Ce livre écrit entre 1928 et 1931 constitue le cœur de la doctrine de Trotsky, de celle qui va l’opposer à Staline (et à ceux qu’il appelle les « épigones »), le voir exclu du parti, exilé puis assassiné.
La formulation de la « révolution permanente », pensée à partir de la révolution de 1905 et surtout celle de 1917, s’inscrit dans la lutte de Trotsky contre les Mencheviks, partisans d’une révolution ayant pour finalité d’instaurer la démocratie.
Trotsky considère qu’une telle révolution serait une révolution inachevée, pire, qu’elle aurait probablement pour conséquence de servir de marche-pied à la prise de pouvoir de la bourgeoisie.
Aussi dit-il que la révolution doit viser la mise en place ... du socialisme.
Pour obtenir une révolution « vraiment » socialiste, dit-il, il faut nécessairement s’appuyer sur « la dictature du prolétariat ».
Cette statregie préconisée par Trotsky s’appuie sur le concept qu’Engels et Marx ont forgé à partir de l’expérience française (1848 et 1871). Une âpre discussion a alors lieu, Lénine préférant parler de « dictature du prolétariat et de la paysannerie ».
Lénine a en effet mis en lumière un « particularisme » russe : il s’agit d’un Empire où la paysannerie joue un rôle déterminant qui ne peut être occulté.
Il ajoute également que la Russie est dans des conditions matérielles et économiques autres que celles de la France du XIXe s.
La Russie du début du XXe est encore féodale et antécapitaliste. Les prévisions d’un Marx annonçant la destruction du capitalisme par le biais de ses contradictions internes ne peuvent donc pas avoir lieu.
C’est à ces questions que Trotsky répond en défendant la révolution permanente et le processus continu de la transformation du monde en appelant à une révolution mondiale et générale contre le capitalisme sur les bases de l’internationalisme marxiste.
C’est cela qui lui vaudra les attaques de Radek, Boukharine et bien sûr Staline qui l’emportera en imposant sa doctrine opposée à la Russie soviétique ; celle du « socialisme dans un seul pays ».
Reste en legs de ces débats plusieurs questions que la théorie politique doit retravailler 1. L’articulation du national et de l’international 2. Le parachèvement de l’idéal révolutionnaire en socialisme 3. L’interrogation sur la paysannerie constituant une classe à part ou non
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"Oblomov" est une figure en Russie aussi évocatrice qu'un "Faust" ou qu'un "Dom Juan".
Retour sur une oeuvre fondamentale de la littérature qui a fascinée aussi bien Pontalis que Levinas, et dont Dobrolioubov dans un article fameux en a fait une doctrine : "l'oblomovisme".
1. "Oblomov" (1859) est l'oeuvre majeure de l'écrivain russe Ivan Gontcharov (1812-1891). Il a été considéré comme un livre essentiel dès sa parution par ses contemporains parmi lesquels on trouve Tolstoï ou Dostoïeveski qui ont chacun fait part de leur admiration.
2. L'histoire du roman est bien connue: c'est l'histoire d'un homme qui ne veut pas quitter son divan.
Ce court résumé ne laisse pourtant pas imaginer la richesse de cet ouvrage en tt point extraordinaire. Car derrière cette apparente simplicité se cache un roman philosophique
On se demande toujours si cela vaut la peine de gaspiller du temps à critiquer les choix éditoriaux de Stéphane Bern ou la propagande contre-révolutionnaire d'un L. Deutsch, mais puisque beaucoup me demandent mon avis sur la série Netxflix "La Révolution", je vais en dire un mot.
1. En réalité, je ne devrais rien rajouter à ce qu'a dit @jcbuttier : c'est un navet.
Et comme pour tout navet, le seul commentaire à y ajouter devrait être d'encourager à passer son chemin et d'aller ouvrir un livre de Michelet, Quinet, Mathiez, Walter ou Soboul.
2. Mais il y a une chose qui peut et doit susciter plus que ce désintérêt. C'est l'effet délétère que peut produire cette série.
J'ai tendance en effet à considérer que toutes nos analyses doivent partir du réel, des conditions matérielles de vie, de l'ethos populaire
L’automne rôde à nos portes et le mois nouveau appelle à relire (ou lire) cette nouvelle souvent délaissée de Flaubert (« Novembre », 1842),
écrit de jeunesse qu’il a un peu renié et qui éclaire pourtant si bien toute son œuvre. #VendrediLecture#Thread#litterature
1. Il y a « plusieurs » Flaubert.
Le jeune Flaubert, le Flaubert de la maturité et le Flaubert au soir de sa vie.
Le dernier est réactionnaire en atteste ses commentaires sur la Commune,
Celui du milieu - le plus connu - a quelque chose d’un « anar’ de droite », détestant
2. les conventions bourgeoises sans chercher à y substituer une société nouvelle.
Il y a chez ce Flaubert une sorte de refus de ce Monde qui n’investit pas pour autant le souffle socialiste/marxiste de son temps que d’aucuns croient alors régénérateur.
Pour les amoureux d'Histoire des idées politiques, un petit thread sur un livre peu connu mais à l'influence pourtant majeure sur l'histoire révolutionnaire :
"Que faire" (1863), de Nikolaï Tchernychevski,
ce roman qui a bouleversé Dostoïevski, Lénine, Emma Goldman, Nabokov...
1. "Que faire ?" n'est pas un traité politique mais un roman à première vue assez inoffensif et dont on peine au commencement à comprendre pourquoi il a tenu une place si importante dans la littérature révolutionnaire.
2. Quelque part entre Goethe, Balzac et Dostoïevski, il narre les problématiques amoureuses & sociales de différents protagonistes (Vera Pavlovna, Lopoukhov, Kirsanov) dans un style un peu ampoulé et pas toujours simple à suivre (le problème de traduction est palpable).
Ici et là, on interroge sur ce que la politique peut et doit répondre à la situation de désolation que nous traversons. Nous ratons, je crois, une étape.
Nous intimons la politique pour masquer que nous avons en grande majorité abandonné son préalable fondateur : le politique.
Nous avons oublié les enseignements de la philosophie politique, nous avons oublié que nous sommes enfants d'une tragédie : nous sommes animal social, condamné à devoir vivre avec les autres.
La création de la Cité découle de cette fatalité, le nomos grec, le jus romain aussi.
La récente gestion de cette donnée par la démocratie est "un accident" comme le dit Moses Finley dans L'Invention de la politique. C'est à dire qu'elle est une nouveauté de l'Histoire, un bien précieux que nous sommes en train de perdre faute de ne plus "penser le commun".
La Nation est un mot qui pose question. Je le comprends car je ne l’ai pas reçu en héritage et j’appartiens à une génération pour laquelle il est un mot chargé négativement. Je sais bien ce qu’il charrie.
J’ai toutefois décidé de le questionner pour @RevueGerminal
Explications.
1. J’essaie de comprendre d’abord pourquoi ce mot est tant rejeté.
J’y vois 2 raisons principales. D’une part, il est lesté des horreurs du XXe s : les 2 guerres mondiales, le colonialisme, le fascisme, la Shoah. Il est perçu comme le premier domino qui entraîne les autres dans
une réaction en chaîne funeste. Il faudrait dc veiller à ne jamais le remettre debout
D’autre part, l’extrême-drte, qui traditionnellement mobilisait plutôt la monarchie & le catholicisme, use désormais du vocable depuis que la gauche l’a abandonné, créant ainsi un cercle vicieux