On continue notre série d’articles sur la Peste. Aujourd’hui, épisode 20 : « La Peste, le peintre et les chapelles ». L’épidémie touche en effet les artistes et entraîne une série d’évolutions artistiques🎨... Un thread, à partir d’un article de @CathKikuchi ⬇️! #histoire 
La peste touche les artistes d’abord parce qu’eux-mêmes n’échappent pas à la mort… En Italie, la peste décime par exemple les élèves de l’école du peintre Giotto, propulsant les (rares) survivants sur le devant de la scène
Les peintres comme leurs commanditaires sont préoccupés par la mort qui les entoure. L’influence de l’évènement se fait sentir. Selon l’historien de l’art Millard Meiss, les œuvres se font plus hiératiques, moins narratives.
La différence est particulièrement marquante si l’on compare par exemple ces deux retables, l’un de Giotto peint entre 1315 et l’autre de son élève Orcagna, peint en 1357.
L’effet de la Peste sur l’art peut également être abordé par le biais des commanditaires. L’historien Samuel Cohn étudie ainsi les testaments des Florentins, avant et après la Peste : on voit qu’après 1348 il y a plus de gens qui commandent des œuvres d’art
Et pas uniquement des élites : ainsi de ce Nullus fils de Pepus, habitant dans la campagne entre Pérouse et Todi, qui commande en 1348 la réalisation d’une image de la Vierge en majesté, qu’on doit placer au-dessus de sa tombe dans l’église de son village.
De même, les chapelles sont commandées par les nobles, mais pas uniquement : en 1416, c’est un cordonnier de la petite ville de Vinci qui demande de réaliser une chapelle funéraire et laisse 50 florins sur ses biens pour cela.
L’inflation des commandes funéraires s’observe dès la peste de 1348. Mais c’est surtout la deuxième peste, celle de 1362, qui modifie ces pratiques en profondeur. Les commandes affluent, se font plus précises et exigeantes
Les commandes insistent également de plus en plus sur la commémoration du mort et de son lignage : les artistes doivent représenter les armoiries de la famille, le mort et ses ancêtres doivent être représentés agenouillés devant les personnages sacrés
Parmi ces commanditaires, les femmes ne sont pas en reste et représentent un quart des commandes artistiques rassemblées. En 1389, une veuve de Pérouse donne ses terres pour faire réaliser une chapelle et un tableau la représentant aux côtés de la Vierge Marie
La commande artistique devient un véritable « culte de la mémoire » qui s’étend à toutes les couches de la société. Les donateurs, du noble au boutiquier en passant par le travailleur de la laine et le paysan, utilisent l’art pour célébrer leur mémoire et celle de leur famille.
Les transformations des mentalités induites par la peste ne se font pas du jour au lendemain. En l’occurrence, le retour de l’épidémie 14 ans plus tard aura eu un effet déclencheur encore plus fort que la première.
L’art se fait ainsi le reflet de transformations sociales et de nouvelles préoccupations, au carrefour du temps long des évolutions artistiques et du temps court de l’épidémie. Qu’inventerons-nous après le #coronavirus ? La suite au prochain épisode !
