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Aujourd'hui, je vous parle d'un de mes mangas préférés : Spirale de Junji Ito 🐌🌀 #thread #uzumaki #junjiito
/!\ Avertissement /!\ : le thread va être très long, alors si le sujet ne vous intéresse pas et/ou que vous ne voulez pas voir d'images dégueus tirées du manga, vous pouvez masquer le premier tweet et vous ne verrez rien \o/
Si vous préférez lire un long texte plutôt qu'un thread twitter, cette analyse de Spirale est disponible dans sa version complète et director's cut ici (bonne lecture !)
medium.com/@morolian/spir…
Spirale, ou Uzumaki de son nom japonais, a désormais plus de vingt ans ! D'abord publié au Japon dans l'hebdomadaire Big Comic Spirits entre 1998 et 1999, puis en trois volumes reliés les mêmes années, il sort en France chez Tonkam en 2002, puis y est réédité en 2011.
En 2020, Spirale va être adapté en anime pour la 1ère fois en 4 quatre épisodes. C'est l'occasion rêvée pour moi de décortiquer ce manga incroyable et unique.
Le trailer de l'anime :
Afin de mieux comprendre ses thématiques, je vais tout d'abord m'attarder sur son auteur et principalement son enfance, dont il déclare être la période qui a le plus influencé sa future carrière de mangaka d'horreur.
(photo de Junji Ito avec son chat)
Junji Ito voit le jour le 31 juillet 1963 dans la préfecture de Gifu. Lors de ses interviews, il revient souvent sur son enfance et son amour très précoce de l'horreur. C'est dans une petite ville entourée de montagnes qu'il grandit avec ses parents et ses deux grandes sœurs.
Grâce à ces deux sœurs aînées, fans de Shinichi Kago (Eko Eko Azarak) et surtout de Kazuo Umezu (L'école emportée, Orochi), le petit Junji se retrouve dès son plus jeune âge (cinq ans selon ses dires) avec Miira Sensei / Mummy Teacher (Umezu, 1968) devant les yeux.
Miira Sensei, ça ressemble à ça
Et Eko Eko Azarak à ça (oui ça tue)
C'est un choc qui change sa vie. Il devient lui aussi un adorateur d'Umezu, désormais surnommé Umezu-sensei dans son cœur et il se met illico à gribouiller de modestes bandes-dessinées d'horreur (voir image), en copiant son nouveau maître.
Les oeuvres "d'Umezu-sensei" vont l'accompagner pendant toutes ces années fondamentales : pour ses annis, il reçoit des volumes reliés ; il achète Orochi avec ses sous (69-70) ; auprès d'un ami il apprend l'existence de L'école emportée (72-74) et des magazines de prépublication
Orochi (oui il y a une SPIRALE)
Il finit par tomber sur l'apparence fantasque du maître lors d'une émission tv du Nouvel An.
Son espiègle manga Makoto-chan (76-81) lui tient compagnie lorsqu'il passe un mois à l'hôpital, suite à une opération de l'appendicite
(photos : Kazuo Umezu)
Cet amour inconditionnel pour Umezu déborde sur un amour inconditionnel pour l'horreur en général. D'autres mangakas de l'époque, comme Hideshi Hino (L'enfant insecte, Panorama de l'Enfer) et Shinichi Koga -cité plus haut- le marquent
Tout comme des films visibles sur le petit écran à la maison. Ainsi, Junji Ito baigne naturellement dans le kaidan eiga, notamment Tokaido Yotsuya Kaidan (Nobuo Nakagawa, 1959) ou Banchō Sarayashiki (Daisuke Itô, 1954), adaptations d'histoires folkloriques de fantômes vengeurs
Ces films-là font partie de son quotidien, on les regarde l'été lors d'une banale rediffusion. Il apprécie également les classiques de la Hammer, mais est extrêmement affecté, comme beaucoup, par L'exorciste de William Friedkin (73), ainsi que par Suspiria de Dario Argento (77)
Le Junji Ito enfant aime se faire peur. Les fantômes le font frémir, tout comme les photos-spirites très en vogue dans les émissions dédiées japonaises. Il parcoure les ruelles étroites de la ville entre les immeubles, s'y cache comme dans un labyrinthe
Avec des amis, ils explorent le tunnel abandonné aux bordures de la cité, armés de lampes de poche et tout au bout, y découvrent une porte close derrière laquelle l'on devine de la lumière ! On y cache sans aucune doute des extra-terrestres !
Où commence et où s'arrête la vérité ? Seul Junji Ito le sait. Visitait-il réellement l'hôpital abandonné du coin ? Son école primaire était-elle vraiment bâtie sur un ancien cimetière ? Peu importe. Ce qui compte c'est le frisson, cette attirance vers les recoins obscurs
Il fait cependant moins le malin la nuit, quand il se réveille avec une envie pressante et doit se rendre aux toilettes. Pour ce faire, il faut traverser un couloir sombre au sol de terre sur lequel se promènent des sauterelles de cave. Traumatisme.
L'occasion de repenser à ces apparitions étranges sur ces fameuses photos-spirites vues à la télévision. Voici ce qui effraie le jeune Junji. Ce qui lui semble réel. Pas les dessins d'horreur dans les mangas, non.
