressources de défense précieuses à l'Europe réduit celles disponibles pour l'Asie de l'Est. Ce raisonnement explique le recentrage des États-Unis sur l'Asie. Or, tout recentrage d'un pays sur une région s'éloigne, par définition, d'une autre, à savoir l'Europe.

Il existe une autre dimension importante, sans lien direct avec l'équilibre des puissances mondiales, qui réduit encore la probabilité que les États-Unis maintiennent une présence militaire significative en Europe. Plus précisément, les États-Unis entretiennent avec Israël une relation particulière, sans précédent dans l'histoire. Ce lien, fruit de l'immense influence du lobby pro-israélien aux États-Unis, implique non seulement un soutien inconditionnel des décideurs américains à Israël, mais aussi une implication des États-Unis dans les guerres israéliennes, directement ou indirectement. En bref, les États-Unis continueront d'allouer des ressources militaires. 🔽
3.
considérables à Israël et de déployer d'importantes forces militaires au Moyen-Orient.

Cette obligation envers Israël constitue une incitation supplémentaire à réduire les forces américaines en Europe et à encourager les pays européens à assurer leur propre sécurité. 

En résumé, les puissantes forces structurelles liées au passage de l'unipolarité à la multipolarité, conjuguées à la relation particulière qu'entretiennent les États-Unis avec Israël, risquent d'éliminer le rôle apaisant des États-Unis en Europe et de paralyser l'OTAN, ce qui aurait évidemment de graves conséquences pour la sécurité européenne. Il est toutefois possible d'éviter un retrait américain, ce que souhaite sans doute la quasi-totalité des dirigeants européens. Pour y parvenir, il faut tout simplement des stratégies judicieuses et une diplomatie habile des deux côtés de l'Atlantique. Or, ce n'est pas ce que nous avons obtenu jusqu'à présent. Au lieu de cela, l'Europe et les États-Unis ont imprudemment cherché à intégrer l'Ukraine à l'OTAN, ce qui a provoqué une guerre perdue d'avance contre la Russie et accroît considérablement les risques de départ des États-Unis d'Europe et d'effondrement de l'OTAN. Je m'explique. 

📍Qui a déclenché la guerre en Ukraine ?

L’opinion communément admise 
Pour bien comprendre les conséquences de la guerre en Ukraine, il est essentiel d'en examiner les causes, car la raison pour laquelle la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022 en dit long sur les objectifs de guerre de la Russie et sur les effets à long terme de cette guerre. 

L'opinion communément admise en Occident est que Vladimir Poutine est responsable du déclenchement de la guerre en Ukraine. Son objectif, selon cette thèse, est de conquérir l'Ukraine entière et de l'intégrer à une Russie plus vaste. Une fois cet objectif atteint, la Russie s'attacherait à créer un empire en Europe de l'Est, à l'instar de l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Dans ce récit, Poutine représente une menace mortelle pour l'Occident et doit être neutralisé avec force. En résumé, Poutine est un impérialiste dont le plan directeur s'inscrit parfaitement dans une riche tradition russe.

Ce récit comporte de nombreuses failles. Permettez-moi d'en exposer cinq. 

Premièrement, rien ne prouve, avant le 24 février 2022, que Poutine ait souhaité conquérir l'intégralité de l'Ukraine et l'annexer à la Russie. Les partisans de cette thèse ne peuvent citer aucun écrit ni aucune déclaration de Poutine indiquant qu'il considérait la conquête de l'Ukraine comme un objectif souhaitable, réalisable, ou qu'il avait l'intention de le poursuivre.
Interrogés sur ce point, les tenants de l'opinion communément admise mettent en avant l'affirmation de Poutine selon laquelle l'Ukraine était un État « artificiel », et notamment son point de vue selon lequel Russes et Ukrainiens ne forment qu'un seul peuple, thème central de son célèbre article du 12 juillet 2021. Ces propos, cependant, n'éclairent en rien les raisons de son entrée en guerre. En réalité, cet article apporte des preuves significatives que Poutine reconnaissait l'Ukraine comme un pays indépendant. Par exemple, il déclare au peuple ukrainien : « Vous souhaitez créer votre propre État : vous êtes les bienvenus ! » Quant à la manière dont la Russie devrait traiter l'Ukraine, il écrit : « Il n'y a qu'une seule réponse : avec respect. » Il conclut ce long article par ces mots : « Quant à l'avenir de l'Ukraine, il appartient à ses citoyens d'en décider. » 

Dans ce même article, puis lors d'un discours important prononcé le 21 février 2022, Poutine a souligné que la Russie acceptait « la nouvelle réalité géopolitique née de la dissolution de l'URSS ». Il a réitéré ce point une troisième fois le 24 février 2022, en annonçant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Toutes ces déclarations contredisent frontalement l'affirmation selon laquelle Poutine souhaitait conquérir l'Ukraine et l'intégrer à une Grande Russie. 🔽
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Nov 17
🔴 Dialogue à Hiroshima
par Emmanuel Todd

📍Le 18 octobre dernier j’ai été invité par monsieur Mitsuo Ochi, président de l’université, à donner une conférence à Hiroshima. J’avais dû annuler il y a juste un an une première invitation pour raison de santé mais il était important pour moi, compte tenu de l’ambiance guerrière qui nous envahit, de retourner à Hiroshima.

Suivent :

- la présentation de la conférence par l’université,
- le texte de ma conférence
- enfin le résumé par l’université de la discussion que nous avons eue, monsieur Mitsuo Ochi et moi, après la conférence.

Monsieur Ochi est né en 1952. Je suis moi-même né en 1951. Il a été diplômé de la faculté de médecine de l’Université d’Hiroshima en 1977, professeur à l’Université de médecine de Shimane en 1995. Après avoir été directeur de l’hôpital universitaire d’Hiroshima, il est devenu président de l’Université de Hiroshima en 2015. Il est chirurgien orthopédiste spécialisé dans l’articulation du genou et la médecine du sport. Membre du Conseil scientifique du Japon (2017-2022), Membre associé du Conseil scientifique du Japon (2011-2017 et depuis 2022).

« Le Japon d’aujourd’hui face à la crise morale de l’Occident » — Les choix du monde et du Japon, et une réflexion sur la paix —
Le 18 octobre 2025, sur le campus Kasumi de l’Université de Hiroshima, nous avons eu l’honneur d’accueillir l’historien, démographe et anthropologue de la famille français, M. Emmanuel Todd, pour une conférence intitulée « Le Japon d’aujourd’hui face à la crise morale de l’Occident ». M. Todd a analysé avec perspicacité, depuis sa perspective unique, la crise éthique et sociale à laquelle la société occidentale contemporaine est confrontée, et a offert des propositions riches en suggestions sur le rôle que le Japon pourrait jouer dans ce contexte. Après la conférence, il s’est entretenu avec le président de l’Université de Hiroshima, M. Ochi, approfondissant la discussion sous divers angles sur les thèmes de la pensée, de la culture et de la paix.

Ma conférence

Je suis très heureux et très reconnaissant à monsieur Ochi, président de l’Université d’Hiroshima, de m’avoir invité. Je suis particulièrement ému de revenir à Hiroshima. C’est ma deuxième visite. J’étais venu une première fois il y a 33 ans, lors de mon premier voyage au Japon. Invité par la fondation du Japon, j’avais demandé que ce premier voyage inclue un pèlerinage à Hiroshima. Je suis venu dans votre pays plus de vingt fois depuis.

Je suis retourné hier au Musée pour la Paix afin d’y réfléchir à la bombe atomique. Ce musée, que j’avais déjà visité il y a 33 ans, a changé. Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est à quel point j’ai été plus impressionné cette fois-ci. Je suis clairement plus préoccupé maintenant par la question de l’arme nucléaire.
Je crois que je sais pourquoi. 1992 était un moment d’optimisme. Le communisme venait de s’effondrer. La guerre froide se terminait. Et même si l’attaque nucléaire sur Hiroshima et Nagasaki apparaissait comme quelque chose de terrible, elle semblait vraiment appartenir au passé. C’était terminé. Une erreur de l’humanité, une erreur des États-Unis. Mais quelque chose qui était dans le passé.
Les valeurs dominantes de l’époque, vers 1992, étaient celle d’un Occident libéral et prospère. C’était d’abord, avant même la consommation, la production, la production industrielle. C’était la liberté, l’égalité : l’égalité entre hommes et femmes, aux États-Unis l’égalité entre Blancs et Noirs. Et par-dessus tout, un espoir de paix après la guerre froide.
Mais maintenant, que voyons nous en Occident ? Je ne parle pas ici de valeurs, mais de la réalité. Nous voyons tout à fait autre chose. Nous voyons la désindustrialisation, la baisse du niveau de vie, le déclin des libertés.

Aux États-Unis, le déclin des libertés, ça va être la cancel culture du côté démocrate et ça va être ensuite les attaques anti-libérales de Trump dans toutes sortes de directions.
Historiquement 🔽

📷 MiyajimaImage
2.
la France est un pays de liberté. Mais moi-même, en France, je suis pour ce qui concerne ma liberté dans une situation très particulière. Mon éditeur (les éditions Gallimard) est certes le plus prestigieux de France. Mais je ne peux plus m’exprimer, comme c’était le cas autrefois, sur les chaînes publiques de l’audiovisuel comme France-Inter, France-Culture ou France 2. C’est comme si, au Japon, j’étais interdit d’expression sur NHK. Ma réputation au Japon m’a d’ailleurs protégé contre ces interdictions françaises. Je suis infiniment reconnaissant au Japon de m’avoir protégé contre le nouvel autoritarisme d’État français.

Au présent, ce que l’on observe aussi, en Occident, ce n’est plus l’égalité, mais la montée des inégalités : aux États-Unis, en Europe. Aux États-Unis on ne marche plus vers l’égalité des Noirs et des Blancs mais on assiste à un retour des obsessions raciales.

A l’échelle la plus globale, on voit aussi un incroyable retour de l’arrogance occidentale vis-à-vis du reste du monde.

Par-dessus tout, et c’est la raison ultime de ma présence à Hiroshima, nous devons admettre le retour de la guerre. D’abord la guerre dans la réalité, en Ukraine ou au Moyen-Orient, mais au-delà de cette réalité, nous observons l’émergence d’une obsession de la guerre dans les mentalités.

Je vais rapidement parler de la défaite militaire occidentale en Ukraine parce que c’est l’analyse de cette guerre qui m’a conduit à travailler, en profondeur, sur l’ensemble de la crise occidentale. La guerre est un choc de réalité et c’est à partir de la guerre d’Ukraine que j’ai commencé à réfléchir sur le problème nouveau de la moralité occidentale.

Ce qui est d’abord incroyable, c’est la façon dont les États-Unis et l’Europe avaient surestimé leur puissance face à la Russie. Il est vrai que le produit intérieur brut de la Russie ne représentait, à la veille du conflit, que 3% du produit intérieur brut de l’Occident (en incluant, le Japon, la Corée et Taïwan). Et malgré cela, la Russie, avec 3% du produit intérieur brut de l’Occident, a réussi à produire plus d’armes que tout l’Occident. La guerre a dévoilé notre faiblesse industrielle et révélé que ce produit intérieur brut qu’on mesure par habitude ne représente plus une capacité réelle à construire des choses.

Cette insuffisance industrielle m’a renvoyé à la faible capacité des États-Unis à former des ingénieurs. La Russie, avec une population deux fois et demie plus petite que celle des Etats-Unis, forme plus d’ingénieurs. C’est la clef de la victoire russe.
Pour la formation des ingénieurs, la France et le Royaume-Uni ressemblent aux États-Unis.

