Bonjour à tous,
Au procès de l'incendie de la rue #Erlanger, qui a fait dix morts en février 2019, la cour entend les premières parties civiles.
Quentin s'avance à la barre. Il était l'un des habitants de l'immeuble et impliqué dans la dispute de voisinage à l'origine du drame.
"Je m'appelle Quentin, j'i 26 ans, je suis policier à Marseille. Au moment des faits, j'avais 22 ans, ça faisait 4 ans que j'appartenais au corps des sapeurs-pompiers de Paris. C'était pour moi une consécration professionnelle. J'avais pour objectif de devenir sous-officier".
Quentin : "je me préparais à l'examen de sous-officier, des longs mois de travail, de sacrifice.
Ce jour-là, la veille de mon examen, j'ai passé une journée de révision un peu compliquée, j'ai compris que j'étais pas forcément au niveau et ça m'a tendu, j'étais irritable."
Quentin : "lorsque ma compagne Charlotte me rejoint le soir, elle a vu que j'étais un peu perturbé.
Cela faisait déjà depuis 17 ou 18h que ma voisine avait de la musique dans son appartement, elle chantait. Puis vers 23h, je voulais dormir mais il y avait toujours la musique."
Quentin : "j'ai d'abord ouvert mon volet et toqué au carreau de sa fenêtre qui était contigüe. Mais sans changement. Puis ma compagne m'a dit : "reste tranquille, je vais m'en occuper." Je l'ai entendue aller à sa porte lui demander de baisser le son."
Quentin : "mais elle s'est mise directement à insulter ma compagne : "sale pute retourne baiser ton connard de pompier". Alors j'ai décidé d'y aller à mon tour. J'y suis allé, irrité, stressé. Elle, elle a préféré me narguer : elle a rapproché son enceinte, chanté."
Quentin : "et là, j'ai tapé avec force contre la porte.
J'ai retrouvé Charlotte, on s'est mis dans le lit. Et on a entendu des bruits de verre, comme de la vaisselle qui s'écrasait contre mon volet."
Quentin : "elle est sortie, a dit que j'avais dénoncé sa porte, que j'étais un pompier de merde, qu'elle allait prévenir ma hiérarchie. Je l'ai entendue appeler le 18 à travers ma porte.
Elle tapait comme une hystérique sur ma porte avec un morceau de bois."
Quentin : "elle me menaçait encore, voulait me faire peur. Elle a dit qu'elle allait nous crever.
Et j'ai eu peur, j'étais dans un 14 mètres carrés. J'avais l'impression d'être enfermé dans une cage. Je suis allé dans la salle-de-bain avec ma compagne que je voulais protéger".
Quentin : "cette voisine, je ne la connaissais pas. Cela faisait depuis le 21 novembre 2018 que j'habitais dans cet immeuble, je n'avais eu aucune occasion de la rencontrer, mis à part la veille.
La veille, alors qu'on prenait notre petit-déjeuner, elle avait toqué à ma porte"
Quentin : "elle voulait que je fasse sortir un homme menaçant qui soi-disant était dans son appartement.
Moi, je ne savais pas s'il était armé ou quoi donc je lui ai conseillé d'appeler le 18 ou le 17. Peu après, je l'entends à travers la porte dire : "c'est bon, il est parti"
Quentin revient au récit du soir e l'incendie : "j'ai appelé plusieurs fois la police. J'ai bien mis en avant ma fonction [de pompier de Paris, ndlr], j'ai dit qu'il y avait un caractère dangereux, qu'elle voulait me tuer dans mon appartement, rentrer, tout casser."
Quentin : "la BAC est arrivée et là elle a changé de visage. Elle s'est mise à les charmer pour que ce soit moi le méchant.
Je pense que ça ne lui plaisait pas d'avoir un voisin peut-être autoritaire."
Quentin : "elle sait très bien qui je suis. Est-ce qu'elle en veut pas aux pompiers ? Est-ce qu'elle ne considérait pas que les pompiers étaient synonymes d'internement pour elles ?"
