Mortalité et moribidité autour d'un centre de stockage de déchets nucléaire de l'ANDRA : Analyse comparative d'études sanitaires et d'article de presse.
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Au gré de mes pérégrinations twiteresques d'hier soir, je suis tombé sur un gazouillis d'une antenne locale de @francebleu, à savoir @fbleuchampagne. Article retweeté entre autres par @maxence_wp et @francebleu
Le titre de l'article en question : Dans l'Aube, le risque de cancer du poumon est plus élevé autour du centre de déchets radioactifs de Soulaines.
Je me suis dit :"tiens, allons voir ça. C'est du service public, ça doit donc être un article de qualité"
Je me suis dit :"tiens, allons voir ça. C'est du service public, ça doit donc être un article de qualité"
Naaan, je déconne, en fait j'étais plutôt comme ça :
J'ai donc profité de ma pause déjeuner pour aller lire tout ça et voir à quel point on allait de le wtf, et j'ai pas été déçu. Mais avant, un peu de géographie. Soulaines-Dhuys est une charmante petite commune de l'Aube, à la limite de la Haute-Marne.
L'@Andra_France y a un centre de stockage appelé Centre de Stockage de l'Aube (CSA, mais qui s'appelait auparavant CSFMA) qui y accueille des déchets à vie courte et de faible ou moyenne activité. On rappelle au passage la classification des déchets (source : @Andra_France ) 
On rappelle que la limite vie longue - vie courte se situe à une période radioactive de 31 ans. On rappelle que la période radioactive (ou demi-vie) est la période au bout de laquelle la substance perd la moitié de sa radioactivité. Vous aurez noté aussi qu'il y a une classe TFA
Ces déchets sont stockés dans un autre centre de stockage (le CIRES) situé à Morvilliers, commune limitrophe de Soulaines-Dhuys. Mais revenons à cet article de @fbleuchampagne, et en particulier à son chapeau, cité ci-après :
"Une étude publiée le 6 juin par Santé publique France révèle que le risque de décéder d'un cancer du poumon pour les habitants qui vivent près du centre de stockage de déchets nucléaires de Soulaines-Dhuys dans l'Aube, est plus élevé qu'ailleurs dans le département."
L'étude en question se trouve ici : invs.santepubliquefrance.fr/Publications-e… Je me permets de vous donner le lien car l'article de vous le donne pas. Ce ne serait pas drôle si on ne devait pas chercher nous même les sources dans les méandres de l'Internet.
Un peu plus loin dan l'article sont écrits les mots suivants : Il y a 25% de risque en plus, selon l'étude menée sur la période 1998-2007. Un chiffre qui monte à +28% de mortalité chez les hommes de 1998 à 2007.
Je suis donc allé lire l'étude, ce que visiblement n'ont pas fait correctement les journalistes en question. Cette étude est en fait une étude complémentaire à une précédente étude réalisée en 2011. Cette première étude, la voici :
opac.invs.sante.fr/doc_num.php?ex…
opac.invs.sante.fr/doc_num.php?ex…
Réalisée par l'INVS (l'ancêtre de Santé Publique France), elle a étudié la mortalité et la morbidité des cancers autour du CSA. Cette étude épidémiologique a été réalisée suite à la demande d'associations et d'élus locaux et s'est concentré sur les cancers dans un rayon .../...
de 15km autour du CSA. Si vous avez bien suivi la petite leçon de géographie, cela regroupe aussi le CIRES. Mais le CIRES n'a ouvert ses portes qu'en 2003 et la période étudiée va de 1993 à 2007. Etant donné le temps de latence pour déclarer un cancer on peut considérer
que cette étude ne porte que sur le CSA. Les cancers étudiés sont "les leucémies, les lymphomes malins non Hodgkiniens, la maladie de Hodgkin, les myélomes multiples ainsi que les tumeurs malignes primitives de l’ensemble "trachée, bronches, poumon, plèvre", des os, .../...
des seins, de l’estomac, du côlon et du rectum, du foie, des reins, du système nerveux central et de la thyroïde. Il est également précisé la méthode avec laquelle on peut dire si le centre a un impact significatif sur ces maladies. Pour la mortalité, on calcule un SMR Kézaco?.
Il s'agit du rapport entre le nombre de décès observés et le nombre de décès attendu, et en anglais ça donne Standardized Mortality Ratio. Il est accompagné d'un intervalle de confiance à 95%. Petit rappel de la définition :
insee.fr/fr/metadonnees…
insee.fr/fr/metadonnees…
Subséquemment, un SMR>1+intervalle de confiance qui ne contiendrait pas la valeur 1 signifie qu'il y a un excès de décès.
Pour la morbidité, c'est-à-dire le nombre de personne hospitalisés pour cette maladie, quelle qu'en soit l'issue, on procède de la même manière, sauf qu'on parle de SHR pour Standardized Hospitalisation Ratio.
En plus des SMR et SHR sont calculés des risques relatifs (RR) que représente le risque d'avoir telle pathologie en vivant près du centre. Il est aussi associé à un intervalle de confiance, mais pour ce facteur je ne sais pas comment il est calculé.
Je sais cependant qu'il est lié au nombre de pathologies décelés. Ainsi, une pathologie avec 200 cas aura un RR plus précis qu'une pathologie avec 10 cas. De même que pour les SMR et SHR, il faut que le RR>1 et intervalle de confiance ne contient pas 1 pour dire que vivre .../...
autour du CSA présente un risque plus important. En couplant ces deux indicateurs (SMR+RR et SHR+RR) on arrive aufinal à dire : on a tant de % de "chance' en plus de développer tel cancer en vivant à côté du CSA. Passons maintenant aux résultats.
Pour la mortalité, il y a trois cas avec SMR>1 et intervalle qui ne contient pas 1 : cancer du poumon et du rein chez les hommes, cancer du foie chez les femmes. La suite au prochain épisode.
La suite ici:
