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[Thread Dragon Ball]
Pour mon second thread, j’ai décidé de parler d’une licence très chère à mon cœur, #DragonBall. La question de la musique est d’autant plus passionnante qu’y trouver des infos relève de l’archéologie.
#DragonBallZ #DB #DBZ #AkiraToriyama #ShunsukeKikuchi
Avant de commencer, je précise que je suis le cocréateur du concert officiel mondial Dragon Ball Symphonic Adventure et concepteur de la setlist, produit avec ma société @Overlook_Events. Je vais aussi revenir à la fin sur la création du concert. #DBSA
J’ai passé un an et demi à étudier la musique et la série pour créer la setlist du concert, comprendre l’instrumentation, les choix narratifs qui ont été faits… il reste encore beaucoup à apprendre, mais je pense déjà pouvoir partager pas mal de choses avec des infos inédites !
Le premier très grand succès d’Akira Toriyama dans Weekly Shônen Jump date de 1980 : Dr. Slump connait une grande popularité et s’étend par conséquent sur quatre ans. Le manga est alors adapté par Toei Animation pour une diffusion sur Fuji TV dès avril 1981.
Les équipes étant internes, nous retrouvons des noms qui seront actifs, dès 1986, sur Dragon Ball : Keizô Shichijô (production), Minoru Maeda (animateur), Minoru Okazaki (réalisateur)... et le compositeur Shunsuke Kikuchi, qui signe déjà une très belle partition orchestrale.
Beaucoup de fans sont familiers avec ce nom, mais il reste globalement mal connu. Shunsuke Kikuchi n’est, d’ailleurs, pas le seul compositeur de la période classique de Dragon Ball et Dragon Ball Z ! Né en 1931, il est d’abord diplômé en génie mécanique à Aomori au nord du Japon.
Il entre après dans la prestigieuse Nihon University College of Art de Tôkyô et étudie la musique avec une spécialisation en composition, et poursuit ensuite son éducation auprès du compositeur Chûji Kinoshita, très réputé dans les industries du cinéma et du drama.
Kikuchi compose alors pour des films et drama Jidaigeki (thèmes d’époque), très populaires au Japon, mais aussi Kaiju Eiga (films de montres) comme Gamera, l’autre grande figure du genre après Godzilla, avec quatre films en deux ans.
À la télévision, son nom est quasi-indissociable du mangaka Shôtarô Ishinomori, avec Kamen Rider en 1971, Robot Detective en 1973 ou tardivement Voicelugger en 1999. Il est, à ce titre, un compositeur de « genre », décomplexé, très actifs dans les célèbres « Tokusatsu ».
En animation, on lui doit Tiger Mask en 1969, Casshan en 1973, les tribulations mécaniques de Getter Robo dès 1974 et UFO Robot Grendizer (Goldorak) dès 1975 de l’immense mangaka Go Nagai, ou encore Starzinger de Leiji Matsumoto en 1978. Jetez-y une oreille, c’est que du lourd.
Mais c’est bien Dragon Ball qui sera, et de loin, sa plus grosse contribution professionnelle : deux séries pour environ 450 épisodes et près de vingt films ! Cette période « classique » se termine par le film Wrath of the Dragon en 1995 et la dernière saison de DBZ en 1996.
Shunsuke Kikuchi s’est assez peu exprimé, mais je décortique dans ce thread deux coffrets incontournables : Daizenshû en 1994 (traduit par « Great Collection ») et BGM Collection (2006). Il s’exprime dans le livret :
La musique de Dragon Ball est, au départ, vraiment similaire à celle de Dr. Slump, avec des gimmicks très proches comme l’utilisation du « flexatone ». Voilà deux extraits montés par mes soins, l’un de DB, l’autre de Dr. Slump. Qui est qui ?
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Mais on peut jouer à ce jeu avec d’autres œuvres, comme par exemple avec Goldorak et d’autres gimmicks comme l’utilisation du « vibraslap », instrument incontournable dans le style du compositeur. Encore un petit montage : qui est qui ?
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Étonnant, n’est-ce pas ? Cela est à mettre autant sur la personnalité du compositeur que le style de l’époque ou la réelle volonté, dans le cas de Dr. Slump / DB, de travailler sur la même base de travail, voire la même bibliothèque musicale… on y revient plus tard.