Quentin : "moi je veux dire qu'elle n'était pas la pauvre petite femme malade qu'on a décrit. Elle savait très bien ce qu'elle faisait. Quand on est pompier, c'est sauver ou périr. Elle savait qu'elle allait me faire périr en faisant ça".
Quentin : "nous sommes partis pour aller dormir ailleurs, les parents de ma compagne habitaient dans le 15e. En chemin, ma compagne a appelé son papa qui était mon chef, et on a décidé de revenir à l'appartement dans l'espoir qu'elle avait été emmenée au commissariat entretemps."
Quentin : "en arrivant, j'ai tout de suite compris que la police ne l'avait pas emmenée. Elle ma encore une fois menacé, elle m'a dit que moi qui aimait les flammes, j'allais voir ce que ça allait faire et que ça allait exploser. Que de toute façon, elle se cassait."
Quentin : "moi, je suis resté droit et je lui ai dit avec bienveillance qu'il fallait qu'elle se fasse aider. Après toutes les menaces de mort, je pense que beaucoup de gens dans la salle n'aurait pas eu cette attitude-là".
Quentin : "au premier étage, j'ai commencé à sentir une odeur familière, j'avais beaucoup d'incendies au compteur de part mon travail.
J'ai commencé à voir un voile de fumée un peu épais, je n'ai pas pu voir où c'était."
Quentin : "trois semaines auparavant, avec Charlotte, on était sur l'incendie de la rue de Trévise, une boulangerie qui a explosé à cause d'une fuite de gaz. Deux sapeurs-pompiers sont morts. En ayant encore ce traumatisme, j'ai eu peur de mourir."
Quentin : "j'ai appelé les pompiers en leur disant qu'il fallait une levée de doute à cause d'un odeur de gaz et d'un voile de fumée.
Les pompiers sont arrivés très vite. J'ai vu le regard du chef et j'ai compris que ça allait être compliqué".
Quentin : "je vois deux pompiers en train de ramener le corps d'une voisine de 23 ans, Myriam, qui s'est défenestrée du 8e étage. J'ai compris qu'il y avait des morts, qu'une querelle de voisinage allait aboutir à un drame"
Quentin : "j'ai fait un massage cardiaque, seul. Charlotte aussi a été réquisitionnée pour masser un individu. Je tiens à dire la difficulté ce soir là d'avoir eu ce côté pompier, victime, intervenant. C'était compliqué, tout se mélangeait dans ma tête."
Quentin : "j'ai été rongé, toutes ces dernières années, une énorme culpabilité. Ce n'est pas moi qui était auteur de ça, je voulais simplement avoir du calme, régler un problème de voisinage banal, que tout le monde pourrait avoir dans la vie."
Quentin : "mais je ne savais pas qu'elle était comme ça ma voisine. Si je savais que ça aurait débouché sur un drame comme ça, bien sûr que j'aurais jamais tapé à sa porte. Et cette culpabilité là, elle m'a fait sombrer. Elle m'a plongé dans une période dépression."
Quentin : "je n'ai plus été capable de partir sur feu. Jusqu'au 26 mai 2019 où, à force de vouloir prouver que j'étais capable de repartir au feu, j'ai fait un malaise. Ca a été la dernière intervention au sein des pompiers de Paris. J'étais réformé derrière."
Quentin : "mes collègues de me faisait plus confiance parce que la relation que j'entretenais avec Charlotte était secrète car elle était la fille du général des pompiers de Paris. Donc mes collègues ont appris notre relation ce soir-là. Et ils n'ont plus eu confiance en moi."
Quentin : "cette histoire nous a aussi coûté notre couple. Ca me rend triste parce que s'il n'y avait pas eu ce drame, je pense qu'on aurait été encore ensemble."
Le président sur la dispute : "vous vous dites qu'il y a une furie derrière la porte?"
Quentin :" la manière très agressive qu'elle avait de frapper sur la porte faisait que je ne me sentais pas en sécurité. Je ne me sentais pas de mourir dans un appartement de 14 mètres carrés".