Mais le Japon et l’Allemagne ressemblent plutôt à la Russie, parce que ces deux pays gardent une forte capacité à former des ingénieurs. L’analyse de la guerre m’a donc amené à m’intéresser à la crise de l’éducation aux États-Unis, à la chute du potentiel éducatif, à la fois en termes de nombre d’étudiants par génération et de niveau intellectuel de ces étudiants.

Ensuite, pour comprendre la chute éducative, je suis arrivé au facteur ultime, celui dont tout découle, la mutation religieuse des États-Unis. Ce qui avait fait la force des États-Unis, de l’Angleterre, du cœur de l’Occident en fait, c’était la puissance éducative de la religion protestante. La disparition du protestantisme explique l’effondrement éducatif américain.

Ma réflexion sur la guerre, sur ce que tout le monde peut voir en regardant les informations télévisées (notre spectacle quotidien), m’a donc conduit à un intérêt nouveau pour la religion en tant que facteur historique. Observer au présent les conséquences de la disparition de la religion a même ouvert pour moi un domaine de recherche complètement nouveau. Lorsque je décris l’histoire de la disparition de la religion, je distingue désormais trois stades : religion active, religion zombie, religion zéro.

La religion active, c’est quand les gens croient en leur dieu et lui rendent un culte. Je parle ici de 🔽
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religion en un sens occidental, monothéiste. Je pense au christianisme, je pense au judaïsme.

Ensuite, le deuxième stade, c’est le stade zombie, quand la croyance en dieu a disparu, quand le culte a disparu, mais dans un monde social où les habitudes morales associées à la religion sont toujours vivantes. Les individus restent encadrés par un système de valeurs, ils restent capables d’action collective. La religion est remplacée par des idéologies de substitution, comme le sentiment national, les sentiments de classes, et toutes sortes de groupes idéologiques qui remplacent l’appartenance religieuse de départ.

Et puis il y a le troisième stade, dans laquelle nous sommes, le stade de la religion zéro, dans lequel les valeurs héritées de la religion ont disparu. On entre dans un monde où l’individu est vraiment privé de valeurs fondamentales ; il est désormais seul, privé de la capacité d’action collective. C’est un individu affaibli parce que les valeurs inculquées par la religion, puis reprises par l’idéologie, étaient une force pour sa personnalité.
Cet état zéro des croyances religieuses n’est pas vécu par l’individu comme une vraie liberté. L’être humain se retrouve confronté au problème très banal du sens de la vie. Que fait-il sur terre ? Quel est le but de son existence ? Dans ce genre de contexte, on voit apparaître ce que j’appelle le nihilisme.
L’angoisse du vide se transforme en glorification, en déification du vide. Une passion de la destruction des choses, de la destruction des hommes, de la destruction de la réalité, émerge peu à peu. L’état psychique actuel de l’Occident c’est en partie ça : le nihilisme, qui mène à une passion de la guerre dans les mentalités, et à une préférence pour la guerre en géopolitique. Nous saisissons l’arrière-plan moral de la nouvelle préférence occidentale pour la guerre.

Je vais évoquer quelques-unes des guerres dont l’Occident est responsable, mais sans que les Occidentaux, nihilistes sans le savoir, soient capables de comprendre leur responsabilité. C’est ça qui est impressionnant aujourd’hui : les Occidentaux provoquent des guerres, nourrissent des guerres en se racontant à eux-mêmes qu’ils sont du côté de la justice.
Commençons par la guerre d’Ukraine. La guerre d’Ukraine est vécue en Occident comme une invasion russe de l’Ukraine et j’admets bien sûr que c’est l’armée russe qui est entrée en Ukraine. Mais la réalité historique, c’est que c’est l’expansion de l’OTAN vers la Russie, à travers l’Ukraine, et la guerre menée par les Ukrainiens eux-mêmes, poussés par les Occidentaux, contre les Russes du Donbass, qui sont les vraies causes du conflit. Il est tout à fait exact que, pour les Russes cette guerre est défensive. Il est pour moi évident que les Américains, les Européens, sont les agresseurs, arrivés à moins de mille kilomètres de Moscou. Voilà pour la situation objective. Ce qui est fascinant c’est que ces agresseurs pensent qu’ils sont agressés et qu’eux-mêmes sont obligés de se défendre. Il y a un élément de folie dans notre situation en Europe.

Et puis il y a l’exemple encore plus évident du génocide de Gaza. Le début de génocide a été perpétré par l’État d’Israël, c’est une autre évidence historique mais, selon moi, l’État d’Israël est téléguidé par les États-Unis. Sans les armes américaines, et tant d’autres formes de soutien, l’armée israélienne n’aurait pu faire ce qu’elle a fait, tout comme l’armée ukrainienne, sans les armes américaines, n’aurait pu mener sa guerre d’agression dans le Donbass.

Et encore une fois, ce qui est frappant, au-delà de la violence et de la guerre, c’est la bonne conscience des Américains et des Israéliens, après que 60 000, 70 000, 80 000 Palestiniens ont été tués.
Nous arrivons ces jours-ci à un problème de compréhension historique très intéressant. Les États-Unis depuis bien longtemps, et Trump, plus récemment, ont encouragé, peut-être même décidé, l’action israélienne. Trump, lors de sa première présidence, avait établi 🔽
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Nov 12
🔴 Les cadavres non enterrés :
Comment l’Empire Américain
recycle le fascisme.