Ce sont les pattes des insectes, les fantômes imprégnés dans la pellicule et les couloirs dont le noir vous aspire. Ou pire, les récits de ses parents à propos de la guerre. Des récits tragiques, qui lui donnent peur -en tant qu'homme- de devoir aller lui aussi un jour au combat
Heureusement, cela n'est pas prévu au programme. Auprès de ses sœurs, Junji peut scribouiller des proto-mangas sur des feuilles de papier. Il développe malgré tout une certaine phobie sociale, trouvant les yeux et les regards des autres extrêmement effrayants
L'enfant amoureux de l'horreur devient un jeune homme timide et mal à l'aise. Sa passion ne faiblit pas, elle va au contraire connaître de nouveaux horizons. Au détour d'une librairie, il tombe sur un recueil d'illustrations de Harry Clarke, pour les romans d'Edgar Allan Poe
Frappé par les détails et la profondeur, l'assurance du trait, Junji Ito tombe amoureux. Il rêve de pouvoir atteindre un tel niveau de perfection
C'est pour finir en lisant Lovecraft qu'il connaît une ultime épiphanie
Jusque là, dans son inconscient, l'horreur avait toujours été associée à un lieu précis et exigu, un fantôme piégé dans sa funeste demeure. Avec Lovecraft, il se rend compte que l'horreur peut prendre une dimension cosmique ! ✴️🐙
Les cloisons dans son esprit s'effondrent. Dans sa tête, les monstres viennent de changer définitivement de forme.
Sauf que dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme prévu.
(image = chapitre bonus de Spirale)
Devenir mangaka d'horreur tient du fantasme, alors après avoir terminé sa scolarité, il s'inscrit au Collège technique dentaire de Nagoya, en vue de devenir technicien dentaire. Un choix de carrière peut-être étonnant, mais définitivement plus stable et prometteur que mangaka
Il obtient son diplôme en 1984 et s'engage sur une voie toute tracée. C'était sans compter sur la création du magazine du prépublication Monthly Halloween en 1986. Spécialisé dans le manga d'horreur destiné à un public féminin, le journal organise un concours, le prix Kazuo Umezu
Cerise sur le gâteau : Umezu-sensei fait partie du jury ! (LE DESTIN)
Bien qu'il n'imagine pas pouvoir remporter la victoire, Junji Ito décide de participer, dans le simple espoir que son idole lise les quelques pages qu'il soumettra
Ni une ni deux, Junji Ito crée le 1er chapitre de Tomie, qui deviendra une de ses séries phares. Il s'inspire d'un sentiment étrange et pesant, datant de son adolescence. Alors encore à l'école, un de ses camarades décède de manière très brutale dans un accident de voiture (:o)
Le jeune Junji a du mal, et on le comprend, à assimiler la nouvelle et continue de croire que c'est impossible, que ce garçon auparavant si débordant de vie va forcément revenir un beau matin dans la salle de classe. Sauf qu'il ne reviendra jamais
De ce malheur passé, Tomie naît. Une jeune fille condamnée à être massacrée par ses amoureux transis et à ressusciter, réapparaissant sur le pas de la porte comme si de rien n'était.
(images = Tomie)
Junji Ito ne remporte pas le 1er prix, mais obtient une mention honorable et surtout sera publié dès février 1987 dans le magazine. Une aubaine ! Il entame une période de presque 3 années, qui va l'épuiser, conjuguant son job de technicien dentaire et sa vocation de mangaka
lI croule le travail, n'a plus le temps de manger, ne dort plus la nuit et maigrit dangereusement. En 1990, il prend la plus grande décision de sa vie : il démissionne du cabinet et embrasse pleinement le rêve de sa vie, devenir officiellement un mangaka d'horreur professionnel !
Pendant une petite 10aine d'années, il va multiplier les courtes histoires d'horreur et se faire la main sur le tas. Pour trouver des idées, il observe son quotidien et s'amuse à repérer des détails anodins qu'il pourra tordre et corrompre afin d'en tirer des récits effrayants 🌀
Il prend également en note ses rêves, terreau particulièrement fécond, et les légendes urbaines ou autres racontars qu'on lui rapporte. Il dessine seul, dans sa chambre, au calme
Ses marques de fabrique s'affirment : un trait élégant malgré les monstruosités couchées sur le papier (héritage d'Umezu et de la tradition shoujo) et des histoires aux chutes abruptes ne durant que le temps d'un chapitre
Le cadre est fréquemment le même, à savoir un environnement contemporain dans lequel va s'insérer un élément paranormal et/ou étrange déclencheur d'événements plus horribles les uns que les autres. Le Monthly Halloween se destinant aux jeunes filles,
les héros/héroïnes sont jeunes eux aussi, des étudiants ou des amoureux, confrontés à des abominations. Les thématiques, dont on retrouvera la plupart dans Spirale, se recoupent et se confirment au fil des années
On peut citer la transformation physique (sous forme de dégradation monstrueuse et incontrôlable) ; l’inéluctable (héritage direct de Lovecraft) ; le grotesque ; l'architecture impossible ou encore la malédiction de la beauté, principalement féminine
Fun fact : Junji Ito avoue avoir eu très peur des femmes, surtout "des belles femmes", c'est d'autant plus cocasse qu'il a grandi entouré de ses sœurs et conçu des mangas visant un public féminin ! Et, bien plus tard, il aura lui-même deux filles !
