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May 3, 2018 44 tweets 12 min read Read on X
Au (nouveau) tribunal de Paris, la 23e chambre s'apprête à juger en comparution immédiate 6 personnes interpellées lors des manifestations du 1er mai. Il s'agit de 5 hommes et une femme entre 23 et 45 ans.
Tous seront jugés pour participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations.
Certains sont aussi suspectés de port d'armes ou violences volontaires par exemple.
Le premier jeune homme a 23 ans, il vit à Toulouse. "Vous avez été interpellé en possession de tenues et accessoires permettant de commettre des violences de manière anonyme", rappelle une assesseure.
Le 2e, jeune homme de 27 ans, est notamment soupçonné d'avoir jeté une bouteille de verre en direction des forces de l'ordre.
#1erMai
Les avocats des prévenus réclament de pouvoir s'entretenir avec leurs clients "qu'on a pu voir qu'un quart d'heure".
Accordé. Mais où ? Débat avec les forces de l'ordre pour savoir où les avocats peuvent parler aux prévenus.
La salle a été évacuée : seule solution pour permettre aux avocats de s'entretenir avec leurs clients.
L'audience devrait reprendre.
#1erMai
Le jeune homme de 22 ans, sans antécédent judiciaire, est étudiant en anthropologie en 1ere année à l'université du Mirail (Toulouse).
Les deux jeunes hommes, Lyonnais et Toulousain, demandent un délai pour être jugés. Ils ne le seront donc pas en comparution immédiate.
Avocat de la défense : "on se demande pourquoi on vous a déféré ces jeunes gens dans le cadre d'une comparution immédiate alors que le code pénal l'interdit dans le cadre de délits politiques"
#1erMai
Les jeunes hommes sont libérés sous contrôle judiciaire avec interdiction de séjourner à Paris dans l'attente de leur procès le 30 mai 2018 à 13h30.
L'audience est suspendue dans l'attente des dossiers suivants
#1erMai
L'audience reprend avec la comparution d'un jeune homme de 24 ans, interpellé lors de la manifestation du #1erMai avec des lunettes de plongée, pantalon et baskets noirs.
Le jeune homme explique qu'il a préparé sa défense avec une avocate commis d'office, mais qui n'est pas présente à l'audience.
#1erMai
Prévenu : "je ne peux pas me retrouver sans défense".
Présidente : "ne vous inquiétez pas, monsieur, c'est hors de question."
On attend donc d'essayer de trouver l'avocate commise d'office.
#1erMai
L'audience est donc suspendue "malheureusement pour tout le monde, sans délai", précise la présidente Isabelle Prévost-Desprez.
#1erMai
Deux hommes et une femme entrent dans le box. La jeune femme de 26 ans explique avoir donné un faux nom aux policiers qui l'ont interpellée.
#1erMai
La jeune femme a été interpellée en possession d'un masque de plongée, de gants noirs, de sérum physiologique. Elle a refusé tout prélèvement ADN.
#1erMai
La jeune femme demande le renvoi de son procès pour préparer sa défense.
#1erMai
Le dernier prévenu vient de Bordeaux. Ce jeune homme de 24 ans a, lui aussi, donné un faux nom aux enquêteurs. Il a été interpellé en possession d'un masque de ski, de paires de ciseaux ...
#1erMai
Le jeune homme demande, lui encore, un délai pour préparer sa défense.
Aucune des six personnes renvoyées en comparution immédiate ne devrait donc être jugé aujourd'hui.
#1erMai
Présidente : "pourquoi avoir donné ce faux nom?"
Prévenu : "bah, c'est le nom de l'avocate qu'on m'avait donné au cas où"
- "c'est pas très sympathique quand même ..."
#1erMai
Le jeune bordelais revient sur son parcours : Bac ES, licence, service civique, Bafa ...
Présidente : "pendant l'enquête, vous aviez dit avoir eu une licence d'anthropologie à Paris 8"
- "non, c'est sociologie à Bordeaux 3"
#1erMai
Le jeune homme a pour projet de monter un spectacle d'arts de la rue, "un trio, avec des copains".
Présidente : "vous avez déclaré que vos parents étaient divorcé ..."
Prévenu : "en fait, ils sont toujours ensemble. Mon père est chercheur au CNRS".
- "c'est pas très gentil de les divorcer ..."
#1erMai
A son tour, la jeune femme explique avoir fourni une fausse identité "sous la panique".
Elle s'est aussi dite de nationalité suédoise, a donné une fausse adresse.
Présidente : "c'est pas pour éviter une perquisition?"
#1erMai
La jeune femme est titulaire d'un master en droit international "pour rassurer mes parents". Aujourd'hui, elle travaille dans la production cinématographique.
#1erMai
Le parquet requiert le placement en détention provisoire pour les deux jeunes qui ont donné de fausses identité aux enquêteurs.
#1erMai
Avocat : "aujourd'hui, on demande de la prison pour ces jeunes gens, pour la 1ere fois de leur vie alors qu'ils n'ont absolument aucun antécédents."