Quentin : "tout au long de la soirée, je me suis fait menacer de mort, j'ai entendu du dire que j'allais crever. Donc je tiens à préciser que j'ai porté plainte pour tentative d'assassinat. Pour moi c'est très logique".
Quentin au sujet de l'accusée : "je pense qu'elle connaît très bien le triangle du feu à savoir "combustible, comburant, énergie activation" : du bois, un textile avec la futa et une flamme.
Elle s'est très bien ce qu'elle fait."
Avocat général : "comme sapeur-pompier, vous êtes amenés parfois à devoir maîtriser des individus dans des états de grande excitation?"
Quentin : "oui, c'est arrivé lors d'une intervention."
Avocat général : "pour vous, Essia B., quel est son état à ce moment-là?"
Quentin : "un comportement de toxicomane. Pour moi, c'est pas comme un schizophrène ou un bipolaire, c'était pas les mêmes signes".
Quentin : "quelqu'un qui fume du cannabis, ce n'est pas quelqu'un qui a des problèmes psychiatriques.
Et je ne pense pas qu'elle était dans un état alcoolique parce que moi les gens que j'emmène en intervention et qui sont dans un état alcoolique, ils ne tiennent pas debout."
Quentin : "si elle avait eu un état psychiatrique, je pense que les policiers de la BAC auraient fait un appel aux pompiers. Chose qui n'a pas été faite. Donc j'en déduis que s'ils ne l'ont pas fait, c'est qu'elle n'avait pas ces signes-là".
Quentin, interrogé sur son changement de personnalité depuis le drame : "j'ai encore plus d'empathie et de bienveillance pour les gens qu'avant. J'ai beaucoup muri.
Mais j'ai aussi des traumatismes, j'ai changé d'appartement cinq fois en deux ans."
Me Schapira (défense) : "d'après vous, quelqu'un qui fume n'a pas des problèmes psychiatriques ? Vous opposez l'un et l'autre?
Quentin : "je pense que les gens qui fument n'ont pas de problèmes psychiatriques. Sinon, beaucoup de gens auraient des troubles mentaux dans ce pays"
Me Schapira (défense) : "en réalité, vous êtes pompiers 24h/24?"
Quentin : "c'est notre devise et de la non-assistance en danger si on intervient pas."
- pourtant la veille, elle vient vous demander de l'aide parce qu'il y a quelqu'un chez elle
- il n'y a pas de caractère urgent.
Me Schapira (défense) : "votre compagne a raconté qu'un jour Essia B. est dans le couloir, allongée, en train de gratter à votre porte et elle voit des oiseaux."
Quentin :"si un épisode comme ça avait eu lieu, je m'en souviendrais"
Me Schapira : "un soir, les pompiers viennent la récupérer chez elle. Vous êtes pompier, et juste à côté, des pompiers viennent récupérer votre voisine qui a fait une fugue d'une hôpital psychiatrique; A ce moment-là, vous ne savez pas qu'elle a des problèmes psychiatriques?"
Quentin : "elle aurait pu avoir une entorse. Et puis c'était un autre groupement qui intervenait".
Me Schapira : "lvous pensez que les forces de l'ordre ont compris qu'elle était folle ?"
Quentin : "oui, je pense qu'elle était très rassurante par son comportement."
- votre compagne a déclaré que les policiers ont dit qu'elle avait un pète au casque
- je ne m'en souviens pas
Me Hufnagel (défense) :"vous avez dit qu'elle était mielleuse avec les policiers, qu'est-ce qui vous fait dire ça?"
Quentin : "elle coopérait avec les forces de l'ordre. Je n'entendais pas de cri. Pour moi, c'est une manipulation et un changement de caractère"
Me Hufnagel (défense) : "être pompier c'est intervenir dans des contextes d'agression et la règle c'est ..."
Quentin la coupe : "... garder son sang froid"
- et de ne répondre à aucune agression.
