Thread by @ChPiret

Bonjour à tous,

Au procès de l'attentat de la rue #Copernic , attaque à la moto piégée survenue il y a 43 ans et qui a fait 4 morts, le président s'apprête à lire les auditions de l'accusé Hassan Diab.

A lire les auditions puisque celui-ci, professeur de sociologie au Canada, n'assiste pas à son procès.

Mais, les premières auditions ne donnent pas vraiment matière à lire au président puisqu'Hassan Diab a d'abord fait usage de son droit au silence.

"Il faut attendre janvier 2016, Hassan Diab a changé d'avocat et le juge d'instruction n'est plus le même", explique le président.
Hassan Diab décide alors de répondre aux questions du juge d'instruction, clame son innocence et "exprime [s]a plus ferme condamnation de ces actes"

Hassan Diab s'est confié sur son parcours, sa vie au Liban, "la natation, le foot", ses études "en sciences sociales" à l'université de Beyrouth et les examens qu'il passait au moment de l'attentat de #Copernic selon lui.

Interrogé sur ses positions politiques, sa vision du conflit israélo-palestinien, Hassan Diab indique au juge d'instruction : "je n'ai rien à faire avec le problème palestinien en général. Je ne me suis jamais intéressé au conflit palestinien."

"Je ne suis pas impliqué dans cet attentat, je n'en connais pas les auteurs, je ne sais plus exactement où je me trouvais le 3 octobre 1980 mais à cette époque, j'étais à Beyrouth", affirme encore Hassan Diab au juge d'instruction lors d'un autre interrogatoire de janvier 2016.

Quand à son passeport (élément crucial dans la procédure), Hassan Diab explique au juge d'instruction avoir perdu une sacoche attachée à sa moto. "Je n'ai pas réalisé tout de suite la perte de mon passeport, c'est surtout la perte de mon sac qui m'avait marqué".

"Comment expliquez-vous que votre nom sorte du chapeau?", interroge un jour le juge d'instruction sur base de rapports des services de renseignement.
"On m'a un jour dit qu'il y avait 45 000 Hassan Diab sur Google.
Dans ma petite université, on était déjà 4 ", répond celui-ci.

A l'audience, arrive un ancien étudiant de l'université de Beyrouth, qui a côtoyé Hassan Diab à l'époque des faits. Il a aujourd'hui, 62 ans.
"On s'est rencontré à l'université en 1979, on étudiait la sociologie. C'était un ami, mais je ne l'ai plus revu depuis 1986."

Hussein Saleh : "je n'ai plus souvenir qu'Hassan Diab était dans un parti politique quelconque."
Président : "et il parlait au moins de politique ou s'y intéressait?"
- pas vraiment
- Hassan avait une moto, un blouson en cuir. Il n'était pas vraiment intéressé par la politique.

Président : "c'est assez banal d'avoir une moto et un blouson en cuir en 1980, non?"
Hussein Saleh : "non, c'était le seul de l'université. Il n'était pas impliqué par les sujets politiques comme tout le monde. Il était dans sa bulle."

Avocat général : "est-ce que c'était un bon élève?"

Hussein Saleh : "oui, il était plus assidu que moi".

Me Apolline Cagnat (défense) : "est-ce que vous vous souvenez d'absence prolongée d'Hassan Diab pendant vos trois années de licence?"

Hussein Saleh : "honnêtement, non, je ne me souviens pas."

Me William Bourdon (défense) : "est-ce qu'on peut dire qu'Hassan Diab était populaire?"
Hussein Saleh : "oui"
- vous le voyiez souvent?
- 2 à 3 fois par semaine
- s'il s'était absenté, vous l'auriez remarqué?
- oui

Me Bourdon (défense) : "pourriez-vous dire qu'Hassan Diab était marxiste?"
Hussein Saleh hésite : ... oui
- dans les discussions, qu'est-ce qu'il laissait transparaître?
- on ne parlait pas vraiment de politique.

En attendant le prochain témoin, le président reprend la lecture des interrogatoires d'Hassan Diab par le juge d'instruction : "avez-vous des compétences en chimie ou en physique?"
- non, j'étais nul en chimie et en physique, je n'y comprenais rien.

Nadim Copty, témoin suivant, 57ans, professeur d'université, s'avance à la barre.
Il est le frère de la première épouse d'Hassan Diab, Nawal Copty.

Ce moment où le président s'interroge : "madame le greffier, avez-vous une idée de la prestation de serment pour le frère de l'ex-épouse?"

[la réponse est : pas de prestation de serment en raison du lien parenté avec l'accusé]

N. Copty : "j'ai connu Hassan Diab dans les années 1980, il n'avait pas vraiment d'intérêt pour la politique ou la cause palestinienne."
Président : on ne lui reproche pas d'avoir été sympathisant de la cause palestinienne, mais d'avoir été membre du FPLP et auteur d'un attentat.

Nadim Copty : "Hassan Diab venait souvent à la maison, on pratiquait du sport ensemble, on regardait les matches à la télé, on jouait aux échecs. A cette époque, on restait souvent à la maison car les rues n'étaient pas sécures."

Me Apolline Cagnat (défense) : "pour quelle raison votre soeur et Hassan Diab ont quitté le Liban en 198è?"
Nadim Copty : "pour les mêmes raisons qui ont fait que toute notre famille a quitté le Liban. La situation n'était pas du tout bonne à cette époque-là."

Me Cagnat (défense) : "Hassan Diab vous apparait-il comme quelqu'un capable de violence?"

Hussein Saleh : "non, il n'a jamais eu de propos antisémite devant moi. Il a toujours été tolérant, contre la violence."

Depuis le Canada (via une visioconférence d'assez mauvaise qualité), la mère de l'ex-épouse d'Hassan Diab est maintenant entendue par la cour.

"Nous aimions bien Hassan Diab, même si nous sommes chrétiens et qu'il est musulman", explique son ex belle-mère à l'audience.
Elle raconte qu'il jouait souvent le chauffeur pour la famille : "car c'était plus facile pour un musulman de passer les check-points à l'époque."