La dernière fois nous avons discuté de l’évolution de l’anesthésie avec la ventilation en pression positive.
Aujourd’hui, focus sur la ventilation uni-pulmonaire (VUP) pour la chirurgie thoracique.
1/13
Pourquoi ventiler un seul poumon ?
Pour opérer une lésion sur un poumon, il faut qu’il soit immobile. Si les 2 poumons sont ventilés, l’un bouge sans arrêt. Cela complique le travail du chirurgien, voire le rend impossible.
2/13
Indications:
✅ Chirurgie du poumon
✅ Chirurgie de l’œsophage
✅ Chirurgie du rachis thoracique
✅ Chirurgie de l’intérieur du de la paroi thoracique
✅ Sauvegarde d’une hémorragie dans un poumon.
3/13
Comment on fait?
On pourrait placer le tube oro-trachéal habituel plus profond, dans la bronche du poumon à ventiler.
Mais les bronches sont plus petites et fragiles que la trachée qu’on risquerait de les léser, sans parler d’un positionnement délicat.
4/13
La solution : le tube double-lumière.
Ce tube innovant possède 2 segments : l’un pour la trachée et l’autre pour une bronche souche. Ainsi, on ventile un poumon tout en laissant l’autre au repos.
5/13
Petit rappel anatomique :
L’arbre bronchique est constitué de la trachée qui se divise en 2 bronches souches. Chaque bronche souche se divise en bronches lobaires (sup et inf à gauche, sup, moyenne et inf à droite), et ainsi de suite.
6/13
La bronche souche droite est plus courte que la gauche et donne naissance à 3 lobaires. On préfère donc insérer le tube dans la bronche souche gauche (BSG) plus longue et qui donne 2 lobaires, on a donc plus de marge pour limiter le risque d’obstruction d’un lobe.
7/13
Par contre la BSG est plus horizontale et forme un angle plus aigu avec la trachée. Pour toutes ces raisons on utilise des tubes spéciaux et on vérifie leur positionnement à l’aide d’un fibroscope (images IRL sur l’illustration).
8/13
Que fait-on avec le poumon non ventilé ?
Il est exsufflé: on laisse ouvert la lumière tube du poumon à exclure de la ventilation, le laissant ainsi collaber. Ainsi, le chirurgien peut accéder à ce côté du thorax vu qu’il est dégagé et le poumon vidé de son air et immobile.
9/13
Mais l’oxygénation du sang alors ?
Pour éviter l’hypoxémie (baisse du taux d’oxygène dans le sang), un mécanisme naturel se met en place : la vasoconstriction pulmonaire hypoxique. Les vaisseaux du poumon exsufflé se contractent pour dévier le sang vers le poumon ventilé.
10/13
Ce mécanisme d’adaptation diminue le risque d’hypoxémie en réduisant l’effet shunt (le sang passant dans des zones non oxygénées).
Une adaptation naturelle fascinante et essentielle pour la chirurgie intra-thoracique.
L’organisme est une merveille!
11/13
La ventilation uni-pulmonaire est une avancée majeure, permettant des interventions complexes autrefois impossibles.
Une parfaite illustration du génie médical en anesthésie et de l’ingéniosité humaine.
12/13
Pour poursuivre cette série de threads plus techniques, si ça vous intéresse, on pourrait parler de la fibroscopie d’intubation. J’attends vos retours.
En attendant soyez amoureux, curieux, heureux et bienveillants!
Des bisous les amis. 😘
13/13
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Vous avez déjà entendu la théorie qui associe 1) la qualité anaérobe de la bactérie Clostridium tetani ainsi 2) que le fait que le vaccin n’est pas immunisant, soutenue évidemment par des profils antivax qui prouverait que le vaccin antitétanique est inutile.
Debunk 🔽
1/
1) Qualité anaérobie de Clostridium tetani :
Comme tous les Clostridium, dont botulinum (à l’origine de la redoutable toxine botulique), la bactérie responsable du tétanos est anaérobe. Elle ne pousse que dans un milieu privé d’oxygène.
2/
La complosphère adore citer 1984 de George Orwell.
Il paraît que c’est l’ouvrage de chevet de tous ceux qui luttent contre les méchants systèmes oppressifs.
Enfin, citer est un bien grand mot. Beaucoup ne l’ont pas lu. (Ou alors ont admiré la couverture.)
1/13
Ce soir, je vais vous parler d’un autre livre d’Orwell. Moins cité, mais terriblement d’actualité :
La Ferme des Animaux.
Dans ce récit, une belle maxime voit le jour après une révolution :
“Tous les animaux sont égaux.”
Thread 🔽
2/13
La Ferme des Animaux raconte comment les animaux se révoltent contre leurs maîtres humains pour instaurer une société libre et égalitaire.
La promesse ? Une ferme où tous les animaux sont égaux en droits.
Un rêve magnifique. Une révolution triomphante.
La « pression positive » - à l’origine de la chirurgie du cœur et des poumons 🫀🫁
Thread 🔽
1/16
On est dans la 1ère moitié du XXe siècle, un patient souffre d’une détresse respiratoire à cause d’un important abcès du poumon suite à une pneumonie. Le chirurgien tente le tout : ouvrir la cage thoracique et vider cet abcès pour permettre au poumon de reprendre sa place.
2/16
On endort le patient (si vous avez suivi la série sur l’anesthésie, vous savez que la discipline en est à ses balbutiements), ça ne se passe pas mal, alors le chirurgien scie les côtes et ouvre le thorax. Le drame! Le poumon collabe complètement et le patient meurt.
L’apparition du masque laryngé a été une grande avancée en anesthésie : simple, sûr, efficace.
Mais késako ?
Plongez avec moi dans l’histoire et l’utilité d’un outil incontournable en anesthésie et en urgence.
Thread 🔽
1/12
Dans les années 80 le génial anesthésiste britannique Archie Brain a réfléchi sur une alternative pour assurer la sécurité des voies aériennes (VA) du patient inconscient, le tube étant invasif et le masque facial présentant trop d’inconvénients.
2/12
Il a considéré qu’en réalité que les voies aériennes à proprement parler commencent sous le larynx et que l’équipement idéal serait un masque qui se placerait à ce niveau, qui serait facile à insérer et qui ne comporterait pas les inconvénients du masque facial ni du tube.
Pour résumer l’intubation de façon très courte: il s’agit de placer un tube dans la trachée du patient endormi pour assurer sa ventilation et protéger ses voies aériennes de ses sécrétion (chirurgie longue) et du contenu de son estomac s’il n’est pas vide.
- Exemple d’écueils du dialogue scientifique en ligne -
Je suis sûre, il vous est à tous arrivé de partager un contenu scientifique et de recevoir en commentaire des invectives teintées d’idéologies (souvent politiques).
1/8
Pourquoi se concentrer sur la science quand on peut détourner le débat vers des querelles idéologiques ?
2/8
Cette tactique épargne l’effort d’apprentissage, donne une illusion de supériorité intellectuelle et sape les efforts de transparence des scientifiques et professionnels de la santé.