Le succès aidant, Junji Ito finit par être démarché par Shogakukan, tentaculaire maison d'édition, qui compte bien le déloger de chez son éditeur actuel
Face à la possibilité d'élargir son public potentiel, Junji Ito quitte le shoujo du Monthly Halloween et le josei du Nemuki
pour intégrer le magazine seinen Big Comic Spirits. Son nouveau tantô (responsable éditorial faisant le lien avec l'éditeur), très sévère et exigeant, va le pousser dans ses retranchements et lui permettre de créer son œuvre de transition : Uzumaki, ou Spirale chez nous
A propos des origines d'Uzumaki, Junji Ito fournit 2 explications. Il a d'abord souhaité imaginer l'histoire de personnages vivants dans une nagaya (vieille bâtisse japonaise tout en longueur)
Afin d'accumuler le + possible de ces nagayas entre elles (le thème de l'imbrication architecturale infernale étant récurrent chez lui), il imagine une disposition en forme de spirale. Ainsi, chaque nagaya s'impose comme une nouvelle brique au récit
En parallèle, Ito raconte que, comme à son habitude, il aime choisir un élément quelconque et à connotation positive pour le détourner de son sens initial. S'il ignore les multiples significations culturelles que peut revêtir la spirale (au Japon ou dans le monde), il s'en réfère
à son utilisation dans les mangas sur les joues des persos. Un signe mignon selon lui, ou de chaleur. Il n'en faut pas plus : la Spirale souveraine s'érige d'elle-même va tordre avec elle toute la ville de Kurouzu pendant vingt chapitres (19 chapitres et un chapitre bonus)
Le manga commence de manière tout à fait classique
On suit Kirie Goshima, une douce jeune fille, future spectatrice d'atrocités en tout genre. La petite ville de Kurouzu où elle habite, située entre les montagnes et la mer, va subir l'influence maudite de la spirale
Ainsi, aussi bien l'environnement que les habitants vont devenir fous et se transformer eux-mêmes... en spirales, aussi extravagant que cela paraisse ! 🌀🌀🌀
/!\ Je vais un peu spoiler et parler de la fin, ça ne gâchera pas grand chose à mon avis, mais je préviens
Les choses débutent calmement : Kirie rejoint son petit ami Shuichi Sato à la gare. En route, elle croise le père de celui-ci, observant fixement un escargot au fond d'une ruelle. Étrange ? Oui ! Et ce n'est que le début
Petit à petit, les spirales vont envahir tous les recoins de Kurouzu et hypnotiser ou prendre possession de la population, au grand dam de Kirie, qui verra, malgré sa lutte, tout son entourage partir en lambeaux. Ou devrais-je dire en rouleaux ?
Si les 1ers chapitres gardent les habitudes gagnées dans les mags précédents (la vie scolaire et les camarades de Kirie), le scénario va s'étendre au fur et à mesure, explorant d'autres lieux de Kurouzu (le phare, l'hôpital) pour déboucher sur une dernière partie apocalyptique
Dans celle-ci, les chapitres se suivent directement, contrairement aux petites histoires indépendants qui remplissent les tomes 1&2. Et oui, il y a une réelle fin, sans aucun doute pensée en amont par Ito tant elle rappelle son concept de base (les nagayas imbriquées en spirale)
Je vous épargne un long et fastidieux résumé complet. Je citerai plus tard quelques exemples éloquents et marquants Mais d'abord nous allons nous attarder un instant sur les personnages principaux de Spirale : Kirie et Shuichi
Chez Ito, pour dire les choses crûment, les personnages n'évoluent pas. La Kirie du début est la même que celle de la fin. Toujours brave, gentille et serviable. Shuichi quant à lui, se dégrade rapidement (on le comprend, il subit la mort de ses parents tôt dans le récit) et
endosse une position à la fois inquiétante (ces cernes noirs, son hystérie) et grotesque (ses réactions, ses poses). Il permet également de sortir Kirie du pétrin lorsque certaines situations deviennent trop dangereuses. Shuichi marque également le récit de par son rôle de devin:
il est celui qui sait et déclare tout le déroulement du récit en avance (lisez les cases ci-dessus). Grâce à lui, dès le premier chapitre, tout est déjà dit. Auprès de Kirie, il confie ses inquiétudes concernant Kurouzu et
les dés sont immédiatement jetés, il n'y a pas de suspense à propos de la menace qui plane sur la ville, la spirale est ouvertement montrée du doigt, avant même le décès de sa première victime (le père de Shuichi)
Cette dimension implacable de l'histoire résonne avec ce que l'on pourrait qualifier de manque de réactions de la part des personnages. Ils semblent tous subir la malédiction, comme détachés des événements. Sentiment renforcé par les chutes abruptes de certains chapitres
Tout semble écrit d'avance, ce n'est même pas la peine d'essayer de s'en sortir. La seule tentative d'évasion de Kirie se solde par un échec cuisant. Il est déjà trop tard pour s'échapper, l'espace-temps lui-même est déjà trop empoisonné par la spirale
Cette absence de réactivité participe à l'atmosphère étrange et décalée du manga. Elle s'explique par l'influence générale du cosmicisme sur l'ensemble du récit. La menace ne vient pas d'un fantôme vengeur comme dans les classiques folkloriques