📍Des nazis européens aux criminels de guerre japonais ; des escadrons de la mort latino-américains aux djihadistes salafistes, les noms des acteurs et des ennemis peuvent changer, mais le scénario reste le même.
par RYAN PERKINS

📍Introduction à L’Anatomie de l’Empire

Nous vivons un conflit mondial de crises interconnectées. Gaza, l’Iran, le Venezuela, la mer de Chine méridionale et l’Ukraine, où des bataillons arborant des insignes néo-nazis combattent avec des armes occidentales. Pendant ce temps, dans les couloirs du pouvoir européen, l’ascendance des dirigeants fait écho à des collaborations fascistes. Ce ne sont pas des accidents historiques, mais les convulsions symptomatiques d’un Empire en continuité, réutilisant ses outils les plus anciens pour préserver un noyau de pouvoir fondamentalement inchangé. Derrière les gros titres sur les alliances militaires et les batailles idéologiques se cache une vérité plus profonde et plus troublante : une guerre menée non pas contre le fascisme, mais avec lui.

Cette série, L’Anatomie de l’Empire, a retracé le chemin obscur qui nous a conduits à ce précipice. Il s’agit d’une histoire non pas de hasard, mais de calcul froid ; non pas de compromis isolés, mais d’une logique systémique poursuivie avec une détermination implacable. Nous avons vu comment les moteurs de l’accumulation du capital exigent une expansion globale et comment la puissance militaire brute a été institutionnalisée pour la sécuriser. 🔽Image
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Nous nous tournons maintenant vers l’adaptation la plus cynique et la plus durable du système : l’absorption intégrale de son ennemi vaincu dans l’infrastructure même conçue pour combattre le prochain ennemi.

Certaines parties de cette histoire sont familières, souvent présentées comme des incidents isolés et justifiées comme des compromis moraux au nom du réalisme politique. Mais ce n’est pas vrai. Prises ensemble, elles représentent une stratégie froide, claire et calculée, exécutée avec une prévoyance manifeste, pour incorporer intégralement l’infrastructure du fascisme dans l’architecture de la prochaine guerre choisie par l’Empire : la Guerre froide.

Ce n’était pas simplement le recrutement de quelques individus utiles, mais l’intégration systématique de personnel, de tactiques et d’idéologies dans les agences de renseignement, les programmes scientifiques et les commandements militaires. Une architecture clandestine dont le point d’aboutissement logique n’est pas la paix, mais un état de guerre perpétuelle, non déclarée, menée avec des façades démocratiques et des instruments fascistes.

C’était une prise de contrôle corporative qui a transformé un groupe d’entreprises régionales disparates en une franchise globale.

Un oubli regrettable ?
Article de la BBC. 🔽Image
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En juin 2025, alors que le gouvernement britannique annonçait la nomination de Blaise Metreweli comme première femme à la tête de son Service secret de renseignement (MI6), une découverte dans une archive allemande a provoqué des remous dans le monde diplomatique. Le grand-père de la nouvelle maîtresse des espions, Konstantin Dobrovolsky, n’était pas seulement un soldat, mais un collaborateur nazi dévoué en Ukraine occupée par les Allemands.

Des preuves d’archives, dont certaines étaient encore recherchées par les autorités soviétiques jusqu’en 1969, le désignent sous le nom de « Boucher » ou « Agent 30 ». Dans ses propres lettres à ses supérieurs nazis, il écrivait « Heil Hitler », se vantait de son implication personnelle dans « l’extermination des Juifs », et était impliqué dans le pillage des victimes et la moquerie de violences sexuelles contre des prisonnières. De son côté, Metreweli n’a jamais rencontré son grand-père, et le Foreign Office britannique, minimisant le lien, a déclaré que ses ancêtres « présentaient des traits de conflit et de division, comme beaucoup de personnes d’origine est-européenne ».
Ce n’est pas seulement un secret familial personnel ; c’est une ironie institutionnelle profonde. La nouvelle dirigeante d’une des agences de renseignement les plus puissantes de l’Occident est la descendante d’un homme qui servait l’idéologie même que les Alliés avaient juré de détruire. Sa carrière représente l’apogée du pouvoir étatique occidental, pourtant l’histoire de sa famille est enracinée dans les forces fascistes que ce pouvoir avait été mobilisé pour vaincre. Cette contradiction n’est pas une anomalie, mais un schéma – un schéma qui a commencé avant même que les cendres de la Seconde Guerre mondiale ne soient refroidies.

Le cas de la famille de Blaise Metreweli montre comment l’héritage de ces choix, et les ombres de ces fascistes recyclés, sont tissés dans le tissu même de l’État de sécurité moderne.

Ce scandale de 2025 trouve ses racines dans les décisions immédiates de l’après-guerre, à commencer par des figures comme le général SS Karl Wolff. Voici l’histoire de la manière et des raisons pour lesquelles ces choix ont été faits.

Le sort en est jeté : un pacte avec le diable

Par un matin froid de mars 1945, alors que le Troisième Reich s’effondrait, le général SS Karl Wolff, un homme intimement familiarisé avec les mécanismes du génocide, franchit clandestinement la frontière suisse. Sa destination était une villa tranquille au-dessus du lac de Lugano. En tant qu’ancien commandant du processus de déportation du camp d’extermination de Treblinka, Wolff était responsable de la mort de centaines de milliers de personnes. Il était précisément le genre d’architecte de la terreur que le monde s’attendait à voir sur le banc des accusés à Nuremberg, condamné à la pendaison pour crimes contre l’humanité.

Au lieu de cela, il négociait avec Allen Dulles, le maître-espion américain en Europe. L’accord qu’ils conclurent était d’un pragmatisme glacial : en échange de l’organisation de la reddition de toutes les forces allemandes en Italie du Nord, le passé de Wolff serait discrètement oublié. Il marcherait libre. Dulles, qui deviendrait bientôt le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency, avait établi un précédent glaçant. Pour l’empire américain ascendant, l’ennemi existentiel n’était plus le fascisme – c’était le socialisme. Et les fascistes, loin d’être enterrés dans les décombres de Berlin, allaient être recyclés dans le nouveau projet global de Washington.

