Thread by @lmgaveriaux

🗞️🇹🇷J’aimerais que ces confrères, qui ont annoncé la probable défaite d’#Erdoğan ces derniers mois fassent leur sérieuse autocritique, pour une fois

- oui je sais, je ne vais encore pas me faire des amis. Mais les conséquences sur le débat public sont trop graves

https://twitter.com/ikalin1/status/1658181477190754324

Effectivement, aujourd’hui, les cadres du parti peuvent s’en donner à cœur joie.

Et les journalistes indépendants turcs en deviennent des ennemis du peuple, alors qu’ils sont plus que jamais nécessaires et souffrent d’une mise sous coupe de la presse libre.

Je n’ai pas cru une seconde que c’était la fin du règne d’#Erdoğan ; en prenant mon risque d’une erreur de diagnostique, car il y a malgré tout une élection, avec une campagne inéquitable, mais un réel scrutin, et peu de fraudes (habituellement).

Bis repetita pour le 2nd tour.

Mais le visage de cette #Turquie d’aujourd’hui a été façonné par des années de resserrement intellectuel dans les universités, de désinformation et bouclage des médias indépendants, de pan-turquisme teinté d’idéologie guerrière. On ne balaye pas ça en une élection pour…

..un candidat choisi faute de meilleur consensus.

#Kiliçdaroğlu est probablement le personnage le plus constant mais le moins charismatique de la scène politique turque (on ne va pas ressortir certains papiers qui le présentaient comme sauveur providentiel… 🤷‍♀️

Je n’ai pas cru une seconde que l’#AKP tomberait face à une coalition large mais hétéroclite et sans projet politique commun crédible - ils ne sont d’accord sur à peu près rien, sauf "battre #Erdoğan.

Ce n’était pas juste un pari que de le dire :

c’était mobiliser ce que je sais de la #Turquie telle qu’elle vit, loin des faubourgs cosmopolites urbains et progressistes d’Istanbul. Ou même loin du Sud-Est, où les médias ont afflué suite au tremblement de terre, mais qui est traditionnellement pro-Kurde et anti-#AKP.

Ne pas le voir était, enfin, sous-estimer le génie politique d’#Erdoğan, dont l’équipe prépare, depuis six mois, une élection en deux tours, avec une avance de 3 points.

Ceux d’entre nous qui leur parlent vous l’avaient dit. Et c’est ce qu’ils obtiennent, so far.

Car oui, il faut aller sur le terrain, parler des luttes de l’opposition et de la société civile contre l’arbitraire de la justice et les abus policiers.

Mais il faut aussi parler à l’AKP : j’appelle et je questionne l’entourage d’#Erdoğan comme je le ferais en France !

J’ai couvert la guerre de 2015-2016, les crimes contre les civils, la montée de la violence contre les femmes, le coup d’Etat et la répression, le retour de la torture dans les postes de police. J’ai des amis journalistes et militants environnementaux en exil, en prison, morts.

Personne ne peut croire que je suis heureuse de voir #Erdoğan survivre à tout ça

Mais nous avons un devoir de dire ce qui est, ce n’est pas un principe décoratif, pour se gausser de déontologie : ce que nous écrivons, et publions a des conséquences sur la conversation collective

Et croyez moi, tandis que la campagne de second tour commence, nous sommes devenus les meilleurs alliés de l’#AKP :
Nous sommes "ces journalistes occidentaux qui méprisent le peuple turc et veulent lui imposer un régime politique", face au "rais, #Erdoğan, qui triomphe de tout".

Ps : @ikalin1 qui a fait le tweet originel avec les couvertures de magazine est probablement le conseiller le plus proche de @RTErdogan

Ps : de manière générale, c’est mieux de suivre des correspondants, ou des journalistes qui se rendent régulièrement en #Turquie, que des éditorialistes qui comparent Erdoğan a Trump et Bolsonaro depuis Paris…