Elle n'est pas concrètement visible ou palpable comme un monstre de foire. Elle provient du cosmos et + loin encore. Au-delà de la conception de l'humain et de toute intervention de sa part. L'épiphanie d'Ito en découvrant Lovecraft prend ici tout son sens
fr.wikipedia.org/wiki/Cosmicisme
Un portrait de Lovecrat peint par Junji Ito :
A l'instar d'Umezu-sensei. Ito considère Lovecraft comme une âme-sœur artistique. Il est celui qui lui a permis de découvrir d'autres horizons de l'horreur, jusqu'alors inimaginables. Grâce à lui, ce qui fait peur devient l'inexorable, l'inéluctable
Les humains ne sont que des poussières insignifiantes face au cosmos et aux divinités innommables qui le peuplent. Il est inutile d'essayer de les combattre, elles ont gagné d'office. C'est pourquoi les personnages de Spirale peuvent sembler si apathiques
Afin de renforcer chez le lecteur ce sentiment désagréable (et captivant) que la société s'effondre et que l'on y peut absolument rien, la spirale se répand comme un virus dont personne ne peut guérir 🌀
On ne saura jamais d'où elle vient exactement, depuis combien de temps elle est là et comment elle y est arrivée. Là n'est pas la question. L'horreur est justement de ne pas avoir d'emprise sur elle et que son existence dépasse toute notion compréhensible par l'être humain 🌀🌀
Quelques éléments sont toutefois explicités pour tenter de percer le mystère. On apprend par ex que la ville de Kurouzu a subit plusieurs invasions de la spirale avant celle racontée dans le manga. Il est aussi dit plusieurs fois dans l'histoire que la spirale souhaite avant tout
qu'on la regarde, elle veut accaparer toute l'attention. Enfin, la spirale est explicitement montrée dans les toutes dernières pages du manga, dans son antre sous la ville, avant de remonter à la surface.
Malgré ses minces infos, ce qu'il faut retenir, et ce qui s'avère le plus flippant (et en correspondance avec les Grands Anciens de Lovecraft), est que les raisons de cette malédiction nous dépassent. Voire qu'il n'y a tout bonnement pas de raisons
Pas de morale, il n'y a que la spirale et son pouvoir mortel. Ne pas pouvoir la combattre et la perte de contrôle qu'implique son influence sur les corps provoquent un vertige. Le vertige de l'insignifiance face à l'infini du cosmos. La fatalité à l'état pur.
Nombre de héros chez Lovecraft finissent fous ou perdent le contrôle de leur esprit/corps. C'est un leitmotiv chez Ito. Dès Tomie qui revient monstrueuse à la vie ou dans les autres histoires pré-Spirale. Le bouchon est poussé très loin dans Spirale, pour notre plus grand plaisir
Comme dit précédemment, Junji Ito a connu la phobie sociale. Les yeux, le regard, le coeur qui bat dans la cage thoracique, tout cela le mettait mal à l'aise. Mais ce qui anime le corps, ce qu'on appellera l'esprit, est certainement le plus effrayant
Or, il est compliqué de dessiner l'esprit d'une personne. Alors que si le corps manifeste les peurs et les angoisses de l'âme, expulsant sa noirceur comme autant de symptômes physiques, l'on peut révéler sur le papier sa forme monstrueuse. Et de manière horrible !
Dès le début de sa carrière, Junji Ito veut constamment surprendre le lecteur, en imaginant des abominations jamais vues auparavant et en repoussant toujours plus loin les limites du crédible
MAIS ! Il est hors de question de se vautrer dans l'incohérent pour autant !
Le but est de conjuguer l'impossible avec le crédible. Par la forme (le dessin), réussir à convaincre le lectorat que l'inimaginable peut s'avérer possible. Qui pourrait croire un homme capable de se transformer en spirale dans un baquet ?
Dès le chapitre 1, on découvre le père de Shuichi en double-page, enroulé sur lui-même de manière anatomiquement incroyable tout en étant bel et bien faisable, car visible là, sous nos yeux. Ce n'est que le début d'un festival de transformations spiralesques
Dans le chapitre 3 se trouve une des images les + célèbres du manga : le visage d'une jeune fille rongée par une spirale, son oeil s'enfonçant dans son propre crâne
Le postulat de ce chapitre reprend un classique du shoujo : Azami, une amie de Kirie rencontre un fort succès avec les garçons de l'école. Jalousée par les autres adolescentes, elle se retrouve accusée de sorcellerie ! Son pouvoir proviendrait de la petite cicatrice en forme de
lune qu'elle porte sur le front. Sauf que ladite cicatrice va s'enrouler sur elle-même, possédée par la spirale. Azami, d'un naturel pourtant calme et froid, va céder à ses pulsions sous son influence et devenir folle en tentant de séduire Shuichi, seul homme résistant à son
charme. Et pour cause, comme d'hab Shuichi joue le rôle de celui qui sait, il ressent immédiatement les ondes néfastes de la spirale en Azami. Le chapitre se conclut sur la victoire de la spirale qui dévore ouvertement la jeune fille :O
Cadre scolaire, vision picturale d'horreur, perte de contrôle et un élément perturbateur qui va corrompre le quotidien, nous avons bien ici tous les ingrédients typiques de Junji Ito ! 🌀
Un autre exemple très parlant de cette perte de contrôle se trouve dans le chapitre 8. Dans ce chapitre pour le moins répugnant, Katayama, un des élèves de la classe de Kirie, présente d'étranges symptômes. Lent et dégoulinant, il ne vient en cours que lorsqu'il pleut
Il est de + victime de harcèlement, humilié par d'autres élèves. Après qu'une bosse lui a poussé dans le dos, Katayama déboule un beau matin en rampant au sol, sous la forme d'un énorme escargot-humanoïde !! (oui c'est dégueulasse)
La situation est surréaliste : bien que dégoûtés et effrayés, les élèves finissent toutefois par simplement observer Katayama ramper sur les murs extérieurs de l'école et après l'avoir capturé, ils le gardent en captivité, tel un animal de compagnie 🐌
Bien évidemment, ce coquin d'Ito n'en a pas fini : la spirale rattrape également le jeune homme qui harcelait Katayama. Il devient lui aussi un « limaç'homme » 🐌. Alors que l'on pensait que le comble de l'horreur était atteint, Ito va encore plus loin
Désormais conduits par leurs instincts d'animaux, les 2 anciens ennemis, enfermés ensemble, s'accouplent devant les regards médusés des élèves ! Eh oui, les escargots sont hermaphrodites ! Ce chapitre illustre avec brio le périlleux équilibre entre l'horreur et le grotesque
Lorsqu'on lui demande s'il se fixe des limites, Junji Ito répond que non, même si ses audaces sont tempérées par son tantô. En vérité, il admet que les "véritables" horreurs (la guerre, l'holocauste, les maladies réelles, etc.) lui sont déconseillés par son éditeur
De toute façon, à l'époque de Spirale, il aspire clairement davantage à reproduire une horreur "distrayante" (tout est relatif évidemment d'où les guillemets), motivant le lecteur à tourner chaque nouvelle page, tel un Umezu à la narration très efficace
Tout ceci ne l'empêche heureusement pas d'aborder quelques sujets tabous, comme par exemple dans les chapitres dix et onze qui forment un mini-arc se déroulant à l'hôpital
Kirie, après avoir été blessée, se retrouve coincée dans l'hôpital de la ville, rapidement rejointe par Keiko, une de ses cousines sur le point d'accoucher. Comme rien ne se passe normalement à Kurouzu, Kirie tombe quasiment dès son arrivée sur un cadavre caché dans les buissons
Junji Ito va s'amuser à placer sous l'influence de la spirale deux types sensibles de personnages : les femmes enceintes, puis leurs progénitures. Transformées en moustiques-vampires par la spirale, les femmes enceintes sont dorénavant assoiffées de sang (ce qui est déjà pas mal
flippant), mais le pire reste à venir. Rassasiées après avoir sucé le sang des autres patients, les femmes accouchent de charmants petits bébés, mignons à croquer... Jusqu'à ce que les ventres des bébés gonflent anormalement et qu'ils décident qu'ils ont envie de
retourner dans le ventre des mamans ! Puisque l'on n'en a jamais assez, Ito rajoute à ceci des cordons ombilicaux qui poussent comme des champignons et sont donnés à manger aux malades ! L'occasion d'inaugurer un autre thème très tabou qui sera repris plus tard : le cannibalisme.
Toujours lié à cette perte de contrôle de soi, de la bienséance et de la vie en société (perte qui n'est pas sans rappeler la possession démoniaque de Regan dans L'Exorciste), le cannibalisme est peut-être l'un des bastions ultimes de la perte de l'aliénation
Ici, il prend place dès le chapitre 15 : désemparés après la destruction de Kurouzu, certains habitants décident de déguster, non sans un certain plaisir, les limaç'hommes qui se sont entre temps multipliés. Un homme-escargot est-il encore un homme ? 🐌
Qui se soucie de la réponse quand le doux fumet de la viande cuite s'échappe de sa coquille ? L'impact de cet acte contre-nature est d'autant + fort dans le chap. 16. Kirie découvre Shuichi dévorant cette chair interdite et elle finit par devoir s'en satisfaire, à défaut de mieux
Kirie a beau avoir résisté plus d'une fois au pouvoir de la spirale (notamment lors du chapitre 6 sur lequel je vais revenir), cette fois l'inéluctable envahit toute l'histoire. Non sans une certaine ironie du sort, dont plusieurs éléments avant-coureurs parsèment Spirale
Dans le chapitre 5, Kirie suit le destin de 2 jeunes amoureux vivants dans un de ces fameuses nagayas. Présenté comme un bâtiment insalubre et dangereux, cette menace semble bien loin de notre héroïne, sauf qu'elle finira (-ironie-) par devoir elle aussi emménager dans une nagaya
dans le chapitre 13. De même, la transformation de Katayama en escargot est affreuse, tout en proposant du recul pour le lecteur. Katayama est un personnage inconnu sans impact émotionnel. Cela en va différemment lorsque c'est le propre petit frère de Kirie qui voit apparaître
une spirale dans son dos. Il est déjà trop tard pour lui, Kirie ne pourra que le chasser pour lui éviter d'être cuit comme les autres... Egalement dans le chapitre 5, Kirie sera témoin de la torsion fatale des corps des 2 amoureux précités. Qui aurait pu deviner que cette forme
monstrueuse est celle qui l'attend, avec Shuichi, à la fin du dernier chapitre ? Clin d'oeil ultime, dans le chap 1 Kirie court rejoindre Shuichi et provoque une petite tornade -> le vent deviendra une arme de guerre (grotesque) entre les gangs du dernier volume
