#Thread 🧶 : Pourquoi le Coran affirme-t-il que le sperme vient du dos ?
"Le Coran fait une curieuse affirmation au sujet de la création de l'homme : "Il a été créé d'une giclée d'eau sortie d'entre les lombes et les côtes" (86:6-7).
On le voit, le liquide séminal proviendrait selon le Coran d'une zone située entre les lombes et les côtes, c'est-à-dire dans le bas du dos.
Nous allons démontrer, sources à l'appui, que le Coran reprend à son compte une croyance erronée mais largement répandue jusqu'aux découvertes plus récentes.
1⃣ Des origines anciennes
Durant l'Antiquité, la zone de sécrétion du liquide séminal de l'homme a fait l'objet de nombreuses discussions chez les médecins et philosophes.
Pour résumer, il existe trois grandes théories selon lesquelles le sperme proviendrait du sang, de l'ensemble du corps, ou bien encore du cerveau et/ou du dos.
C'est évidemment cette dernière proposition qui va nous intéresser ici, car elle est en lien avec l'énoncé coranique.
On la retrouve formulée, peut être pour la première fois, dans un traité gréco-égyptien (les fameux hiéroglyphes d'Horapollon) :
« Voulant peindre les lombes ou la stabilité chez l’homme, nous dessinons l’épine dorsale ; car certains prétendent que la semence vient de là ».
2⃣ Une théorie très ancrée chez les Grecs
Par suite, cette théorie sera reprise par les médecins et philosophes grecs.
Déjà Platon affirme-t-il dans le Timée que « la semence est une défluxion, un doux écoulement de l'épine du dos » ; « le sperme se forme près de la moelle ». Il parle encore de « la moelle que nous appelions sperme dans nos propos précédents ».
C'est également l'opinion du médecin Hippocrate, qui pensait que la semence descendait du cerveau à la colonne vertébrale, avant d'atteindre les testicules lors des rapports sexuels.
Cette théorie demeura dominante jusqu'à une période récente. Elle est, par exemple, réaffirmée en pleine Renaissance par Léonard de Vinci.
3⃣ Les origines de la théorie
Alors pourquoi Platon, Hippocrate, Léonard de Vinci et tant d'autres esprits brillants affirmaient-ils que le sperme provenait du dos, ou qu'il y transitait ?
Eh bien, d'un point de vue strictement anatomique, le pénis apparait comme le prolongement des deux dernières vertèbres. De là, on en a déduit que cet ensemble constituait un seul et même organe : l'appareil génital mâle.
La théorie s'appuie donc sur une observation, quelque peu naïve, de la physionomie de l'homme. Nous allons voir maintenant qu'on retrouve le lien entre le sperme et le dos dans de nombreuses sociétés : ⬇️
4⃣ Le sperme et le dos
L'idée qu'il existe un lien entre le sperme et le dos est commune à de nombreuses sociétés. Elle découle d'un état de connaissance préscientifique.
Dans la société maure, par exemple, on rappelle la nécessité d'engendrer par la formule suivante : "On ne doit pas mourir sans laisser au moins une personne de son dos".
Toujours chez les Maures, on dit d'un homme impuissant sexuellement qu'il a "le dos entravé". On dira, après avoir eu un rapport sexuel, que l'on s'est "réchauffé le dos".
Chez les Touaregs, les parents du côté paternel sont appelés "les gens du dos", par opposition à ceux du côté maternel, décrits comme "les gens du ventre".
En Sicile, on dira d'un homme qui a reçu une fellation : "il s'est fait sucer la moelle !"
En Égypte, un homme a mal au dos à cause des ébats sexuels qu'il a eus la nuit passée !
5⃣ Le sperme et le dos dans le Coran
Toutes ces croyances préscientifiques, qui établissent un lien entre le dos et le sperme, trouvent un écho dans le Coran.
Cela rappelle par exemple un verset coranique où nous lisons que "ton Seigneur tira une descendance des reins des Fils d'Adam" (7 : 172).
Ou cet autre verset : "Vous sont interdites [...] les épouses de vos fils issus de votre dos" (4 : 23).
C'est d'ailleurs l'opinion du savant al-Ghazâli, qui écrit parle du "mâle avec la verge, les testicules et sa semence dans ses reins".
