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Mar 27 29 tweets 5 min read Read on X
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
"Il m'embrasse de nouveau et met sa main dans ma culotte. Puis il m'attrappe pas le bras, m'assied de force sur une chaise, m'écarte les jambes et commence à me faire un cunnilingus. J'essaie de repousser sa tête, puis je me suis enfermée aux toilettes", poursuit Rania.
"En sortant des toilettes, il était en train de se masturber. J'ai pensé : ce mec là ne va jamais s'arrêter. J'ai senti du danger, qu'il pouvait être violent. Alors j'ai proposé qu'il se masturbe devant moi et que moi je simule un orgasme, sans le toucher car il me répugnait".
"Il a éjaculé par terre. Alors j'attrapé du Sopalin pour lui donner. Et je me suis dit que je pouvais en profiter pour récupérer mes affaires et m'enfuir", poursuit Rania dans son récit. Une fois rentrée chez elle, elle "s'effondre".
Le lendemain, Rania lui écrit par message : "je suis sous le choc". "Et il m'a répondu : "pourquoi?". Alors j'ai décidé de ne plus communiquer avec lui. Je suis partie travailler. J'avais déjà essayé des drogues, mais là je me sentais comme en pilote automatique."
"Mais comme j'avais pu échapper au pire, je me disais que finalement je m'en étais bien tirée", explique encore Rania. "Mais en réfléchissant, je me suis rappelée que ce n'était pas du tout normal, que j'étais juste partie faire des photos."
"S’il y a un rdv dont je me souviens c’est bien celui-là", déclare Salim Berrada quand vient son tour. "Je lui ai proposé de faire des photos, qu’on boive, qu’on écoute de la musique."
"Il y a eu trois shooting : un premier puis en chemise en dentelle, puis en chemise et culotte blanche. Et le tout s’est fini à 20h39 ... à peu près", poursuit Salim Berrada sur son récit des faits.
"On flirtait même pendant les photos qui étaient assez intime. A un moment, elle a même mis mon doigt dans sa bouche, personne ne me croira quand je dirai ça. Puis elle est venue contre moi en regardant les photos et on s’est embrassés", raconte encore Salim Berrada.
"Elle était presque dominatrice, elle m’a dit : “aujourd'hui c'est moi qui décide”. Et moi, ça me plaisait comme nouvelle façon de faire les choses. Elle m’a dit “je ne jouis pas facilement, tu verras”. Et je lui ai dit : “je prends le challenge”," poursuit l'accusé.
"Aujourd’hui, la personne que je vois ici et ce que j’ai vécu ce sont deux choses différentes", lâche-t-il encore au sujet des faits dénoncés peu avant à la barre par Rania.
Pour appuyer ses dires, l'accusé sort une feuille sur laquelle il a noté les horodatages issus du dossier : "la dernière photo était à 20h39, son amie l'appelle à 21h57 ... ce qu'elle décrit en presque deux heures, c'est impossible."
"Personne ne rencontre une femme sur Tinder en disant : “je veux une relation sexuelle”", affirme l'accusé.
"Sur les appli de rencontres, il y a plein de cas où les conversations sont du type “t’es chaude pour ce soir?”. Vous n'êtes de mauvaise foi ?", relève une assesseure.
"Pourquoi dans vos approches sur Tinder, vous n’annoncez pas clairement votre envie d’une relation sexuelle ?", s'étonne encore l'assesseure.
"Parce que j’aime la progression, le fait de ne pas savoir. Ca rend les choses plus intéressantes", répond Salim Berrada.
Me Vignola, avocate de la dernière partie civile dont il est question à ce procès "c’est la dernière fois que je vous pose cette question ...."
Salim Berrada : "le miroir ?"
"- Le miroir de la réalité : quand allez-vous le regarder ? Ca vous fera du bien ...
- Vous n’étiez pas là
"Je n'ai jamais drogué personne. Je n'ai jamais eu de mode opératoire pour violer personne", insiste encore Salim Berrada. "Qu'on le comprenne ..."
"Nous en sommes à la 17e personne qui dit : “j’ai conscience de la gravité de mes accusations et de la peine encourue”, rappelle l'avocat général.
"Mais elles accusent qui ? Celui qui est considéré comme le pire monstre, c'est presque une cause noble, répond Salim Berrada.
"Vous avez une vision de l'humanité assez inquiétante", déplore l'avocat général. Je n'ai rien de plus à ajouter si ce n'est que vous terminez votre dernier interrogatoire sur la dernière victime en beauté".
"Monsieur, vous avez été entendu à 17 reprises. Est-ce que vous avez appris quelque chose à cette audience?", interroge le président dans l'interrogatoire récapitulatif de l'accusé.
"J’apprends des choses et mon cheminement continue a avoir lieu", assure Salim Berrada.
"J’ai écouté avec attention chaque témoignage. Pour comprendre car je veux réellement comprendre", poursuit l'accusé.
"Qu’est-ce que vous voulez comprendre ? Leur attitude à elles ou votre personnalité à vous ?", rebondit le président.
- Les deux.