Nous oublions cependant trop souvent les autres grands compositeurs de la période classique de DB. En effet, les *chansons* prennent une place prépondérante dans la musique de la saga. Kikuchi n'en a pas composé une seule, car c'est une forme d’écriture très particulière.
Takeshi Ike est le compositeur des chansons de Dragon Ball : Makafushigi Adventure (Opening), Romantic Ageru Yo (Ending) ou les « Insert Songs » / « Image Songs » : Mezase Tenkaichi, Dragon Ball Densetsu, Son Goku Song ou encore Wolf Hurricane.
Anecdote : j’avais au départ nommé le concert « Dragon Ball Makafushigi Adventure » pour ensuite opter pour « Symphonic Adventure ». Makafushigi est complexe à traduire : mystère, magie, démon... Bref, ça représente parfaitement Dragon Ball, mais parlait peu aux fans occidentaux.
Chiho Kiyooka est la compositrice des chansons de DBZ, à quelques exceptions : elle est à l’origine de CHA-LA HEAD-CHA-LA (Opening) et surtout de l’Insert Song légendaire Unmei no Hi ~Tamashii vs Tamashii, la transformation de Gohan en SSJ2 dans l’ép. 184.
Enfin, le second Opening de DBZ, WE GOTTA POWER, est composé par Keiju Ishikawa. Les deux Endings, Detekoi Tobikiri Zenkai Power et Bokutachi wa Tenshi datta, sont composés par Takeshi Ike, qui est donc quantitativement le second compositeur le plus important de la série.
BGM c’est pour BackGround Music. Si ça parait évident, il y a une subtilité : on parle bien des musiques de fond qui soulignent l’action, mais on sous-entend qu’elles n’ont alors pas une place prépondérante. Elles sont en retrait, elles habillent l’image.
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Les Insert Songs sont les chansons entendues *dans* la série, elles ne sont pas en retrait comme les BGM. Unmei no Hi est sans doute la plus célèbre. Dans le concert DBSA, j’ai tenu à mettre ma préférée, Mezase Tenkaichi, chantée par le génial Hiroki Takahashi.
Opening et Ending, sont les génériques de début et de fin des épisodes ou des films. Traditionnellement ce sont des chansons, et généralement le compositeur de la BGM (« background music ») ne s’en occupe pas. Il y a des exceptions, mais pas dans le cas de DB/DBZ.
Il y a bien sûr des exemples « hybrides ». J’ai tenu à mettre Dragon Ball Densetsu de Takeshi Ike dans DBSA car elle est géniale, mais aussi car c’est une Insert Song de la série tout en étant le Ending du troisième film de 1988, Dragon Ball: Mystical Adventure.
Les Image Songs sont les chansons officielles inspirées par la série mais absentes de celle-ci, souvent composées par les compositeurs officiels, et parfois d’autres. La série d’albums « Hit Song Collection » de DBZ en sont truffés (21 albums au total !).
Entre « BGM » et « Song », la distinction semble donc évidente. Mais les Opening sont très déclinés dans DB (Makafushigi) et DBZ (CHA-LA), et font par conséquent office de « fil rouge » musical, parfois très subtil. Prenons deux exemples de « BGM » non composée par Kikuchi…
Prologue & Subtitle I est attribué à Chiho Kiyooka, compositrice de CHA-LA HEAD-CHA-LA : Kikuchi est crédité comme arrangeur. Ce morceau illustre le récap de l’épisode précédent, et finit par un jingle qui annonce le titre de l’épisode en cours.
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« Prologue & Subtitle II » est attribué dans les OST à Keiju Ishikawa, compositeur de WE GOTTA POWER : Kikuchi est aussi crédité comme arrangeur. Sa fonction est la même, mais il illustre la seconde partie de DBZ.
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Les plus perspicaces auront reconnu qu’il s’agit de la même mélodie… hum, vous êtes sûrs ? Écoutez mieux… pas évident. En fait, le premier est une variation de CHA-LA (illustrant la première partie de DBZ), et le second une variation de WE GOTTA POWER (seconde partie de DBZ).
