Thread by @ChPiret

Bonjour à tous,

En direct de la salle Victor Hugo, à l'étage d'une palais de justice de Paris pour l'ouverture du procès d'un attentat vieux de ... 43 ans.
L'attentat de #Copernic
Retour sur cette affaire hors normes à (ré)écouter ici > radiofrance.fr/franceinter/po…

Un procès qui s'ouvre à l'instant en l'absence du seul accusé, Hassan Diab, 69 ans, professeur de sociologie au Canada et qui a fait le choix de ne pas venir comparaître devant la cour d'assises spécialement composée de Paris.

"La décision d'Hassan Diab de ne pas comparaître devant votre cour est une grande infamie faite à votre juridiction", déplorent les avocats généraux alors que se pose la question de le juger par défaut ou de prononcer un mandat d'arrêt qui impliquerait le renvoi du procès.

"Nous ne pouvons pas nous permettre un nouveau renvoi, poursuivent les avocats généraux, ce procès doit se tenir compte tenu de l'âge d'un certain nombre de parties civiles, de témoins."
Le parquet national antiterroriste requiert donc qu'Hassan Diab soit jugé par défaut.

"Quel humain ne prendrait pas la même décision? Cette décision est humainement respectable. Elle n'est aucunement une quelconque lâcheté", plaide de son côté Me William Bourdon, avocat d'Hassan Diab.

Le président procède à l'appel des parties civiles. Nombre d'entre elles sont désormais décédées.
Beaucoup sont absentes et n'assistent pas à ce procès qui se tient, rappelons-le, 43 ans après l'attentat dont ils ont été victimes.

Même chose pour plusieurs témoins, décédés eux aussi, d'autres sont dans l'incapacité de venir témoigner "en raison de leur état de santé", d'autres encore sont introuvables.

"Le 3 octobre 1980 vers 18h35, une bombe de très forte puissance explosait à proximité de la synagogue de la rue Copernic ....", débute le président pour la lecture de son rapport.

L'audience reprend avec l'audition, cet après-midi, des deux premiers témoins du procès.
A commencer par un enquêteur de la DGSI, entendu par visioconférence de manière anonyme, sous le matricule SI 1331194.

Ah, en fait, le témoin nous explique qu'il n'est pas vraiment enquêteur mais que son "travail consiste à analyse les éléments du phénomène terroriste".
Il prévient : "ma déposition aura une dimension très historique, sur des problématiques qui ont soit évolué, soit disparu"

Et le témoin de revenir sur l'histoire du conflit israélo-palestinien et l'essor du mouvements nationaliste arabe (MNA) dont le slogan était "unité, libération et revanche".

Le 11 septembre 1967, poursuit le témoin, le Front populaire de libération de la Palestine est créé.
C'est la branche armée de ce mouvement qui est, selon les éléments de l'enquête, à l'origine de l'attentat de Copernic, en octobre 1980.

Le témoin poursuit l'histoire du FPLP et ce qui a constitué les "jalons de l'histoire du terrorisme moderne", selon lui.

Dans son rapport, le témoin évoque deux attentats qui ont été attribué au FPLP peu après celui de Copernic et qui présentent des similarités : à Nairobi au Kenya le 31 décembre 1980 (14 morts) et à Anvers en Belgique le 27 juillet 1981 (un enfant tué et 19 autres blessés).

Le 2e témoin de l'après-midi est Majed Nehme, 76 ans, ancien journaliste, spécialiste de la politique arabe. Il déroule son CV : ses études au Liban, son encyclopédie en 7 volumes, son rôle de rédacteur en chef d'une revue, sa retraite en 2007 etc.

Témoin qui explique avec force que seul le groupe palestinien d'Abou Nidal "est capable de perpétrer une action telle qu'un attentat abject comme celui de la rue Copernic" et donc pas le FPLP auquel l'enquête attribue pourtant l'attentat, via l'accusé Hassan Diab.

"Quel est votre légitimité pour parler du FPLP ?" interroge l'avocat général.
"Je suis un chercheur", répond le témoin Majed Nehme qui répond qu'il a dirigé une encyclopédie de 7000 pages et connaît bien le monde arabe.
- vous avez été en contact avec des membres du FPLP?
- non

"Donc vos sources, ce sont les livres ...", poursuit l'avocat général.
"Mais Abou Nidal n'a jamais revendiqué #Copernic "
"C'est dans plein de sources. Même sur Wikipedia", rétorque le témoin.
- Si le niveau c'est Wikipedia ...
"Ne soyez pas péjoratif", intervient Me Bourdon.

"Je n'ai pas très bien compris et je crois que c'est un sentiment globalement partagé après vos déclarations, basées sur des connaissances assez limitées puisque vous-mêmes vous interrogez sur les raisons de votre présence ici", assène Olivier Dabin, 2e avocat général au témoin.

Avocat général : "pour vous l'attentat de la rue des Rosiers a été revendiqué par Abou Nidal?"
Majed Nehme : "Oui"
- on peut s'arrêter là. Ca montre toute l'étendue de votre ignorance. C'est une enquête qui dure depuis 38 ans, mais ça n'a jamais été revendiqué par Abou Nidal.

Ce moment où le témoin, interrogé sur la situation de l'administration à Beyrouth pendant la guerre civile, rétorque "c'était mille fois mieux que maintenant".

L'audience est suspendue après cette première journée de procès qui doit durer jusqu'au 21 avril.
Compte-rendu d'audience dans le journal de 18h de @seblaugenie sur @franceinter