Ce n’était pas un acte isolé de réalpolitik, mais un schéma fondateur. Des cendres de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis n’ont pas détruit le fascisme ; ils l’ont sélectivement sauvé. Les forces mêmes que le monde s’était uni pour vaincre militairement ont été systématiquement intégrées dans l’architecture émergente de la Guerre froide occidentale. 🔽
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Nov 12
🔴 Vues de Bruxelles : Michael von der Schulenburg & Jeffrey Sachs : « Le projet d’élites déconnectées de la réalité »
Par Levana Zigmund sur Mea Sponte

📍Après avoir couché sur papier, dans la Partie I, les sombres prédictions faites sur l’Union européenne il y a vingt ans par le grand Vladimir Boukovski (il appartient à chacun de juger à quel point elles se révèlent justes ou erronées aujourd’hui), je poursuis la série d’articles sur ce qui se passe à et avec l’Union européenne par un débat sur la situation actuelle.

Je joins ci-dessous la traduction des parties les plus importantes d’un entretien accordé, il y a quelques jours, à la plateforme Neutrality Studies par Michael von der Schulenburg, député européen allemand et ancien diplomate ayant travaillé plus de 30 ans à l’ONU, notamment à la tête du département des affaires politiques et du maintien de la paix, avec de nombreuses missions dans des zones de guerre (Haïti, Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, entre autres). Depuis 2024, von der Schulenburg représente l’Allemagne au Parlement européen au nom de l’Alliance Sahra Wagenknecht, une organisation politique de gauche.

À la discussion participe également le célèbre économiste et analyste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’Université Columbia et président du Réseau des solutions pour le développement durable de l’ONU. Parmi d’autres projets et fonctions, Sachs est l’un des promoteurs les plus actifs et connus des objectifs de développement durable de l’Agenda 2030, représentant du Secrétaire général des Nations unies António Guterres sur ces sujets, et un fervent défenseur de l’ONU et de ses structures, qu’il considère comme un facteur d’équilibre politique mondial. En même temps, Sachs est – au moins depuis l’ascension de Donald Trump – un promoteur de l’indépendance de l’Union européenne vis-à-vis des États-Unis ; la conférence qu’il a donnée au Parlement européen en février 2025 a fait le tour de la presse et des cercles politiques.

La plateforme Neutrality Studies est l’œuvre du Dr Pascal Lottaz, chargé de cours sur les études de neutralité à l’Institut d’études avancées de Waseda, à Tokyo, et auteur de plusieurs ouvrages de science politique et d’histoire.

La plateforme propose des analyses, des entretiens et des séminaires vidéo sur la politique, la géopolitique, l’histoire et l’économie, et invite des voix importantes du monde entier et de tout l’éventail politique.

Je recommande de suivre l’intégralité du débat ; l’espace m’a contraint à sélectionner et à condenser les principales déclarations des participants sur quelques thèmes. La discussion peut être visionnée intégralement, en anglais, ici :

youtu.be/FSKSUHbDnsU?si…

J’ai choisi d’inclure la discussion des trois dans cette série « Vues de Bruxelles » car elle décrit quelques-unes des principales théories ou opinions véhiculées par des experts et spécialistes sur ce qui arrive aujourd’hui à l’Union européenne et à l’Europe en général.

Quel que soit l’endroit où nous nous situons par rapport aux opinions exprimées dans ce débat, elles appartiennent à des personnes qui ont une proximité réelle avec les élites politiques européennes (et pas seulement) et une longue expérience des relations internationales. Le fait que nous trouvions, même à ce niveau, une telle diversité de perceptions montre à quel point la géopolitique actuelle est nébuleuse et à quel point la période que nous traversons est incertaine. C’est pourquoi il me semble important de connaître ces opinions, ces différentes interprétations, ces différentes prédictions, afin de nous forger une image de ce qui pourrait suivre pour l’Union européenne et. Tel est, d’ailleurs, l’objectif de cette série.

À noter que les opinions présentées ci-dessous ne viennent pas de la droite politique, mais de ce qu’on appellerait aujourd’hui la gauche, au sens large. Bien que Sachs et von der Schulenburg prennent acte de l’émergence du monde multipolaire (qu’ils 🔽Image
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considèrent, en tant que fonctionnaires internationaux expérimentés, en pleine harmonie avec la Charte de l’ONU et les objectifs de l’ONU) et reconnaissent – outre les États-Unis, bien sûr – le rôle de la Chine et de la Russie (et, dans le cas de Sachs, de l’Inde) dans cette nouvelle configuration du pouvoir mondial, tous deux sont membres et promoteurs de la civilisation occidentale et luttent pour la préservation de ses réalisations et pour la prospérité de ses intérêts. L’inquiétude et la critique viennent précisément du fait que, chacun à sa manière, les deux perçoivent que les élites occidentales actuelles trahissent et mettent en grand danger ces réalisations et ces intérêts.

Le professeur Sachs, américain et très proche de l’agenda de l’ONU, est beaucoup plus critique envers le président Donald Trump que von der Schulenburg, qui voit dans les efforts de l’administration Trump une possible chance d’arrêter la guerre en Ukraine et d’éviter une guerre en Europe et, au-delà, une guerre mondiale – en particulier une guerre nucléaire.