"Je cherche à comprendre ce qui m’a amené à me retrouver devant vous, à répondre de 17 accusations, alors que rien dans ma vie ne pouvait laisser le présager. Tout me destinait a avoir un avenir brillant", poursuit Salim Berrada.
"Il y a des personnes ici dont je suis convaincu du mal-être. D’autres personnes mentent, je le sais, j’en suis persuadé. Mais elles pensent réellement dire la vérité et servir une cause qui est noble et que ça vaut la peine de mentir", ajoute l'accusé.
"Il y a des personnes qui ont couché avec moi pour faire bonne figure alors qu'elles n'en avaient pas réellement envie. Il y en a qui a qui ont couché avec moi pour avoir leurs photos et quand elles n'ont pas eu les photos ont subi un abus", explique encore Salim Berrada.
"Vous estimez avoir eu un comportement immoral plus qu'illégal, c'est ça ?", résume le président.
Plus qu'immoral. Abject. Par exemple "Charline", j'ai couché avec elle alors qu'elle était très jeune. Elle m'admirait. Et je l'ai jetée dehors comme un malpropre", répond l'accusé.
"Quand je lis la presse, j'ai l'impression qu'on parle de quelqu'un d'autre : un être machiavélique. En fait, j'étais un homme parfaitement égoïste. J'étais dans une fuite en avant sans penser que ces femmes vivaient différemment la situation", poursuit l'accusé.
"Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, j’ai grandi à l’adolescence avec l’obligation de me débrouiller seul. Et la seule chose que j’ai développé c’était : aller à l’école, devenir intelligent et me servir de cette intelligence pour réussir", explique encore l'accusé.
"Tout me destinait à devenir rien. Malheureusement, j’ai développé un certain cynisme par rapport à l’être humain car je voyais autour de moi des choses sombres et je n’arrivais pas à avoir un vrai lien avec les gens", poursuit Salim Berrada.

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Apr 25
Bonjour à tous,
Après une pause hier, le procès de la Grande mutation devant la 13e chambre correctionnelle de Paris reprend avec les dernières auditions de parties civiles. Puis viendront les interrogatoire des prévenus, à savoir six cadres de l'organisation sectaire.
Emmanuelle s'avance à la barre. Elle est l'aînée d'une des anciennes adeptes de la Grande mutation.
"Quatre enfants, enfance heureuse, une mère aimante".
C'est autour de 2005, que sa mère commence à fréquenter la Grande mutation, "emmenée par un rabatteur à Dijon".
"C'était un médecin qui était le rabatteur de la Grande mutation à Dijon. Il a été radié depuis, mais à l'époque il avait une vraie plaque de médecin", explique Emmanuelle à la barre. "Du coup, elle allait à Paris aux conférences et entretiens individuels".
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Mar 28
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Read 25 tweets
Mar 22
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."
Read 53 tweets
Mar 19
Retour au procès dit du #VioleurdeTinder devant la cour criminelle départementale de Paris.
Salim Berrada, ancien photographe de mode, comparaît depuis hier pour les viols et agressions sexuelles de 17 jeunes femmes qu'il avait contactées pour de séances photo.
Cet après-midi les premières parties civiles témoignent à la barre. Louise (le prénom a été modifié) a tout d'abord raconté l'agression sexuelle qu'elle dit avoir subie de l'accusé. "Soudainement, il s'est jeté sur moi, il m'a embrassée avec la langue. Je ne voulais pas"
A la barre en ce moment, Caroline, maquilleuse qui a travaillé avec l'accusé.
"Avec l’affaire Salim Berrada, il y a eu un avant et un après : les gens ont commencé à parler"
"C’est un peu le #MeToo de la photographie ?" relève le président.
- C’était avant MeToo, mais oui.
Read 21 tweets
Mar 18
Bonjour à tous,
Palais de justice de Paris, île de la Cité.
Dans la (petite) salle Diderot s'ouvre aujourd'hui le procès de Salim Berrada, ancien photographe de mode de 38 ans. Surnommé le #VioleurdeTinder , il comparaît pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes.
L'accusé, petites lunettes rondes, coupe afro, collier de barbe, est installé dans le box vitré.
Il avait été remis en liberté après un peu plus de deux ans de détention provisoire ... avant d'être réincarcéré à la suite de nouvelles plaintes pour viol.
Sur les bancs de bois de la salle d'audience criminelle départementale, plusieurs parties civiles. Ce femmes qui ne se connaissaient pas dénoncent toutes un scénario très similaire sur ces rendez-vous pour une séance photo qui ont tourné au viol.
Read 27 tweets
Feb 28
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, nous sommes au tribunal judiciaire, quartier des Batignolles. Une salle du 4e étage pour le procès de l'influenceur d'extrême-droite Papacito devant la 17e chambre correctionnelle.
Le Youtubeur toulousain encourt sept ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour provocation publique, propos homophobes et incitation à commettre une atteinte à l'intégrité physique d'une personne.
En l'occurrence, la personne visée dans 2 vidéos du youtubeur est le maire de Montjoi, village de 169 habitants où un banal litige sur l'usage d'un chemin rural a viré au règlement de compte sur les réseaux sociaux.
Harcelé et menacé de morts, le maire du village a porté plainte
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