Décrit ainsi, Spirale semble être un manga déprimant et insupportable tant l'horreur y est présente. Il n'en est rien ! On pourra même y trouver un humour très noir, même si nos yeux sont régulièrement fascinés de dégoût. Junji Ito ne se cache aucunement d'aimer les gags et il
ne se prive pas d'en inclure dans ses histoires si l'occasion se présente. Selon ses dires, il est dommage de gâcher une bonne idée ! Spirale s'inscrit dans un registre grotesque, registre dangereux car dont la moindre faute d'équilibre est sanctionnée par le ridicule
En compensation, celui ou celle qui parvient à en maîtriser les arcanes obtient le pouvoir de toucher au sublime. 🌀
On ne va certainement pas s'esclaffer en lisant Spirale, toutefois on ne peut nier l'absurdité (un peu drôle) de certaines réactions ou de certaines situations
Les poses étranges de certains personnages cochent également la case de cette horreur grotesque. Un bon exemple se trouve dans le chapitre 7. Yamaguchi -un camarade de Kirie- essaye par tous les moyens de la séduire et de lui prouver son amour inconditionnel
Ce perso au comportement lourd et collant finit par se faire écraser par une voiture devant Kirie. L'occasion de s'enrouler telle une spirale autour du pneu fumant. Plus tard, Kirie et Shuichi sont contraints d'aller inspecter la tombe du malheureux, lequel va
bondir hors de son cercueil dans un mélange de gore (ses tripes coulent de son ventre, ses membres tombent) et de ridicule (il bondit comme monté sur ressort, en réalité la suspension en spirale de la voiture ayant fusionné avec son corps)
Le lecteur est à la fois effaré par tous ces éléments typiques du genre horrifique (le clown, l'accident brutal, le cimetière), tout en étant confronté à l'espièglerie sauvage de ce Yamaguchi que rien ne semble arrêter !
Bien moins risible, mais tout aussi ubuesque, le chapitre 6 est, comme le chapitre 3, une des parties du manga les plus connues. Même si vous n'avez jamais ouvert Spirale, vous avez peut-être déjà vu passer les cheveux de Kirie possédés par la spirale
Aussi incroyable que cela puisse sembler, le lecteur va assister à une bataille de cheveux complètement folle, certainement un des moments les plus mémorables de la saga.
Nous retrouvons à nouveau le cadre scolaire : Kirie remarque que ses cheveux, d'habitude raides, commencent à boucler de façon fort étrange (tiens donc !). L'effet va augmenter jusqu'au point où ses cheveux vont prendre vie et échapper à son contrôle
Dressés au-dessus de sa tête comme des antennes, les boucles spiralesques vont hypnotiser leur audience et tenter d'attirer le + d'attention. Tout cela ne plaît guère à Sekino, camarade de Kirie, qui -cliché de la soit-disant concurrence féminine- va tout faire pour
obtenir davantage de regards sur elle. S'en suit ladite bataille de cheveux, dont Sekino va sortir victorieuse... avant de succomber à la spirale qui aura à cette occasion aspiré toute son énergie vitale.
Outre ses qualités artistiques indéniables, ce chapitre est passionnant. L'idée de base (des cheveux prennent vie et s'affrontent) puise dans un symbole de beauté ancré dans la culture japonaise (les cheveux des femmes) et un élément typique des histoires scolaire (l'affrontement
pour l'attention et la jalousie). Le tout couplé à un quotidien banal (les cheveux de Kirie font des bouclettes) qui part totalement en vrille (les cheveux de Kirie tentent de la tuer !), postulat de base typique de Junji Ito comme nous l'avons vu
On notera en bonus que le folklore jap regorge des cheveux hantés (Ito en a d'ailleurs mis en scène très tôt, dans "La chevelure sous le toit" en 88), comme le prouve leur omniprésence dans la J-Horror, à commencer par Sadako dans Ring, héritière de décennies d'horreur nippone
Dans ce chapitre, on peut remarquer que Kirie subit l'influence envahissante de la spirale sans pour autant y succomber mentalement. Jusqu'au bout, elle va résister et garder son esprit, quitte à se laisser tuer. Heureusement Shuichi sauve la situation armé de sa paire de ciseaux
Nos 2 héros semblent immunisés contre le pouvoir indicible. Lors du chapitre 12, même après avoir été projetés de force dans l'étang des libellules (haut-lieu de la puissance spiralesque car elle se situe dans ses entrailles), ils survivent et ne sont pas victimes de séquelles
La spirale étend cependant son emprise sur son environnement tout entier, aussi bien les humains que les bâtiments ou la nature en général. Dès le début, on peut apercevoir les brins d'herbe qui s'enroulent sur eux-mêmes
Tout comme les nuages (semblant sortir de La Nuit étoilée de van Gogh), les ruisseaux (et leurs tourbillons), même le vent (et son rôle prépondérant dans le tome 3). Tout est prétexte à accueillir une spirale. Pendant la création du manga, Ito a compilé tout ce qui en arbore
la forme (coquilles d'escargots, narutomakis, escaliers en colimaçon, trompe de papillon, cochlée de l'oreille interne, etc.), comme autant d'engrais à déviation horrifiques. La fumée d'une crémation qui spirale dans le ciel
le chignon d'une infirmière (comme celui de Sueurs Froides d'Hitchcock), les nouilles dans une assiette, le vol d'un moustique, ou encore un cyclone dévastateur ou un amalgame de corps humains.
A ce propos, de corps humains, malgré la connotation grotesque du manga, il évite tout rapport à l'érotisme direct, contrairement au courant de l'eroguro pourtant apanage d'autres mangakas contemporains aux mêmes influences
Tout juste aperçoit-on une paire de seins pendant l'arc de l'hôpital et un timide téton dans le dernier tome, lorsque coincés dans les nagayas, les survivants s'emmêlent littéralement entre eux
Lors de cette fusion générale involontaire, forcément charnelle car due à une promiscuité infernale, le rapport au corps s'abstient de toute sensualité. Bien évidemment, le "body horror" récurrent du manga explose à la figure du lecteur, mais tout comme chez Lovecraft
point d'érotisme à l'horizon. Junji Ito attendra fort longtemps pour s'essayer "officiellement" (de son aveu) aux scènes de sexe en adaptant en 2017 le roman La déchéance d'un homme d'Osamu Dazai
Dans son émission "Urasawa Naoki no Manben", Naoki Urasawa (Monster, 20th Century Boys, etc.) consacre un épisode à Junji Ito et voit pourtant dans la lenteur de son trait une certaine sensualité. Ainsi qu'une subtile imprégnation de l'horreur, d'une pierre deux coups !
La beauté du dessin est un élément primordial pour Junji Ito. Il lui est impossible de volontairement dessiner quelque chose de laid. Il cite le xénomorphe d'Alien en exemple : une créature horrible mais créée avec une beauté irréelle
Même s'il doit dessiner un immonde cafard, ce cafard sera élégant. Ce contraste entre la beauté et l'horreur est donc volontaire (et efficace en diable) et Ito utilise à dessein des visages (souvent de femmes) magnifiques confronté à des monstruosités
Très régulièrement, le visage de Kirie apparaît dans les bords des cases face aux monstres centraux, sa réaction expressive ne faisant que renforcer l'horreur qu'elle observe (au côté du lecteur).
Outre la beauté esthétique, il prête une attention toute particulière à la cohérence de son dessin. Références anatomiques (pendant sa formation, il a pu mettre la main sur les livres des étudiants en médecine), photos de paysages, etc.
Junji Ito dessine seul, chez lui dans sa simple chambre, sur son bureau. Il prend son temps, passe plusieurs heures sur une case si cela est nécessaire. De son expérience de technicien dentaire, il a évidemment gardé un souvenir précis des différentes dents dans la mâchoire
et ne se prive pas, si l'occasion s'y prête, d'y aller dans le détail. Mais ce qu'il a le + retenu de cette vie, c'est le savoir-faire manuel et le maniements d'outils, qui lui permet d'adapter ses plumes et crayons à ses exigences afin de correspondre parfaitement à sa main
Les nombreuses hachures de ses dessins lui permettent de combler le vide. Une obsession qui le poursuit, entre le positif et le négatif d'un objet. Déjà technicien dentaire, il créait des moules dont les cavités le fascinaient. Alors, chaque page doit être remplie
On ne s'étonnera pas qu'une de ses meilleures histoires, et des plus connues, parle de fissures en formes humaines attendant d'être comblés (L'énigme de la Faille d'Amigara)
Dans Spirale, le savoir-faire est repris par le père de Kirie, potier de métier, qui finira par créer des œuvres d'un autre monde (à la couleur indescriptible, en rappel de La couleur tombée du ciel de Lovecraft), après avoir récupéré sa terre au fond de l'étang aux libellules
Le temps consacré et la précision du trait permettent à Ito de garder une cohérence dans les situations impossibles qu'il propose. Le lecteur est bien obligé d'y croire. La beauté des dessins d'horribles choses provoque un drôle d'équilibre, entre l'attirance et la répulsion
Pour ne rien gâcher, son esthétique est intemporelle, à son image. La 1ère fois que j'ai découvert Junji Ito, sans connaissance au préalable de sa biographie, je n'ai pas su dire si ce que je lisais avait déjà dix ou quinze ans ou était sorti récemment
Spirale a beau avoir fêté son vingtième anniversaire, il n'est pas daté. Si l'on ne peut pas vraiment en dire autant concernant ses toutes premières histoires, Ito adopte assez rapidement une technique et un style identifiable immédiatement.
La conséquence est simple : si les qualités demeurent, les défauts en font de même. Le principal reproche que l'on peut faire à Spirale concerne sa narration. Outre le fait que les chapitres ne proposent pas un scénario suivi, tel un feuilleton, il y a surtout le "problème" des
chutes vertigineuses de certains chapitres. Ce n'est parfois même pas une fin ouverte, plutôt un ravin dans lequel on trébuche avant de tomber dans le vide. Comme dit auparavant, de base Junji Ito préfère faire court et s'estime sincèrement plutôt mauvais dans la longueur.
