Vient de paraître ce volume aux Presses @Sorbonne_Nvelle. J'y signe un article consacré à la représentation de la Peste noire dans 4 bds françaises. Petit thread ! ⬇️ #histoire#medievaltwitter
J'ai pris 4 bd comme corpus :
- Le Mal d'Orion (Convard, 2012)
- Nous les morts (Macan, 2015)
- Docteur Peste (L'Abbé, 2014)
- et le sublime Le Temps est proche (Hittinger, 2012)
Ces 4 bd sont toutes sombres, par le dessin et/ou l'histoire. Toutes insistent sur le nombre de morts, sur les souffrances provoquées par la maladie. Les cadavres envahissent l'image et sont omniprésents.
Quand il y a de l'humour, c'est un humour... noir, le plus grinçant possible. Ainsi de cette planche de Docteur Peste, qui revisite le motif médiéval de "la maladie frappe au hasard" en déplaçant vers le jeu enfantin du morpion...
Toutes les bds insistent sur le rôle des rats. Dans Le Temps est proche, ils envahissent l'Europe ; dans Docteur Peste, même image, sur le mode comique, d'une invasion de rats grouillants.
On voit ici la force d'un imaginaire qui associe la Peste aux rats. On pense à Camus bien sûr, mais aussi à Nosferatu...
Or il se trouve que les rats ne sont PAS responsables de la maladie : en fait ce sont des gerbilles qui ont répandu le bacille ^^
La plupart des oeuvres reprennent également, sous une forme ou une autre, le motif de la "danse macabre". Dans Nous les morts, la danse s'ouvre à un prince inca et un guerrier sioux, symbole d'une pandémie devenue mondiale.
La Peste sert aussi à faire converger différentes peurs. Dans Nous les morts, la peste mute pour devenir un virus zombie. Dans Docteur Peste, une planche évoque avec humour les conséquences psychologiques d'une telle épidémie...
Dans Le Temps est proche, une case tire vers la critique sociale, quand cette paysanne se réjouit d'une peste vue comme un grand égalisateur social.
Plus diffusément, la peur de la Peste fait écho à la peur de l'effondrement de la civilisation. Bergman déclarait, pour son 7e sceau, avoir voulu relier peur de la peste et peur face à la bombe atomique : c'est clairement sur cette image que joue cette case du Temps est proche.
Je m'autocite en conclusion : "La peste médiévale apparaît ainsi comme le carrefour des angoisses contemporaines, jouant un rôle de pivot qui permet de passer d’une peur à l’autre."
L'article est disponible en entier ici : academia.edu/95236594/Mettr…
Sur un plan plus méta, cet article m'interroge : colloque en 2015, sortie en décembre 2022. Entretemps... le covid. Ajd je n'écrirais plus cet article de la même manière ! Le covid a clairement changé notre - ma, en tout cas - manière de penser les épidémies...
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On est en 607 après J.-C., dans le domaine royal de Bruyères.
Une terrible dispute oppose Brunehaut, la grand-mère du roi, et Colomban, un moine irlandais. Celui-ci vient en effet de traiter les princes de... fils de pute 🗯️🤬.
Un thread ⬇️!
Revenons en arrière. Brunehaut, veuve du roi Sigebert d'Austrasie, grand-mère de l'actuel roi Thierry II, est une femme puissante, qui a la charge des enfants du roi. Elle les mène devant Colomban, célèbre abbé de Luxeuil, pour obtenir sa bénédiction. Mais celui-ci refuse !
Pire : il les insulte, en disant "ils ne deviendront jamais rois, car ils nés d'une prostituée".
La colère de Brunehaut est terrible et Colomban paye cher sa provocation, car il est chassé de son monastère. Mais comment comprendre ce clash ?
Comment ça, vous ne connaissez pas ce mot ? "Gaber" ? C'est un verbe médiéval, qui veut dire se moquer des autres en se vantant.
Selon une légende, Charlemagne aurait lancé un concours de gabs à la cour de Byzance... Un thread ⬇️!
Dans Le pèlerinage de Charlemagne, une chanson de geste du XIIe siècle, Charlemagne et ses chevaliers en route pour Jérusalem se retrouvent à Constantinople, à la cour de l’empereur byzantin nommé Hugon. C'est bien sûr une scène fictive.
Une nuit, Charlemagne et ses chevaliers, bien bourrés, se lancent dans un concours de gabs. Il s'agit donc de se vanter d'accomplir un truc incroyable, en essayant de surpasser celui qui vient de parler.
Un peu comme une battle de rap, quoi.
Connaissez-vous les 7 péchés capitaux ? C'est comme les 7 nains, généralement on en oublie un...
En 1475, un enlumineur propose une superbe version illustrée dans un Livre d'heures copié à Poitiers (@MorganLibrary MS M.1001).
Un thread ⬇️!
On commence par l'orgueil, en latin "superbia". Le péché est représenté par un beau jeune homme s'admirant dans un miroir, monté sur un lion. En bas, le démon associé au péché est Lucifer, pointant vers une femme dédaigneuse et méprisante...
Numéro 2, l'envie. Incarné par Belzébuth, ce péché est symbolisé par la pie (oiseau voleur) et, en bas, par des gens qui convoitent le bien d'autrui.
Au XVe siècle, on se met à imprimer un peu partout en Europe. Mais l'imprimerie coûte cher et se lancer dans l'aventure exige souvent de dresser un contrat précis entre imprimeur, auteur, éditeur, libraire... Un thread à partir d'un ouvrage récent ⬇️!
Catherine Rideau-Kikuchi édite ici des contrats d'imprimeurs, trouvés dans les archives de plusieurs villes du nord de la péninsule italique, entre 1470 et 1528. Bravo à l'autrice car les recueils de sources sont toujours précieux ! @EditionsCG
@EditionsCG Ici, focus sur un contrat du 22 mai 1499, conclu à Bologne entre Filippo Beroaldo, humaniste, professeur de rhétorique à l'université, et Benedetto di Ettore Faelli, libraire et imprimeur.
Le plus souvent, on y représente des animaux plus ou moins fantastiques et des scènes du quotidien.
Mais, quand on y regarde de près, on s’aperçoit que ces scènes cachent parfois... des violences sexuelles. Un thread ⬇️!
Je vulgarise ici un excellent et passionnant article écrit par @M_PerezSimon et Delphine Grenet @Grenet81020939, dans ce volume. Merci aux autrices qui me l’ont envoyé et ont relu ce fil ! Poke @RCPPMassoc
@M_PerezSimon @Grenet81020939 @RCPPMassoc Les autrices rappellent que ces scènes de violence n’ont le plus souvent pas été vues ni nommées par les chercheurs. Ainsi de cette sculpture de cheminée de Bruges, intitulée « scène de séduction », alors que les gestes de la femme montrent qu'elle repousse une tentative de viol.
Au VIIIe-IXe siècle, les conquêtes arabes balaient la planète. Une question se pose aux gens : faut-il se convertir ? Au milieu du IXe siècle, Hunayn ibn Ishaq, un médecin chrétien de la cour du calife, distingue 6 raisons de se convertir à l'islam. Un thread ⬇️!
Je tire ce thread du livre suivant : Etienne de la Vaissière, Asie Centrale 300-850 (@BellesLettresEd), plus précisément p. 452-457 !
@BellesLettresEd 1/ La force. Lors des conquêtes, les conquérants imposent souvent l'islam à la pointe de l'épée. Mais cela ne dure pas, et ensuite on n'a aucune trace de violence d'Etat généralisée. L'apostasie est en théorie punie de mort mais c'est rarement appliqué.