Ce qui me marque le plus avec cette problématique de l'AMOC, c'est le biais qu'une large majorité des quidams comme des passionnés ont de ses impacts potentiels et la manière dont les médias passent à côté de l’essentiel. Un petit fil pour en parler ⬇️🧶
Depuis les débuts des études sur le sujet, dans l'imaginaire collectif ou en tout cas au moins celui des passionnés, cette potentielle rupture de l'AMOC est vue comme un déclencheur d'un potentiel refroidissement massif du climat européen.
Ce biais dans nos représentations a été largement amplifié par les médias (combien de titres racoleurs avons-nous pu avoir sur le sujet "une glaciation menace l'Europe" ces dernières années...),
par certains raccourcis plus ou moins honnêtes de documentaires ou de reportages (vous vous rappelez l'Al Gore évoquant "innocemment l'air de rien" le Groenland après un passage sur les glaciations ?),
par certaines thèses climato-sceptiques (pourquoi se soucier du RC alors qu'une glaciation arrive, argument venant de gens qui vous expliquent d'ailleurs qq secondes plus tôt qu’il n’y a pas de RC sans se demander une seule seconde alors pourquoi l'AMOC devrait s'effondrer),
et c'est tellement rentré dans l'imaginaire collectif qu'Hollywood en a même fait un film (dans "Le Jour d'Après", la glaciation subite du monde démarre par une rupture de l'AMOC).
Sauf que sur ce petit bout de petit continent qui est le nôtre, et à la latitude de la France, une rupture de l'AMOC ne conduirait (en l'état des modélisations accumulées depuis plusieurs années) en rien en une glaciation, ni même d'ailleurs à un refroidissement,
mais à une augmentation extrêmement brutale de la variabilité climatique. Et ce n'est pas du tout la même chose. A mon sens d'ailleurs, c'est plus grave.
Une rupture de l'AMOC, ce serait avant tout une modification profonde de la distribution des anomalies thermiques dans un monde globalement plus chaud. Au lieu d'avoir un réchauffement qui n'est déjà pas vraiment homogène, on aurait un réchauffement encore moins homogène.
Et à l'échelle de la France, et de l'Europe en général sur un axe Portugal – Baltique, on serait pile sur le point de bascule. Ce placement est vu de manière quasiment unanime sur les modélisations des dernières années
Très très schématiquement, en plusieurs grandes lignes, et en restant prudent, on pourrait avancer ceci en conséquences sur la France :
Les flux de N/NO seraient beaucoup plus froids, conséquence d'un Atlantique nord sévèrement refroidi. Par ce type de flux, les t° min baisseraient un peu, par contre les t° max pourraient prendre une claque avec des maximums d'une dizaine de degrés au nord même en plein été
Les flux de SO/S/SE seraient excessivement plus chauds en toutes saisons avec des séquences très printanières en plein hiver ou très vite caniculaires en été, pour peu que ce type de flux s'installe.
Entre les deux, les conflits de masse d'air notamment lors des bascules en flux d'ouest seraient potentiellement décuplés sur toutes les saisons. Avec en conséquence, un renforcement en tendance potentiellement très musclé des épisodes orageux et venteux.
Cela peut paraître au premier abord intéressant pour un passionné de phénomènes extrêmes, mais socialement (j'inclus ici tout ce qui touche à la société : agriculture, prévention des risques, coûts en terme d'infrastructures, problématiques d'assurance...) ce serait très néfaste.
Ne prenez surtout pas les chiffres au pied de la lettre, c'est pour l’illustration : j'ai pris les températures observées à Nevers en mars 2023 (gauche), et j'ai fait une estimation des valeurs potentielles qu'on aurait pu avoir dans un climat où l'AMOC s'est cassé la figure :
Un début de mois marqué plutôt par des flux de nord nébuleux qui viennent taper très fort sur les Tx, puis une succession d'ondulations entre des flux de sud-ouest qui génèrent très vite de grosses fièvres précoces et des flux d'ouest qui refont baisser le mercure.
Outre qu’on peut s’imaginer la force augmentée des perturbations orageuses ou venteuses liées à ces conflits exacerbés, c’est un exemple de cauchemar printanier pour la végétation entre séquences printanières à répétition et risque de gel tardif renforcé.
Et personnellement, c'est bien cette amplification sensible de la variabilité de notre climat qui m'inquiéterais le plus en cas de rupture de l'AMOC, bien plus que tout autre chose.
Et je trouve franchement dommage que ce risque ne soit absolument pas ou trop peu présenté dans les communication tant "grand public" des instituts scientifiques que dans des médias qui préfèrent jouer encore sur la peur de la glaciation. Sans creuser un minimum la question.