Mais, chose étonnante, on croit reconnaître la même musique ! C’est fait exprès, et l’explication se trouve dans le livret des OST : le but était de garder une structure identique. En fait, ces deux morceaux sont construits par Kikuchi, et c’est au final sacrément malin !
C’est précisément ce qui fait de Shunsuke Kikuchi un élément indispensable pour Dragon Ball : excellent compositeur, arrangeur très ingénieux et orchestrateur émérite, il se doit de donner à la saga un dynamisme accompagnant les nombreux arcs et personnages.
Kôzô Morishita, réalisateur et producteur sur Saint Seiya, est appelé sur Dragon Ball Z pour donner un coup de fouet à la série, lui faire passer une étape de « maturité ». Il explique à propos de Shunsuke Kikuchi :
Mais Kikuchi ne travaille pas seul sur sa partie, qui est la plus délicate et longue à concevoir. En 1993 (date des commentaires du livret de l’album publié en 1994), à deux ans de la fin de série, il a selon Morishita composé près de 400 musiques différentes juste pour DBZ !
Première erreur communément acceptée par la communauté : non, il n’a pas composé 400 musiques pour la saga comme on le lit un peu partout, mais 400 pour DBZ entre 1989 et 1993, dates des commentaires ! Alors imaginez le total entre 1986 (début de DB) et 1996 (fin de DBZ) !
Comme souvent pour ce type de projet, une personne va s’occuper de la sélection des musiques dans les épisodes : le compositeur, lui, est tout bonnement occupé à composer en prenant en compte une ligne directrice. Ce concept mérite quelques éclaircissements.
Il n’est pas question pour le compositeur de voir un épisode et de composer dessus, c’est extrêmement rare et inhabituel. La production se fait pendant la composition de la musique, avec même une longueur d’avance. Il faut donc être très méthodique, et Toei sait faire.
Pour faire la musique, plusieurs personnes se réunissent. Dans le cas de DB (1986-1989), il y a bien sûr le compositeur, mais aussi notamment le producteur, Keizô Shichijô et le "sélectionneur" musical, Shigeru Miyashita. Peut-être aussi réalisateur(s) ou monteur(s), dur à dire.
Ensemble, ils discutent de la direction : couleurs musicales, instrumentation, thématiques… un cahier des charges est conçu, avec une ligne directrice, sous forme de liste de travail. Ils établissent alors quoi faire pour quelles « type » de scènes, situations, personnages…
Ainsi, le compositeur fait son travail quasiment à l’aveugle : certes, il connait la série, voit l’avancement, voit même des extraits, mais ne compose pas à la seconde près sur le montage : cela ne vous aura pas échappé, mais une série comme Dragon Ball a des redondances.
Ennemis, actions, suspense, comédie, voyage, dialogues… dans ce cas précis, le compositeur va donc composer « au kilomètre » : plusieurs musiques d’action, de suspense, d’atmosphère ou encore comiques, avec des traits communs qui reviennent pour conserver l’unité globale.
Ces traits communs font la personnalité du programme : ce sont des instruments, le flexatone ou le vibraslap, très présents dans DB, mais aussi des « motifs » : l’Opening est ainsi décliné en plusieurs formulations, ou alors carrément des thèmes associés à un unique représentant.
Par exemple dans Dragon Ball, Bulma a son thème qui est une variation de l’Ending, mais Kuririn, lui, n’en a pas. La Red Ribbon Army a son thème, comme Piccolo Daimaô, qui sont reconnaissables car ils doivent marquer les esprits : ce sont les premiers arcs d’envergure de la saga.
Cela ne les empêche pas d’être utilisé ailleurs… la marche militaire du Red Ribbon peut être entendue, plus tard, dans DBZ contre Cell, et encore après contre Buu ! Pourquoi reprendre des vieux thèmes quand il y a largement de quoi faire avec les nouveaux ? Difficile à dire...
Je m’arrête un instant. Certains me diront « mais si, Kuririn a un thème ». Dans le livret de Daizenshû, la troisième partie du morceau Kamesenryû no Kibishii Shûgyô est décrit comme le thème Kuririn… sauf qu’il a été composé pour un film, pas la série !