6⃣ Le coccyx et la résurrection
Arrêtons-nous, pour terminer, sur une croyance que l'on retrouve dans les hadîths, d'après laquelle le squelette de l'homme finit par disparaitre, à l'exception d'un seul os, le coccyx :
"Tout le corps humain se décomposera à l'exception de l'os du coccyx (de la queue) et, à partir de cet os, Allah reconstruira tout le corps" (Al-Bukhari 4814).
Si le coccyx ne disparait pas, c'est que c'est à partir de lui qu'Allâh ressuscitera les corps. Le avant Ibn al-Nafîs explique ainsi :
« Cette matière [= le coccyx] est générée par le sperme et par différentes choses, et quand l’âme s’y attache et commence alors à nourrir et à produire les organes, le corps est alors généré par lui ; cette matière est appelée le coccyx. Cette matière qui est le coccyx est impérissable. Donc, il subsiste après la mort et la décomposition du corps, et l’âme qui y reste continue à percevoir [...]. »
On le voit, le coccyx est perçu dans la croyance musulmane comme le noyau dur de la résurrection. Et pour cause, c'est à partir de lui que les hommes ont été créés, comme l'affirme le hadîth :
La terre a englouti tous les fils d'Adam excepté le coccyx. Il a été créé de lui, et il est fait de lui." (Muwatta, 49).
La croyance selon laquelle la résurrection se fait à partir du coccyx est un emprunt à la mythologie rabbinique, qui nomme cet os le Luz.
Mais la croyance semble encore plus ancienne, et pourrait remonter aux Romains, voire aux Égyptiens. Non loin du coccyx se trouve le sacrum, qui forme les vertèbres inférieures de la colonne vertébrale.
Cet os tient son nom de sa sacralité, justement parce qu'il est l'os de la résurrection. Sa sacralité provient également du fait qu'il était associé à Osiris, le dieu de la résurrection.
✅ Conclusion
Nous avons vu qu'il existait, durant l'Antiquité, une croyance répandue établissant un lien entre le dos et la semence, et plus généralement avec la (re)génération de la vie.
Ces croyances se fondent sur des observations naïves faites sur l'anatomie humaine, qui donne l'impression que l'organe génital de l'homme s'étend du phallus jusqu'aux vertèbres.
Le Coran, tout comme les hadîths, reprennent à leur compte ces anciennes croyances erronées.
Pour plus de contenu passionnant sur les origines de l'islam :
- Marie-Paule Duminil, "Les théories biologiques sur la génération en Grèce antique"
- Jacqueline König, "Ancient Greek Spermatology
The Theory of Alcmaeon of Croton"
- Erna Lesky, "Die Zeugungs- und Vererbungslehren der Antike und ihr Nachwirken"
- Corinne Fortier, "Le lait , le sperme, le dos. Et le sang ?. Représentations physiologiques de
la filiation et de la parenté de lait en islam malékite et dans la société"
- Jean Yoyotte, "Les os et la semence masculine. À propos d’une théorie physiologique égyptienne."
- Oscar Sugar, "How the Sacrum Got Its Name"
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#Thread 📚 : la prosternation d'Iblis dans le Coran et ses sources syriaques
Le Coran rapporte le récit selon lequel Allâh demanda aux anges de se prosterner devant Adam. Tous les anges s'exécutèrent à l'exception d'Iblis qui refusa par orgueil.
Ce récit est d'apparence étrange, car pourquoi Allâh aurait-il ordonné aux anges de se prosterner devant un autre que Lui ?
Nous allons voir dans ce thread que les choses deviennent beaucoup plus claires à la lumière des textes syriaques dont le Coran s'inspire.
👼 Un ange déchu
Comme chacun sait, Satan était à l'origine un ange qui s'est rebellé contre Dieu. Cependant, la Bible ne précise pas l'acte de rébellion qui a entrainé sa chute.
Les exégètes juifs et chrétiens ont donc spéculé sur la question et il ressort de ces discussions théologiques deux grandes interprétations :
1° selon la première interprétation, Satan aurait voulu être adoré comme un dieu et régler sur le monde. C'est l'explication la plus répandue chez les juifs et les chrétiens.
2° selon la seconde interprétation, Satan fut châtié pour avoir refusé de se prosterner devant Adam.