- C'est vrai, mais là ça a touché à ma compagne et donc j'ai réagi différemment.
Me Hufnagel (défense), reprend les déclarations de Quentin au cours de l'enquête :
"elle es très bizarre, elle m'a dit qu'elle entendait des bruits. On aurait dit qu'elle était dans un état second. Elle ne s'adressait pas à moi, elle chantait. Je savais qu'elle était instable"
Me Hufnagel : "au regard de vos déclarations précédentes, vous dites toujours qu'elle est cohérente?"
Quentin : "elle était cohérente envers moi. Car on peut tuer un pompier avec le feu et c'est ce qui aurait pu se passer."
Charlotte, ancienne compagne de Quentin, s'est avancée à la barre : "j'ai 26 ans, je suis infirmière militaire. Au moment des faits, j'ai 19 ans, je suis étudiante et aussi réserviste des pompiers de Paris, un engagement qui a fait suite aux attentats du #13Novembre 2015".
Charlotte raconte la première rencontre avec l'accusée: "elle sonne à la porte et dit c'est pour vous dire qu'il y a un homme chez moi. Il n'y a pas de bruit. On la conseille gentiment d'appeler la police ou les pompiers."
Charlotte : "le jour des faits, j'arrive avec le repas vers 20h45. Dans le couloir, je sens une odeur de cannabis assez forte et j'entends la musique. Quentin est assez énervé, il n'arrive pas à se concentrer."
Charlotte : "vers 22h30-22h45, on entend des voisins qui tapent contre les murs, au regard de la musique trop forte. Et c'est ce que fait Quentin également. En réaction, elle met son enceinte contre la fenêtre de sa cuisine. On a l'impression qu'elle se fiche de nous."
Charlotte : "je dis à Quentin : "je vais essayer de l'apaiser."
Je l'entends se rapprocher de la porte, mais elle ne m'ouvre pas. Et elle m'insulte : "sale pute, retourner baiser ton connard de pompier".
J'ai bien compris qu'elle n'était pas dans l'optique de parler".
Charlotte raconte à son tour : l'appel aux forces de l'ordre, les bruits de vaisselle, les menaces "connard de merde, tu ne respectes pas les anciens, je vais te crever" etc.
Charlotte poursuit avec les coups dans la porte à l'aide d'un morceau de bois : "moi j'ai peur parce que je me dis que si le loquet cède, elle va rentrer et nous agresser."
A son tour, Charlotte raconte aussi le face à face avec l'accusée, dans la cage d'escalier : "elle me voit, elle a un petit rictus et elle dit à Quentin : "de toute façon, t'es pompier, t'aime les flammes, tu vas voir. Moi je me tire avant que ça pète"
Charlotte : "j'ai peur, j'intègre l'idée que ça va exploser. On sort de l'immeuble de manière précipitée. On se met à l'abri comme s'il va y avoir une explosion et ce n'est pas le cas. Quentin appelle alors le 18."
Charlotte : "je ne sais pas comment réagir. Ca me paraît totalement inimaginable qu'on soit partis, quelques heures avant, d'une demande de baisser la musique à ce feu."
Charlotte raconte la prise en charge d'une jeune femme qui s'est défenestrée : "je vois qu'elle a peu près mon âge, je récupère le matériel médical, je lui mets un collier cervical mais elle retombe en arrêt".
"Je vois les victimes qui arrivent au fur et à mesure".
Charlotte : "puis les secours se mettent en place et Quentin me dit "sors de la scène, on est trop impliqués". A ce moment-là, on redevient spectateur et c'est le plus propice aux traumatismes."
Charlotte : "depuis quatre ans, je perçois Essia B. comme un monstre. Depuis lundi, je comprends beaucoup de choses, j'ai besoin de comprendre ça pour me reconstruire. Mais quoi qu'il en soit, mêmes si elle n'était pas dans un état normal, je pense qu'elle mérite une sanction."
Me Schapira (défense) : "vous pouvez comprendre que ce soir-là, Essia B. peut avoir le sentiment de répondre à une injustice?"
