Cadeau du matin, le WTF du mois de l'Académie française, suite à la mise à jour mensuelle de sa rubrique « dire, ne pas dire »… 🧵⬇️ academie-francaise.fr/des-carottes-f…
On nous y « rappelle », tenez-vous bien, que le « french » (sans majuscule, NDLR) de « french fries », n'a rien à voir avec les Français mais est…
Flairant méchamment le BS de 1ère catégorie, j'investigue un peu…
L'@OED comme le @MerriamWebster font remonter 'French fries' à la fin du 19e s. aux États-Unis :
On voit mal pourquoi des Américains des années 1880, même immigrés irlandais, seraient allés chercher un verbe d'une langue parlée entre le 7e et le 10e s. pour désigner cette spécialité culinaire.
De fait, selon @OED son étymologie convoque bien l'adjectif 'French' :
Mais bon, sait-on jamais, je fais quand même une recherche web sur 'French fries' + 'Old Irish' :
La théorie est répercutée sur nombre de sites web, dont strictement aucun ne jouit d'une quelconque autorité en matière de langue irlandaise.duckduckgo.com/?t=ffab&q=%22F…
Plus drôle : presque tous affirment que 'to french', en vieil-irlandais, signifie 'to cut, to slice', oubliant au passage que 'to french' n'a morphologiquement rien d'irlandais.
Il existe en revanche un verbe culinaire 'to french', qui signifie en effet, soit « séparer la viande de l'os », soit « couper en julienne »… mais l'anglais le doit également au nom et à l'adjectif 'French' :
Dernière étape, devinez quoi, il existe des dictionnaires de vieil irlandais, dont celui-ci, consultable en ligne :
Et là, on a beau chercher 'cut', 'slice', 'mince', on ne trouve rien qui ressemble de près ou de loin à 'french'.dil.ie
Au cas où, une recherche dans un dictionnaire d'irlandais contemporain ne donne rien non plus. 'Cut/slice' se dit 'gearr', 'mince' se dit 'mionaigh'… focloir.ie/en/dictionary/…
Après, si un·e #gaeilgeoir confirme les dires de l'Académie, je ferai amende honorable.
En attendant, tout porte à croire qu'ils ont encore raconté nawak avec leur « rappel » sorti d'une première page de recherche Google.
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Allez, je vous parle de ce qui est sans doute un des plus gros fails de traduction anglais-français de l'histoire du cinéma, mais dont à peu près personne ne se rend compte : le JE SUIS TON PÈRE de Darth Vader (pardon, Dark Vador)…
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Rappel du contexte : dans cette scène culte de l'Episode V (L'Empire contre-attaque), Luke Skywalker est mis en difficulté par Vader qui vient de le priver de sabre laser et, accessoirement, de sa main droite.
Vader profite de son avantage pour lui faire un speech en mode « viens chez moi j'ai les meilleures bières » et « au fait ton vieux pote Obi Wan t'a jamais dit ce qui était arrivé à ton père ».
Luke : « même pas vrai, il m'a dit que tu l'avais tué, na ».
Dans un premier temps, examinons le dispositif.
Cœur 🫶 sur les gens qui ont cru qu'ils avaient tout compris en repostant le sondage assorti d'un « les deux sont fausses ! »…
Mes intentions réelles leur ayant échappé, mon protocole s'en trouvait implicitement validé.
Car là n'était pas la question : il s'agissait d'opter pour celle des deux qui serait « à bannir », pas « fausse », donc d'émettre un jugement prescriptif — ou plutôt proscriptif.
Décidément chatouillé par le @TractLinguistes, le @FigaroPlume propose de temps à autre des articles manifestement destinés à répliquer à tel ou tel point du tract.
Cette semaine, riposte au point 1, « le français n'est plus "la langue de Molière" »… 🧵⬇️ lefigaro.fr/langue-francai…
C'est Jean Pruvost qui se prête à l'exercice de l'entretien. Sans surprise, même s'il reconnait que la langue évolue sans cesse et que le français du XVIIe s. n'est ni plus ni moins « parfait » que celui d'autres époques, il martèle le caractère exemplaire et éternel de Molière…
… ce qu'il illustre de force citations, la plus récente remontant à… 1940. On repassera donc pour la pertinence contemporaine de la réponse.
Il dresse aussi un parallèle avec Shakespeare, qu'il crédite comme beaucoup de l'invention de mots et expressions, dont "in a pickle"…
@monsieurkaplan Je vous rejoins sur un certain nombre de points :
- la presse écrite a en effet besoin d'édicter des règles à destination de ses journalistes, ne serait-ce que pour assurer un minimum d'homogénéité à l'échelle du journal.
@monsieurkaplan C'est aussi le cas dans certaines professions qui ne s'accommodent pas, ou peu, de variation sur ce plan. On peut citer le contrôle aérien, dont les enjeux sont vitaux (comme le sens de circulation routière que vous venez d'évoquer). Rien de tel dans la conversation quotidienne.
@monsieurkaplan - toute innovation (ou ressuscitation) linguistique rencontre, dans un premier temps, certaines résistances dues au manque d'habitude. Être déstabilisé par tel ou tel usage, ce n'est pas la même chose que ne pas le comprendre.
Va quand même falloir se faire à l'idée que « je vous partage qqch » n'est PAS un emploi fautif (ou alors faut être au clair sur les critères sur lesquels on décide de ce qu'est une « faute »).
Allez, bref fil 🧵⤵️
Est-ce qu'on rencontre cet emploi de plus en plus depuis le développement des réseaux sociaux ? C'est probable, mais logique puisque la raison d'être des réseaux sociaux est justement… le partage, et qu'on y passe nous-mêmes un certain temps.
Ce n'est pas pour cela que c'est une nouveauté : celles et ceux qui en ont l'impression sont en fait sujets à un biais cognitif nommé par le linguiste Arnold Zwicky « illusion de récence »… en.wikipedia.org/wiki/Recency_i…
Listen up, journalists: the apostrophe is neither grammar (@Telegraph ) nor punctuation (@guardian ). It's orthography and, as such, is a *convention* — and a fairly inconsistent one at that, like most English spelling. 🧵⬇️telegraph.co.uk/news/2023/11/1… theguardian.com/uk-news/2023/n…
Grammar is mostly concerned with syntax and morphology, while punctuation mainly stems from the need to represent pauses in speech, with the sometimes added preoccupation of indicating different types of relationship between phrases or clauses.
Rule n°1: the apostrophe marks an elision: "it's" for "it is", "you've" for "you have", etc.
There should, therefore, be no apostrophe to mark the plural, as nothing is elided there. BUT usage varies with acronyms ("MPs" or "MP's") and numbers ("the 1980s" or "the 1980's"). 🤷♂️