C'est ce second schéma explicatif, repris dans le Coran, qui va nous intéresser. Mais d'où vient-il précisément ? ⬇️⬇️
👿 Les origines du récit
Le récit est attesté pour la première fois dans "La vie d'Adam et Eve", un livre pseudépigraphique juif du 5e ou 6e siècle. Cependant, il est vite abandonné par les juifs et deviendra populaire chez les chrétiens syriaques.
On le retrouve, notamment, dans les "Questions de Barthélémy", un écrit apocryphe chrétien, ainsi que dans "La Caverne des trésors".
L'image ci-dessous permet de comparer la version coranique de la légende avec une des versions chrétiennes. ⬇️
Dans l'islam, Allâh est le nom le plus courant pour désigner Dieu et apparait plus de 2 500 fois dans le Coran.
Mais ce nom est-il apparu avec l'islam ou était-il déjà en usage chez les Arabes préislamiques ? Que disent les dernières recherches historiques sur les origines du nom d'Allâh ?
➡️ Réponse dans notre dernier article sur Al Kalam (le lien est à la fin du thread).
🧶Et pour les plus pressés, un petit thread qui résume l'état actuel de la recheche : ⬇️
⭐️Du paganisme à l'islam
Une divinité appelée Allâh est bien attestée des inscriptions arabes (et grecques) longtemps avant l'islam.
Son nom apparait pour la première fois dans une inscription retrouvée au sud de l'Arabie Saoudite (figure ci-dessous).
Il s'agit d'une stèle funéraire qui confie la protection d'un tombeau à trois divinités, parmi lesquelles figure al-Lâh :
"[...] Ensuite, il l’a confié [= le tombeau] à Kahl, à al-Lâh, à ‘Aththar al-Shâriq contre tout puissant et tout faible, acheteur et preneur de gages, pour toujours, contre tout dommage, tant que le ciel donnera de la pluie et que la terre sera couverte d’herbe".
D'autres inscriptions montrent qu'Allâh était invoqué pour une demande particulière :
« ô Allâh, [accorde] le repos contre tout arrivant »
« ô Allâh, [accorde] le butin »
« ô Allâh, [accorde la sécurité] »
Enfin, d'après l'archéologue Christian Robin, Allâh n'était pas une sorte de "grand dieu" placé au-dessus de divinités inférieures. Cela contredit les données de la tradition islamique ultérieure.
✡️ Le nom de dieu chez les juifs d'Arabie
La présence juive en Arabie est bien attestée, surtout au sud de la péninsule. Le royaume de Himyar, qui dominait la région dans l'Antiquité, s'était converti au judaïsme au 4e siècle.
Mais comment les juifs d'Arabie appelaient-ils leur Dieu ?
On retrouve tout d'abord le nom ‘ilân ou ‘ilâhan, qui signifie « le Dieu » dans les langues sud-arabiques.
On trouve également ‘alâhân, qui est un calque de l’hébreu elôhîm.
En dehors de ces noms génériques, les juifs d'Arabie désignaient leur divinité par toutes sortes d'épithètes, dont certains sont clairement spécifiques au judaïsme :
« le Propriétaire du Ciel »
« le Seigneur du Ciel »
« le Dieu d’Israël » (‘ilâh Yisra’îl)
« le Maitre des Juifs » (Rabb Yahûd)
Dans une inscription datée de 523, Dieu est même appelé "Le Louang", soit en arabe muhammad !
Enfin, l'un des noms les plus courants chez les juifs (et aussi les chrétiens) d'Arabie est Rahmânân, que l'on retrouve de nombreuses fois dans le Coran.
Ce nom, qui signifie "Miséricordieux", était en fait d'origine akkadienne et s'était diffusé dans tout le Proche-Orient.
#Thread🧶 : Pourquoi le Coran mentionne-t-il un four duquel surgissent les eaux du déluge ?
Comme nous allons le voir dans ce thread, résumé de notre dernier article sur al-kalam.fr, la réponse se trouve dans des fables juives et chrétiennes de l'Antiquité.
Le motif du four (en arabe : tannûr) se retrouve à deux reprises dans le Coran au sujet de l'histoire de Noé :
"Nous lui révélâmes alors : Construis une Arche sous Nos yeux et Notre révélation ! Quand Notre Ordre viendra et que le Four débordera (wa-fâra), introduis dans cette Arche un couple de chaque espèce ainsi que ta famille […]" (23:27).
