L’État doit-il emprunter pour «équilibrer ses comptes» ?
Cette question revient souvent dans les échanges. Et y répondre n’est pas simple. En effet, l’« équilibre des comptes » renvoie à plusieurs acceptions, et dépend donc de ce dont on parle.
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1 S’agit-il d’équilibrer le budget ? Tout d’abord un rappel : par « équilibre budgétaire », on entend la situation dans laquelle les dépenses publiques seraient égales aux recettes propres de l’État, principalement les impôts.
2 Le déficit public correspond donc à une situation dans laquelle les dépenses publiques sont supérieures aux impôts. Dans l’analyse MMT, le déficit public, dont le cumul avec celui des exercices antérieurs constitue la dette publique,...
3 ...est la contrepartie de l’épargne financière nette des agents du secteur privé. Et le chômage, phénomène monétaire, est la conséquence d’un déficit insuffisant. Vouloir équilibrer le budget de l’État est donc nuisible, pour l’économie et pour le bien-être de la population.
4 Alors, le budget devant être en déficit, l'État a t-il besoin d’emprunter ? Un rappel : avec le système de monnaie fiat, les dépenses publiques n'ont pas à être financées. L’État n’a donc pas besoin de sa devise pour dépenser. En effet, il crée lui-même sa devise en dépensant.
5 Et cette création est nécessaire pour que, ensuite, les impôts soient payés et les titres d’État souscrits. Ni les impôts ni les titres d’État ne servent à financer les dépenses publiques, i.e. à donner la capacité de dépenser à l’État. Mais ils ont tout de même une utilité.
6. Les impôts jouent un rôle fondamental, dans la mesure où ils créent une demande de la devise nationale, laquelle est en effet nécessaire pour s'en acquitter, ce qui porte ainsi les agents du secteur privé à produire et vendre des biens et services, initiant ainsi leur marché.
7. S’agissant des titres d’État, ils ne sont pas émis non plus pour financer le déficit, et leur émission ne fait que changer la forme de la devise, qui passe de « réserves bancaires » à « titres d’État », donc sans création de nouvelle devise.
8 Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la dépense publique crée des réserves bancaires, qui sont ensuite drainées par les impôts. En présence de dépenses déficitaires (dépenses supérieures aux impôts), ces réserves bancaires deviennent donc excédentaires.
9 Or, en présence d’un taux d’intérêt cible, si celles-ci n’étaient pas détruites par l'émission de titres d'Etat, cela entraînerait la chute de ce taux à zéro. Mais cela ne veut pas dire que l’État ne peut pas, au sens budgétaire du terme, dépenser sans émettre de titres d’État.
10 Cela signifie que, s’il veut maintenir le taux d’intérêt cible, il doit drainer toutes les réserves en excès qu’il a créés. L’État doit donc "couvrir" ses dépenses déficitaires en émettant des titres, non pour être capable de dépenser, devant "financer" ses dépenses,...
11...mais parce que, s’il ne le fait pas, il perd le contrôle de son taux d’intérêt cible, qui risquerait de tomber à zéro. Ceci dit, une précision importante : cette nécessité de détruire les réserves excédentaires n’existe que parce que l’État a un taux d’intérêt cible.
12 En effet, si, comme le suggère cet article (mmt-france.org/2019/04/23/le-…, l'Etat décide de fixer le taux d'intérêt à zéro, donc s’il abandonne cette idée de taux cible, cette contrainte disparaît...
13 ...et l’obligation d’émettre des titres d’État à cette fin n’existe plus. En effet, l'impératif financier est de maintenir l'équilibre du marché des réserves (une autre solution est de rémunérer les réserves excédentaires), et non d'acquérir de la « monnaie » à dépenser.
14 Toutefois, l’émission des titres d’État obéit également à une contrainte d’équilibre de sa trésorerie. En effet, dans la plupart des pays, y compris en Eurozone, les trésors ne peuvent bénéficier de découverts de la part de leur banque centrale.
15 Leur compte à la banque centrale doit donc présenter en permanence un solde positif, et pour cela disposer de recettes d’impôts et de titres d’État suffisantes. Sous cet angle, l’obligation d’émettre des titres d’État est donc la conséquence d’une contrainte de trésorerie,…
16…afin de permettre à l’État de payer ses dépenses. Mais cette contrainte n’est ni technique, ni économique. Elle est auto-imposée, n’obéissant qu’à une logique politique, faisant sans aucun doute écho à des préjugés idéologiques. Elle est totalement inutile, donc stupide.