Les deux commentateurs s’accordent à dire que l’Union européenne doit revenir à son caractère initial, un projet de paix et de prospérité pour les peuples européens, et que le projet des élites actuelles – y compris la militarisation extrême du continent, les politiques qui mènent à la destruction des économies et des systèmes de services sociaux et les excès antidémocratiques de plus en plus flagrants – est désastreux pour l’Europe et les Européens.
D’autre part, contrairement au professeur Sachs, qui (s’alignant en grande partie sur la vision de la bureaucratie de l’ONU, dont l’UE semble être devenue le fief résiduel aujourd’hui) approuverait une Europe fédéralisée, un « État unique et puissant, au statut de superpuissance » dans le chœur multipolaire (aux côtés des États-Unis, de la Chine, de la Russie et de l’Inde), même au prix de renoncer à la condition d’unanimité dans la prise de décision au niveau du bloc européen, von der Schulenburg milite pour une « Europe des nations », beaucoup plus décentralisée qu’elle ne l’est aujourd’hui, avec la préservation de la spécificité culturelle de chaque pays membre et le respect de la souveraineté politique et économique.
L’animateur de la discussion, le Dr Lottaz, suggère que le projet actuel de l’Union européenne serait subsumé aux intérêts de Washington, les élites européennes étant membres des mêmes « réseaux transatlantiques » qui dominent la politique européenne depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon lui, la direction actuelle de l’UE, bien que catastrophique pour le continent, servirait les intérêts des États-Unis, dans la prolongation de la politique transatlantique et de la géopolitique traditionnelle, qui visent, entre autres, à empêcher la formation d’une Eurasie puissante et à maintenir l’Allemagne éloignée de la Russie.
Opinion à laquelle von der Schulenburg n’adhère pas ; de son point de vue, le projet actuel de l’UE appartient exclusivement aux élites bureaucratiques européennes, entrées dans un état de panique maximale après l’ascension de Donald Trump aux États-Unis. C’est un projet, dit-il, qui, dans le nouveau monde multipolaire, vise à transformer l’Union européenne en superpuissance, la troisième grande puissance mondiale après les États-Unis et la Chine, ce qui, dans la vision de ces élites, ne peut se faire sans la défaite et la neutralisation de la Russie, leur principale rivale perçue. Dans ces conditions, la relation de l’UE avec l’Amérique de Trump est, aujourd’hui, du point de vue du député européen allemand, motivée non par la soumission du propre projet impérial européen aux projets américains, mais plutôt par le besoin des élites européennes d’obtenir le soutien des États-Unis dans la guerre contre la Russie, dont dépend de manière cruciale la réalisation de leurs propres plans. 🔽
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Cet objectif – totalement irréaliste, selon von der Schulenburg – de transformer l’UE en superpuissance par la neutralisation de la Russie explique et détermine toutes les politiques actuelles de Bruxelles, de la relation avec les États-Unis et des efforts énormes – et économiquement et politiquement désastreux – de continuation de la guerre en Ukraine à la militarisation du continent, de la fédéralisation de plus en plus accentuée et rapide à un expansionnisme insoutenable, tout cela en violation des principes démocratiques et même des dispositions des traités fondateurs de l’Union européenne.

Selon von der Schulenburg, ce projet ne se réalisera pas ; l’Europe n’a pas les ressources nécessaires – ni économiques, ni financières, ni militaires, ni diplomatiques, ni de prestige – pour le mener à bien. Mais la poursuite sur cette voie détruira l’Ukraine et créera des effets catastrophiques à long terme en Europe – politiques, économiques, sociaux.

L’atmosphère au Parlement européen

Michael von der Schulenburg : Permettez-moi d’abord de vous dire que, si vous me demandez où est l’Europe aujourd’hui, je ne sais pas vous répondre. Je viens de rentrer de Strasbourg, où nous avons eu la session plénière du Parlement européen. J’y ai passé quelques jours et je dois dire que c’est un environnement choquant. Des deux côtés de l’échiquier politique, droite et gauche, on ne voit que la haine envers la Russie. C’est une hystérie guerrière. C’est de la panique. On parle de gagner la guerre, de l’effondrement économique de la Russie et d’autres choses de ce genre. C’est un environnement complètement irréaliste, et quiconque tient un discours différent est immédiatement réduit au silence. […]

La situation est extrêmement difficile, et ce qui se passe au Parlement est, je crois, symptomatique de ce qui se passe en général dans les États membres de l’UE et de l’OTAN. Bien que pas nécessairement dans toute l’Europe. Je vais laisser [le professeur] Jeff [Sachs] dire quelques mots, mais ensuite je voudrais revenir sur ce qui motive ces gens. Parce qu’à première vue, cela semble complètement irrationnel. Pourquoi ces choses arrivent-elles et que signifient-elles, y compris pour l’Ukraine ?

Le rôle de l’Europe dans la guerre en Ukraine

Prof. Jeffrey Sachs : Je crois que c’est le grand mystère pour nous tous, nous qui avons vu tant de rampes de sortie vers la paix refusées par les États-Unis, et maintenant, alors que les États-Unis suggèrent une telle solution de paix, elle est refusée par l’Europe. C’est quelque chose de choquant.

Et nous, qui avons suivi les choses de près au cours des dernières décennies, savons que cette guerre en Ukraine était totalement évitable. Elle aurait pu être évitée si les États-Unis n’avaient pas convaincu l’Europe d’accepter l’élargissement de l’OTAN en incluant l’Ukraine, surtout lors du sommet de Bucarest en 2008, qui s’est fait sous la pression des États-Unis, et où la chancelière allemande Angela Merkel a fini par céder.

[…]

Ensuite, l’Europe aurait dû respecter l’accord conclu le 21 février 2014, dans le contexte des protestations de Maïdan, protestations provoquées par les États-Unis, lorsque trois ministres des Affaires étrangères européens se sont mis d’accord avec le président Ianoukovitch pour organiser des élections dans huit mois, mais pas un coup d’État. Accord que l’Europe n’a pas respecté.

Et puis, en 2015, il y a eu l’accord de Minsk, qui mettait fin à une guerre naissante, sur la base de l’idée d’une autonomie régionale pour la région russophone de l’est de l’Ukraine – un modèle d’autonomie régionale copié, d’ailleurs, sur le régime de la région du Tyrol en Italie. Ce n’était donc pas quelque chose d’inouï, cette autonomie des deux régions. Mais, dans ce cas aussi, les États-Unis et l’Europe ont dit : Non, nous ne devons pas respecter ces accords. 🔽
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Nov 3
🔴 Pourquoi l’Europe est-elle entièrement engagée en Ukraine ?
Comment l’UE utilise la guerre pour repousser le déclin économique

Si vous voulez vous préparer à l’effondrement financier imminent de l’Europe, cet article explique en détail ce qui se passe et pourquoi. Rien de nouveau, mais il est utile de tout voir si clairement exposé.