Ce détail, qui ne figure pas dans la Bible, est pour le moins étrange. Comment, en effet, l'eau aurait-elle pu surgir d'un four en quantité suffisante pour engloutir la terre ?
Les exégètes musulmans, embarrassés, ont comme souvent proposé des interprétations très contradictoires sur ce verset (⬇️)
2⃣ Le four dans la tradition musulmane
Dans sa monumentale exégèse, le savant al-Tabari recense quatre opinions différentes concernant le four mentionné par le Coran :
1. le four renvoie à la surface de la terre par laquelle l'eau du déluge aurait initialement jailli ;
2. le four renvoie aux plus hauts sommets depuis lesquels l'eau aurait jailli ;
3. le four désigne les premières lueurs de l'aube, signes pour Noé qu'il était temps d'embarquer ;
4. le verset désigne bel et bien un four à partir duquel les eaux du déluge auraient jailli. D'après la tradition, ce four était en pierre et appartenait à Ève avant de passer à Noé. Précisons que la majorité des exégètes ont adhéré à cette interprétation littérale du verset.
➡️ Quoi qu'il en soit, ces divergences d'opinions, qui concernent un très grand nombre de passages du Coran, sont significatives.
➡️ Elles montrent que les premiers exégètes musulmans faisaient face à un texte, le Coran, qu'ils ne comprenaient tout simplement pas, et sur lequel ils se livrent à des spéculations pour tenter d'en donner un sens intelligible.
➡️ L'idée selon laquelle les exégètes musulmans tenaient leur "science" du Coran d'une chaine de transmission qui remonte au Prophète et aux Compagnons ne tient pas la route d'un point de vue historico-critique.
➡️ Autrement dit, il existe une rupture entre les milieux producteurs du Coran et ses milieux de réception.
Nous allons maintenant nous intéresser à la question des sources du Coran, qui peuvent nous donner davantage de précisions sur l'origine du four.
#Thread 📚 : Deux textes magico-animistes dans le Coran
Le Coran comporte deux courtes prières énigmatiques que les historiens qualifient de "magiques" et "animistes".
Nous allons voir que ces textes ont leurs racines dans des croyances superstitieuses du Proche-Orient.
1⃣ Les textes controversées au sein-même de l'islam
Les deux textes en question sont les sourates 113 et 114 situées tout à la fin du Coran. On peut y lire :
Sourate 113 :
Dis : Je cherche la protection du Seigneur de l’aube contre le mal qu’il a créé ; contre le mal de l’obscurité lorsqu’elle s’étend ; contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds, contre le mal de l’envieux, lorsqu’il porte l’envie.
Sourate 114
Dis : Je cherche la protection du Seigneur des hommes, Roi des hommes, Dieu des hommes, contre le mal du tentateur qui se dérobe furtivement, contre celui qui chuchote le mal dans les cœurs des hommes, qu’il soit au nombre des Djinns ou des hommes.
Avant de débuter notre analyse, il faut préciser que le statut et la place de ces deux sourates dans le Coran ont été contestés au début de l’islam. Pour preuve, les sources islamiques elles-mêmes indiquent que le codex coranique attribué à Ibn Mas'ud ne comportait pas ces sourates.
On ne peut que spéculer sur les raisons ayant pousser certains à exclure ces sourates, mais ce phénomène illustre bien le fait que le Coran, comme tous les textes religieux, a une histoire, et que cette histoire est faite (entre autres choses) d’un travail de sélection, d’écriture et de réécriture de textes qui circulaient à l’intérieur de la communauté coranique et qui formeront plus tard le « Coran ».
Maintenant, venons-en à l'analyse de ces deux sourates. ⬇️
2⃣ Le contexte
Pour bien comprendre ces sourates, il faut les resituer dans leur contexte historique : celui du Proche-Orient de l’Antiquité.
Les sociétés d’alors sont caractérisées par toutes sortes de croyances et de superstitions. La magie, la sorcellerie, le mauvais œil, le pouvoir des démons et autres esprits maléfiques… tous ces phénomènes sont partout présents. À tout moment, croit-on à l’époque, on peut être victime du mauvais sort provoqué par un démon ou un sorcier. Et on cherche naturellement à s’en protéger par tous les moyens : talismans, grigris, invocations, prières, sacrifices…
Ces deux sourates, d’ailleurs appelées en islam « les deux protectrices » (en arabe : al mu’awwidhatân), ont précisément pour fonction de protéger ceux qui les récitent du mauvais sort. Autrement dit, ce sont des talismans (l’équivalent des gri-gris dans la culture vaudou).