Et disclaimer : je ne suis pas un scientifique, juste un passionné un chouilla éclairé – pas plus. Je lance donc la bouteille à la mer aux vrais experts : ce serait vraiment intéressant de vous voir vous emparer davantage du sujet et de l’extraire de son préjugé « glaciation ».
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Voici le square de la République, à #Nevers. Hier, il y avait dans l’air de ce parc plus de 880 litres d’eau. Si toi aussi tu n’as jamais eu autant de mal à respirer avec un sentiment de chaleur étouffante, un petit fil simple pour comprendre pourquoi ⬇️🧶
Une masse d’air ne peut contenir qu’une quantité finie d’eau, et cette limite dépend avant tout, dans des conditions normales de pression, de la température de cette masse d’air. Plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’eau, et inversement.
Cette relation est pratique pour mesurer la quantité d’eau que contient l’air : plutôt que de parler en volume (gramme, litres, moles..), on peut donc l’exprimer en température. Ce seuil, on l’appelle le point de rosée (ou dew point) et on l’écrit avec l’abréviation « Td »
Dis Twitter, te souviens-tu des chercheurs climato-sceptiques français (cocorico) qui ont démontré que le réchauffement climatique actuel était causé par le soleil … entre autres en oubliant dans leurs calculs que la terre était ronde ? Un petit fil pédagogique et accessible ⬇️
Avant d’aller plus loin, on va juste définir une petite notion dont vous aurez besoin pour la compréhension, celle de l’irradiance solaire. Il s’agit de la quantité d’énergie émise par le soleil et qui est reçue par la Terre. On la mesure en Watts par mètre carré (W/m²).
Donc : il s’agit d’une étude publiée fin 2006 / début 2007 dans une revue scientifique (comme quoi la publication en revue scientifique n’est pas toujours gage de sérieux…), sur les relations entre le champ magnétique terrestre et le climat. sciencedirect.com/science/articl…
Vous savez @elpis, je vous ai foncièrement surestimé. Car je pensais que vous aviez une certaine maîtrise des données climatologiques, mais en fait vous n’êtes qu’un perroquet (1/n)
Vous passez votre temps à faire le relai de la propagande climatosceptique très majoritairement Made in USA, mais pour une fois vous avez décidé de faire vous même deux graphiques. Enfin un acte complet suivant la maxime de Paul Valéry.
Outre la tendance « made in Paint », vous avez décidé dans ces deux graphiques de partir de « 2014.3 » et d’utiliser une série de données obsolètes, Hadcrut 4. Et j’ai eu beau vous demander pourquoi à trois reprises, vous êtes complètement incapable de donner un début de réponse.
Dernière le vernis de leurs beaux discours et graphiques, les climato-sceptiques n’ont qu’un but, vous manipuler. Cela vous dit, un fil pédagogique et accessible même sans connaissances climato avec un exemple concret de leurs méthodes ? C’est par ici ⬇️
Dans son premier message, @Elpis_R a publié un graphique montrant une décorrélation entre le CO2 (qui augmente) et la température globale (qui baisse) sur une période courte. Précisément depuis avril 2014. Date précise, choisie parce que (?).
On devine l’idée : c’est avant tout psychologique, il faut montrer que les deux courbes sont inversées pour instiller le doute sur la relation entre les deux. Il ne sera donc pas question ici de marge d’erreur, ou de questions plus techniques. On va donc rester terre à terre.
Une question que vous vous posez peut-être parfois (et surtout en ce moment) : pourquoi les relevés météo ne sont pas forcément conformes à notre impression du temps qu’il a réellement fait ? Quelques éléments de réponse ⬇️
En général, quand on fait les bilans climatologiques, on relève quatre indicateurs : les températures moyennes (composée de la moyenne des minimales et de celle des maximales), les cumuls de précipitations, et éventuellement la durée de l’ensoleillement. Mais est-ce parfait ?
Commençons par les températures : on relève juste le minimum et le maximum de chaque jour, sur des horaires différents (la minimale entre le soir J-1 et le soir J, la maximale entre le matin J et le matin J+1), et on fait la moyenne simple des deux.
Paradoxe : ce sont souvent les climato-sceptiques qui idéalisent le plus le climat, et qui du coup se plaignent qu’il ne fait pas assez chaud quand justement il ne fait pas trop chaud. Une petite explication ⬇️
Bon, vous les avez probalement vu ces messages, c’est des tirs groupés notamment sous les threads de @SergeZaka , on a un mois d’avril pourri et c’est quand même bien la preuve que le réchauffement c’est une fumisterie :
@SergeZaka Problème : dans la climatologie française, avril n’a jamais été un « beau » mois. En moyenne au niveau national, les températures d’avril correspondent à celles de fin octobre / début novembre. On est loin de l’image qu’on se fait généralement du printemps.