Vous connaissez le terme "boycott" mais connaissez-vous son origine? Le mot vient de l'histoire d'une lutte victorieuse, fin 19e en Irlande contre l'administrateur d'un riche propriétaire terrien, Charles Boycott !
Je vous raconte ça ⬇️ #Politique #linguistique #motpolitique
Charles Cunningham Boycott, ancien membre de l'armée britannique est devenu l'administrateur d'un riche propriétaire terrien Lord Erne. Or nous sommes dans une période de mauvaises récoltes et de conditions très dures pour les fermiers
C'est aussi le moment de la création de la Ligue agraire nationale d'Irlande (plus ou moins liée aux mouvements indépendantistes). Bref, les fermiers d'Erne demandent une réduction des loyers, Erne refuse et envoie Boycott chasser les mauvais payeurs.
Les fermiers tentent de se rebeller en attaquant les employés de Boycott qui récupèrent les loyers, mais Boycott fait appel à la police et à l'armée. Les fermiers doivent alors inventer un nouveau moyen d'action, qu'à l'époque on appelle "blocus".
Tout le monde s'entend pour boycotter Charles Boycott. Les fermiers commencent par refuser de travailler pour lui. Mais les commerçants se mettent aussi à refuser de le servir, lui et sa famille.
Boycott essaie de résister en faisant labourer ses champs (sous escorte policière) par des membres de sa famille. Mais la population se guide contre lui : après les fermiers et les commerçants, même les cochers et les facteurs s'y mettent ! (parait-il)
L'affaire s'envenime (elle fait écho aux conflits sur le statut de l'Irlande), on a la « Boycott relief expedition » qui est mise en place : des volontaires qui veulent venir travailler dans les champs de Boycott.
Mais les conducteurs de charrette refusent de les transporter, les aubergistes refusent de leur louer des chambres, l'opération tourne au désastre.
A l'époque, on ne parle pas encore de "boycott", plutôt de "quarantaine", de "blocus", ou d'"ostracism". Mais le cas devient vite médiatisé sous le nom de "boycott", le nom propre (Boycott) devient un nom commun ("le boycott")
C'est ce qu'on appelle une antonomase! C'est un procédé répandu, par exemple la "poubelle" vient du nom de son inventeur, Eugène-René Poubelle. Sauf que la plupart du temps, il s'agit justement d'inventions, là le nom est lié à l'histoire d'une défaite politique
Charles Cunningham Boycott a donc bien involontairement marqué la langue: ce nouveau mot, "boycott" s'est répandu largement, grâce à la presse, dans quasi toutes les langues européennes (selon le Dictionnaire historique de la langue française d'Alain Rey).
Et puisque le mot est loin de s'éteindre (la pratique politique du boycott étant toujours bien vivace) l'héritage involontaire de Charles Boycott reste vivace! Voilà pour ce petit fil!
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Vous avez entendu parler de cet avocat, à Mazan, qui est a insulté des féministes, les traitant d"hystériques", de "mal embouchées", et de "tricoteuses"? Hystériques et mal embouchées, on connait mais "tricoteuses", moins. C'est une vieille insulte sexiste, je vous raconte ⬇️
"Tricoteuses" renvoie aux femmes qui pendant la Révolution française n'avaient pas le droit de vote mais pouvaient assister à certaines réunions (clubs, conventions), et devaient tricoter (ou travailler) en écoutant les orateurs révolutionnaires
Elles sont devenues rapidement l'image d'un mythe contre-révolutionnaire, comme l'explique Dominique Godineau dans cet article en ligne (ma source principale, en ligne ici : ) représentées comme des "furies de la guillotine", des enragées assoiffées de sangrevolution-francaise.net/2008/04/01/223…
On a souvent des livres qui veulent déconstruire un mythe ou un auteur. Ce livre propose l'inverse : il s’agit de redécouvrir Descartes et son potentiel émancipateur (alors que d’habitude quand on pense à Descartes on ne pense pas à émancipation… ) J'explique ça @Ed_Sociales ⬇️
Quand on pense à Descartes, d’habitude, on pense plutôt 1) à une philosophie assez austère (dont on ne retient que le « Je pense donc je suis » sans plus trop savoir à quoi ça renvoie) 2) à des prises de position qui paraissent complètement décalées dans le monde contemporain.
Descartes, ça renvoie à « cartésien » et, dans son acception courante/contemporaine, à l’idée d’une raison froide, anti-sensible, qui a été très critiquée par des mouvements pro-sensibilité (je pense notamment à Mona Chollet et à la vague sorcières)
L’Académie française a sorti la 9ème édition de son dictionnaire ! Waouh ! le dernier date de 1935, ils ont auront donc mis un peu moins de cent ans à faire un dictionnaire! 😱 Mais parlons du contenu, on va passer en revue quelques perles... ⬇️⬇️⬇️ liberation.fr/idees-et-debat…
Vous allez me dire, ils ont mis presque cent ans mais peut-être était-ce pour embrasser tout le vocabulaire de la francophonie ? que nenni, on compte 53 000 entrées dans le dictionnaire de l’Académie. Il y en a 75000 dans le Grand Robert, plus de 400 000 dans le Wiktionnaire...
Perle lexicale 1, à votre avis pour le Dictionnaire de l’Académie, un « mail » c’est… ?? vous pensez à un courriel ? que nenni ! c’est un « petit marteau » ou une « promenade plantée d’arbres »….
J'ai un tour dans @LaDerniere_Nova @laRadioNova pour parler de la pluie, du beau temps et du vocabulaire climatique : comment trouver un langage qui puisse interpeler et impliquer? C'est ce qu'essaie de faire le GIEC avec la notion narrative de "scénario"
A propos des recherches de formules lexicales frappantes sur le climat, on peut citer le travail d’ Iris Viloux sur « urgence climatique ». Elle en parle dans cet article, dans lequel elle souligne l’échec performatif de l’expression theconversation.com/urgence-climat…
Quand on pense au langage, on pense souvent au lexique. Mais les mots isolés, même les plus hyperboliques peuvent être facilement banalisés, vidés de leur sens. "urgence climatique" est un bon exemple, mais je pense qu'on en a beaucoup d'autres!
À propos du dernier livre d'Edouard Louis "Monique s'évade" : récit politique ou conte de fées? Pour @FR_Conversation
Je reviens notamment sur un point qui n'a pas été soulevé par la critique (sauf erreur de ma part) ce qui m'a étonnée ⬇️ theconversation.com/monique-sevade…
1er point: Peut-on parler de texte matérialiste quand le discours sur l’argent est d’inspiration marxiste mais que sa représentation narrative tend au féerique (avec une quasi réécriture de Cendrillon?)
2ème point: le titre met bien la mère en avant avec le choix d'un verbe d'action, au présent ("Monique s'évade") mais toute la narration tourne autour du fils. Suffit-il de conférer à une personne le statut de personnage (fût-il héroïsé) pour en faire un sujet politique ?
Un fil sur les VRAIS tics de langage! Non, il ne s'agit pas de machin qui vous énerve parce qu'il dit un peu trop "ça marche" ou "du coup" mais de véritables pathologies du langage (avec des qqfois des noms de figures de style!)
Parlons écholalie, palilalie et coprolalie ⬇️⬇️⬇️
Vous croisez sans doute des article qui parlent paresseusement de tics de langage pour à peu près tout. Mais un véritable tic de langage apparait comme soudain, insolite/incongru, extrême avec des conséquences embarrassantes pour la personne qui tique. lemonde.fr/series-d-ete/a…
Quelqu'un·e qui dit trop "voilà voilà" dans une conversation ça vous agace mais ça n'est pas incongru ou insolite, ça fait partie des habitudes de la conversation. Ça ne vous interloque pas. Alors qu'un véritable tic de langage si, je m'explique ⬇️