L’usage talismanique de ces sourates est renforcé par plusieurs traditions prophétiques où Muhammad déclare : « […] Lorsque l’un de vous a eu un mauvais songe, si, au moment de son réveil, il souffle trois fois (dans ses mains) et récite les sourates talismaniques pour se préserver du mal, ce songe ne lui occasionnera aucun mal » (Al-Bukhari 5747).
On a retrouvé également plusieurs amulettes contenant le texte des sourates 113 et 114, ce qui témoigne du pouvoir magique qu’on leur prêtait (voir l'image d'illustration).
Selon la Tradition islamique, tous les êtres humains naissent monothéistes en vertu de leur nature innée qu'on appelle la fitra.
Dans ce thread, nous allons voir que cette conception provient de la philosophie grecque et des Pères de l'Église ; et qu'elle est contredite par la science. ⬇️
L'idée d'une conception originelle monothéiste est indiquée explicitement dans le Coran :
"Dresse ton visage vers la religion en pur monothéiste, conformément à la conception originelle (fitra) de Dieu, selon laquelle Il a créé les humains" (30:30).
Citons également le hadîth connu sous plusieurs variantes où il est dit que "tout être humain naît selon la fitra".
Comme on va le voir, cette idée a des antécédents dans la philosophie gréco-romaine, et (surtout) avant la pensée de certains Pères de l'Église. ⬇️
Avec Épicure, le philosophe romain Cicéron est l'un des premiers à suggérer l'idée qu'il existe en chaque homme une connaissance innée de la divinité, ou plus précisément des dieux (Cicéron étant polythéiste). Voici ce qu'il écrit dans son livre De natura deorum :
"Seul, en effet, il affirme en premier lieu qu'il y a des dieux parce que la nature en a imprimé la notion dans toutes les âmes. Quelle est dans tout le genre humain la nation, quelle est la race qui, sans avoir reçu aucun enseignement, n'a pas, par avance, une certaine idée des dieux?"
Ici, on le voit, chaque âme a déjà "par avance, une certaine idée des dieux". La fitra islamique n'est qu'une version monothéiste de cette conception. Mais les rédacteurs du Coran ne sont pas les premiers à avoir adapté à la sauce monothéiste cette conception.
#Thread : l'urine de chameau a-t-elle (vraiment) des vertus médicinales ?
C'est en tout cas ce qu'affirment certains apologistes, qui n'hésitent pas à brandir des "études scientifiques".
Nous allons cependant voir que cette assertion ne résiste pas à un examen critique.
🔶 La pseudo-science au service du dogme religieux
Pour commencer, il faut rappeler que le discours sur les prétendus bénéfices pour la santé de l'urine de chameau s'inscrivent dans une démarche apologétique et pseudo-scientifique.
Il est d'ailleurs intéressant de noter que dans le monde hindou, il existe un discours similaire qui vante l'urine de vache (l'animal sacré de la religion hindoue).
Dans la médecine traditionnelle de l'Ayureveda, l'urine de vache est considérée comme un remède de premier choix, qui d'après certains serait même validé scientifiquement.
Une étude publiée en 2020 par Sonali P. Mahajan et al. soutient par exemple que l'urine de vache possède des vertus pour soigner le cancer, le SIDA, les problèmes de thyroïde, de prostate, de constipation, etc.
D'un côté comme de l'autre, on a clairement affaire à une médecine charlatanesque qui instrumentalise la science à des fins de propagande religieuse.
🔶 L'Urine bénite
Revenons maintenant à nos chameaux. Plusieurs hâdiths rapportent qu'un jour, des compagnons de Muhammad se sentaient mal. Le prophète leur aurait alors conseillé d'ingurgiter de l'urine de chameau pour les soigner. La pratique, depuis, fait partie intégrante de ce qu'on appelle la "médecine prophétique".
Soulignons que l'urine de chameau était déjà utilisée comme remède par les Arabes avant l'islam (Peter Webb, "Imagining the Arabs. Arab Identity and the Rise of Islam", p. 326 ; Manfred Ullmann, "Islamic Medicine", pp. 3-4).
Cela prouve qu'on a affaire simplement à un recyclage des anciennes pratiques bédouines.