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Cela illustre le travail qui a été fait : Kikuchi a composé pour « remplir » une bibliothèque musicale, qui se tient par la cohérence des choix musicaux d’ensemble pris avec, notamment, le producteur Shichijô et le sélectionneur Miyashita. Kikuchi nous explique :
Ce témoignage du compositeur est intéressant car il dit deux choses : d’une part, la musique pour la série a été écrite et enregistrée par étape lors de la production de la série. Cela veut dire qu’entre les étapes, le sélectionneur puisait dans la bibliothèque musicale.
Ainsi, Shunsuke Kikuchi a écrit énormément de thèmes et de variations en tout genre pour non pas enrichir directement la série, mais bien pour continuer une « banque de donnée » musicale dans laquelle la production n’avait plus qu’à puiser au fur et à mesure des saisons.
En effet, il ne faut surtout pas croire qu’un compositeur soit mobilisé pendant des années : cela n’est ni optimal, ni rentable pour personne. Mais il y revient régulièrement, notamment pour les films. De 1986 à 1995, ils ont organisé pas moins de 23 sessions d’enregistrement.
À ce propos, il précise avoir pu voir les films pour composer, et en réalité, ce travail fini également dans la bibliothèque et se voit utiliser dans la série après coup. Il explique ainsi qu’il valait mieux composer des morceaux très courts d’une à deux minutes.
Cela dit également quelque chose de fort : Kikuchi a composé de façon précise pour les scènes des films, mais PAS pour la série : le choix des musiques pour chaque scène ne lui revient pas du tout, c’est le travail du sélectionneur Shigeru Miyashita.
De cette façon, la bibliothèque musicale était flexible, pleine de choses que la production pouvait « picorer » pour illustrer les épisodes. Kikuchi précise ainsi que la durée n’était pas très importante au final, que la variété était plus utile et intéressante. Il précise :
Pour les films, cela est différent : comme il s’agit de productions plus importantes pour Toei Animation, le compositeur est dépêché pour y composer des nouvelles musiques. Ces dernières se retrouvent *après* dans la série, et non l’inverse comme certains le pensent.
Un des nombreux exemples existants est inclut dans le concert DBSA : dans le film The World's Strongest, sorti en mars 1990, le thème suivant illustre le combat contre Piccolo qui est alors possédé par l’ennemi (« Mind Control »).
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Il est réutilisé pour la première fois dans la série DBZ dans l’arc Freezer, ensuite une dizaine de fois jusqu’à la fin de l’arc Cell, et est presque toujours associé au personnage de Piccolo. Cependant, il est intéressant de noter que, dans l’OST, le nom attribué est étrange…
En effet, ce morceau est inclut dans un pack de trois musiques sous l’appellation « Jinzôningen Machi e... » (« Les androïdes dans la ville… »). Ainsi, « officiellement », ce thème est associé aux Androids, soit l’arc se situant précisément entre Frieza et Cell !
Nous en venons à la constitution des OST… il en existe plusieurs, mais le *vrai* travail d’archive et de classement a été fait par deux fois par le « compilateur » Masaru Hayakawa dans ceux que je cite plus haut : Daizenshû (Great Collection) en 1994 et BGM Collection en 2006.
Une constellation de petites pistes et une bibliothèque énorme, avec des morceaux utilisés dans de nombreuses situations, avec peu de thèmes réellement associés aux personnages et des transfuges des films à la série… comment procéder ? Hayakawa explique :
Voilà qui répond à une question : de nombreux fans pointent du doigt le fait que les deux coffrets « collection » de DB et DBZ ne sont en réalité pas complet du tout. D’une part, l’énorme masse de musique composée et non utilisée pour la série est à jamais archivée.
D’autre part, le reste a donc subit une sélection. Pourquoi ? Difficile à dire, mais vraisemblablement certains morceaux courts ont été jugés impropres à l’écoute seule, et commercialement les coffrets font 5 et 3 CD chacun, probablement une limite imposée par le label.
Ainsi, les morceaux sont regroupés par pack, pour deux raisons. D’une part, comme l’expliquait Kikuchi, les morceaux sont courts : rarement au-dessus d’une minute chacun. Cela voudrait dire des dizaines de pistes sur le CD audio, ce qui n’était pas considéré comme acceptable.