17 En synthèse, lorsqu’un État dépense, créant sa propre devise, puis émet des titres d’État, ce n’est pas pour « financer » ses dépenses. C’est pour soutenir un taux d’intérêt cible, et pour satisfaire la contrainte auto-imposée d’un compte du Trésor à la BC qui soit positif.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 1 Voici mes commentaires :
Tout d’abord, je ne peux que me réjouir de vous voir écrire sur MMT.
Je commente la 1ère partie de cette page. Ne disposant pas de ce qui précède, je ne peux qu’imaginer que le point que vous souhaitez développer ici est le fait que, selon vous,…
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 2 … l’État ne peut dépenser sans emprunter, et donc qu’il doit financer son déficit par de la dette.
Cependant, comme vous l’écrivez, il s’agit de faire face au fait que le compte du trésor à la BC de peut pas être négatif, le Trésor ne pouvant se voir accorder de découvert.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 3 En l’occurrence, ce qu’il faut donc bien comprendre, c’est qu’il s’agit d’un problème de trésorerie, qui ne signifie en aucune façon que l’État doit "financer" ses dépenses publiques, hypothèse sur laquelle votre propre vision du fonctionnement du système est assise.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 1 Non, l’État n’a pas besoin d’emprunter pour dépenser. Il crée sa devise en dépensant. Seulement ensuite les impôts peuvent être réglés et les titres d’État souscrits. La souscription des titres d’Etat ne fait que changer la forme de la devise, qui passe de réserves à titres.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 2 Vous lisez mal ce que j'écris. Les titres d'Etat servent à soutenir le taux d'intérêt cible, pas à le "fixer". Sans de cible, ou bien si les réserves excédentaires sont rémunérées, l'émission des titres d'Etat n'est plus nécessaire, sauf pour participer, avec les impôts,...
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 3… au maintien en solde positif du compte du Trésor à la BCE, contrainte qui, comme je l’ai déjà écrit, n’a d’ailleurs aucun fondement, ni technique, ni économique, qui est donc auto-imposée, de nature purement et simplement politique.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 1 Le concept de monnaie «libre de dette» est utilisé au moins dans 2 acceptions. L’une considére la monnaie comme n’étant pas un passif, l’autre comme ne nécessitant pas d’emprunt en contrepartie. Dans mes précédents tweets, dans le doute, j’ai envisagé que vous reteniez les 2.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 2 En effet, pour la 1ère acception, il suffit de voir les nœuds de cerveau que vous et les autres promoteurs de ce « don monétaire » devez vous infliger pour trouver une pirouette comptable permettant, en l’absence de passif, de respecter la partie double.
@nico_dufrene@dav_cayla@FTusei 3 Il en découle que la restriction que j’ai évoquée de ne pas pouvoir utiliser ce «don» pour payer les impôts est bien valable, étant précisé que ce que écrit Wray fait totalement sens, présentant en l’occurrence le concept de monnaie chartale, fiscale (tax drives money).
@dav_cayla Je vous réponds ici sur les "importantes faiblesses de raisonnement" dont #MMT serait victime, s'agissant des relations extérieures des Etats, ainsi qu'à cette critique récurrente selon laquelle ce point serait le "talon d'Achille" de MMT. @RobertoBazzichi
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1 MMT ne fait pas l’hypothèse de l’absence de dépendance économique liée aux imports. Elle dit que, en change flottant, l’offre de travail domestiquement exprimée en devise locale peut toujours être satisfaite par l’État, et ceci a priori de l’existence d’une dépend. économique.
2 La MMT montre en effet qu’un État qui dispose de sa propre devise, en taux de change flottant, donc sans être lié à un étalon comme l’or ou d’autres devises, ne peut pas se trouver dans l’impossibilité de dépenser sa propre devise.
J'ai lu le chap 1 de votre livre et votre propos sur #MMT. J'y ai relevé de nombreux points qui méritent discussion.
Mais, au risque de ne pas nous comprendre, je pense que, avant de rentrer dans les détails, il est indispensable de rappeler ce que MMT est réellement.
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1 La MMT est une théorie monétaire néochartaliste. Elle présente un aspect descriptif, ainsi qu’un aspect normatif, fournissant des instruments de politiques économiques, notamment pour le plein emploi et la maximisation de la stabilité des prix.
2 Elle part de l’idée selon laquelle l’État dispose du monopole de la force qui lui permet de taxer et de choisir le moyen de paiement de ses taxes. Celui-ci dispose donc de la possibilité d’imposer sur son territoire une devise dont il détient le monopole.