Alors d’abord il faut savoir de quoi on parle : là c’est assez simple, c’est une parcelle forestière sur laquelle on coupe tout ou presque (+de 90% du couvert). Ce n’est pas pour autant de la déforestation, la parcelle reste de la forêt (en devenir).
Pourquoi une coupe rase ? Parce qu’on conduit une « sylviculture continue » le + souvent, c’est à dire que les arbres ont tous le même âge et qu’on considère que c’est le moment de les couper pour en replanter (ou qu’ils repoussent tout seuls pour la régénération naturelle)
C'est pourquoi elles concernent particulièrement le massif landais dans la sylviculture du pin maritime par exemple 👇
On voit aussi des coupes rases lorsque des taillis peu productifs sont remplacés par des plantations ou pour remplacer des bois en « impasse sanitaire » qui dépérissent où vont bientôt dépérir, notamment parce que le climat change👇
On fait très rarement des coupes rases juste pour valoriser le bois récolté en énergie : c’est économiquement complètement idiot comme mode de gestion pour un propriétaire, car le maigre gain à court terme est dérisoire par rapport à la valeur du bois d’œuvre à terme
C’est généralement donc généralement le fait d'une stratégie dédiée à produire du bois d’œuvre qui a bien, même si ça se traduit par une production de bois énergie.
D’un point de vue carbone, biodiversité, érosion, cycle de l’eau, la coupe rase c’est très mauvais, c’est un traumatisme de l’écosystème. Ça augmente même la vulnérabilité aux tempêtes des lisières générées par la coupe.
A part dans des cas d’impasses sanitaires avérées, il n’y a pas d’autre intérêt que la rentabilité d’un modèle de sylviculture intensif, basé sur une forêt standardisée.
Et des alternatives existent @PartagerCSympa
Mais il faut garder à l’idée qu’on hérite d’un paysage forestier qui est passé par une forte période de plantation de résineux dans les années 50’ et 60’ qui arrivent à maturité. Ces plantations sont a priori vouées à une coupe rase, les alternatives ne sont pas évidentes.
Il faut par contre pousser fortement à changer le modèle dans les choix de gestion qui suivent la coupe, notamment en diversifiant les essences pour obtenir une forêt variée avec des arbres ayant différents termes d’exploitation.
Petit sondage au passage, d’après-vous, en France, entre les années 80’ et les années 2010’, les surfaces de coupes rases ont :
Bien qu’il soit assez difficile de les mesurer, les surfaces de coupes rases sont équivalentes, autour de 100 000 ha par an, alors que pendant ce temps la surface de forêt à augmenté significativement (de 14 à 17 Mha). Donc stagné, et diminué proportionnellement à la surface.
La médiatisation actuelle des coupes rases, souvent associées à tort (en France) à l’exploitation de bois énergie est le signe d’une préoccupation grandissante de la société sur son patrimoine naturel et on peut s’en réjouir, la forêt mérite qu’on s’y intéresse davantage.
Mais il faut garder en tête la complexité des enjeux forestiers et la multiplicité des itinéraires sylvicoles : il y aura encore des coupes rases pendant longtemps pour traiter les plantations résineuses en rang serrés et accompagner les mutations forestières liées au CC
Cependant, on prépare aujourd’hui les forêts de demain, c’est dans les stratégies de plantation et d’amélioration de boisement qu’on anticipe les coupes futures. Ces choix sont donc lourd d’impact carbone, biodiversité, paysagers même s’ils interviennent 50 ou 100 ans plus tard.
Merci de m'avoir lu jusqu'ici, retrouvez mes autres publications sur la forêt et la filière bois là :
Avec l'essor des #ENR, on voit germer plein d'initiatives citoyennes collectives.
En forêt ça se fait depuis le moyen âge : c'est l'#affouage.
L'énergie comme un bien commun... al.
Un 🧵
L'affouage c'est la mise à disposition de bois communaux pour les habitants pour faire du bois de chauffage. C'est l' @ONF_Officiel qui gère les forêts communales, et donc l'affouage onf.fr/onf/+/130e::la…
Ça revient pour la commune à valoriser à prix coûtant du bois d'éclaircie, c’est-à-dire des bois sélectionnés pour améliorer la forêt et favoriser la croissance d'arbres qui produirons du bois d'œuvre.
La forêt est un super puits de carbone, qui atténue nos émissions. Mais avec des années aussi chaudes, qu'en sera-t-il dans le futur ?
Un 🧵 qui n'apporte pas vraiment de bonnes nouvelles 👇
Pour apprécier les tendances, on va s'appuyer sur le rapport SECTEN édité chaque année par le CITEPA. C'est le thermomètre des flux de carbone en France.
La référence de la comptabilité carbone.
Les puits de carbone c'est tout à la fin du rapport. Un "Puits" c'est quand la quantité de carbone sur terre augmente, en fixant du CO2 qui se baladait dans l'atmosphère, réduisant ainsi l'effet de serre. Cela atténue le réchauffement climatique.
Comment la forêt française va se comporter avec des mois de juin à 40° ? C'est une question flippante, à laquelle on ne sait pas trop répondre, et c'est ça qui fait peur.
Un thread 🧵
Un arbre ça a besoin d'eau, et même beaucoup : un beau hêtre de 35 m transpire jusqu'à 137 l/jour, un épicéa de 25 m jusqu'à 175 l/j !
chaud + sec = transpiration ↗️
Malin, un arbre peut refermer ses stomates, ses "pores" en quelque sorte, et serrer les fesses le temps que ça passe en limitant la transpiration. Mais ça a ses limites, et lorsque elles sont dépassés, des bulles d'air dans ses vaisseaux de sève provoquent une embolie.
Fatigué de lire que les prairies stockent plein de carbone…
Petite mise au point sur le principe de séquestration #carbone
Un thread 🧵
La séquestration carbone, c'est l'inverse des émissions : c'est du carbone qu'on capte dans l'atmosphère. Et du coup c'est un bon levier pour atténuer le changement climatique, en créant un puits de carbone.
C'est indispensable pour atteindre la neutralité carbone, parce que nos émissions ne seront jamais complètement nulles, il faut bien les compenser.
On va parler ici des stratégies de prélèvements et de leurs impacts, ce qui est très utile pour savoir si les décisions concernant la filière sont positives, neutres, ou carrément néfastes pour le climat
Si vous avez bien suivi le thread précédent, le bilan dépend des pratiques, qui ont chacune leurs impacts propres. Là, on prend le problème dans l'autre sens : on part de la France métropolitaine qui est bien documentée et on globalise les impacts mesurables à l'échelle France