D’autre part, pour une certaine qualité d’écoute : les morceaux sont classés par thématique, bien qu’ils illustrent plusieurs passages différents de la série, et chaque CD « BGM » retrace un peu près la narration. Ensemble, ils forment des pistes de longueur « classique ».
Ainsi, le CD 2 de Daizenshû (Great Collection) comporte 27 pistes pour 76 minutes de musique (le maximum que peut recevoir un CD), et ne compte pas moins de 96 morceaux différents, dont l’Opening « Makafushigi » et le Ending « Romantic » !
Vous vous demandez sûrement : la myriade de pistes « BGM », très courtes et donc regroupées dans des pistes nommées uniquement à l’occasion des albums (celles de DB l’avaient été avant les coffrets que je cite), portent forcément un nom, un identifiant ?
C’est là qu’intervient la méthodologie de la bibliothèque musicale : chaque morceau composé, enregistré ou non, est consigné dans un document qui les numérote. Dans les albums officiels, la numérotation est indiquée. Elle est constituée d’une lettre et d’un numéro.
Au cinéma, on numérote habituellement les « cues », les différentes parties d’une musique qui correspondent à des scènes très précises, par la lettre « M ». Masaru Hayakawa explique :
En effet, à chaque fois qu’une musique est composée, elle est donc consignée, numérotée, intégrée à la bibliothèque musicale (ou librairie). Comme deux méthodes de composition et d’enregistrement existent (série et films), c’est indispensable afin de s'y retrouver.
Ainsi, conformément aux habitudes de l’industrie, les films sont numérotées « M ». La série opte au début pour une numérotation de A à J, ce qui permet de différencier les films qui sont, au début, des reformulations de l’histoire de la série. De quoi se mélanger les pinceaux.
Assez rapidement, toute la numérotation prend la formule du « M-Number », y compris la série. Elle débute alors environ à l’épisode 8 avec l’ajout de 4 morceaux récurrent (M-9, M-13, M-18, M-16), le M-10 étant utilisé dès l’épisode 3. Mais dès l’épisode 29, les choses évoluent.
Une numérotation en M-1XX apparaît avec Red Ribbon, dont son thème M-106. La suite M-2XX est enclenchée pour le premier film, Shenron no Densetsu, et entendue dans la série dès l’épisode 53. Les coffrets OST donnent d’ailleurs les dates d’enregistrement.
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Ainsi, les cues A~J et M-XX sont enregistrés le 3 fév. 1986… la série est alors diffusée le 26 fév. ! Un doute persiste sur les cues M-XX, dont un apparaît dès l’ép. 3. Ils sont notés sur des sites comme faisant partie des M-1XX enregistrés en mars 1986, mais c'est une erreur.
En 1986, les numéros suivent les types de musique. Les cues A sont des variations de l’Opening comme vous pouvez l’entendre dans ce montage, avec 7 morceaux différents, s’arrêtant à A-11. Oui, il y a donc bien, quelque part, au moins 11 versions !
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D'autres variations de ce thème existent : C-2/3/4 qui sont numérotés différemment pour le « catcheye », ou encore une variation que j’adore dans le 2nd film Sleeping Princess in Devil's Castle, noté « Gôku's Theme », M-411, utilisé dans le concert DBSA.
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Nous trouvons aussi des « bridges ». Ce sont les pistes très courtes qui font le lien entre deux scènes. Par exemple, Saint Seiya en comporte énormément, quelques dizaines sur les OST. Sur DB, certains sont numérotés F-XX, et l’un est mixé au début du thème en A-6, le F-48.
F-49 se trouve dans Daizenshû, piste « Kiken ga Ippai » (« Le danger est partout »), qui est construite comme une petite narration. Le morceau F-49 a donc été utilisé comme un « bridge » entre deux musiques pour l’OST, mais ne se trouve pas dans la série.
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Cela nous donne aussi une idée de la mesure du travail de Shunsuke Kikuchi : « F-49 » sous-entend qu’au moins une cinquantaine de cues « F-XX » existent, au moins sur le papier (partition ?). Cela illustre le fait qu'il a écrit énormément de musique, une quantité vertigineuse.