Charlotte : "elle est dans un désir de vengeance"
- et ce sera pourquoi?
- elle avait certainement mon compagnon dans le viseur, de part sa fonction
Me Schapira (défense) : "est-ce que le sentiment d'injustice peut venir des énormes coups de pied que votre compagnon a mis dans sa porte?"
Charlotte : "non, il a frappé fort, c'est sûr. Mais ça ne justifie en rien ..."
Me Schapira (défense) : "lorsque quelques jours avant, elle vient chez vous pour vous parler de quelqu'un chez elle alors qu'elle est seule, qui parle toute seule, pour vous c'est normal?"
Charlotte : "c'est un peu étrange, mais on ne se dit pas qu'elle est folle".
Me Schapira : "et quand votre compagnon vous dit qu'il a trouvée sa voisine allongée dans le couloir en train de gratter sa porte et qui entend des oiseaux, vous pensez quoi?"
Charlotte: "on n'en parle pas. Il était stressé par ses examens, on avait d'autres sujets de discussion"
A la reprise de l'audience, le président fait diffuser un enregistrement réaliser par un voisin au moment des faits. On entend l'accusée crier, le tout entrecoupé de bruits de coups violents.
Sur l'enregistrement, l'accusée crie : "je vais te montrer ce que c'est que le feu là, nique ta mère. dégage. Tu respectes les anciens ? Dégage, fils de pute, tu bouges t'es mort. Tu entends ? Tu bouges t'es mort."
Valentine, 23 ans, ancienne habitante de l'immeuble s'est avancée à la barre : "à l'époque des faits, j'avais 19 ans, ça faisait un an et demi que je vivais au 2e étage de la rue Erlanger, j'avais un petit studio parce que j'étais étudiante."
Valentine : "dans l'immeuble, on entendait beaucoup les voisins, dont on prend l'habitude de ne pas prêter attention. Jusqu'au moment où les cris deviennent forts. Il y a des cris, je comprends qu'il y a un voisin et une voisine et qu'ils sont très énervés."
Valentine raconte la suite, le feu qu'elle découvre : "j'appelle les pompiers, je ne savais pas quoi faire, ils me disent d'évacuer. Donc je pars, mais après je retourne frapper aux portes."
Valentine : "je me souviens insiste beaucoup à une porte, au bout du couloir. Parce que c'était une vieille dame qui était un peu à l'ouest. Donc j'insiste, mais elle réponds pas. Mais je commence à avoir très chaud et le bout du couloir est déjà en feu. Donc je redescends."
Valentine : "on se réfugie dehors. On est face aux blessés, je vous passe les détails, mais c'est pas très agréable à voir. En plus, il fait froid. Finalement, on nous emmène dans un autre endroit. Vers 2h du matin, j'arrive enfin a avoir mes parents qui arrivent."
Valentine : "aujourd'hui, je suis encore en thérapie, je suis suivie et je subis encore le traumatisme. Et je n'ose imaginer, si moi j'ai réussi à sortir tôt, ce que c'est pour les autres et les familles endeuillées. J'espère qu'on va arriver à comprendre ce qu'il s'est passé".
Valentine : "je sais qu'il ne faut pas faire n'importe quoi avec le feu. Je me dis que je peux aussi aggraver la situation. Donc j'ai préféré appeler les pompiers et leur décrire la situation pour qu'ils me disent ce qu'il y a à faire éventuellement. "
Valentine : "quand on est arrivés dans un hall d'immeuble, il y avait des jeunes filles en pleurs, sous masque à oxygène. Il y avait des personnes nues qui étaient en train de se faire réanimer, un homme n caleçon, avec une couverture de survie, sans expression sur son visage"
La cour contacte le prochain témoin en visioconférence. Il s'agit de Marine M., aujourd'hui policière à Toulouse mais qui à l'époque des faits a fait partie de l'équipage de la BAC qui est intervenu suite à la dispute de voisinage.