📍L’économie allemande est en récession. La fabrication a implosé, en particulier dans le secteur automobile crucial, qui a supprimé des centaines de milliers d’emplois depuis 2022 et perdu un tiers stupéfiant de son volume de production depuis 2018. Août a connu la plus forte baisse de la production industrielle en plus de trois ans, plus de quatre fois supérieure à la baisse attendue par les analystes. Le secteur crucial de la machinerie a chuté de 22 % depuis la période pré-COVID, avec une baisse de 5,6 % prévue pour cette année seule. Ces derniers mois, des baisses massives ont eu lieu dans les industries pharmaceutique, électronique, énergétique, de la construction et de l’hôtellerie.

Une combinaison brutale d’augmentations des prix de l’énergie, de réglementations accrues, de tarifs douaniers, de concurrence chinoise et de politiques gouvernementales a écrasé l’Allemagne, qui sous-tend l’économie européenne.

Les chaînes d’approvisionnement de son secteur manufacturier s’étendent généralement à travers toute l’UE, et la démolition contrôlée de sa production productive a des effets en cascade sur le continent.

La solution allemande à cela est la dette – beaucoup de dette. L’emprunt allemand a été extraordinairement réservé pour un État occidental depuis que l’amendement du « frein à l’endettement » adopté par le premier cabinet Merkel est entré en vigueur en 2016, limitant le déficit à 0,35 % du PIB. En 2022, le chancelier Olaf Scholz a réussi à faire adopter un amendement à la règle permettant la création d’un fonds de défense de 100 milliards d’euros exempté du frein. Au printemps de cette année, Scholz et le chancelier entrant Friedrich Merz ont convenu d’un autre amendement exemptant les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB. Malgré les défis de l’AfD, du FDP et de Die Linke, l’amendement a été adopté fin mars. Dans les deux cas, la guerre en Ukraine était la justification explicite pour contourner les limites d’endettement de l’Allemagne.
Avec les dépenses de défense en déficit désormais libérées des contraintes constitutionnelles, le gouvernement allemand a annoncé plus tôt cette année qu’il prévoyait de doubler ses niveaux actuels de dépenses de défense au cours des cinq prochaines années. 761 milliards de dollars seront dépensés d’ici la fin de 2029. Plus de la moitié – 469 milliards de dollars – de ce total sera financée par de nouvelles dettes. L’emprunt net du gouvernement allemand a déjà plus que doublé cette année, passant de 38 milliards de dollars en 2024 à au moins 95 milliards de dollars d’ici la fin de 2025. Le plan de dépenses sur cinq ans inclut au moins 10 milliards de dollars d’aide directe à l’Ukraine.

Bien qu’il puisse sembler imprudent pour le gouvernement allemand de tenter de rénover la Bundeswehr tout en finançant une guerre par procuration au milieu d’un déclin économique historique, il y a une certaine logique en jeu. Dans cet article, nous explorerons comment les économies de l’UE bénéficient de la poursuite de la guerre en Ukraine, et comment elles utilisent la guerre pour compenser les effets de la désindustrialisation.

Les dépenses de défense de l’UE depuis le début de la guerre ont augmenté de plus de 50 %, passant de près de 150 milliards de dollars par an de 2021 à 2025. Le seul État de l’UE qui n’a pas connu une croissance à deux chiffres des dépenses de défense depuis 2021 est la Grèce, qui a modestement réduit ses dépenses.

Ces chiffres n’incluent pas les 70 milliards de dollars d’« aide » militaire à l’Ukraine fournie pendant cette période, dont une partie est considérée comme un investissement plutôt qu’une dépense 🔽Image
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car elle prend souvent la forme de prêts. L’Ukraine doit actuellement 117 milliards de dollars de dette à des créanciers externes, dont 50 milliards de dollars à des institutions de l’UE, et le reste à des prêteurs internationaux par lesquels l’UE a une exposition significative, comme le FMI et la Banque mondiale. Au total, l’UE a fourni juste sous 200 milliards de dollars d’assistance à l’Ukraine, et 170 milliards de dollars supplémentaires d’assistance aux réfugiés ukrainiens résidant dans l’UE.

En termes cumulatifs depuis le début de la guerre, et projetés vers l’avant en ligne avec les dépenses prévues et les augmentations de dette à travers l’UE, la guerre en Ukraine est la justification pour une injection énorme d’argent emprunté dans l’économie européenne à une échelle *roughly* comparable au sauvetage bancaire d’urgence de 700 milliards de dollars lors de la crise financière américaine de 2008. Contrairement au sauvetage de 2008, cependant, ce projet est passé largement inaperçu – étant blanchi à travers des messages autour de « la paix par la force » ou de la « défense de la démocratie », plutôt que d’être pris comme une mesure d’urgence pour repousser le déclin économique.

Bien que ces chiffres puissent sembler astronomiques, l’UE ne fait que commencer. En juin, l’OTAN a collectivement convenu d’atteindre la cible demandée par Trump de 5 % du PIB pour les dépenses de défense. Tous les États membres de l’OTAN sont en voie d’atteindre la cible initiale de 2 % d’ici la fin de cette année, ce qui signifie que les dépenses plus que doubleront d’ici 2035. Les dépenses spécifiquement pour l’Ukraine compteront pour la cible.

Nulle part la substitution des dépenses de défense à l’activité économique typique n’est plus évidente qu’en Allemagne. Alors que le cours des actions des constructeurs automobiles comme Porsche (-41 % depuis l’IPO), Mercedes (-21 %) et Volkswagen (-51 %) est resté stagnant ou a chuté dramatiquement depuis le début de la guerre, l’industrie de défense allemande a explosé. Rheinmetall, le deuxième plus grand contractant de défense allemand, a vu sa valeur boursière augmenter de 2 522 % depuis 2020, et Airbus, le plus grand d’Allemagne, a bondi de 224 %. L’indice STOXX, qui suit le marché total de l’aérospatiale et de la défense en Europe, a affiché des gains de 229 % depuis février 2022.

