Thread by @qffwffq

Oh un lapin !
Donc un thread.
Parce que #UnLapinUnThread

Et parce qu'on n'est pas loin de Pâques on va faire dans le zombie.

Nan parce que je vous connais : un thread sur les mécanismes des anti CD20 tout le monde s'en tape, mais un thread sur LA MORT, y'a du monde.

Du coup, on va parler d'une étude

Une énorme étude

En santé pub une bonne étude c'est 10 000 000 patients

En cardio c'est 10 000

En neuro c'est 100

Là on est sur...4

4 patients.

Mais bien hein !

Enfin pas tout à fait parce que c'est 4 patients qui meurent pendant un EEG

Et que du coup des chercheurs (ref à la fin, surtout que l'article n'est pas protégé par un firewall), ont pu regarder ce qui se passe dans un cerveau mourant au moment précis de la...mort.

Et il se passe des choses (le suspense est intenable bien qu'on connaisse le dénouement)

Mais pour comprendre, petit rappel des faits.

Un EEG c'est ni plus ni moins qu'un enregistrement cutané (sur le crâne) des activités électriques du cerveau.

Dit comme ça a l'air facile sauf qu'un cerveau c'est une pelote complexe de neurones reliés entre eux dans tous les sens

Et que l'électricité générée dans les neurones et propagée entre eux est de très faible intensité (sinon on serait morts).

De plus, entre le cerveau et les électrodes il y a la peau, du gras, du muscle, de l'os, des méninges et de la flotte.

Tout ça ça donne des résistances ou des diffusions du signal électrique qui au total font que le signal enregistré en surface n'est pas très précis. On peut savoir de quelle grosse région il vient mais pas plus.

Par contre on peut, là encore avec certaines limites, analyser la nature du signal : son amplitude, ses variations, la fréquence de certaines de ces variations...etc.

Et tout ça a été classé depuis presque un siècle.

Du coup on sait par exemple que si vous ne faites rien, les yeux fermés, l'activité normale enregistrée dans la partie postérieure de votre cerveau ressemble à une sorte de sinusoïde à 8 Hz. Ça s'appelle un rythme alpha.

Moins vos neurones sont actifs, plus cette fréquence diminue. Entre 4 et 8 Hz par exemple c'est un rythme thêta et ça se voit quand votre cerveau somnole ou qu'une pathologie X ou Y l'empêche de fonctionner normalement (je simplifie beaucoup).

Entre 1 et 4 Hz ça s'appelle un rythme delta et c'est, comment dire, pas bon du tout. On est sur de la souffrance cérébrale et faute de traitement (quand il existe) ça se termine souvent mal.

Et entre 0 et 0 Hz, bah.... Voilà quoi. Y'a plus personne qui habite votre corps.

Donc plus on meurt, si on peut dire, plus la fréquence de l'activité cérébrale tend vers zéro.

Jusque-là, c'est pas très compliqué à comprendre.

Mais il existe également des rythmes plus rapides

On ne va pas se taper tous les détails mais quand vous êtes à fond (un peu comme un PC quand vous entendez le ventilateur tenter un décollage) les régions qui fonctionnent au maximum ont une fréquence de signal au-delà de 50 Hz

Pour faire bien, on peut parler de rythme gamma.

Et donc si vous avez bien compris cette histoire de fréquences, plus une zone du cerveau est active, plus la fréquence de l'activité électrique qu'elle génère est élevée, avec au maximum, un rythme gamma.

Revenons-en à la mort

Pour l'histoire, dans la mesure où pour des vagues questions d'éthique on n'a pas le droit de coller des électrodes d'EEG à chaque personne en fin de vie, c'est un hasard si les chercheurs ont réussi à enregistrer ce qui se passait chez ces quatre personnes

Mais ce qui aurait été cohérent avec ce qu'on connaît de l'activité cérébrale, ça aurait été d'enregistrer un rythme thêta diffus, puis delta, puis... rien.

Et surprise...pas du tout.

On a enregistré du gamma.

Pour être précis, au moment de la mort, cette fréquence associée à une forte activité cérébrale, a été enregistrée dans une région cérébrale dont on pense qu'elle est le siège des rêves, des hallucinations visuelles, et des états de conscience altérés (~ les demi sommeils par ex)

Pour le dire autrement, sur cet énorme échantillon de population, et avec les par contre tout à fait énormes limites de localisation du signal par un EEG, et les non moins tout aussi énormes limites de nos connaissances sur le rôle des différentes régions cérébrales...

...avant de mourir, les gens qui ont été enregistrés au cours de cette étude...on fait des rêves avec des visions, dans un état de demi conscience.

Bref, ils ont vécu quelque chose.

Mais quoi ?

Bah ça on n'en sait rien.

Que ce soit le grand tunnel avec la lumière au bout et l'arrivée dans la station du RER A a Gare de Lyon, ou que ce soit l'apparition de gens proches, ou au contraire la matérialisation de Cthulhu itself... On ne peut pas le dire.

Mais ils ont vécu un truc, et cette étude ajoute des arguments en faveur de ceux qui pensent que les récits de near death experience ont un substrat biologique.

Pour la ref, voilà l'article original.