Marine M. raconte avec rencontré l'accusée : "elle nous a expliqué que sa porte avait été dégradée par son voisin. Elle nous a fait constater les dégradations. Effectivement, un montant était cassé. Dans le studio, on avait constaté un grand désordre."
Marine M. : "puis, elle nous déclare qu'elle a été victime d'un cambriolage. Sa version change. Elle semble confuse. Devant ses propos qui ne sont pas cohérents, on est interloqués avec mon collègue. On comprend qu'on est devant quelqu'un qui n'a pas toutes ses facultés mentales"
Marine M. : "on apprend que le voisin va quitter les lieux. Etant donné qu'Essia B. est très calme, très aimable, on lui explique qu'on va quitter l'immeuble, on lui conseille de se coucher."
Marine M ; "elle était incohérente, mais elle ne semblait pas avoir besoin de soins. J'ai déjà été amenée à intervenir sur des personnes en crises; Là, elle ne nous a pas semblée délirante."
Président : "vous saviez qu'elle sortait de l'hôpital psychiatrique?"
Marine M. : "oui, elle nous en informe, mais elle ne nous présente pas de document."
Marine M. : "peut-être qu'elle présentait des troubles, en plus elle nous dit sortir de Sainte-Anne, mais au vu du fait qu'elle était calme, aimable, on n'a pas jugé nécessaire de l'amener à l'hôpital ou voir un professionnel de santé".
Présidente : elle vous semblait alcoolisée ?
Marine M. : "non
- quand elle a été interpellée, elle avait un taux d'alcool dans le sang.
Me Schapira (défense) : "vous nous avez dit qu'elle vous semblait incohérente, qu'elle vous semblait ne pas avoir toutes ses facultés mentales et qu'elle sortait d'hôpital psychiatrique ..."
Marine M. :"on est partis du principe qu'elle avait été libérée sur avis médical".
Me Léa Hufnagel (défense) : "vous n'avez pas prêté attention aux médicaments dans son appartement : une dizaine de boîtes et une trentaine de plaquettes disséminées.
des neuroleptiques, du valium, des anxiolytiques, des antidépresseurs?"
Marine M. : "on y a pas prêté attention."
A la reprise de l'audience après une pause, l'accusée Essia B. demande à pouvoir dire quelques mots. "Je voulais dire que j’avais été très émue par les témoignages des parties civiles. Et que ça m’a fait prendre conscience de mon acte."
Essia B. : "aujourd’hui, avec le recul de quatre ans de détention, je sais quand je suis en crise. Et là j’étais vraiment pas dans mon état normal. Je voulais encore m’excuser auprès de toutes les familles. Je sais que c’est très dur de leur demander pardon, mais je leur demande"
Place au témoignage d'un deuxième policier de la BAC intervenu ce soir-là. A son tour, il raconte l'intervention pour "une dispute de voisinage".
Le président : "vous avez le sentiment d'être passé à côté de quelque chose ?"
Le policier craque à la barre.
"j'ai 35 ans d'expérience de police, Des affaires, des interventions j'en ai fait des milliers. En général, j'attends toujours pour voir ce qu'il va se passer."
Patrick O. : "mais là, sachant que les jeunes gens avaient quitté les lieux, j'ai pensé qu'on pouvait partir.
Des différends de voisinage, on en a tous les jours sur Paris, les murs sont tellement fins que bon ..."
Patrick O., responsable de la BAC nuit depuis 20 ans : "depuis quatre ans, je me dis : "est-ce que j'ai pas raté quelque chose?". Je ne sais pas. Et là, les conséquences sont dramatiques."
Patrick O. : "l'appartement était en grand désordre, sale. Elle, elle était assise sur son canapé, fumait sa cigarette. Elle avait un peu un regard hagard. Mais elle n'était pas agressive."
Bonjour à tous,
Aujourd'hui, au procès de l'incendie de la rue #Erlanger la cour examine les conditions de l'intervention des pompiers. Premier témoin du jour : le lieutenant-colonel Xavier Guesdon.