Finalement, le « drame », malgré cette méthode impeccable, est que toutes les musiques de DB et DBZ ne soient pas officiellement éditées sur bandes originales, et c’est notamment le cas des films DBZ qui, parfois, sont même les grands oubliés.
Le dernier film de l’ère classique, Dragon Ball Z: Wrath of the Dragon, avec le fameux thème de Tapion composé par Tetsuji Hayashi (Shunsuke Kikuchi reste le compositeur de la BGM), un travail numéroté M-21XX, n’a même pas connu d’OST à part le single de la chanson.
Comment, avec tout ça, construisons-nous un concert comme Dragon Ball Symphonic Adventure ? Évidemment, je ne peux pas tout révéler ! Et puis il n’y a finalement aucun mystère particulier, juste beaucoup de travail, et être passionné par le sujet.
Artistiquement, l’idée est de respecter la musique ET la narration. Vous l’avez vu, DB et DBZ, c’est des centaines de morceaux différents. Rien que DB, entre les morceaux A-XX et J-XX, c’est près de quarante cues différents. Ils sont TOUS importants pour la narration.
Au début, on était bien embêté : un concert classique, ça ne fonctionne pas avec DB. On ne peut pas enchaîner les morceaux comme ça, ça n’aurait eu aucun sens. Respecter les « pack » des coffrets OST a été une option. Mais franchement, le choix était impropre à un concert.
J’ai donc opté pour des medleys originaux. Pour pallier le fait qu’il y ait plein de variations comme celui du thème, j’ai aussi beaucoup tapé dans les OST des films, qui sont utilisées dans la série. J’ai fait attention à respecter les thèmes, leur placement dans les épisodes…
La prise de note a été déterminante : chaque musique a plusieurs utilisations dans la série, il a fallu concilier les choix de narration, la variété de la sélection et le rythme du concert, car c’est une expérience live. Il fallait penser à tous les spectateurs, fans ou non.
Le résultat est l’utilisation de plus de 100 musiques différentes pour l’intégralité du concert, le tout parfaitement calé avec les images. Cela a été un gros travail, tous les musiciens jouent avec un click, et l’image est diffusée en live totalement synchronisée.
La suite la plus longue et celle de l’arc Cell : 13 morceaux différents, qui s’enchainent sans coupure sur Unmei no Hi avec la transformation de Gohan en SSJ2… presque 20 minutes complètement dingue. Je pense sincèrement que c’est du jamais-vu sous cette forme.
Je ne suis évidemment pas seul : les monteurs Damien et Henry ont abattu un travail titanesque, et ont apporté plein d’idées de mise en scène, et surtout le choix des images à partir de mon fichier 100% textuel. Le tout, validé par le Japon bien sûr ! Un beau travail d’équipe !
Je dois aussi saluer les quelques « fans » qui nous ont donné des clés pour être sûr de ne rien oublier : @SAbdelhamid et surtout la légende Chahid @Ryosaeba94 de @les_illuminati. Anecdote : j’étais bloqué sur la fin d’un medley très important : la mort de Freezer par Trunks.
Henry, le monteur sur DBZ, avait fait un montage sidérant, mais il manquait « un truc ». Et puis je voulais absolument caser le thème de Tapion. Au téléphone avec @Ryosaeba94, le mauvais fan que je suis n’avait pas mis le doigt sur l’évidence : l’épée de Trunks qui tue Freezer…
Cette épée est celle donnée par Tapion à Trunks dans le film Wrath of the Dragon… de quoi finir ce medley par des plans sur Trunks avec le fameux thème joué au piccolo par le soliste de l’orchestre. Sans doute le plus beau moment du concert, car on a pris les fans par surprise !
La prochaine étape pour nous est Saint Seiya Symphonic Adventure. Exactement même démarche, peut-être « plus facile » car basée sur les 114 épisodes de la série originale, contre environ 450 pour DB et DBZ. Mais musicalement, vous pouvez être sûr qu’on ne lâche pas la pression !
Si vous avez tenu jusque-là, un grand merci pour m’avoir lu. Il a tellement à dire sur Dragon Ball et Kikuchi, mais je dois m’arrêter… et je me permets de vous renvoyer vers le premier thread que j’ai fait à propos de la musique de Final Fantasy VI !
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