Cela a entraîné un phénomène intéressant – des usines automobiles allemandes converties à la production du secteur de la défense.

« Nous pensons qu’il est très important pour l’industrie allemande et pour nous de trouver de nouveaux marchés. Et où sont les nouveaux marchés ? Eh bien, le gouvernement s’est engagé à fournir beaucoup de nouveaux fonds pour la défense. Nous sommes assez proches de ce dont l’industrie de la défense a besoin, il est donc très évident pour nous de regarder ce marché. » – Marin Buchs, groupe JOPP (NPR)

Les fournisseurs automobiles à travers l’Allemagne ont évité la fermeture en passant à la production de drones militaires, de moteurs pour véhicules blindés et de canons d’artillerie. Rheinmetall, qui fabrique lui-même des composants automobiles pour le marché civil, a commencé à convertir deux de ses usines à des produits de défense, et prévoit d’acheter une usine VW qui employait autrefois 2 300 personnes mais a fermé en 2024. La division automobile de Rheinmetall a connu des baisses constantes de revenus tandis que ses divisions de défense affichent des augmentations de bénéfices d’exploitation à trois chiffres. Le groupe de défense germano-français KNDS a annoncé un plan similaire pour rééquiper une usine d’Allemagne de l’Est qui fabriquait autrefois des locomotives de train pour fabriquer à la place des véhicules blindés Puma et Leopard 2. KNDS prépare une IPO, tandis que Thyssenkrupp se prépare à scinder sa filiale de défense navale TKMS.

Les plans des contractants de défense européens reposent universellement sur des garanties de minimums d’achat de la part de leurs 🔽
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gouvernements respectifs. Rheinmetall a demandé un contrat pour au moins 1 000 véhicules blindés afin d’aller de l’avant avec sa proposition d’achat de l’usine VW défunte. Bien que la construction de la Bundeswehr nécessitera de vastes quantités de nouveaux véhicules, il n’y a pas de meilleure justification pour de grands contrats que la guerre en Ukraine. Le conflit a aspiré des dizaines de milliers de véhicules de combat d’infanterie, de MRAP, de voitures blindées et de chars, et comme une grande partie de ce matériel est destinée à être détruite, il y aura toujours un besoin de plus. Le carnet de commandes de Rheinmetall au début de l’année s’élevait à 65 milliards de dollars – six années complètes de ventes aux niveaux actuels.

Le succès de l’industrie de la défense au milieu du déclin de l’industrie automobile est le résultat d’une simple asymétrie. Alors que les constructeurs automobiles concurrencent sur un marché relativement ouvert, les contractants de défense ne le font pas. Les préoccupations comme les coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre créent des obstacles insurmontables à la fabrication en Europe, car les consommateurs ont la possibilité de choisir des options moins chères de fabricants dans des endroits comme la Chine. Avec des revenus réels pour la population allemande encore inférieurs aux niveaux pré-2022, l’accès à des biens étrangers bon marché est essentiel pour empêcher une baisse précipitée de la qualité de vie.

L’industrie de la défense n’a pas besoin de jouer selon ces règles. Les accords d’armement n’adhèrent pas aux principes du libre-échange, et sont souvent négociés par une combinaison de pression politique, de pots-de-vin et de subventions gouvernementales. Les coûts d’entrée, comme l’énergie, sont largement irrelevants, et le prix d’achat n’est pas une préoccupation significative. Cela n’est nulle part plus vrai qu’en Ukraine, où toute notion de concurrence de marché libre est insensée. Pour comprendre cela, nous analyserons comment les contrats de procurement entre l’AFU et le secteur de défense européen fonctionnent en termes pratiques.

📍Subventions
Il y a trois types superposés d’aide militaire à l’Ukraine : subventions, prêts et le « modèle danois ». L’Allemagne a émis un paquet d’aide de 5 milliards d’euros à l’Ukraine sous forme de subvention en mai de cette année, tirant l’argent de son budget de défense. Ce paquet a débloqué des contrats majeurs qui étaient en préparation depuis des mois, y compris un avec la firme allemande Helsing pour fournir des milliers de drones d’attaque HF-1 et HX-2. Fondée en 2021, Helsing est la startup de technologie de défense la plus valorisée d’Europe, et est actuellement évaluée à plus de 12 milliards d’euros. L’entreprise est bien connectée et financée – son cofondateur et co-PDG Gundbert Scherf a passé deux ans au ministère de la défense allemand sous la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Elle a concurrencé directement le contractant de défense américain Anduril, remportant un contrat pour travailler sur une mise à jour du paquet logiciel de l’Eurofighter Typhoon.

Après avoir livré des centaines de drones de 2022 à 2024, Helsing avait déjà commencé la production du HX-2 avant que les fonds du gouvernement allemand ne soient disponibles, et a signé un contrat provisoire avec le ministère de la Défense ukrainien pour livrer jusqu’à 10 000 unités. Le HF-1 antérieur, dont Helsing est en train de livrer 4 000 unités, est fabriqué comme le AQ 100 Bayonet délibérément bon marché (son cadre est en contreplaqué) par un petit contractant de défense ukrainien appelé Terminal Autonomy. Le système est ensuite transféré à Helsing, qui modifie le drone avec des électroniques mises à jour et le logiciel de ciblage de Helsing, appelé Altra.

Le HF-1 a fait l’objet d’énormes critiques de la part des Ukrainiens. En mars, le serviceman de l’AFU et expert en drones Oleksandr Karpyuk a posté une longue diatribe attaquant le HF-1 🔽
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