Le Doc Profile picture
Docteur des entrailles et des images. J'écris des trucs, j'essaie d'expliquer la médecine sérieuse, sans trop de sérieux. Radiologue, Légiste

Apr 18, 2021, 29 tweets

Et si on parlait d'autres choses que de #COVID19 ?
Parlons alimentation, alcool et #Cancer.
Le réseau National Alimentation Cancer Recherche (réseau NACRe) & le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) viennent de publier des données sur les relations entre alimentation et cancer

1. Sans surprise, il faut réduire sa conso d'alcool.
Consommer 1 verre/jour augmente les risques de cancers du colon/rectum, foie, des voies aéro-digestives supérieures et du sein. Il n'y a pas de seuil.
L'alcool est responsable de 11% des cancers de l'♂️ et de 4.5% de la ♀️

Selon l'OMS, l'alcool reprèsente la 2ème cause évitable de mortalité par cancer, après le tabac en France.
8 % des cancers (ORL, œsophage, foie, sein, estomac et colorectal) sont attribuables à une consommation trop élevée d’alcool (soit environ 28 000 par an)

Il n'y a pas de bon ou de mauvais alcool, plus ou moins à risque qu’un autre ; tous les types de boissons alcoolisées produisent le même effet : c’est la quantité d’alcool pur consommée qui expose au risque de développer un cancer. Le vin est un cancérogène comme un autre alcool

C'est donc 28 000 cancers annuels qui sont évitables car liés à l'alcool, en France, sur les 352 000 nouveaux cas de cancers atteignant les adultes de plus de 30 ans annuellement (chiffres 2018)

Entre 1960 et 2009, la consommation d’alcool a été divisée par deux, ce qui explique en partie (avec la diminution de la consommation de tabac) la diminution de l’incidence des cancers des VADS et de l’œsophage depuis le début des années 80 (d’environ 50%, notamment chez les ♂️)

Actuellement, en 🇫🇷 environ 13,5% des adultes ne boivent jamais et 10% boivent tous les jours (15,2% des hommes et 5,1% des femmes). Le vin est de loin la boisson la plus consommée, et nous sommes le 6e plus gros consommateur d’alcool chez >15 ans, parmi les 34 de l’OCDE.

En 2017, la consommation moyenne était estimée à 26 g d’alcool pur par adulte et par jour par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies
26g c'est 2,5 unités, soit environ 2 cannettes 33cl de bières, une demie bouteille de vin par exemple, ou 2 grosses "coupettes"

Les profils sont différents en fonction du sexe et de l'âge

Alors, pour faire simple 👇

Dernier point, l’alcool et le tabac ont des effets synergiques, c'est a dire que 1+1 sera > 2
L’augmentation du r de cancer est + forte lorsque tabac et alcool sont consommés conjointement (le risque de cancer de la bouche est x45 chez les grands consommateurs de tabac+d'alcool)

Le principal mécanisme pouvant expliquer l’augmentation du risque de cancers associée à la consommation de boissons alcoolisées est la transformation dans l’organisme, de l’éthanol en acétaldéhyde, qui est un composé cancérogène qui s'attaque à l’ADN

2. Le surpoids

L’obésité est désormais le 3e facteur de risque de #cancer après le tabagisme et l’excès d’alcool.
Pour cinq points d’IMC supplémentaires, le risque d’adénocarcinome de l’œsophage augmenterait de 55 %, et celui des cancers du pancréas et du côlon de 14 et 15 %.

L’augmentation du risque est jugée "convaincante" pour les cancers de l’œsophage, du pancréas, du côlon-rectum, du rein, de l’endomètre et du sein (chez les femmes ménopausées) ; probable pour le cancer de la vésicule biliaire, de la sphère ORL, des ovaires, etc 👇.

Pourquoi le surpoids est à risque ?
L’excès de tissu graisseux conduit à une augmentation chronique de la sécrétion d’insuline par le pancréas (avec résistance) ce qui ↗️ la production d'hormone de croissance insulin-like growth factor-1 (IGF-1) qui ↗️ la prolifération cellulaire

L’obésité entraine aussi un état inflammatoire chronique favorisant le stress oxydatif dont la peroxydation des lipides, ce qui peut induire des altérations de l’ADN

Enfin il existe une enzyme du tissu adipeux, l’aromatase, qui convertit les androgènes en œstrogènes qui peuvent stimuler la multiplication des cellules des tissus sous influence hormonale (sein, muqueuse uterus, ovaire) même après la ménopause.

Petite précision, l’adiposité abdominale (mesurée par le tour de taille ou par le rapport tour de taille/tour de hanches) est un autre indicateur utilisé pour caractériser corpulence/risque, certains le préfèrent et lui attribuent une meilleure valeur pour certaines maladiesq.

Pour limiter les risques de cancer, que faut-il faire ?

Limiter la viande rouge, pas plus de 500g par semaine. Pas plus de 150 g de charcuterie par semaine.
Privilégier le jambon blanc, la volaille et le poisson.

Afin de limiter les cancers du colon et du rectum

Un régime alimentaire + riche en végétaux et - riche en viandes est associé à une diminution du risque global de tumeurs (-15 %), de cancers digestifs (-35 %) et du poumon (-55 %) selon la cohorte NutriNet Santé

Risques, charcuteries et viandes, pourquoi ?

Le fer retrouvée notamment dans l’hémoglobine, qui est abondant dans les viandes rouges génère un stress oxydant qui oxyde les graisses et forme des composés toxiques pour l’ADN. Comme les sels nitrités de salaison des charcuteries

Le sel est en général un problème à part entière, en entraînant une inflammation des muqueuses pouvant favoriser la prolifération des cellules cancéreuse dans l'estomac, et en altérant la viscosité du mucus, ce qui
favorise l’action de composés cancérogène

La cuisson excessive de la viande peut elle aussi mener à l’oxydation des lipides et à la formation de composés génotoxiques.

La cuisson au grill ou au barbecue augmente pour cette raison le risque de cancer de l’estomac.

Il faut donc privilégier la cuisson douce

Mangez des fruits et légumes et des produits laitiers.

Les fruits et légumes apportent des substances protectrices, et des fibres qui réduisent l’insulinorésistance, des concentrations d’hormones stéroïdiennes circulantes, et le temps de transit intestinal

et apportent également des composés pouvant influencer la cancérogénèse en exerçant de nombreux effets biologiques positifs , sur les activités antioxydantes ou antiprolifératives, par exemple.

Les produits laitiers, mangez-en ... au moins deux par jour (une portion correspond à 150 mL de lait ou 125 g de yaourt ou 30 g de fromage). Le calcium pourrait avoir un effet protecteur sur le risque de cancer colorectal. Il a des effets directs sur les cellules

Il réduit la multiplication et la différenciation des cellules tumorales, il régule certaines hormones, il agit sur les acides pro-inflammatoires et les acides gras, en les empêchant d’endommager la paroi intestinale

Et pour finir, pas de consommation à forte dose de compléments alimentaires à base de bêta-carotène car cela augmente le risque de cancer, de façon convaincante pour le cancer du poumon et probable pour celui de l’estomac.

Et tentez de limiter les produits ultratransformés (la cohorte NutriNet santé note qu'une hausse de 10 % de la proportion d’aliments ultratransformés augmente de 10 à 11 % le risque de cancer)

END

Share this Scrolly Tale with your friends.

A Scrolly Tale is a new way to read Twitter threads with a more visually immersive experience.
Discover more beautiful Scrolly Tales like this.

Keep scrolling