L'absence de "véritables" conclusions à plusieurs chapitres s'explique en réalité simplement. Ito privilégie avant tout l'atmosphère et sa mise en place. Selon lui primordiale, la montée en puissance doit aller crescendo et, c'est là le hic
Il souhaite finir ses histoires à leur climax, une fois que l'horreur a atteint son apogée. Et non pas redescendre, calmer le jeu et dénouer les événements. De cette prise de position, résulte parfois un sentiment d'inachevé. Les personnages semblent oublier aussitôt
les traumatismes précédents, souvent le récit n'y revient pas du tout. Cette frustration pour le lectorat sera d'autant plus forte s'il n'est pas habitué à cette coutume de l'auteur. On peut néanmoins la rapprocher de la fatalité générale qui parcoure le manga
Peu importe le combat, de toute façon la spirale gagnera, ne l'oublions pas. Reste encore à savoir comment ! Selon Kazuo Umezu, pour provoquer la peur, il faut faire monter la pression et réussir à provoquer la surprise, le lecteur ne doit pas savoir ce qu'il va se passer
L'inconnu, cette peur inconditionnelle. Si le thème récurrent de Spirale s'avère forcément répétitif (tout devient une spirale), difficile de deviner quelle nouvelle horreur nous attend à la prochaine page.
Et puis, après tout, pour rester positifs, on pourra interpréter la fin du manga à sa guise. Si tout semble perdu, il ne faut pas oublier que l'histoire générale elle-même tourne en boucle 🌀🌀🌀
Alors Kirie a-t-elle survécu avec Shuichi ? Son corps a-t-il retrouvé sa forme initiale, lui permettant de nous conter cette histoire en flash-backs ? Ou s'agit-il tout simplement d'un effet de style teinté d'un brin d'incohérence ?
L'occasion était de toute façon trop belle pour passer à côté : parler d'une spirale omniprésente dans un récit qui lui-même tourbillonne sur lui-même jusqu'à la fin des temps.
VOILA LE THREAD EST FINI !
Mais il reste quelques remarques diverses et trivias, venez, on est bientôt au bout ->
Les photos de Junji Ito enfant ainsi que ses dessins proviennent de l’épisode d’Urawasa Naoki no Manben ! (qui est très intéressant si jamais ça vous tente)
Vous pouvez trouver plusieurs interviews de Junji Ito récents sur youtube, notamment chez @VIZMedia . On notera le bon caractère de Junji Ito qui accepte même d’esquisser quelques pas de danse… On remarque également que ses yeux pétillent dès qu’il s’agit de parler d’horreur <3
Spirale est malheureusement en rupture de stock chez nous… Il reste toujours l'occasion ou les versions dans d'autres langues. Espérons très fort une réédition à l’occasion de la sortie de l’anime (pas encore de date mais il a été confirmé pour 2020)
ALLEZ @DelcourtTonkam !!?
Cet anime sera réalisé par Hiroshi Nagahama, ce qui laisse augurer d’une adaptation plus intéressante les précédentes de l’auteur (Gyo et The Junji Ito Collection)
J'Y CROIS !
Si vous vous demandez pourquoi Ito n’a pas directement adapté du Lovecraft : il n’en a pas eu l’occasion et depuis il a lu les adaptations de Gou Tanabe (que je vous conseille aussi) et ne se sent pas du tout à la hauteur de passer après lui ! Dispo chez @ki_oon_Editions
Les trois histoires préférées d’Ito sont : Les ballons aux pendus, inspiré par un de ses rêves ; De longs rêves, inspiré par sa sœur qui lui a raconté que nos songes ne duraient que quelques secondes et L’énigme de la Faille d’Amigara
Junji Ito a également écrit « Umezu-sensei to Watashi », dans lequel il raconte en détail sa rencontre avec les œuvres du maître. Vous pouvez lire du Umezu chez @lezardnoir
Si les escargots-humains vous ont dégoûtés, sachez qu’Ito avait auparavant dessiné La Femme-limace, dans lequel la langue d’une femme se transforme… en limace (oui c’est dégueulasse)
A titre personnel, le détail qui m’a le plus dégoûté dans le manga est particulier, c’est ceci :
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous ces quelques captures de Junji Ito au travail ou recevant un interviewer avec des verres de thé glacé à fleurs (j’adore :D)
Si vous avez remarqué ce gros livre sur les Beatles sur la dernière image, sachez que Junji adore des groupes à la pointe de la modernité : les Beatles, ABBA, les Bee Gees et les Beach Boys !
Junji est passé sur @ARTEfr et ça se regarde ici : arte.tv/fr/videos/0956…
Vous pouvez lire un super entretien avec Junji Ito de @_Meloku pour @_Nostroblog ici : nostroblogs.wordpress.com/2015/02/11/jun… (clin d'oeil à toi Joan :D)
Vous pouvez pour finir suivre le compte @junjiitofficial pour voir plein de choses concernant Junji Ito !
Voilà qui conclut ce long THREAD. A la base, je voulais encore vous parler du film Uzumaki (qui met davantage le focus sur la dépression de Shuichi), des 2 jeux vidéo sur Wonderswan, du futur anime avec + de précision et aussi comparer l’histoire avec Le cauchemar d’Innsmouth
mais comme c'est déjà très long, cela sera peut-être l'objet de threads annexes dans le futur (si jamais ce thread a du succès :D)
MERCI SI VOUS AVEZ TOUT LU !!! 🌀🌀

Un RT, un like, un comm c'est toujours super encourageant si le coeur vous en dit
Je vous remets la version article de ce thread et je vous souhaite une bonne continuation spiralesque : medium.com/@morolian/spir…
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