Thread by @AlbanMizzi_

[#VeilleESR #VeilleParcoursup] j'ai lu « Parlez-vous le #Parcoursup ? » de Johan Faerber. La plume offensive d'un enseignant envers l'application post-bac. Un 🧶, ici 👇 :

Le livre est court. Une soixantaine de pages. Pour cause, il se veut aussi tranchant qu'accessible. L'enseignant vise à faire passer un message précis : le #Parcoursup, cette langue incongrue, est un brouhaha recouvrant la Mélodie de la démocratie.

J'ai apprécié beaucoup de choses à la lecture de ce pamphlet. Parmi lesquelles la mise en exergue de l'opacité de Parcoursup. Un des principaux problèmes de la procédure.

D'ailleurs, ça se lit non seulement sur le titre, mais surtout dès les premières lignes du bouquin. Il montre bien comment les élèves se sentent dépossédés des clés de leur avenir ainsi que des modalités de leur sélection.

Dans la même veine, Johan Faerber met très tôt sur la table la question de la sélection à l'université. D'un bon œil, il coupe court à l'éternel argument pour Parcoursup : généraliser la sélection n'est pas cohérent tant les formations en tension étaient minoritaires.

Parcoursup est-il un “coup d'État" comme l'affirme l'auteur ? Il est clair que les mouvements de contestation ont été violemment réprimés.

Par contre, la sélection à l'université était (malheureusement) souhaitée par une majorité des Français (IPSOS, 2017) ⬇️

La faute, certes, a l'enfumage créé par le discours malhonnête sur le tirage au sort, mais de surcroît du fait de valeurs méritocratiques partagées par la plupart des individus, dont les élèves eux-mêmes qui préfèrent le mérite au hasard. Ça renforce l'exigence de transparence.

En cela, l'auteur insiste à nouveau très justement sur une autre question qui fait polémique : la prise en compte du lycée d'origine.

La sélection par le lycée d'origine est TRÈS dure à documenter car ce sont les aveux de certains sélectionneurs. C'est interdit, mais faisable.

Présenter la prise en compte du lycée d'origine comme systématique est inexact. Mais souligner la possibilité totale que cela soit fait dans l'ombre corrobore les critiques sur l'opacité de Parcoursup. C'est cohérent.

On regrettera certains arguments confus, comme les deux mis en avant ici.

👉 Premièrement, l'auteur juge le supérieur incapable de s'engager dans une lutte pour ses intérêts...

... alors qu'en quelques pages, il déplore une « lutte des classes de l'enseignement ». On ne sait comment ni pourquoi. Les deux sont concernés par le gel budgétaire et subissent cette procédure incohérente, discontinue organisant une pénurie de places et de postes.

Le livre ne fait d'ailleurs aucune mention de la fiche avenir, remplie par les équipes du secondaire, parfois décisive dans les dossiers, parfois difficilement comprise par les sélectionneurs. Encore une fois, #Parcoursup, c'est la discontinuité permanente du « bac-3/bac+3 ».

👉 Autre exemple de discontinuité de #Parcoursup : la lettre de motivation. M. Faerber a raison de suggérer que les inégalités de capitaux culturels, économiques et symboliques entre étudiants rend l'exercice biaisé...

Mais l'importance du projet motivé dans les dossiers varie énormément d'une formation à l'autre, le rendant même inutile aux yeux de beaucoup de commissions. Ce que l'auteur lui-même ne manque pas de rappeler.

Le vrai problème de cet exercice, c'est qu'il n'indique rien sur les réelles préférences des élèves qui peuvent « mentir 9 fois sur 10 » là où la hiérarchisation des vœux permettait à l'outil de connaître leurs préférences sans qu'elles n'altèrent le jugement des formations.

On pourrait trouver de l'intérêt à cet exercice : vérifier que le candidat ne se plante pas d'orientation, présence aux JPO...

Donc absolument, pour ça, il faut se débarrasser du côté compétitif et néolibéral de Parcoursup, mais aussi du personnel et du temps pour les analyser.

👉 enfin, la question du privé sur #Parcoursup n'est pas nouvelle. L'auteur reprend pratiquement l'expression du « marché de l'anxiété » utilisée en sociologie revenant à ce que certaines formations privées présentent leur distanciation de Parcoursup comme un argument de vente.

Sauf qu'il y a du privé sur Parcoursup. Près de 40%. Ce qui soulève tout autant d'interrogation quant à la mise en avant que l'État leur offre en les cataloguant. Bref, dans ou hors Parcoursup, elles y gagnent à tous les coups.

https://twitter.com/AlbanMizzi_/status/1575068216841318400?t=Uqaal00aLJNwS1a0huxXIw&s=19

Il y aurait encore tant de choses à dire sur ce livre pourtant si court. Le mieux reste de se le procurer dans toutes les bonnes librairies. Cet ouvrage a le mérite d'ouvrir la critique de Parcoursup à ce qu'il y a autour et derrière la simple application web.

Université, budget, marché du travail, besoins du pays, courbe démographique, la justice... Tant de défis qui alimentent la pas-si-simple équation demandes/places. #Parcoursup n'est pas à la hauteur.

Parler le Parcoursup demande de l'inspiration : il est déjà à bout de souffle.