Lieutenant-colonel Guesdon : "on a eu affaire à un incendie hors norme, ça n'arrive qu'une fois dans une carrière. Quant on est arrivé, il y avait énormément de gens aux fenêtres, ça n'arrive jamais.
Tout le monde a pris des risque insensés pour sauver 64 personnes."
Lieutenant-colonel Guesdon : "on n'a pas réussi à sauver tout le monde. On en est profondément meurtris. On a failli perdre des hommes. On a pris des risques insensés. Avec des échelles non accrochées, 19 kilos d'équipement sur eux."
Au procès de l'incendie de la rue #Erlanger, l'audience reprend. Le président indique d'emblée que la jurée numéro 5 est absente.
"Elle nous a indiqué qu'elle avait vécu elle-même un incendie dans lequel deux personnes étaient décédées et qu'elle se trouvait donc dans l'incapacité de pouvoir juger sereinement cette affaire", précise le président avant de remplacer la jurée par un des jurés supplémentaires.
Michelle, mère de l'accusée est la première à être entendue ce matin, "retraitée de l'enseignement supérieur".
"Je voudrais prendre une minute pour m'adresser aux victimes."
Bonjour à tous,
Vieux palais de justice de Paris. Salle Voltaire, ses boiseries, ses tapisseries, ses plafonds décorés.
Aujourd'hui, s'ouvre le procès de l'incendie de la rue Erlanger, survenu il y a quatre ans, quasiment jour pour jour.
Ce 5 février 2019, une banale dispute entre voisins pour cause de musique trop forte a abouti à un drame : 10 morts et des dizaines de blessés.
Dans le box aujourd'hui, celle qui a mis le feu à la porte de son voisin : Essia B., 44 ans, longs cheveux châtains, le regard absent
Aujourd'hui, devant la cour d'assises de Paris, s'ouvre le procès du streameur Mr WaynZ pour tentative de meurtre et viols sur des ex-compagnes.
Les détails ici > radiofrance.fr/franceinter/mr…
Après la constitution du jury d'assises et le rapport de la présidente, la cour entend les premiers témoins.
Tout d'abord, Jérémy, B. qui a "rencontré Yannick en ligne". "Petit à petit, on s'est vus, enfin on s'est vus en ligne plusieurs fois par semaine pour publier du contenu"
Jérémy : "il nous arrivait de nous voir réellement lors d'événements. Il y avait des hauts et des bas, il arrivait qu'on se dispute. Puis après, il a pris son envol sur Twitch.
Mais il vivait de rien, il était chez son beau-père. Moi, je l'ai un peu aidé financièrement."
Au procès de Clément Baur et Mahiedine Merabet, l'audience a donc repris pour statuer sur le renvoi du procès en raison d'une insuffisance d'effectifs parmi les magistrats.
Pour rappel, une magistrate qui compose la cour a été hospitalisée, son état de santé ne lui permet pas de revenir siéger avant plusieurs semaines au moins. Or, la cour ne dispose pas d'assesseur supplémentaire en raison d'un manque d'effectifs. Le procès doit donc être renvoyé.
Ce matin, la présidente de la cour d'assises, Corinne Goetzmann, ne cache pas son très vif mécontentement : "Je tiens avant tout à présenter toutes mes excuses pour cette situation que je trouve inadmissible."
D'après nos informations, le procès de Clément Baur et Mahiedine Merabet s'apprête à être renvoyé.
Pour rappel, l'audience a été suspendue lundi en raison de problèmes de santé d'une assesseure et surtout de l'absence d'assesseur supplémentaire, faute d'effectifs suffisants.
Cette audience, prévue sur un mois devait juger 12 hommes, dont Clément Baur et Mahiedine Merabet accusés d'avoir préparé un attentat pendant la présidentielle 2017.
Mais après plus de deux semaines de débats, une assesseure a du être hospitalisée.
Son "état de santé ne lui permet pas de reprendre son activité professionnelle avant plusieurs semaines", a indiqué la présidente de la cour d'assises dans un courrier aux avocats.