#1erMai
Avocat : "c'est un délit politique et c'est interdit d'utiliser cette procédure de comparution immédiate selon le code de procédure pénale."
#1erMai
Avocat : "ils n'étaient pas sur les lieux de la manifestation lorsqu'ils ont été interpellés. Leur garde à vue est donc nulle."
#1erMai
Avocat : "là où le parquet voit un mensonge, je voudrais que le tribunal y voit les cris et la douleur de la panique."
#1erMai
Un jeune homme de 29 ans est renvoyé au 30 mai prochain, sans mesure de sûreté.
Les deux autres seront également jugés le 30 mai, mais sont placés en détention provisoire d'ici là.
#1erMai
Ces deux jeunes, qui avaient donné une fausse identité et pour qui le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas de garantie de représentation partent donc immédiatement en détention.
#1erMai
En quittant le box, la jeune femme est en larmes. Dans la salle, plusieurs membres du public lui crient leur soutien : "courage. Une de touchée, tous concernés".
#1erMai
Le dernier prévenu est revenu dans le box, désormais assisté d'une avocate. Il demande, à son tour, un délai et donc le renvoi du procès.
#1erMai
Souffrant de problèmes psychiatriques, le jeune homme explique sa situation familiale : le domicile familial, une soeur placée par les services sociaux, un père violent.
#1erMai
Le jeune homme explique être sous "suivi psychiatrique régulier". Il souffre d'une névralgie faciale, probablement "à cause de coups reçus".
#1erMai
Il explique aussi avoir fait une tentative de suicide fin 2017, avoir été plusieurs fois hospitalisé en psychiatrie.
#1erMai
En novembre 2017, il fait une tentative de suicide "j'ai pris du Risperdal et du Valium avec de l'alcool". Il est retrouvé par son père.
#1erMai
Le parquet rappelle qu'"il a des bouffées délirantes qui peuvent le conduire à des manifestations de violence. Il a été interpellé après avoir lancé un pavé contre un CRS."
Il réclame le placement en détention provisoire.
Son avocate rappelle qu'il a un casier vierge, que ses parents sont présents dans la salle et que des démarches ont été entamées pour qu'il intègre une maison hospitalière.
#1erMai
Avocate : "je ne comprends pas pourquoi et comment sa place pourrait être en prison. Je crains le pire s'il est placé en détention provisoire."
Le tribunal renvoie le dernier jeune homme au 12 juin prochain. D'ici là, il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre à Paris et obligation de soin.
#1erMai
Fin des comparutions immédiates du jour. L'audience est levée.
#1erMai

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Mar 28
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Read 25 tweets
Mar 27
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
Read 29 tweets
Mar 22
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."
Read 53 tweets
Mar 19
Retour au procès dit du #VioleurdeTinder devant la cour criminelle départementale de Paris.
Salim Berrada, ancien photographe de mode, comparaît depuis hier pour les viols et agressions sexuelles de 17 jeunes femmes qu'il avait contactées pour de séances photo.
Cet après-midi les premières parties civiles témoignent à la barre. Louise (le prénom a été modifié) a tout d'abord raconté l'agression sexuelle qu'elle dit avoir subie de l'accusé. "Soudainement, il s'est jeté sur moi, il m'a embrassée avec la langue. Je ne voulais pas"
A la barre en ce moment, Caroline, maquilleuse qui a travaillé avec l'accusé.
"Avec l’affaire Salim Berrada, il y a eu un avant et un après : les gens ont commencé à parler"
"C’est un peu le #MeToo de la photographie ?" relève le président.
- C’était avant MeToo, mais oui.
Read 21 tweets
Mar 18
Bonjour à tous,
Palais de justice de Paris, île de la Cité.
Dans la (petite) salle Diderot s'ouvre aujourd'hui le procès de Salim Berrada, ancien photographe de mode de 38 ans. Surnommé le #VioleurdeTinder , il comparaît pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes.
L'accusé, petites lunettes rondes, coupe afro, collier de barbe, est installé dans le box vitré.
Il avait été remis en liberté après un peu plus de deux ans de détention provisoire ... avant d'être réincarcéré à la suite de nouvelles plaintes pour viol.
Sur les bancs de bois de la salle d'audience criminelle départementale, plusieurs parties civiles. Ce femmes qui ne se connaissaient pas dénoncent toutes un scénario très similaire sur ces rendez-vous pour une séance photo qui ont tourné au viol.
Read 27 tweets
Feb 28
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, nous sommes au tribunal judiciaire, quartier des Batignolles. Une salle du 4e étage pour le procès de l'influenceur d'extrême-droite Papacito devant la 17e chambre correctionnelle.
Le Youtubeur toulousain encourt sept ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour provocation publique, propos homophobes et incitation à commettre une atteinte à l'intégrité physique d'une personne.
En l'occurrence, la personne visée dans 2 vidéos du youtubeur est le maire de Montjoi, village de 169 habitants où un banal litige sur l'usage d'un chemin rural a viré au règlement de compte sur les réseaux sociaux.
Harcelé et menacé de morts, le maire du village a porté plainte
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